AKKARI_REATEGUI_Note dintention

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AKKARI Sarah
REATEGUI Hugo
Histoire de la Révolution - Note d'intention
Gouverner avec la peur : la Terreur 1793/1794
Problématique
Dans quelle mesure la gestion de la peur s'inscrit-elle dans la démarche du gouvernement de la
« Terreur » afin de sauvegarder la République naissante ?
Dans un premier temps, nous décrivons le contexte avec lequel doit compter le gouvernement de la
Terreur qui le contraint à avoir recours à une gestion de la peur et de la violence. Ensuite, nous
verrons les mesures mises en place pour y répondre. Enfin, nous mettrons en avant l'avènement d'un
nouvel ordre dans la lignée de cette politique.
La République à l'épreuve du danger
La « patrie en danger » : la République française face à la coalition
21 FRUCTIDOR AN I. (7 7bre 1793). VICTOIRE DE HONDSCHOOTE.
L'armée Anglo-hollandaise (...)
Estampe de G. Jacowick, entre 1793 et 1798, Musée Carnavalet
Avec l'exécution de Louis XVI, les monarchies d'Europe se coalisent face à la France afin que le
modèle révolutionnaire ne s'exporte pas chez eux, but avoué de la Convention. La patrie est
déclarée « en danger » en juillet 1792, et les menaces proférées à l'encontre de la République puis
les défaites françaises participent à la justification d'un gouvernement d'exception et au régime de la
« Terreur ». La victoire de l'armée française face aux troupes anglaises à Hondschoote en septembre
1793 dans le nord de la France sert les intérêts de la République.
La présente estampe décrit cette bataille en adoptant le point de vue des soldats de la République,
on voit ainsi les uniformes bleus donner le dynamisme à l'affrontement, dans d'épais nuages de
fumée. Les combats sont violents, on remarque notamment au premier plan à gauche des soldats
portants leurs blessés à l'abri et de nombreux corps qui jonchent l'ensemble de la scène.
La guerre civile : une fracture idéologique au sein de la population
Royalistes s'apprêtant à abattre un arbre de la Liberté, en Vendée
Dessin de Jean-Baptiste Lesueur Jean-Baptiste, vers 1793-1794, Musée
Carnavalet
Face à une volonté de conservation et de triomphe de la République, le gouvernement
révolutionnaire doit faire face à des oppositions idéologiques notamment de la part des Royalistes.
Ce dessin de Jean-Baptiste Lesueur représente un groupe d'hommes royalistes tentant d'achever un
arbre de la liberté, tandis que deux femmes leur font face. La légende indique « Dans la Vendée des
brigands veulent abattre l'arbre de la Liberté, des jeunes filles à force de prières et de larmes, les en
empêchent. » La symbolique est double, elle provient tout d'abord de ces jeunes hommes qui
souhaitent abattre un symbole des valeurs républicaines mais également de ces jeunes femmes
faisant face à la violence pour la survie de la République. De plus, la Vendée est un bastion
royaliste.
Les couleurs sont ternes, ce qui contraste avec le drapeau tricolore et le fait ressortir davantage.
La figure des brigands : une persistance de l'image des ennemis de la République
Des brigands tuent un père dans les bras de sa fille
Dessin de Jean-Baptiste Lesueur, vers 1793-1794, Musée Carnavalet.
La Grande Peur désigne un mouvement de panique qui traversa la France de fin juillet à début août
1789. Ces mouvements de panique se multiplièrent sous l'effet de la diffusion d'un « complot
aristocratique » contre la révolution. Les artisans de cette menace seraient les « brigands » dont
l'existence est alimentée par la diffusion de rumeurs au sein de la population. Ce dessin donne à voir
la persistance d'une figure du brigand sous celle du contre-révolutionnaire notamment durant la
guerre de Vendée qui débute en mars 1793.
La politique de répression de la « Terreur »
Le tribunal révolutionnaire, ou l'organe de la répression
Rèv. de Paris. Brissot et 20. de ses Complices Condamnés à mort par le
tribunal Révolutionnaire
Estampe anonyme, 1793, Musée Carnavalet
Le Tribunal révolutionnaire, juridiction criminelle indissociable du climat de suspicion généralisée
qui règne au cours de la Terreur, est créé une première fois en 1792 avant d'être rétabli le 10 mars
1793. À Paris, il comprend 16 juges, 60 jurés et 5 substituts.
La scène ci-présente décrit le moment du procès de 21 députés de la Gironde, où la peine de mort
leur est attribuée. On assiste à un passage dramatique, la fureur gagne les condamnés à mort, à
gauche, où notamment l'un deux, Valazé, préfère se donner la mort sur l'instant. La colère semble
aussi être présente chez la foule des spectateurs, qui assistent à la chute de grands orateurs
révolutionnaires, et par la même occasion à la chute du parti girondin.
En réalité, le procès mené par Fouquier-Thinville est partial, et la sentence était déjà toute désignée
Cette affaire est un symbole de la politique répressive arbitraire mais légalisée sous la « Terreur ».
L'outil de la répression au nom de la sauvegarde de la République
Le Ravitaillement des prisonniers à la prison de Saint-Lazare
Peinture de Hubert Robert, vers 1794, Musée Carnavalet
La période du gouvernement de la Terreur est marquée par un renforcement de la répression et des
arrestations. La peinture de Hubert Robert met en scène les prisonniers de Saint-Lazare et les
porteuses de lait. Outre cette action de ravitaillement, cette peinture nous permet de nous plonger
dans le quotidien de ces prisonniers. De plus, le jeu de lumière est très intéressant et la luminosité
provenant de la partie supérieure droite du tableau conduit notre attention vers les prisonniers.
