
Un autre processus avait lieu simultanément. Les unités de poids, en tant que mesures de 
quantités d'argent, étaient de première importance dans les textes économiques. Il semble bien 
que ces unités ont été prises très tôt dans le rapport de 60 à 1, en ce qui concerne les unités 
principales, la mine (le grec 
 "mina") et le sicle. Bien qu'on ne puisse dire exactement 
comment le processus s'est déroulé, il n'est pas surprenant que ce même rapport ait été appliqué à 
d'autres unités puis aux nombres en général. En d'autres termes, tout soixantième aurait pu être 
appelé un sicle du fait de l'acception familière de ce concept dans les transactions financières. 
L'ordre sexagésimal devint ainsi le principal système numérique, et avec lui la notation 
positionnelle résulta de l'utilisation de signes plus ou moins grands. Cependant, le substrat 
décimal resta toujours visible dans tous les nombres jusqu'à 60, et les autres systèmes d'unités ne 
disparurent jamais totalement. Le grand avantage d'une numération de position sexagésimale 
cohérente n'a été pleinement exploité que dans les textes strictement mathématiques, qu'on 
trouve bien représentée dans les sources à partir de 1 500 ans après les débuts de l'écriture. 
Encore 1 000 ans plus tard cette méthode devint l'outil essentiel du développement d'une 
astronomie mathématique, et se répandit parmi les Grecs, puis parmi les Indiens qui firent le 
dernier pas consistant à utiliser la numération de position pour les unités décimales. C'est ce 
système que nous utilisons encore de nos jours. 
 
14. La numération de position babylonienne présente, sous sa forme initiale, deux 
inconvénients dus à l'absence de symbole pour zéro. La première difficulté tient à la possibilité 
qu'un nombre écrit l 20 soit interprété comme 1,20 = 80 alors qu'il est écrit en réalité pour 1,0,20 
= 3 620. L'ambiguïté est parfois évitée par la très nette séparation des deux nombres, lorsqu'un 
ordre sexagésimal est complètement absent. Mais cette méthode n'est pas appliquée de façon 
systématique, et on trouve fréquemment des nombres très largement séparés sans aucune 
justification. Cependant, dans la dernière période, celle où furent développés des textes 
astronomiques, on utilisa un symbole particulier pour "zéro". Comme ce symbole apparaît 
antérieurement comme signe de séparation entre deux phrases, je le transcris par un "point". On 
trouve ainsi fréquemment, dans des textes astronomiques de la période séleucide, des nombres 
comme 1,.,20 ou même 1,.,.,20 qui emploient exactement le même principe que nos 201 et 2001, 
par exemple. 
Mais, même dans la dernière phase de l'écriture babylonienne, on ne trouve aucun 
exemple de signe pour un zéro à la fin d'un nombre. Alors qu'il existe de nombreux cas comme 
.,20, je n'ai pas connaissance d'une seule occurrence d'une écriture telle que 20,. vraiment certaine. 
Finalement, quelle que soit la période, seul le contexte permet de connaître la valeur d'un nombre