Présentation du film
Bienvenue dans la vraie vie des femmes est un documentaire dune durée de 75 minutes qui
présente tous les aspects de la question des inégalités entre hommes et femmes dans la société
française contemporaine.
Au cours du siècle dernier, les conditions et les droits des femmes ont progressé à grands pas :
accès à léducation, obtention du droit de vote, galisation de lavortement, apparition et
généralisation de la contraception, égalité dans le couple et dans la famille, etc.
Cependant, si légalité entre les hommes et les femmes est bien présente aujourdhui dans les
esprits comme un idéal à atteindre, les inégalités perdurent dans tous les domaines : dans le
monde du travail, avec des salaires plus faibles et des conditions demploi moins favorables que
les hommes dans la famille, avec une répartition des tâches domestiques et des responsabilités
parentales toujours très inégales et dans la sphère politique les femmes sont encore très
minoritaires.
De plus, les femmes sont soumises à des normes et des contraintes très fortes, avec lobligation
de se conformer à un idéal physique inatteignable.
Ces inégalités trouvent leur source dans une socialisation qui reste fortement différenciée selon
le sexe des enfants.
Le documentaire dAgnès Poirier et de Virginie Lovisone illustre tous ces points avec des
données statistiques marquantes, de nombreux documents (extraits de publicités, livres pour
enfants, coupures de presse, etc.) et lintervention de nombreux témoins (jeunes femmes
interrogées sur lavenir dans lequel elles se projettent, femme politique, chefs dentreprises,
directrice de crèche, jeune père, etc.). La présentation des faits alterne avec lintervention de
chercheurs qui éclairent les mécanismes à l’œuvre dans la construction et le maintien des
inégalités. Les sociologues interrogés (Dominique Méda, Christian Baudelot, Marie Duru-Bellat,
Éric Fassin, Éric Macé, Catherine Marry, Margaret Maruani, Jean-Claude Kaufmann) présentent
ainsi les grands apports de la sociologie du genre.
Ce documentaire pourra être utilisé à tous les niveaux denseignement des sciences
économiques et sociales car il traite dune question transversale dans les programmes de SES. Il
peut être mobilisé pour aborder la question des inégalités entre hommes et femmes pour elle-
même mais aussi pour illustrer de nombreuses notions et problématiques de la discipline :
inégalités, justice sociale, socialisation, culture, normes, valeurs, rôles, statuts, représentation
politique, mutations de lemploi, etc.
Le livret daccompagnement propose plusieurs pistes pédagogiques pour utiliser ce
documentaire en classe ainsi que des documents, textes et statistiques, qui permettront de
compléter et de préciser les informations données dans le film.
Découpage en chapitres
Chapitre 1. Des talents gaspillés (durée : 12 min 40 s)
En introduction, le documentaire montre le décalage entre les représentations et la réalité : les
jeunes filles qui sont interrogées imaginent un avenir elles seront libres de leurs choix et les
égales des hommes ; dans la réalité, les inégalités sont encore fortes. Jean-Claude Kaufmann
souligne le fait que les choses ont davantage évolué dans les esprits que dans la réalité.
Ensuite, cette séquence présente le paradoxe entre la très bonne réussite scolaire des femmes
et leur situation défavorable sur le marché du travail. Bien que les femmes soient de plus en plus
diplômées, elles sont minoritaires dans les postes à responsabilités et sont moins bien
rémunérées. Christian Baudelot précise que les filles réussissent mieux à lécole que les garçons
et sont majoritaires parmi les bacheliers. Cependant, elles représentent seulement un tiers des
cadres ; elles sont minoritaires dans les conseils dadministration (environ 10 % des membres
des conseils dadministration des plus grandes entreprises françaises) et la différence de salaires
est de 25 % en moyenne. Marie Duru-Bellat souligne le gaspillage des talents des femmes, qui
nutilisent pas leur formation sur le marché du travail.
En Norvège, depuis 2003, la loi stipule quil doit y avoir 40 % des femmes dans les conseils
dadministration des entreprises. La ministre norvégienne explique cette loi par le constat de la
difficulté des entreprises à donner leur chance aux femmes diplômées, ce qui les empêche de
mobiliser ces talents. Catherine Marry présente les mécanismes dexclusion des femmes des
postes les plus prestigieux et les mieux rémunérés.
