Facteurs anatomiques et fonctionnels pendant le mouvement de la nage avec palmes La nage avec palmes est une discipline de haut niveau avec ses propres compétions au niveau international. Elles se pratiquent en milieu naturel (grands fonds), comme en bassin (sprint, fond, demi-fond, apnée, immersion avec scaphandre). En plongée autonome, activité que je pratique depuis plus de dix ans, le palmage est le seul système de déplacement efficace. Et même s'il est utilisé à titre de loisir, une certaine forme de performance est recherchée, sans aller jusqu’à la compétition, pour le confort du plongeur, et parfois parce que des épreuves de nage ou de force existent dans les brevets des encadrants de la FFESSM (Fédération française d’études et de sports sous-marins) par exemple. Cette courte étude se propose de donner les facteurs anatomiques et fonctionnels mis en œuvre lors du battement de jambes d’une nage avec bi-palmes en surface. Elle ne s’intéressera pas à la comparaison avec le battement en nage « crawl » classique, ni à la coordination avec les bras (lorsqu’ils servent) et la ventilation du nageur, ou encore aux différences avec une nage en immersion. I) Décomposition du mouvement Le battement en surface possède un temps fort descendant qui est une phase de « coup de pied vers le bas » dite aller. La phase ascendante, phase de « coup de pied vers le haut » dite retour, est moins active que la phase descendante. Décomposition du mouvement : vue de profil gauche 1) La jambe gauche vient de terminer son mouvement descendant La jambe droite termine son ascension. La flexion du genou est le mouvement final de la remonté de la jambe afin de préparer la descente. 2) La jambe gauche remonte. La jambe droite a débuté sa phase descendante. 3) Les deux jambes vont se croiser 4) La jambe gauche continue à remonter, le genou commence à se fléchir, tandis que l’autre jambe s’allonge. 5) Les deux jambes terminent leur phase. Les deux actions vont s’inverser. 1 Le travail des jambes est entièrement musculaire et les segments des membres inférieurs ne procurent aucune propulsion. La propulsion est uniquement créée par les palmes, les jambes ne servant qu’à les actionner. Il faut préciser, bien entendu, que le palmage est très variable d’un individu à l’autre, et également en fonction de dureté et la taille de la voilure de la palme. Les différentes amplitudes de mouvements sont donc des moyennes effectuées dans les limites physiologiques. II) La phase aller Le mouvement de la phase « aller » est la résultante des mouvements suivant : - la flexion plantaire du pied - l’extension de la jambe - la flexion de la cuisse - la rotation externe du bassin Vue de profil droit : a) Flexion plantaire du pied : Lors du palmage la flexion plantaire a une amplitude d’une cinquantaine de degrés. Les muscles qui interviennent sont les fléchisseurs plantaires, c'est-à-dire, majoritairement le triceps sural ainsi que le tibial postérieur, le long et court fibulaires, le long fléchisseur de l’hallux et le long fléchisseur des orteils. Cette flexion est limitée par la butée des tubercules postérieurs du talus contre le bord postérieur du tibia. b) Extension de la jambe L’extension du genou est très peu marquée, du fait qu’en position anatomique les jambes sont tendues. L’amplitude est de 5 degrés. Un seul muscle intervient : le quadriceps (7) 2 c) Flexion de la cuisse La flexion de la cuisse a une amplitude d’environ 40 degrés. Les fléchisseurs de la cuisse qui interviennent sont : l’ilio-psoas (2), le droit de la cuisse(7), le tenseur du fascialata (1), le faisceau antérieur du moyen fessier, le pectiné (3), les long (4) et court adducteurs, le sartorius (6), et le gracile (5). La flexion de la cuisse est limitée par la mise en tension des ischio-jambiers, qui est d’autant plus marquée car la jambe est en extension. d) Rotation externe du bassin Les actions des jambes produisent des réactions sur les hanches. Ce phénomène de rotation s’accentue en fonction de la dureté des palmes. On peut également l’observer lorsque le nageur est fatigué. Dans une situation normale cette rotation dans la phase « aller » est près de 40 degrés. L’action, entre autres, du muscle oblique interne d’un coté (gauche) et celle du muscle oblique externe de l’autre côté (droit) permet ce mouvement. Le mouvement du bassin provoque également des rotations dans la colonne lombaire. Il y a donc également une participation de la musculature dorsale comme le muscle longissimus du thorax. III) La phase retour La phase de retour est la somme : - d’une flexion dorsale du pied -d’une flexion de jambe -d’une extension de cuisse -d’une rotation interne du bassin Vue de profil droit : a) Flexion dorsale du pied La flexion dorsale du pied est moins importante que la flexion plantaire lors de la phase aller. Elle est seulement d’une dizaine de degrés. 