OBSERVATION CLINQUE 3 Novembre 2007 Nous avons donc vu pour une évaluation neuropsychologique ta patiente Madame B. Marie Thérèse. Madame B. a dans ses antécédents un syndrome anxio dépressif chronique, lié en grande partie à une importante conjugopathie avec des épisodes de violence semble-t-il.On retient aussi un diabète connu depuis une dizaine d'années, une hypercholestérolémie ainsi qu'une hypertension artérielle modérée. Elle se plaint en réalité de troubles attentionnels depuis déjà une dizaine d'années, mais pour elle il y a une aggravation assez nette depuis un à deux ans, avec d'importantes difficultés de concentration et donc de rétention mnésique, une certaine lenteur intellectuelle qui est signalée aussi bien par elle-même que sa belle fille qui l'accompagnait à la consultation. Plus récemment semble-t-il sont apparues quelques difficultés de marche et surtout d'équilibre, avec un ou deux épisodes de chutes. Enfin il y a une incontinence urinaire d'apparition récente. Sur le plan de l'évaluation neuropsychologique, celle-ci retrouve globalement un syndrome frontal, le MMS était à 24/30 avec notamment des difficultés de calcul, des difficultés de rappel spontané des trois mots. Elle avait beaucoup de difficultés dans la réalisation des taches spécifiques telles que le Trail Making Test, en mémoire épisodique on retrouvait d'importants troubles du rappel, puisque si elle parvenait à apprendre une liste de 16 mots, elle ne pouvait donner spontanément que 5 mots sur 16, les 11 autres étant retrouvés sur fourniture d'indices. Dans le même ordre d'idées la fluence verbale était réduite à 17 noms d'animaux en 2 minutes, la batterie rapide d'efficience frontale était à 12/18. Le scanner retrouve donc une volumineuse hydrocéphalie, évoquant plutôt en effet une hydrocéphalie congénitale, mais dont la décompensation est bien sur possible, d'autant que le tableau neuropsychologique est tout à fait compatible, ainsi que le tableau purement neurologique, avec quelques festinations lors de la marche et surtout une altération des réflexes de posture. Ci-joint les images de la tdm initiale Nous avons donc convenu d'une hospitalisation pour réaliser trois ponctions lombaires déplétives, celles-ci ont me semble-t-il assez nettement amélioré la situation, puisque dès après la 1ère ponction les troubles urinaires ont disparu, sur les quelques jours d'hospitalisation, Madame B apparaît nettement plus alerte intellectuellement, la marche est de meilleure qualité, sur un test de marche de 100 mètres elle est passé de 2,18 minutes à 1,50 minute après la ponction lombaire. Sur le plan intellectuel, le MMS à la sortie était à 28/30, la batterie rapide d'efficience frontale à 16/18, il y a par contre toujours une réduction importante de la fluence verbale. Dr D Quelle est votre diagnostic ? Acceptez vous le diagnostic d’hydrocéphalie congénitale ? Quelles est votre proposition de prise en charge ? Janvier 2008 Merci de m’avoir adressé en consultation Madame B. Marie Thérèse, 64 ans, Elle se plaint depuis plusieurs années d’avoir des troubles mnésiques qui se sont récemment aggravés, d’avoir des troubles de la marche depuis un an et plus récemment des troubles sphinctériens avec une incontinence urinaire intermittente. Le bilan neuropsychologique réalisé n’est pas tout à fait typique d’une hydrocéphalie chronique de l’adulte. Cependant, l’amélioration, suite à la ponction lombaire réalisée en neurologie, des troubles de la marche, des troubles sphinctériens et même des troubles de la mémoire, est tout à fait évocateur d’un trouble liquidien. En pratique, nous allons réaliser dans un premier temps un bilan hydrodynamique du LCR et si les troubles liquidiens sont confirmés, nous proposerons à la patiente une dérivation ventriculo péritonéale. Cette patiente est diabétique, depuis un an sous INSULINE et également sous KARDEGIC. Dr S Sous neurolept analgésie, par voie lombaire Le test montre une pression basale moyenne à 11,5 mmHg, un PVI à 15 ml et une résistance à l’écoulement du LCS à 16,5 mm de mercure/ml/mn. La pression basale est normale mais le PVI est bas, la résistance est élevée. Ce test confirme la suspicion d’un trouble de résorption du LCR. Compte tenu de l’amélioration clinique suite à la PL nous décidons de faire une simple surveillance Aout 2008 Je revois en consultation Madame Marie Thérèse B, dont le diagnostic d’hydrocéphalie chronique de l’adulte ne fait pas de doute. Cette patiente, mère de trois enfants, ayant exercé au cours de sa vie professionnelle des activités de vendeuse, ayant eu au départ une formation de couturière. Elle a arrêté de travailler il y a quinze ans, faute de contrat de travail. Elle consulte aujourd’hui avec une amie intime qui permet de conforter les données informatives. Madame B. est effectivement assez troublée en ce qui concerne le fonctionnement de sa mémoire et surtout l’attention. Elle a aussi également de grosses difficultés domestiques et notamment utiliser une notice