Le documentaire présente ensuite les difficultés que rencontrent les femmes qui atteignent des
hauts niveaux de responsabilité, avec le témoignage de la vice-présidente dAccenture
(entreprise de conseil).
Chapitre 2. Femmes, média et politique (durée : 6 min 30 s)
La commission Reiser a fait une étude sur limage des femmes dans les médias qui montre que
le vocabulaire utilisé pour parler des femmes est spécifique. Leur particularité de femme est mise
en avant alors que lorsquil sagit des hommes, il est avant tout fait référence à leur fonction. Par
exemple, les femmes politiques sont parfois nommées par leur seul prénom.
Une équipe de chercheuses a analyen détail la radio, la presse, la publicité et les journaux
télévisés sur toute une journée. Cette étude montre une nette dichotomie : les femmes sont
mises en avant lorsquil sagit de faire parler lémotion alors que les hommes sont davantage
présentés comme des acteurs qui ont prise sur la réalité.
Même si le nombre de députées a augmenavec la loi sur la parité de 2000, 82 % des députés
sont des hommes. Réjane Sénac-Slawinski, chercheuse au CNRS, explique que les femmes
doivent justifier leur place dans la sphère politique par le fait dapporter une plus-value, elles ne
sont pas regardées comme des hommes politiques mais vues sous langle de leur particularité.
Les femmes politiques donnent par ailleurs lieu à de nombreux commentaires qui rappellent sans
cesse quelles sont des femmes. Pour Éric Fassin, les femmes nont jamais le corps qu’il faut :
elles sont soit trop féminines, soit pas assez. On a du mal à leur donner une place considérée
comme naturelle, car elles ne sont pas dans la norme.
Chapitre 3. « Super-maman, superwoman, super-bombasse » ou les normes de la
féminité (durée : 16 min 15 s)
82 % des femmes travaillent mais ont en même temps la charge dune grande partie des tâches
domestiques et des responsabilités parentales. En particulier, cest à elles quincombe le souci
du bien-être des enfants. Elles assurent aujourdhui les deux tiers des tâches domestiques, à
peine moins quil y a 35 ans.
Le travail domestique des femmes est étudié en SES dans une classe de seconde. Les élèves
qui interviennent ont une attitude plutôt conservatrice, se projetant dans une répartition des
tâches inégalitaire.
Éric Macé puis Jean-Claude Kaufmann expliquent que les femmes ont davantage dexigences et
de savoir-faire en ce qui concerne les tâches domestiques, en particulier pour lentretien du linge,
ce qui explique quelles les prennent en charge.
Les contraintes qui pèsent sur les femmes touchent aussi à leur physique. Éric Macé décrypte la
publicité dune marque de cosmétique qui montre que le corps des femmes est socialement
déterminant. Ces dernières sont « bombardées dinjonctions normatives corporelles ».
La presse féminine donne toutes les recettes pour atteindre les idéaux de beauté auxquelles les
femmes doivent se conformer. Cette presse est décryptée par une classe de SES de terminale.
Ensuite, la philosophe Michela Marzano met laccent sur le fait que dans les représentations des
magazines féminins, la femme doit se conformer aux attentes des hommes pour séduire.
Éric Macé explique quant à lui que les injonctions que subissent les femmes sont contradictoires
et donc inatteignables, ce qui conduit, pour elles, à une culpabilisation.
Chapitre 4. « Travaille et débrouille-toi ! » ou les contraintes de la materni
(durée : 13 min 35 s)
Des jeunes femmes expliquent quelles souhaitent avoir une vie active et une vie de famille.
Aujourdhui, il est admis que les femmes travaillent mais la garde des enfants pose problème car
le nombre de places en crèche est insuffisant : les deux tiers des enfants de moins de trois ans
sont gardés à la maison.
Dominique Méda explique que la naissance des enfants marque un choc dans la carrière des
femmes qui va se ressentir tout au long de cette dernière ; les entreprises anticipent le fait
quelles vont devoir soccuper des enfants et les écartent souvent des postes à responsabilité.
Ainsi, 40 % des femmes subissent un changement professionnel lannée de la naissance dun
enfant, contre 6 % des hommes.
Un problème accru se pose pour les femmes qui ont des horaires décalés, qui sont de plus en
plus nombreuses. Il existe une seule crèche en France qui fonctionne 24 h/24 : Baby-Loup.