Enfin, ce tableau traduit de manière plus générale la mise en application de la Loi des suspects, c'est
sur la base de cette loi que Hubert Robert a lui-même été emprisonné à Saint-Lazare. Cette loi a été
préparée par Merlin de Douai et été adoptée le 17 septembre 1793. En parallèle, une « Conspiration
des prisonniers », c'est-à-dire une élimination physique de ces derniers se met en place.
La guillotine, l'instrument répressif
Gouvernement de Robespierre
Estampe anonyme, entre 1794-1795, Musée Carnavalet
Machine stéréotype de la politique répressive de la Terreur, le « grand rasoir national » n'en reste
pas moins un instrument de mort à la portée conséquente. Cette estampe utilise l'image de la
guillotine pour critiquer la politique menée par Robespierre et le Comité de Salut Public.
On voit au premier plan, au pied de l'échafaud, sept tas de têtes, chacun accompagné d'une pancarte
désignant ce qu'ils représentent : Clergé, Parlement, Noblesse, Constituante, Législature,
Convention, et le plus gros tas : le Peuple.
Sur la gauche, on remarque Marianne, allégorie de la République, regardant avec dépit la guillotine
où repose un corps : celui du bourreau, Charles-Henri Sanson. Toutes les têtes de France sont
tombées, à tel point qu'« il se guillotine lui-même », comme l'indique ironiquement la légende.
L'avènement d'un nouvel ordre : entre déconstruction et construction
Les comités au service de l'action du gouvernement
Comité de Sûreté générale : arrestation d'Antoine-Laurent de Lavoisier
(1743-1794), chimiste et de Guillaum de Malhesherbes
Dessin de Jean-Baptiste Lesueur, vers 1793-1794, Musée Carnavalet
Le gouvernement d'exception se pare d'outils pour mettre en application sa politique. Les comités
de salut public et de sûreté générale qui existaient auparavant sont utilisés comme intermédiaires
par le gouvernement révolutionnaire. Le comité de sûreté générale était chargé de la surveillance
des suspects et de l'exécution de la justice révolutionnaire. Ce dessin de Jean-Baptiste Lesueur
illustre l'arrestation du chimiste Antoine-Laurent de Lavoisier ainsi que celle de Guillaume de
Malesherbes, président au Parlement. A propos de Lavoisier, René-François Dumas alors président
du tribunal révolutionnaire répondit « qu'on avait pas besoin de chimistes ». Cette arrestation traduit
la fracture entre la révolution et les sciences.
La création d'un nouveau culte : l’Être suprême
Révolution française : Journée du 20 Prairial An 2 ou 8 juin 1794. Fête de
l'Etre Suprême au Champ-de-Mars : Le peuple et les députés réunis sur la
Montagne, surmontée de l'arbre de la Liberté
Dessin anonyme, vers 1793-1794, Musée Carnavalet
La création d'un nouveau culte par le gouvernement révolutionnaire apparaît comme un outil de
renforcement de ce dernier. Il y a une volonté d'adhésion par le gouvernement de la population au
culte de la Raison, alors qu'une déchristianisation de la société est en cours. Au 18 floréal il est
décrété par la Convention que le peuple français « reconnaît l'existence de l’Être suprême et de
l'immortalité de l'âme ». Ce culte est marqué par une grande fête au 20 prairial de l'An II, grande
fête représentée ci-dessus. Le défilé regroupant les différentes couches sociales de la population se
clôt au Champ-de-Mars où se tient une montagne artificielle. De nombreuses représentations de
cette fête existent, cette dernière est intéressante par son aspect esthétique. L'homogénéité des
couleurs avec une domination du bleu et du rose renforce le caractère rassembleur de l’événement
et l'unité du peuple autour du projet de la république.
Enrôler les hommes pour une cause : la levée en masse de 1793
Joyeux départ des volontaires aux armées,
Dessins de Lesueur, Jean-Baptiste, vers 1793-1794, Musée Carnavalet
Cet ensemble de gouaches décrit deux types de scènes intrinsèquement liées.
Celle de gauche représente deux volontaires, partant pour le front, ivres et euphoriques. De par leurs
uniformes, on a un croisement entre deux imageries populaires au rôle politique important : celle du
sans-culottes, partisan radical de la Révolution, et celle du garde national, citoyen-défenseur de
l'ordre et de la sécurité.
La gouache de droite décrit plutôt une scène de liesse autour d'un bureau de recrutement dans la rue.
Les hommes font preuve d'un grand enthousiasme, on distingue ainsi un drapeau et des cocardes
tricolores sur leurs chapeaux, à droite, certains dansent.
Après plusieurs prémices, la Convention décrète le 23 août 1793 la levée en masse obligatoire pour
la défense de la patrie. Tous les hommes âgés de 18 à 25 ans sont enrôlés. Si cette peinture ne
traduit pas directement une scène de peur, il faut surtout noter qu'il s'agit véritablement d'une
expression du gouvernement par la peur car l'état de guerre est ressenti partout et car la mobilisation
de la population par la levée en masse participe à l'institutionnalisation du gouvernement
révolutionnaire.
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