Séance 1. Histoire des idées politiques. Instruments et méthodes de travail. -Le plan de cours est mis en ligne au fur et à mesure en début de semaine. http://mapage.noos.fr/dcolas/Hip2006-2007.html Acquisitions d’outils conceptuels. Lectures de textes fondateurs de la pensée politique en occident. Présentation de certains grands enjeux du monde contemporain. Dans la République, selon Popper, Platon aurait proposé un système de type totalitaire. Les anachronismes sont possibles en histoire des idées politiques. Les problématiques anciennes sont peut-être encore d’actualité aujourd’hui, il n’y a pas forcément une histoire. On pourrait mettre aussi en rapport les idées entre la politique. « L’homme politique se garde bien de penser (s’il en était capable). » Merci la brève de comptoir villieriste ! Les philosophes ont en revanche pensé la politique. Textes dont la lecture est requise. Platon, La République, I. IV Aristote, Les politiques, I. I et II Machiavel, Le Prince. Rousseau, Essais sur l’origine et les fondements de l’inégalité entre les hommes. Marx, Engels, Le manifeste du parti communiste. Foucault, « Omnes et singulatim. » Epreuve écrite : Traiter un sujet parmi deux proposés tiré des lectures. I)ENONCES ET ENONCIATIONS Chez Aristote, l’homme est un animal politique car les hommes parlent. Ce n’est pas que produire des sons, c’est aussi émettre des énoncés qui ont une signification. Si l’homme est doué de parole, c’est pour vivre dans le social. Tous les hommes vivent en société, mais il n’y a qu’une partie de ceux-ci qui vivent dans des sociétés politiques (société civile). Certains grecs vivent dans des sociétés civiles ou des associations politiques. Il y a une insistance chez Aristo sur le fait que les êtres sont caractérisés par une nature. Cette pensée de l’essence des hommes a eu une très grande fécondité dans l’histoire de l’occident, car c’est encore la base de la philosophie catholique d’aujourd’hui. La pensé naturaliste d’Aristote a été repris par le christianisme médiéval jusqu’à aujourd’hui. Aristote faisait une coupure entre les différentes régions du monde (Europe, Asie, Grèce). Selon lui, il y aurait une coupure entre grec et barbare en fonction d’une hiérarchie. L’homme grec est supérieur à la femme grecque et aux barbares. Mais Aristote reproche aux barbares de traiter leurs femmes comme des esclaves. Aristote défend une certaine citoyenneté de la femme dans la cité. On pourrait soutenir que la politique en occident est en fait logocentré. Derrida a montré que l’occident a fait de la parole par opposition à l’écriture la valeur et la norme ontologique suprême. A)Diversité des textes et auteurs étudiés mais privilèges de l’abord conceptuel. Le texte de Foucauld sur le pouvoir pastoral pose la question de la raison d’Etat. Comment l’autorité politique s’exerce à travers des politiques publics ? Qu’est ce que gouverner ? Comment naît un gouvernement ? Foucault compare la politique moderne avec ses technologies du pouvoir pour gérer la société alors que dans les sociétés plus anciennes, l’art est de se maintenir au pouvoir telle est la vision de la raison d’Etat chez Machiavel. Le Prince de Machiavel est un ouvrage qui n’essaye pas de décrire la société idéale. Il n’établit pas un programme alors que la République de Platon est un texte qui ne tient pas compte de la cité contemporaine mais un texte qui essaye de concevoir une cité idéale. Platon en fait une description. Cet ouvrage n’indique pas les voies qui permettraient d’atteindre cette meilleure société. Marx est encore dans une autre logique. Il indique ce qu’il faut atteindre comme but et il prédit le futur (la révolution). Il énonce ce que devra être l’Etat après la révolution. Le Manifeste du parti communiste est un texte qui proclame et qui décrit la réalité du monde de son époque ; invite des groupes sociaux à se mobiliser sur ce qu’il faut faire. Pour cela, il y a des principes nécessaires pour comprendre l’évolution des sociétés (les lois de l’Histoire). Tout texte doit être replacé dans son contexte historique. On ne peut pas comprendre un texte sans savoir les conditions d’énonciation. Certains énoncés dont le sens même est transformé par leur énonciation. Si nous prononçons la phrase hic et