Chapitre 1. Introduction à la sociologie politique.
L’un des premiers obstacles à considérer dans les sciences sociales, et a fortiori pour la
politique, c’est l’écart entre ce que l’on peut mobiliser spontanément comme réflexion
concernant la société etc…, et ce qu’on peut comprendre des observations des chercheurs qui
étudient le fait social (quelles façons de faire ? quelles manières de penser ?).
Qu’est-ce qui est mis en branle dans entre les cadres d’analyse dont on est porteurs et ceux
que la sociologie apporte, en tant que science ?
NB : on ne parle pas de la même façon de génétique ou de sociologie politique, cependant il y
a bien un tas de concepts spécifiques à la sociologie comme pour toute science.
NB : un des problèmes de la sociologie : l’obstacle majeur dans l’analyse sociologique c’est la
confrontation à des réalités qui sont déjà nommées par tout un chacun. Cela peut faire croire
que leur simple énoncé explique déjà ce que ça recouvre.
Ce que nous pensons connaître et comprendre est un obstacle aux réflexions sociologiques,
d’autant plus que nous vivons dans la société que l’on étudie. On est notre propre sujet
d’étude, en gros. C’est un problème car notre réflexion est alors polluée par un tas d’idées
préconçues, de préjugés, de représentations qui gênent la réflexion « pure ».
Les connaissances, convictions, expériences dont nous sommes porteurs influent sur notre
réflexion sociologique sur la société qui nous entoure.
Position à adopter « lâcher-prise », « déconstruction » = s’extraire de nos idées habituelles
et de nos préconçus sur le monde qui nous entoure
Cela s’applique d’autant plus à la politique, car nous sommes sans cesse baignés dans un flot
d’informations plus ou moins politiques. On en a alors une appréhension plus ou moins nette
en fonction de notre vécu personnel, si on est militant ou non, si on connaît des militants ou
non… Il y a donc un certain rapport à ce domaine en fonction de notre vécu.
Analyse sociologique : se situer dans une position analytique, dans une conception de la
sociologie qui pose le pb des relations sociales dissymétriques, inégalitaires, et des tensions
qui se déploient dans l’existence des hommes marqués par des rapports sociaux liés à la
domination.
Max Weber pose le pb fondamental de la domination.
Bibliographie :
- Weber, Le métier du politique, in Le savant et le politique
- Bourdieu, Propos sur le champ politique
Norbert Elias, sociologue allemand, s’est beaucoup intéressé au « procès de civilisation », cad
aux processus d’évolution des sociétés qui conduisent à en arriver à ce qu’on appelle
couramment « civilisation ». Il prône un effort particulier pour se défaire de l’actualité et des
influences de notre vie lorsque l’on étudie la société.
Article en 1987 dans la revue Genèse Le retrait des sociologues dans le présent.
Comment se fait-il que, le plus loin possible que l’on remonte dans l’Histoire des sociétés,
nous soyons en présence de groupes qui réussissent à capter le pouvoir et des positions qui les
rendent dominants sur les autres ? comment expliquer que ces groupes aient réussi à occuper
de telles positions de manière durable ? et que les positions occupées s e transmettaient de
façon héréditaire ? y-a-t’il « transmission » ou « reproduction » « biologique » du pouvoir
chez les dominants ?
si ces groupes obtiennent des positions dominantes, c’est toujours à travers des conflits,
des luttes plus ou moins visibles : luttes pour consolider les positions dominantes contre des
groupes moins forts politiquement et moins organisés.
Est-ce que ça continue, et comment, avec le début et le développement de la
« démocratisation » ?
Pourquoi des groupes dominent-ils ?
Pourquoi les « sphères dirigeantes » gardent-elles un pouvoir solide et si difficile à entamer ?
On va comparer les situations à travers le temps (en diachronie) et voir l’évolution au cours
du temps depuis longtemps pour pouvoir essayer de tirer des conclusions.