Cependant, les pères évoluent et soccupent davantage des enfants quauparavant. Ces
changements apparaissent notamment dans la publicité lon voit de plus en plus de pères
soccupant de leurs enfants. Cependant, cela reste présenté comme quelque chose
dexceptionnel, comme Éric Macé a pu lanalyser dans lune dentre elles. Pour Jean-Claude
Kaufmann, il y a eu des changements dans les comportements des hommes, ce qui est illustré
par le témoignage dun « nouveau père » : un cadre qui aménage ses horaires de travail pour
pouvoir soccuper de son bébé.
Chapitre 5. Une socialisation différenciée (durée : 13 min 25 s)
Dans les écoles maternelles suédoises, on incite les enfants à se libérer des rôles sexués par
des activités qui stimulent les filles pour quelles saffirment et les garçons pour quils entrent en
relation avec les autres.
Les jouets proposés aux enfants diffèrent selon leur sexe.
Une neurobiologiste explique quil ny a pas de différence entre le cerveau des femmes et celui
des hommes, le cerveau évoluant et sadaptant en fonction de lenvironnement.
Éric Macé souligne limportance de lannonce du sexe de lenfant pour les parents, qui projettent
à ce moment-là une identité sexuée sur leur enfant et orientent leur comportement en fonction de
cette donnée.
Marie Duru-Bellat explique que les pères manient les garçons avec plus de vigueur, en faisant
des jeux qui stimulent leur motricité alors que les filles sont davantage stimulées sur le langage.
Les petits garçons connaissent le plan de leur quartier plus tôt que les filles tout simplement
parce quon les envoie à lécole tous seuls plus tôt.
Une psychologue présente létude quelle a faite sur les livres pour enfants. Ceux-ci jouent un
rôle important dans la socialisation car les enfants les utilisent pour construire leur représentation
du monde qui les entoure. Dans ces livres pour enfants, les petites filles sont le plus souvent à la
maison alors que les garçons sont plus souvent à lextérieur, et plus actifs. Dans les familles
représentées, les pères travaillent mais pas les mères, souvent assignées aux tâches
domestiques. Les évolutions de la société nont pas été prises en compte dans ces livres.
Les enfants nont pas non plus la même appréciation de leurs résultats scolaires. Christian
Baudelot explique quà notes égales, les garçons ont tendance à être plus satisfaits que les filles,
qui pensent toujours quelles peuvent mieux faire, ce qui est parfaitement illustré par des
témoignages. Cela signifie que les filles manquent de confiance en elles, ce qui se traduit par des
ambitions scolaires plus modestes.
Chapitre 6. Les inégalités au travail (durée : 12 min 55 s)
En introduction, une publicité rappelle les inégalités entre hommes et femmes sur le marché du
travail.
Des jeunes filles témoignent au sujet de lavenir professionnel dans lequel elles se projettent.
Elles ont tendance à anticiper leur rôle social futur et à avoir moins dambition.
Pour Dominique Méda, ce sont les femmes qui jouent le rôle de variable dajustement, en faisant
face aux difficultés de conciliation qui peuvent même les conduire à se retirer du marché du
travail.
Les femmes non-qualifiées sont tout en bas de léchelle sociale, elles sont en particulier
beaucoup plus touchées par la précarité et le temps partiel. En effet, 82 % des emplois à temps
partiel sont occupés par des femmes qui perçoivent alors de faibles salaires et cotisent peu pour
leurs retraites (dont le montant est inférieur de 38 % à celui des hommes). Le temps partiel nest
pas toujours un choix : parmi les femmes concernées, une sur trois souhaite en effet travailler
davantage.
Margaret Maruani explique ainsi quil y a des centaines de milliers de femmes en sous-emploi qui
ne parviennent pas à gagner leur vie.
Les femmes sont payées en moyenne 25 % de moins que les hommes, malgré la multiplication
de lois censées renforcer le principe de légalité salariale.
Une femme sur trois estime quelle est victime de discrimination au travail mais les procédures
sont rares. Un employeur a cependant été condamné à verser 35 000 euros à une de ses
salariées pour rattraper lécart de carrière quelle a subi par rapport à ses collègues masculins.
Pour Margaret Maruani, seules des mesures volontaristes pourront faire bouger les choses, qui
ne peuvent avancer delles-mêmes vers plus dégalité.
