de redressement économique et social qu’il ne peut mettre en œuvre. Le chef de gouvernement est
dans une situation moins favorable car le Président de la République dispose de moyens
constitutionnels pour rejeter certains projets du Premier ministre et de son gouvernement. La deuxième
remarque est que dans la cohabitation la dyarchie du pouvoir s’auto bloque : chaque camp essayant de
contrer les initiatives du camp adverse. Au terme de deux années d’instabilité politique et
institutionnelle, le Président de la République finira par dissoudre l’Assemblée nationale et dans le cas
d’espèce, le Sénégal fera un bon quinquennat de politique politicienne. La troisième remarque est que
ce cafouillage institutionnel et cette instabilité conflictuelle entraînent une élévation du risque pays qui
va se traduire par le freinage des investissements extérieurs de même que l’Aide Publique au
Développement. De plus, le pays sera pris au piège de l’affrontement entre deux majorités et le travail
productif en sera grandement affecté. Toutes ces remarques sur ce scénario indiquent le risque
permanent d’incompatibilité et d’affrontement entre deux fonctions, deux légitimités pour le plus grand
malheur du pays. C’est dire que la cohabitation débouchera irrémédiablement sur l’immobilisme
économique et social ; en conséquence, elle sera coûteuse et va compromettre le progrès et les
transformations indispensables pour le redressement du pays. Il s’ensuivra une grave crise politique qui
imposera au Président de la République de recourir à la dissolution de l’Assemblée nationale. La
solution pour éviter ce scénario catastrophe est de donner au Président de la République une majorité
parlementaire afin qu’il applique son programme dans le respect de la logique des institutions de
gouvernance.
II/ Le redressement économique du pays passe par « Au boulot, citoyens ».
En analysant la situation économique et financière, on s’aperçoit qu’il y a encore beaucoup à
faire. Cela devrait commencer la remise en ordre des finances publiques pour la croissance. Le
Président de la République dispose de programmes pertinents qu’il importe de mettre en harmonie : les
Conclusions des Assises nationales, le Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté, la Stratégie
de la Croissance Accélérée, le Yonou Yokouté et les Projets du 12ème Plan. A partir de ces documents,
il importe d’élaborer une politique macroéconomique qui permet principalement de créer un
environnement favorable au développement de l’offre productive au sein d’une économie ouverte et de
prendre en charge l’immense ambition de réconcilier l’économique et le social, de parachever
l’édification d’une économie sociale de marché à la fois juste et performante et de conduire le pays vers
le progrès et la modernité. Cette politique devrait permettre de résoudre la demande sociale c’est-à-dire
la réduction du couple pauvreté/chômage, les problèmes de l’Ecole et de la Santé pour tous, d’assurer
le logement au plus grand nombre. Sa réussite peut être accélérée par un fort consensus politique dont
le moins qu'on puisse dire, est qu'il est effectif avec Le Benno Bok Yakaar.
Aujourd’hui, après cette seconde alternance, le pays dispose d’atouts importants qu’il faut
exploiter: d’abord des visions stratégiques en matière de croissance économique, des facteurs de
production disponibles, une architecture institutionnelle de qualité, une démocratie pluraliste et
consensuelle, une élite disponible et des ressources humaines appréciables, mais aussi des
personnalités de grande expérience. Lorsqu’on analyse les performances exceptionnelles de l’Asie,
pendant ces trente dernières années, elles sont attribuables à quatre éléments interdépendants : le
contenu de la stratégie de développement, l’utilisation optimale des facteurs de production, le mode de
fonctionnement du gouvernement et la qualité des institutions de gestion de l’économie. La conjugaison
de ces éléments a généré une offre de biens et services, l’ouverture sur les marchés extérieurs, le
dynamisme du secteur privé, l’efficience de l’administration, des systèmes financiers, de la main
d’œuvre, les infrastructures et les institutions d’encadrement. Il faut chercher à quantifier tous ces
éléments pour comprendre le processus de génération de cette croissance durable en Asie.
Manifestement, le Sénégal peut réussir ce challenge car l’essentiel des facteurs sont en place :
le cadre macroéconomique est assaini, la croissance économique n’est pas inhibée par la croissance
démographique, le cercle vicieux d'appauvrissement est affaibli (pas trappes inéluctables de pauvreté ni