Ancienne Mésopotamie dans le pays Sumer, comment passe-t-on du stade de clan, de
tribu, à celui de Ville-Etat / Cité-Etat ? Quel est le moment fondateur, le point de passage à la
société étatique ?
Le passage des villages tribaux à des Villes-Etats est dans l’Histoire des sociétés l’une des
plus grandes transformations des sociétés humaines. Il y a alors une très forte différenciation
des fonctions des membres de la communauté et des activités assumées par ceux-ci.
Elias situe l’accentuation de la forme de la forme différenciée de la société en pays Sumer au
moment de la naissance de la Ville-Etat. Liens de plus en plus nombreux entre les gens, alors
qu’ils étaient plus simples et plus rares pendant le mode d’organisation tribale. Un nouveau
mode de vie s’impose, un nouveau modèle de contrôle des autres et de soi-même. Une
certaine distance sociale (inconnue au stade précédent) va se déployer.
- au stade tribal, globalement la répartition se fait par sexe et par âge
- au stade Ville-Etat la répartition va pénétrer toutes les strates de la société. Il y a
séparation très nette entre les producteurs de la matière première (cultivateurs…) et les
autres.
On trouve alors des unités territoriales à beaucoup plus fortes densités : apparition de groupes
spécialisés qui ne produisent plus car un groupe fait cela exclusivement le groupe
cultivateur peut même produire un surplus alimentaire (ce qui n’était pas le cas dans le mode
d’organisation tribal), pendant que les autres se spécialisent dans d’autres activités (travail des
matières premières pour fabriquer d’autres choses…).
C’est la naissance des villes spécialisation des groupes humains naissance de la forme
de la société-Etat. Il s’agit d’extraire sous la contrainte, par l’exploitation d’un groupe humain
spécialisé dans cette tâche, un important surplus alimentaire, et en contrôler la production
comme la distribution. Développement de la forme étatique.
Un groupe va dominer la scène sociale. Ce sont les prêtres qui ont le pouvoir par l’écriture et
la comptabilité de contrôler beaucoup de choses dans la société (notamment au niveau des
distributions de nourriture par exemple). Ce sont les détenteurs de la connaissance, cad des
« moyens d’orientation ».
Pour Elias, pendant longtemps on a analysé ça en système économique. Ce serait le surplus
économique qui vient du surplus agricole qui aurait permis la nouvelle organisation de la
société. Il met en cause le schéma qui met l’économie au cœur de tout et en fait le primat de
l’analyse sociologique. Elias pense que Marx a apporté une avancée décisive, mais que cette
façon d’envisager les choses ne rend pas assez compte de l’évolution des sociétés sous les
autres aspects. Il n’y a pas eu simplement transformation de village en villes, mais la
transformation est allée jusqu’à la création de villes-Etats, ce qui est une étape supplémentaire
dans l’évolution des sociétés. Donc on peut en déduire qu’il y a d’autres phénomènes que les
phénomènes économiques en jeu.
En effet, on voit peu à peu apparaître des fonctions sociales spécialisées dans la vie sociale.
Question : quels sont les détenteurs de fonctions (fonctionnaires sociaux) qui détenaient le
moyen de contrôler les paysans (groupe spécialisé producteur) pour qu’ils produisent plus ?
On en revient au rôle des prêtres (la ville se développe autour du temple), et on découvre le
rôle du dirigeant politique (la ville enserre aussi le palais du monarque). Les groupes
dirigeants sont alors les prêtres et les guerriers.
I. L’analyse sociologique de la politique selon Max Weber.
A lire : conférence de 1919 (voir plan de cours), Economie et Société + Histoire économique
esquisse d’une histoire universelle de l’économie et de la société.
Dans cette conférence de 1919, il précise sa conception du politique : « qu’entendons-nous
par politique ? Le concept est vaste et embrasse toute les activités d’autorité autonomie […]
nous entendrons par politique uniquement la direction du groupement politique que nous
appelons « Etat » ». C’est une activité qui se concentre dans la direction, il s’agit de diriger un
groupement politique, le plus emblématique, c’est l’Etat, tel que Norbert Elias avait pointé
son surgissement.