Lentreprise Accenture a mis en place des outils pour favoriser les carrières des femmes tels que
le « coaching » et le « mentoring ».
Dominique Méda se demande quels arguments peuvent être utilisés pour faire avancer légalité :
celui de la justice ne fonctionne pas mais largument économique est plus entendu. La
commission européenne et lOCDE cherche à favoriser le travail des femmes pour des raisons
économiques, comme clé de la croissance. La Stratégie de Lisbonne de 2000 sest ainsi donné
pour objectif un taux demploi de 60 % pour les femmes (cf. document complémentaire).
En conclusion, le documentaire propose dadopter les solutions dautres pays pour aller vers plus
dégalité : donner plus de temps aux pères pour soccuper de leurs enfants, proposer une place
en crèche à chaque enfant qui vient de naître et favoriser laccès des femmes aux postes à
responsabilité.
Pistes pédagogiques
Le film aborde tous les aspects des inégalités entre hommes et femmes et peut donc faire lobjet
de diverses exploitations pédagogiques, à tous les niveaux des classes de lycée. Sont ici
présentées plusieurs pistes dutilisation du documentaire en classe.
Pour certaines dentre elles lenseignant trouvera des fiches pédagogiques à proposer aux élèves
et des documents complémentaires permettant de poursuivre lanalyse.
Il est possible de présenter le film dans sa totalité ou bien den choisir un ou plusieurs chapitres
pour nétudier quun aspect du sujet.
Nature et culture, sexe et genre
On pourra travailler avec les élèves sur les notions de nature et de culture. Le documentaire
montre que les différences entre hommes et femmes relèvent pour lessentiel dune construction
culturelle, ce qui permettra de différencier la notion de sexe, qui relève dune différence
naturelle ; de celle de genre, qui relève dune différence liée à la culture. On utilisera pour cela en
particulier le chapitre 5 : « Une socialisation différenciée ».
La socialisation des filles
Le documentaire permet daborder la question de la socialisation différenciée entre les filles et les
garçons. Au travers des exemples donnés dans le document, on pourra voir que les différences
entre les genres sont produites par une socialisation spécifique qui prépare les petits garçons et
les petites filles à leurs rôles dhommes et de femmes (cf. Fiche pédagogique 1 : « On ne naît
pas femme, on le devient »).
La représentation des genres et de la famille dans les livres pour enfants
On pourra sintéresser au rôle joué par les livres pour enfants dans la socialisation, en mettant
laccent sur les stéréotypes quils véhiculent, en contradiction avec les évolutions de la société et
lidéal dégalité. On sappuiera sur le cinquième chapitre (« Une socialisation différenciée »).
La représentation des femmes dans les médias
Dans le documentaire, on voit que lorsque lon parle des femmes dans les médias, ce nest pas
de la même façon et avec le même vocabulaire que lorsquil sagit des hommes.
Les femmes politiques sont en effet présentées avant tout comme des femmes, leur fémini
étant perçue comme une caractéristique essentielle tandis que lintérêt porté à leurs homologues
masculins sattache moins à leur singularité.
On pourra ainsi indiquer que les femmes sont le plus souvent vues sous langle du particulier
alors que les hommes représentent davantage luniversel. On sappuiera pour cela sur le
deuxième chapitre « Femmes, média et politique ».
Les normes de la féminité
Le documentaire permet de travailler sur les normes de la féminité, en montrant que les femmes
sont soumises à des exigences très fortes. Elles doivent être de « bonnes » mères, de
« bonnes » épouses, de « bonnes » travailleuses, avoir un corps « parfait ». Le document permet
de comprendre comment sexerce cette forte pression sociale sur les femmes, en particulier à
travers la publicité et les magazines féminins (cf. Fiche pédagogique 2 : La fémini sous
contrainte).
Parité et représentation politique
La question de la représentation politique pourra être abordée au travers de la place des femmes
dans le monde politique. Comment se justifie la loi sur la parité ? A-t-elle donné une véritable
chance aux femmes d’accéder au pouvoir politique ? Les femmes doivent-elles être plus
présentes dans le monde politique parce quelles apportent quelque chose de différent ? Les
femmes peuvent-elles et doivent-elles être considérées comme des représentants politiques
comme les autres ? (cf. Fiche pédagogique 3 : Les femmes sont-elles des hommes politiques
comme les autres ?).
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