3 Les muscles, tibial antérieur, long extenseur de l’hallux, long extenseur des orteils et le troisième fibulaire, permettent cette flexion dorsale. Elle est limitée par notamment la tension du triceps sural et la butée du col du talus sur le bord antérieur du tibia. b) Flexion de la jambe La flexion du genou est plus importante que son extension. Elle a une amplitude d’environ 75 degrés lors du palmage. Les muscles de la loge postérieure de la cuisse, les ischio-jambiers, soit le biceps fémoral (3) , le semi tendineux (2) et le semi membraneux (5) sont les principaux fléchisseurs du genou. Il y a également la participation d’un muscle de la loge médiale : le gracile (7), d’un de la loge antérieure : le sartorius et d’un de la loge postérieure profonde de la jambe : le muscle poplité. c) Extension de la cuisse Contrairement au mouvement de flexion / extension du genou, le mouvement d’extension de la cuisse est moins important que sa flexion lors de la phase aller. L’extension est d’une vingtaine de degrés. Cette limitation du mouvement est due au fait que ce sont également les ischio-jambiers qui travaillent : la longue portion du biceps fémoral, le semi tendineux et le semi membraneux. Il y a aussi la participation du grand fessier, et le faisceau médial du grand adducteur a également une composante d’extension de cuisse. d) Rotation interne du bassin Pour cette composante du mouvement de la phase retour, l’amplitude est la même que pour la phase aller, c'est-à-dire une quarantaine de degrés. Les muscles qui entrent en action, sont ceux qui ne travaillaient pas lors de la rotation externe, l’oblique interne d’un coté (droit) et l’oblique externe de l’autre côté (gauche). Il existe donc le même phénomène sur la colonne lombaire que pour la flexion externe du bassin, lors de la phase aller. IV) Conclusion Aujourd’hui les compétitions de nage en bassin se font essentiellement en mono palme. Pour certaines épreuves (apnée, immersion), le nageur est totalement immergé. En surface le nageur utilise partiellement ses bras (pour sprinter) ou régulièrement (demi-fond, fond, grand fond). Mis à part en apnée et sur les courses de vitesse pure, le nageur se ventile, soit sur un tuba de nage (surface), soit sur un détendeur (immersion). Le battement de jambes en nage avec palme est le moteur essentiel de l’avancement. Le nageur doit donc apprendre à coordonner ses mouvements des bras et sa ventilation par rapport au battement. 4 Cette étude a permis de montrer la complexité d’un geste en apparence simple et de décrire l’ensemble des facteurs mis en œuvre sur ce seul battement, laissant entrevoir la difficulté de la nage dans sa totalité. Références: -Apnée de l’initiation à la performance Umberto Pelizzari et Stefano Tovaglieri Edition @mphora p188-196 -Guide de l’entraineur en nage avec palmes Chapitre 2 : technique de la nage avec palmes de Claude Schmeiser P95-96 - Initiateur Fédéral de Nage avec palmes de Yann Ruello 1996/97 -Biomécanique des membres inférieurs de Paul Klein et Peter Sommerfeld Edition Elsevier p138-140 -Schémas des muscles : Mémofiches Anatomie de Franck Netter Edition Masson – 2ème édition Légendes Complétées à l’aide des planches 458 et 462 de l’Atlas d’Anatomie de Franck Netter Edition Masson – 4ème édition - Pour compléter, corriger et vérifier les erreurs de nomenclatures ou l’action des muscles…dans les différentes données trouvées : cours d’anatomie de V. Feipel et M. Rooze (prise de notes personnelles en cours et syllabus) Remerciements à : -Yann Ruello : Conseiller Technique National Nage avec palmes du pôle France de la FFESSM, et instructeur national FFESSM - Maurice Goret : instructeur national FFESSM 5