La première est que dans le régime rad-soc qui prévaut dans le canton depuis une
bonne dizaine d’années, l’étatisme n’en finit pas de progresser. L’emprise se cons-
tate dans à peu près tous les domaines. La politique foncière et du logement vise à
octroyer toujours plus de compétences aux autorités publiques. La redistribution au
titre des aides sociales de toutes sortes est érigée en mode d’administration ; voyez
la récente proposition de M. Maillard d’inventer de nouveaux impôts pour financer
les soins dentaires. C’est d’ailleurs dans le secteur de la santé que l’administration
n’en finit pas de s’étendre et de déborder sur le médical. Dans ce domaine sociale-
ment sensible, le Département entreprend sans relâche d’embrigader tous les ac-
teurs dans des réseaux publics, de contrôler leurs investissements, de dicter leurs
conditions de travail. Ces manifestations incessantes de collectivisme ne font l’objet
que de trop rares velléités de résistance dans le monde politique. Saluons donc l’ac-
tion des médecins indépendants, des cliniques privées, des médecins-dentistes,
des EMS privés, des pharmaciens et des physiothérapeutes indépendants. Ce sont
eux qui portent encore l’étendard de l’économie privée de la santé, gage de soins
orientés vers les personnes et non vers le système.
Ma deuxième remarque est que si l’aspect socialiste du régime rad-soc n’en finit
pas de progresser, c’est aussi parce que le centre-droite ne fait pas grand-chose
pour inverser la tendance. Il n’a pas su nouer en temps voulu des liens assez forts
entre toutes ses composantes, PLR, UDC, verts-libéraux. Il n’a pas préparé et orga-
nisé la relève. Surtout, il laisse faire, tolérant (quand ce n’est pas encourageant) un
droit de préemption dans le domaine immobilier en faveur des cantons et des com-
munes, une clause du besoin pour les équipements médicaux lourds, des hausses
de charges bien supérieures à l’évolution de tous les paramètres économiques et
sociaux. Tout se passe comme s’il était hypnotisé par son adversaire, accréditant ce
constat que, décidément, il existe des socialistes dans tous les partis.
Ces élections à l’intérieur de notre pays renvoient très naturellement à examiner ce
phénomène qui n’est pas totalement récent mais qui a éclaté aux yeux du monde
entier l’an passé à la faveur en particulier du Brexit et de l’arrivée de M. Trump à la
présidence des Etats-Unis. Même dans un canton et dans une Suisse dont l’exi-
guïté et la prospérité atténuent bien des choses, ces réactions qu’il est désormais
convenu de qualifier de populistes se font sentir, en ce sens que plusieurs votes té-
moignent de la méfiance de nombre de citoyens envers leurs institutions, envers
leurs élus, envers leurs élites qui, censés les représenter, les trahissent en négli-
geant leurs préoccupations.
Les raisons de cette défiance qui déferle sur les nations libres ont été maintes fois
évoquées. Au plan économique, elles sont ancrées dans la stagnation des revenus
et la hausse des inégalités. Au plan social, elles découlent de la déstabilisation
d’une part de la population sous le double choc de la mondialisation et de la révolu-
tion numérique. Au plan politique, elles résultent du sentiment de perte de contrôle
face à l’impuissance des Etats à répondre à nombre de défis. Au plan culturel enfin,
ces réactions naissent d’une perte d’identité face à l’avènement d’une société extrê-
mement ouverte et à des vagues migratoires incontrôlées.