A propos de groupements, Weber, dans économie et société, définit tout un ensemble de
concept fondamental de l’analyse sociologique : un groupement est une forme caractéristique
de relation sociale, mais qui est d’autant plus clair qu’il s’agira de maintenir un certain ordre
au sein du groupement en question, le maintien d’un ordre qui sera garantit par un certain
nombre de personne qui prennent en charge cette fonction et la plupart du temps, il s’agira de
considérer un pouvoir directorial, ou une direction administrative. Weber explique toute une
série de nuance. La caractéristique suffisante, c’est qu’il existe une direction, que celle-ci soit
occupée par un chef de famille, …l’activité est mise sous la coupe d’une fonction, d’une
dimension de direction. Du point de vue du groupement politique, Weber va insister sur la
dimension de territoire et sur une notion assez étrange d’entreprise.
« Nous dirons d’un groupement de domination qu’il est un groupement politique tant que et
lorsque […] déterminable sur un territoire et […] usage de la force physique par la
direction ».
Dans le cas du groupement politique qui est l’Etat, c’est une entreprise politique de matière
institutionnelle et qui a pour particularité de monopoliser la contrainte physique.
Du point de vue d’un sociologue, qu’es qu’un Etat ? L’Etat ne se laisse définir
sociologiquement que par le moyen spécifique qui lui est propre, à savoir la violence
physique.
« Tout Etat est fondé sur la force disait Trotski […] monopole de la violence légitime
physique, ce qui est en effet le propre de notre époque, c’est qu’elle n’accorde le droit de
recourir à la violence que lorsque l’Etat le tolère » par conséquence, nous entendrons par
politique, l’ensemble des efforts que l’on fait en vue de participer au pouvoir ou d’influencer
la répartition des pouvoirs soit entre les Etats, soit entre les divers groupes à l’intérieur d’un
Etat. » (Citation pas complète)
L’Etat est le lieu emblématique des luttes en vue de monopoliser certaines fonctions. Le
politique va se condenser dans les efforts dans l’entreprise de domination qui consiste à
garder le contrôle de cette forme Etat, et l’Etat a pour propriété historique particulière d’être
parvenu à monopoliser la violence physique : police, armée, justice. (Fonction régalienne)
L’Etat occupe une place centrale dans la politique. Dans la conférence de 1919, Weber
considère que comme tout les groupements politiques ayant précédés l’Etat, nous avons à
faire, l’Etat consiste en un rapport de domination de l’Homme sur l’Homme fondé sur le
moyen de la violence légitime (càd la violence considérée comme légitime). L’Etat ne peut
donc exister qu’à la condition que les hommes dominés se soumettent à l’autorité revendiquée
chaque fois par les dominateurs. »
Idée de domination et dimension de la légitimité.
Domination : dans économie et société, il explique ce concept. Il va proposer le concept de
puissance qui est différent et qui est toute chance de faire triompher sa propre volonté dans un
groupe. La domination signifie : la chance qu’on a de trouver des personnes déterminables
prêtes à obéir à un ordre. Il faut davantage préciser que le terme de domination ne peut
signifier que « la chance pour qu’un ordre rencontre une docilité ». la domination présuppose
de la part de ceux qui la subissent, explicitement ou non, un acquiescement, une acceptation.
Un certain nombre de dispositions qui se construisent dans l’éducation, qui explique que
nous ne soyons pas en révolution permanente.
Légitimité : Weber précise qu’il est essentiel de saisir l’intérêt intérieur ou extérieur qu’il y a
à obéir. Il souligne l’existence d’un minimum de volonté d’obéir.
Les moyens de la domination :
- les intérêts matériels ou économiques
- les intérêts affectueux
- les intérêts rationnels
À ce stade, et à propos de la gitimité, ce qui est décisif à ces yeux, c’est la croyance des
individus en la légitimité.
