THEME : STRATIFICATION SOCIALE ET INEGALITES/DISSERTATION (FRANCE, JUIN 2002)
Sujet : Dans quelle mesure la croissance permet-elle de réduire les inégalités?
DOCUMENT 1
La croissance de l'économie française a débouché sur une transformation profonde des modes de vie au cours du siècle [...]. Ce processus s'accompagne d'une
amélioration, lente mais bien réelle, des conditions de vie, permise par l'élévation des revenus des ménages: aussi bien les revenus directs, du fait de la répartition des
gains de productivité, que les revenus indirects, à travers la redistribution et les biens collectifs offerts par les pouvoirs publics et les organismes de sécurité sociale
(éducation, santé.. .). [...] La société de l'abondance demeure pourtant bien loin. Les progrès réalisés n'ont pas été partagés par tous de la même façon, qu'il s'agisse du
logement, des soins ou des loisirs. La montée du chômage nourrit les inégalités sociales et une exclusion croissante de cette société riche. Les plus touchés sont les
moins qualifiés et les jeunes [...]. Le ralentissement de la croissance fige les hiérarchies sociales et aiguise la « lutte des places ».
Alternatives économiques, hors série, n° 42, 1999.
DOCUMENT 2 Quelques indicateurs concernant la France
Sources: OCDE, INSEE, Enquête emploi, Direction de la sécurité sociale, SESI.
DOCUMENT 3
Par les possibilités de croissance supplémentaire qu'elle ouvre, la libéralisation commerciale est potentiellement bénéfique aux nations prises,
chacune, comme un tout.Mais, à l'intérieur de chaque pays, certains gagnent et d'autres perdent, surtout si la croissance n'est pas au rendez-vous.
Ceux qui produisent des biens importés du Sud sont en effet soumis à une pression qui lamine leurs revenus, quand elle ne leur fait pas perdre leur
emploi. Ceux qui consomment les biens importés tirent, eux, un avantage appréciable de l'échange [...]. Quelques-uns perdent leur emploi, parfois
sans espoir d'en retrouver, le très grand nombre bénéficie d'une amélioration de pouvoir d'achat.
[...] Comme pour le progrès technique, encore une fois, l'échange international ne mène pas magiquement au progrès social !
Anton Brender, L’impératif de solidarité, La Découverte, 1996.
DOCUMENT 4
Si le commerce international ou l'immigration étaient la cause principale des inégalités contemporaines, on observerait un phénomène inégalitaire
qui se « limiterait» à une inégalité intergroupe : les travailleurs sans diplôme s'appauvrissent, les autres s'enrichissent. Or une force beaucoup plus
sourde est à l'oeuvre : celle d'un éclatement des inégalités au sein de chaque groupe socioculturel. C'est en effet au sein de chaque tranche d'âge, de
chaque catégorie de diplôme, de chaque secteur de l'économie que le phénomène inégalitaire se produit.
[...] La société passe sous l'effet de la scolarisation à un mode de production inégalitaire les diplômés restent entre eux, sous-traitant à d'autres
les tâches « viles» qu'ils ne veulent pas faire [...]. Cette nouvelle logique d' « appariements sélectifs » (1) serait donc en fait la réponse logique de la
société au changement de la composition de sa force de travail.
(1) Rapprochement d'individus selon certains critères. Daniel Cohen, Richesse du monde, pauvreté des nations, Flammarion, 1997.
DOCUMENT 5
La seconde moitié des Trente Glorieuses a, en quelque sorte, « inventé» les classes moyennes par une réduction de la hiérarchie économique, c'est-
à-dire par un moindre écart entre les riches et les pauvres [...]. Cette évolution est en fait la conséquence de mouvements complexes et divers qui ne
concernent pas seulement l'intensité des inégalités, mais aussi leur structure : la société française de 1956 était encore fortement agricole [...] et plus
généralement formée de petits indépendants ruraux dont beaucoup périclitaient. La hiérarchie salariale était plus importante, malgré l'émergence du
plein-emploi, les salaires des ouvriers et des employés des services étant nettement plus faibles que la moyenne. Surtout, les victimes silencieuses
des années 1950 et 1960 étaient les personnes âgées [.. .].
Depuis, la situation a changé : les agriculteurs ne représentent plus que 4 % de la population active et sont soutenus par une politique agricole
volontariste; les travailleurs indépendants croissent de nouveau et leur revenu s'élève plus rapidement que la moyenne. Le troisième âge
contemporain, dont les retraites sont issues de carrières complètes et de salaires plus élevés, a un niveau de vie comparable à la moyenne de la
population, et dispose de plus de patrimoine que la génération précédente.
Louis Chauvel, « La toupie et le sapin », Sciences humaines, n° 72, mai 1997.
DOCUMENT 6 Quelques indicateurs socio-économiques en France
Sources: d'après INSEE, TEF, cédérom 2000/2001 et Données sociales, 1999.
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