L’ allaitement maternel : Une pratique ancestrale en déperdition
Introduction
L’ allaitement au sein fait partie intégrante du processus de la reproduction. Il constitue un héritage culturel et social
très subtil correspondant à l’ image laissée par nos mères et grands-mères. L’ engouement actuel dans les pays
développés pour l’ allaitement naturel est lié aux vertus de ce lait. En effet, le lait maternel est l’ aliment naturel et
idéal pour les premiers mois de la vie du nourrisson. Ses avantages sont considérables ; aliment complet équilibré,
économique spécifique et stérile. Il est donné à une température physiologique directement à la bouche de l’ enfant.
Le lait maternel continue à être bénéfique à l’ enfant jusqu’à l’âge de 2 ans : en effet, aucune industrie n’ a pu
produire un lait aussi parfait tant pour ses constituants que pour son adaptation aux besoins du nourrisson. Véritable
aliment vivant, le lait maternel est, de par sa composition, adapté à l’ immaturité du bébé, contrairement au lait
artificiel. Le lait maternel allie trois qualités idéalement recherchées ailleurs : le prix de revient le plus bas, la qualité
la plus élevée et une étroite relation psychoaffective favorable au bon développement et l’épanouissement de
l’ enfant. Il assure des apports en eau, des apports protidiques, lipidiques, glucidiques ainsi que des enrichissements
en sels minéraux et vitamines. Il est essentiel aussi bien pour la santé du nourrisson que pour celle de la mère.
Les responsables de la santé de la mère et de l’ enfant ont perçu l’ importance de l’ amélioration des pratiques
nutritionnelles destinées aux nourrissons. En effet, la supériorité du lait maternel, de par ses qualités inimitables sur
tous les substituts, est donc reconnue de tous, y compris par l’ Organisation mondiale de la santé (OMS), qui,
consciente de l’ influence négative de l’ alimentation artificielle vote, dès 1981, un code de commercialisation des
substituts du lait maternel afin de réglementer la promotion et la vente des laits artificiels, mais aussi des tétines et
biberons, visant essentiellement la publicité et les échantillons de ses produits. Ce code international a été repris par
la Directive européenne de mai 1991, mais l’ interdiction des substituts de lait maternel a été limitée aux laits du
premier âge. L’ OMS a pourtant continué son travail de promotion en formulant une politique officielle claire et
universelle, notamment par la déclaration d’ Innocenti en août 1990, déclaration conjointe avec l’ Unicef citée ci-
dessous : « Dans le but d’ assurer une santé et une nutrition optimales aux mères et aux enfants dans le monde
entier, il faudrait que chaque femme ait la possibilité de nourrir son enfant au sein exclusivement et que chaque
nourrisson soit nourri exclusivement au lait maternel de la naissance jusqu’à l’âge de 4 à 6 mois. Par la suite, il
faudrait que les enfants continuent d’être nourris au sein, tout en recevant une alimentation de complément
appropriée et adéquate jusqu’à l’âge de 2 ans et au-delà. »(1) Pour encourager et aider concrètement les
professionnels à favoriser l’ allaitement maternel, l’ OMS et l’ Unicef ont lancé, en juin 1992, l’ initiative “ Hôpital
Ami des Bébés” , qui est un label reçu par les établissements s’ engageant à respecter les 10 conditions pour le
succès de l’ allaitement maternel dont l’ objectif est de préserver et de renforcer la pratique de lait maternel.
État des lieux dans le Monde et en Algérie
L’ analyse de la situation épidémiologique de l’ allaitement maternel dans le monde fait ressortir une prévalence de
cette pratique à la naissance qui varie considérablement d’ un pays à un autre. Elle est de 80% au Canada en 2000,
de 91% en Italie, de 60% aux Etats-Unis, taux qui reste relativement stable depuis les années 2000. Selon les
statistiques de l’ OMS et du Fonds des Nations unies pour l’ enfance (Unicef), en France la pratique de
l’ allaitement maternel est de 60% en 2004.(3) Le taux le plus élevé est détenu par les pays nordiques européens, il
est de 99% en Norvège et en Suède, et de 95% au Danemark.(2) En Algérie, selon les résultats de l’ enquête
nationale à indicateurs multiples (MICS) du rapport préliminaire juillet 2006, il ressort que près de la moitié (49,5%)
des enfants nés durant les deux dernières années ayant précédé l’ enquête, étaient allaités au sein immédiatement
après la naissance. Selon les régions, cette proportion passe de 64,1% au sud, à 54,2% à l’ ouest, puis à 51,0% à
l’ est du pays pour atteindre 39,4% au centre.
L’ allaitement dans la première heure après la naissance est inversement proportionnel à l’ instruction de la mère,
passant de 35,8% chez les mères de niveau supérieur à 53,3% chez celles de niveau primaire et 55,9% chez les
femmes sans aucun niveau. Pour ce qui est de l’ allaitement maternel dans les premières 24 heures, la proportion
atteint 80,4% des enfants nés dans les deux années précédant l’ enquête, avec une variation allant de 82,7% en
milieu rural à 78,3% en milieu urbain. L’ allaitement maternel exclusif ne concerne que10,4% des enfants de moins
de 3 mois (10,6% chez les garçons et 10,1% chez les filles). Chez les enfants de moins de 6 mois, cette proportion
chute à 6,9% (7,2% chez les garçons et 6,7% chez les filles). Entre 6 et 9 mois, 39,0 % des enfants sont nourris au