d’un téléphone qu’elle vient d’acheter récemment. Il semble qu’elle se perde également dans sa ville, même pour aller chez son amie d’enfance. Ceci s’additionne à des troubles de l’équilibre et de la marche qui entraînent des chutes, à peu près une par semaine, heureusement sans gravité. Il n’y a pas actuellement semble-t-il de troubles urinaires marqués et cette anomalie s’est indiscutablement améliorée depuis la réalisation des ponctions lombaires faites il y a quelques mois. Aujourd’hui, l’examen révèle un évident trouble de la marche. L’interrogatoire relève qu’elle a mémorisé des faits récents de l’actualité. La mensuration du périmètre crânien de votre patiente est à 56 cm, ce qui est dans les normes et traduit bien que l’hydrocéphalie s’est constituée assez récemment. L’interrogatoire de Madame B. et de son amie laisse penser que la symptomatologie s’est installée très progressivement à partir de 2005. Il n’y a aucun antécédent classique de l’hydrocéphalie, notamment dans le domaine de la traumatologie crânienne, de l’hémorragie méningée ou d’une infection méningée. Nous sommes probablement en présence d’une hydrocéphalie idiopathique. Je vais faire réaliser une IRM avec une étude des FLUX et une séquence CISS pour vérifier s’il y avait une sténose de l’aqueduc pouvant expliquer la symptomatologie. En fonction des données de l’IRM, nous orienterons le traitement, soit vers une dérivation ventriculo péritonéale, soit éventuellement, s’il y avait une sténose de l’aqueduc, vers une dérivation interne par ventriculostomie du plancher du 3ème ventricule. Dr I Commentez les séquences IRM Quelle prise en charge ? Je revois Madame Marie Thérèse B., chez laquelle nous avions implanté une dérivation du liquide céphalo rachidien pour une hydrocéphalie chronique qui s’est décompensée il y a quelques années avec des troubles de l’équilibre et de la marche, des troubles du contrôle sphinctérien et surtout une importante baisse de mémoire. Depuis la mise en place de cette dérivation, les troubles de l’équilibre et de la marche se sont améliorés et il ne semble plus y avoir de problème du contrôle sphinctérien. Madame B. ne fait pas de chute. Cependant, elle conserve un trouble important de la mémoire de travail et d’acquisition. Elle doit prendre l’avis du DR D. dès demain pour refaire le point sur le plan neuro psychologique. Elle a eu, le 15 avril dernier, un scanner qui montre que la dérivation est bien en place et qu’il y a toujours une dilatation ventriculaire et des sillons corticaux écrasés. Nous avons dès aujourd’hui baissé à nouveau le seuil d’ouverture de la valve, actuellement réglé à 110 mmHg, c'est-à-dire à pression moyenne. Je lui demande de faire un scanner dans un mois et de prendre simplement des antalgiques à type de PARACETAMOL en cas de réapparition de céphalées. Je reverrai Madame B. pour refaire le point avec elle sur le plan clinique dans 4 mois environ. Nous avons donc revu pour une évaluation cognitive Madame Marie Thérèse B., 64 ans, patiente à qui a été mise en place une valve de dérivation ventriculaire en 2008, devant un tableau clinique compatible avec la décompensation d’une hydrocéphalie congénitale, avec sur le plan cognitif un syndrome sous cortico frontal tout à fait compatible, sachant toutefois que tout cela évolue dans un contexte psychologique très particulier et ancien, avec notamment un conflit conjugal qui semble un peu compliqué. Toujours est-il que depuis la mise en place de la valve de dérivation il n’y a semble-til pas d’amélioration évidente, alors qu’il y en avait une tout à fait nette après les ponctions lombaires déplétives que nous avions réalisées fin octobre 2007. Actuellement les plaintes de la patiente sont importantes, elle trouve que les choses s’aggravent, avec beaucoup d’oublis, des difficultés à trouver les mots, des difficultés de concentration. Du fait que sa propre plainte soit vraiment majeure rend un peu dubitatif sur la réelle ampleur du phénomène, d’autant que semble-t-il ceci n’a pas de retentissement sur son autonomie, pour elle-même et pour son époux, elle assure toujours l’ensemble des taches ménagères, elle jardine, s’adonne assez largement à la lecture. Elle se dit par contre extrêmement asthénique, doit faire la sieste l’après midi. Elle dit spontanément que son moral n’est pas bon, ce qui là aussi reste à questionner, mettant en avant divers problèmes familiaux. Du point de vue de l’évaluation cognitive, celle-ci est globalement superposable à ce que nous avions constaté fin 2007, avec un MMS à 22/30, elle s’avère incapable de calculer notamment, et incapable de rappeler les trois mots spontanément mais ceuxci le sont sur indice, il n’y a aucun problème d’orientation temporo spatiale, elle réussit bien l’épreuve attentionnelle. La BREF est à 11/18, avec essentiellement des difficultés dans les séquences motrices. Il semble exister d’importants troubles de mémoire épisodique en situation de test, puisqu’au test des 5 mots elle