nunc, elle a des chances de ne plus rien valoir si je me déplace. Le sujet JE est un terme qui désigne l’individu. L’énoncé est transformé dans certaines conditions, par exemple l’usage des formules de politesse (énoncé) varie en fonction de qui on s’adresse (énonciation). Pour le texte politique, on ne peut le comprendre que si on connaît le contexte et la façon dont il a été énoncé. L’énoncé du Prince de Machiavel était destiné à un Prince. Le destinataire par exemple ici permet de comprendre le texte. Le texte de Marx crée en même temps ceux qui comprendront son texte. Le texte essaye de produire en fait des sujets qui vont le comprendre. Dans l’analyse des textes, la mise en relation des textes les uns par rapport aux autres est indispensable. On comprend ainsi mieux le texte de Rousseau vis-à-vis du texte de Hobbes. B)Différents types d’énonciations. Austin dans Quand dire, c’est faire distingue énoncés descriptifs et performatifs. Certains énoncés décrivent un état du monde (« il est six heures du soir »). Dans certaines conditions institutionnelles, certaines énonciations produisent ce qu’ils énoncent. Selon J. Searle, on peut supposer que derrière des énoncés de types descriptifs, il y aussi un acte. Par le langage, les hommes politiques essayent de produire des effets. Le monde est-il entièrement une production du langage ? Le monde est-il émanation même du discours ? Avons à faire à un prolongement du langage ? Une partie de la philosophie politique a fait du langage une condition aux autres philosophies (le langage institution des institutions). Toutes les activités humaines proviendraient du langage. Noam Chomsky considère qu’en dépit de la différence des langues, les hommes possèdent tous de façon inné la même capacité à parler. Il n’y a pas de hiérarchie entre les langues. Il soutient que la capacité à parler est égale chez tous les sujets humains (en mettant de côté certains accidents de développement). Chomsky se présente comme un démocrate radical contre les hiérarchies sociales. Sa théorie s’oppose aux théories qui mettent l’apprentissage au centre des préoccupations. (le menon). Wittgenstein dans le Tractatus logicus filosoficus distingue une coupure très nette entre les énoncés de la nature et ceux qui ne le sont pas.. Il affirme que les discours philosophiques, esthétiques, politiques et de morale reposent sur une usurpation du droit à parler. Le néo-positivisme de Carnat s’inspire de cela et va jusqu’à dire que la philosophie a produit certains énoncés vides de sens. Wittgenstein a essayé de débusqué les pièges du langage. Il repère ainsi chez Freud des erreurs de raisonnement, de sophisme, etc. Popper au lieu d’utiliser la philosophie comme une arme pour débusquer les faux problèmes, il veut utiliser la philosophie pour résoudre un certain nombre de problèmes. Popper a critiqué Platon qui n’a fait que parler de la situation idéale pas de la moins mauvaise cité. C)Ecriture politique et voix du maître. Derrida a parlé de « déconstruction » de la philosophie occidentale. Quand on entend quelqu’un parler, il faut être présent alors que les signes écrits sont autonomes et peuvent circuler. Derrida critique la conception de l’infériorité de l’écriture sur la parole dans le Phèdre de Platon. C’est la critique du dieu logos, le logocentrisme est pour Derrida une marque de la métaphysique occidentale. En revanche, dans l’écriture constitutionnelle chez Platon et Aristote, le texte de la constitution d’Athènes était écrit sur des panneaux devant le Parthénon, donc il y a bien une sphère politique qui considère l’écriture. Il vaut mieux une écriture contre le despotisme selon Platon et Aristote que rien du tout. Chez Rousseau, la figure de Mahomet est analysée dans l’Origine des langues. Il montre que la parole est un élément érotique, la voix est une partie du corps qui peut être considéré comme un objet de jouissance. Rousseau s’en prend à ceux qui attaque l’islam à cause du contenu du courant. Ceux qui considèrent le Coran comme une absurdité textuelle auraient été les premiers à suivre la voix du prophète dans le désert. Le charisme de Mahomet permet à un texte peut-être absurde d’avoir une réelle séduction s’il est énoncé oralement. II)SOCIETE CIVILE ET FANATISME A)LE FANATISME ET LA DEFENSE DE LA SOCIETE CIVILE PAR LUTHER. 