Il y a trois types de domination légitime, et on peut distinguer la légitimité qui revêt un
caractère rationnel, càd qui renvoi à la raison, mais la domination rationnelle repose sur la
croyance en la légalité du droit, en la légalité des règlements qui sont arrêtés, mais surtout en
la légalité du droit dont dispose un certain nombre d’individus qui sont habilités à donner des
directives, donc qui peuvent exercer de ce point de vue la domination légale rationnelle.
Autre type : caractère traditionnel qui repose sur la croyance quotidienne en la valeur de
tradition, en la sainteté de tradition, valable de tout temps, et donc de la légitimité de ceux qui
sont habilités à exercer la domination par ce moyen.
Exemple : le chef de famille jouissait de la domination traditionnelle
3e : caractère charismatique qui repose sur la soumission extraordinaire au caractère sacré ou à
la vertu héroïque, voir la valeur exemplaire d’une personne.
Exemple : De Gaulle
On peut ajouter dans le cadre de la domination légale rationnelle, la plupart du temps on
accepte les ordres d’un personnel considéré comme objectif, alors que dans la domination
traditionnelle, on obéit à une personne détentrice du pouvoir transmis par la tradition, et dans
la domination charismatique, on obéit au chef par le biais d’une confiance personnelle.
La domination, dans la sociologie de Weber, est centrale pour rendre compte des rapports
sociaux. Sa sociologie est fondamentalement une sociologie de la domination qui nous
renvois à une essence des relations sociales, à une dynamique sociale, un ensemble de
processus. Un travail, une activité sociale dont il importe de saisir le caractère. Dans la
définition sociologique de l’Etat, il explique que c’est un rapport de domination de l’Homme
sur l’Homme, et ajoute que le politique est « l’ensemble[…] » Ce qu’on doit saisir ici, c’est
l’ensemble des forces. Mobilisation continuelle en vue de faire reconnaître la domination, le
bien fondé de celle-ci. Des efforts conduites par des hommes à destination d’autres en général
plus nombreux : la masse, le peuple, la nation.
Donc, ce qui doit pouvoir être expliciter, c’est cet ensemble d’effort fait en vue de.
Pour caractériser cet ensemble d’effort, ce « travail social » ( Durkheim), Weber emploie le
terme d’entreprise de domination. Aujourd’hui cela a une connotation économique, mais
c’est loin d’être cela chez Weber, quoique la liaison ne soit pas s’y éloigné que cela. Il y a des
articulations à faire entre l’entreprise et l’entreprise politique.
Pour simplifier, dans le concept d’entreprise, il faut retenir le caractère continu d’une activité
que l’on va rapporter à une finalité que l’on se donne. Lorsqu’on aura à faire à un groupement
organisé en entreprise, nous retrouvons la direction, mais une direction administrative qui a un
caractère continu et ce qui est frappant, c’est que cette dimension va aussi bien fonctionner
pour des activités politiques, associatives ou religieuses,…
La domination politique consiste donc en une entreprise de domination conduite par des
hommes singuliers qu’il s’agira de caractériser, d’hommes que l’on peut qualifier
d’entrepreneurs politiques, comme il y a dans l’économie des entrepreneurs économiques.
« toute entreprise de domination qui réclame une continuité administrative exige d’une part
que l’activité des sujets s’orientent de façon d’une obéissance au maître qui prétendent être
« détenteur de la violence gitime » et d’autre part de détenir des moyens matériels de
gestion.
Suite de socio pol : fin du cours du 23 octobre 2008-11-06
Entreprise de domination :
- pour qu’elle se déploie il faut une continuité administrative (Etat en place) : assurée
par un état-major
- il est nécessaire d’obtenir l’accord des membres de l’état-major
- il faut des moyens matériels, financiers, pour pouvoir exercer le monopole de violence
physique
Sur quoi va se fonder l’obéissance de ces individus ? Comment compter sur leur implication ?
Et cela dans la durée ? Weber considère ici le fonctionnariat spécialisé (haute fonction
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