n’obtient qu’un score de 6/10 avec deux en rappel différé, ceci me semble assez largement en contradiction avec le discours de la patiente qui rappelle des faits de biographie récente avec beaucoup de précision, ainsi d’ailleurs que des faits d’actualité. Il persiste cet important ralentissement intellectuel avec une fluence verbale catégorielle à 6 en 2 minutes, et là aussi j’ai quelques doutes sur la validité de ce résultat. En dénomination il n’y a pas de difficulté. Il n’y a pas de trouble de nature apraxique. Au total, chez Madame BAUDONNAT il semble donc qu’il persiste un syndrome sous cortico frontal mais avec des résultats qui ne me paraissent pas tous très cohérents, encore une fois j’ai l’impression que le terrain psychiatrique biaise l’évaluation. En tout état de cause il y a une grande discordance entre certains résultats et l’autonomie de la patiente qui parait tout à fait préservée. A l’heure actuelle je ne préconiserais pas d’action particulière en dehors d’une simple surveillance. Dr D Je revois ce jour Madame BAUDONNAT Marie-Thérèse, 64 ans, qui est porteuse d’une dérivation ventriculo atriale du LCR pour une hydrocéphalie du sujet âgé. Il semble que le résultat sur les troubles de l’équilibre et de la marche se maintienne. Votre patiente n’a fait aucune chute depuis la dernière consultation de juin 2008. Elle a un contrôle sphinctérien qui est imparfait avec des impériosités mictionnelles qu’elle a du mal à contrôler. Elle doit être revue à nouveau pour être évaluée par le Docteur D, le 27 août prochain, pour faire l’évaluation de son état neuropsychologique comparativement aux données de l’examen réalisé en avril 2009. Le scanner réalisé ce jour, ne montre pas de complication en relation avec la valve. La canne ventriculaire est bien positionnée. Les ventricules restent dilatés mais cela me parait banal compte tenu de la taille initiale de ceux-ci. Nous restons dans une stratégie de surveillance et je propose de faire une rééducation des postures et de l’équilibre, à raison de 2 séances / semaine pendant les 6 mois à venir. Je reverrai volontiers Madame BAUDONNAT pour réévaluer son état à nouveau dans 6 mois avec un nouveau scanner de contrôle. Dr I Ci-joint les images TDM à 10 mois post DVP Courrier au Dr B psychiatre Tu vas donc voir en consultation pour avis psychiatrique Madame BAUDONNAT Marie Thérèse, née le 01/09/1944 dont je t’avais parlé. Je connais cette patiente depuis octobre 2007. Nous l’avions vue pour des troubles psycho intellectuels et des difficultés de marche, du point de vue neuropsychologique, il existait un syndrome sous cortico frontal avec à l’époque un MMS qui était à 24/30, une BREF à 12/18 et une fluence verbale sur les animaux à 17 en 2 minutes. Il existait aussi un ralentissement de la marche et une altération des réflexes de posture avec au scanner une hydrocéphalie tétra ventriculaire. Le tableau clinique semblant assez cohérent avec une hydrocéphalie à pression normale, nous avions réalisé des ponctions lombaires déplétives et dès la 1ère on avait pu constater une amélioration assez nette de la marche, il y avait aussi une tendance au comportement d’urination qui a disparu, et globalement la patiente paraissait beaucoup plus alerte intellectuellement. Le MMS passant à 28, la BREF à 16 après les ponctions lombaires. Elle a donc été vue par le Dr I en octobre 2008, avec là aussi une très bonne amélioration des troubles de la marche et des troubles sphinctériens, la valve a été contrôlée et qui semble parfaitement efficace. Mais malgré tout la patiente a continué à se plaindre de difficultés cognitives. Nous avons fait une nouvelle évaluation en avril dernier qui retrouve plutôt une majoration des troubles, avec un MMS à 22 avec notamment un calcul impossible, une BREF à 11/18. On est toujours frappé par le comportement de cette patiente qui d’une part n’est absolument pas anosognosique, bien au contraire elle a une grosse plainte portant sur ses capacités cognitives, elle dit avoir de gros problèmes de mémoire mais raconte bien son histoire récente, surtout il y a une importante conjugopathie depuis longtemps, Madame BAUDONNAT disant être brutalisée par son époux, mais elle est totalement ambivalente visà-vis de cette situation. Elle dit aussi très clairement qu’elle est déprimée, jusqu’à ces derniers temps elle était sous 75 mg d’EFFEXOR que j’ai passé fin août à 150 mg, mais je ne suis pas vraiment convaincu qu’il existe un véritable syndrome dépressif chez cette patiente. En bref, il est donc un peu difficile de faire la part des choses entre ce qui revient à une véritable détérioration intellectuelle que je crois tout de même probable, et une possible majoration par des problèmes psychiatriques qui me paraissent aussi tout à fait présents chez cette patiente. J’aimerais donc que tu me donnes ton sentiment sur cette patiente et si tu as une meilleure approche thérapeutique à proposer. Dr D Comment s’assurer du fonctionnement de la dérivation implantée ?