
dénutrition marquée ainsi que des plaies dans un état avancé. Je vais faire le point sur
ces deux problématiques, en m’efforçant de sortir du contexte hospitalier et en adaptant
mes recherches à ce qu’il est possible et nécessaire de faire en ambulatoire. Ce qui par
ailleurs aurait pu nettement améliorer l’état de la patiente avant son hospitalisation !
Ensuite vient tout le problème relationnel avec sa fille : pourquoi laissait-elle sa mère
dans un tel état à domicile ? Pourquoi avoir refusé les aides ? Est-elle dans le déni
lorsqu’elle ne semble pas comprendre la gravité de la situation ? Aurait-il fallu faire un
signalement plus tôt dans la prise en charge ? Le médecin traitant est –il dans
l’obligation de rappeler ses patients lorsqu’il n’a plus de nouvelles ? A qui peut-on
s’adresser en tant que médecin traitant devant un cas de gériatrie compliqué et quelles
aides auraient pu être mises en place pour éviter que la situation ne s’aggrave à tel
point ?
I- La dénutrition chez le sujet âgé
a. Chez quels patients la rechercher ?
D’après les recommandations de la HAS (1), tous les sujets âgés sont à risque de
dénutrition. D’autant plus si elles sont atteintes d’un cancer, d’une maladie
inflammatoire, de défaillances chroniques sévères d’organes. Quelques risques sont très
spécifiques au sujet âgé : ce sont l’isolement social, la maltraitance, les escarres, la
polymédication, les troubles bucco-dentaires, les régimes restrictifs, les syndromes
démentiels, les troubles de la déglutition et les troubles psychiatriques.
Tous nos patients âgés, qu’ils soient autonomes ou non, qu’on les voit en visite à
domicile ou au cabinet devraient donc être évaluées sur le plan nutritionnel.
b. Comment la dépister ?
En hospitalisation, le dépistage est systématique et se fait dès l’entrée du patient par la
mesure du poids actuel, la comparaison au poids dit « de forme » ainsi que le dosage de
l’albuminémie et de la pré-albuminémie.
En ville, d’après les recommandations, le dépistage devrait se faire une fois/an chez
toutes les personnes âgées et plus fréquemment encore chez les personnes âgées à
risque.
Le dépistage se fait par la mesure du poids et de l’IMC. Ceci est fait fréquemment au
cabinet mais devient plus difficile lors d’une visite à domicile. Il est alors important de
s’assurer qu’il y ait une balance présente au domicile du patient. Pour la mesure de la
taille, on peut la déduire grâce à la hauteur talon-genou, plus facile à effectuer. Pour cela,
il existe des tableaux à imprimer ou alors le calcul peut être réalisé sur internet, par
exemple sous http://www.masef.com/freewares3/tailleestimee.htm.
Le MNA (Mini Nutritional Assessment) est un questionnaire évaluant l’état nutritionnel
chez la personne âgée. Il est peu réalisé en pratique puisqu’il nécessite d’avoir à la fois
des données précises sur les habitudes alimentaires ainsi que la réalisation d’autres
mesures telles que la mesure de la circonférence brachiale et de celle du mollet.
Le dosage de l’albuminémie est recommandé (1) en ville et un taux inférieur à 35g/L
signe une dénutrition. En cas de dénutrition avérée, le poids doit être contrôlé toutes les
semaines et l’albuminémie une fois/mois.
c. Prise en charge et conseils nutritionnels
Pour lutter contre la sarcopénie,il faut associer une activité physique régulière à un
apport protéique adéquat (1g/kg/j), dont la moitié sous forme de protéines animales