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Il faut beaucoup insister sur le mot "aigu", qui fait partie de la définition de l’OMA. Il
signifie que le processus inflammatoire de l'oreille moyenne a une durée brève, et qu'il est suivi du
retour à la normale. La disparition des symptômes (douleur, fièvre, surdité, écoulement) ne prouve
nullement que l'oreille est normalisée! Même en cas d’ otite chronique vraie, on n’a en général que des
symptômes transitoires, lors de poussées de "réchauffement" de l’inflammation. La majeure partie
de l'évolution de ces otites chroniques se fait ainsi à bas bruit, avec des anomalies otoscopiques
permanentes, mais des signes fonctionnels intermittents. Se contenter de la seule disparition
desdits signes fonctionnels sans vérification otoscopique pour conclure à la guérison amène en fait à
méconnaître purement et simplement le diagnostic de cette otite chronique, ce qui peut être
extrêmement lourd de conséquences.
Donc: seule la vérification de la guérison à l'otoscopie permet d'avoir (rétrospectivement) la
certitude que "l'otite" qu'on vient de traiter était bien une OMA...
ETIOLOGIE
Le point de départ d'une OMA est très généralement une rhinopharyngite virale.
Celle-ci crée des lésions épithéliales, et des phénomènes inflammatoires (congestion,
oedème, hypersécrétion) qui perturbent le renouvellement de l'air de l'oreille moyenne et y
favorisent le confinement et l'inflammation, et éventuellement la surinfection bactérienne.
Les Germes en cause dans les OMA bactériennes
Toutes les OMA ne sont pas bactériennes, loin s'en faut (+++++).
Bien souvent les OMA sont simplement des otites congestives, avec une inflammation aiguë d'origine
virale. Les virus potentiellement responsables sont très nombreux, puisque ce sont ceux des rhinites,
pharyngites, rhino-bronchites, laryngites, syndromes grippaux...Evidemment l'antibiothérapie est ici
sans peu d’intérêt.
Si l'OMA est bactérienne, la colonisation microbienne de l'oreille moyenne se fait en
général avec quelques espèces bactériennes bien répertoriées, qui sont les hôtes habituels du
rhinopharynx de l'enfant.
Par ordre décroissant de fréquence,quelques germes font la majorité des OMA suppurées:
Deux grands malfaiteurs:
• Haemophilus Influenzae, (un peu plus de 40% des OMA)
• Pneumocoque, (environ 40%) le plus redouté,
et, moins fréquents:
• Staphylocoque aureus (<10%)
• Branhamella (Moraxella) catarrhalis (<10% aussi)
• citons aussi le strepto A ß-hémolytique: Streptococcus pyogenes.
Ces proportions évoluent selon la tranche d'âge et au fil des années: l'écologie des populations
bactériennes n'est pas immuable!
HAEMOPHILUS INFLUENZAE
est aujourd'hui souvent sécréteur d'une ß-lactamase, qui
détruit les péni G et A, mais pas les céphalosporines (cf. traitement).
Il s'agit d'Haemophilus "de base", et presque jamais des dangereuses souches B, invasives contre lesquelles la
vaccination est maintenant généralisée (les Haemophilus de type B, entraînent des septicémies, méningites, épiglottites, cellulites
faciales du nourrisson)