1)Les débats de la réforme et les iconoclastes Le concept de fanatisme est apparu dans le contexte de la réforme protestante. Luther dénonce les groupes sociaux qui croient avoir des rapports privilégiés avec Dieu et qui veulent détruire la société civile pour imposer le royaume de Dieu sur Terre en mettant à b as la société civile. 2)Les fanatiques comme iconoclastes de la société civile. « Supprimer l’intervalle entre la société terrestre et la société de Dieu » Mélempton. Marx aussi a cru qu’il était possible d’imposer sur terre un bonheur parfait. Mais les premiers fanatiques sont des protestants qui ont détruit des peintures catholiques pour supprimer tout intermédiaire entre eux. Il voulait renverser les autorités pour imposer les textes fondamentaux du protestantisme. Les fanatiques veulent détruire la société civile pour imposer sur terre le royaume de Dieu. 3)Traiter les fanatiques dans la société civile ou les exclure de la Cité Comment gérer les chevaux de Troie qui se trouve dans une démocratie ? Fallait-il utiliser des méthodes antidémocratiques contre les antidémocrates ? Faut-il être intolérant avec les intolérants ? B)Les concepts de société civile La notion de société civile a d’abord été synonyme de la notion d’Etat jusqu’au XIXe siècle. Avec Hegel et Marx, la société civile s’oppose à l’Etat. Chez Aristote, la société civile synonyme de peuple, ethnie, chez Rousseau c’est l’état de nature. Chez Hegel, l’Etat politique doit l’emporter, l’Etat moderne est un état où les individus sont libres, ce qui domine l’état politique. La notion de société civile est aussi devenue un avis d’ignorance, la prolifération de la notion conduit à des débats compliqués. III)CITOYENNETE, NATIONALITE ET RACE. A)Définition antique et moderne de la citoyenneté. Selon Chomsky, il n’y a pas de race entre les hommes, c’est une notion mal formée. Pour Aristote, les esclaves sont différents des autres hommes du fait de leur race. Les grandes puissances coloniales ont eu une politique raciale. Elles n’ont pas considéra que les indigènes avaient des droits politiques du fait de justification religieuse (position défendue par des démocrates et non démocrates). Les athéniens eux ne ressentaient aucune honte de vivre parmi les esclaves. Socrate peut prendre un esclave comme référence tout en acceptant le système esclavagiste. La citoyenneté antique n’est pas la citoyenneté romaine. À Athènes, les hommes citoyens pensaient que les athéniens étaient nés du sol. À Rome on est citoyen par rapport à quelqu’un. La démocratie antique se fonde sur la participation politique à la vie de la cité. La démocratie athénienne est limitée à un petit groupe d’individu. Dans l’Antiquité, le citoyen doit être prêt à faire le sacrifice de sa vie (le citoyen-soldat). B)Des nationaux sans citoyenneté. Dans les sociétés modernes, la colonisation a produit des individus qui devaient mourir pour la patrie mais qui n’avaient pas le droit de devenir citoyens. Cette croyance à la supériorité des peuples supérieurs s’autolégitiment par la colonisation et les conquêtes. Tocqueville adhère aux idéaux de la Révolution française car ce sont des idéaux déjà présents dans le catholicisme donc ses idéaux sont supérieurs à ceux de l’islam, la France est donc supérieure aux pays colonisés du fait de son universalisme. Il ne considère pas qu’il y a des races, il y a une seule espèce humaine, mais comme le christianisme et la révolution ont porté la valeur de l’universalisme, ils sont supérieurs à ceux qui n’ont pas cette valeur. C)L’exclusion raciste Ces théories raciales sont d’ailleurs toutes différentes entre eux. Certaines ont mis l’accent sur des formes d’évolution des espèces, d’autres considèrent que certains groupes sont condamnés à ne jamais être supérieur. En France, on a considéré que les peuples d’Afrique était en retard de développement et que petit à petit rejoindrait les peuples développés. Lorsque la pensée biologique est accaparée par un racisme d’état, on a une forme brutale qui visent à exclure certaines « races ». Certains groupes qui ont été stigmatisé peuvent revendiquer le mot race pour s’identifier aussi. Ce n’est alors pas un sens d’exclusion.