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Impact du changement climatique
sur maïs grain et maïs fourrage
Questions posées et pistes d’adaptation
Bernard Lacroix, ARVALIS – Institut du végétal, 6 chemin de la côte vieille 31450 Baziège France
Françoise Ruget, INRA UMR 1114 EMMAH, Domaine St-Paul 84914 Avignon Cedex 9, France
Josiane Lorgeou ARVALIS - Institut du végétal, Station Expérimentale 91720 Boigneville, France
Franck Souverain, Météo France, 42, Avenue G. Coriolis 31057 Toulouse Cedex, France
La simulation avec le modèle STICS du développement et de l’élaboration du
rendement du maïs sur la France sous les climats estimés pour le futur fait apparaître
des perspectives relativement favorables à moyen terme (2020-2049) grâce à
l’adaptation des cycles de culture. Le futur lointain (2070-2099) sera plus difficile avec
l’accentuation des sécheresses estivales et des fortes températures. Les dates de
semis devront être beaucoup plus précoces, et les génotypes plus adaptés aux fortes
températures et à la sécheresse. L’augmentation attendue des besoins en eau
d’irrigation milite en faveur de la création de ressources nouvelles par stockage de
l’eau en hiver. Les résultats obtenus sont très sensibles à l’estimation des effets de
l’augmentation de la teneur en CO2 sur la production et le fonctionnement hydrique de
la culture qui devront être précisés par la recherche.
Une estimation de l’impact du changement
climatique par simulation STICS sur 31 postes
météo
Pour évaluer l’impact du changement climatique sur maïs, nous avons choisi d’utiliser le
modèle de simulation de culture STICS (Brisson et al 2002, Brisson et al 2009) avec des
données climatiques journalières fournies par Météo France sur 31 postes météo intéressant
la culture du maïs en définissant pour chaque poste un itinéraire technique moyen
représentatif.
L’impact du changement climatique sur les problèmes phytosanitaires (évolution des flores
adventices et désherbage, évolution des maladies fongiques et des ravageurs et adaptation
de la protection) n’est pas pris en compte par le modèle et dans cette approche.
Le modèle STICS 6.2
Développé par l’INRA, le modèle STICS 6.2 simule au pas de temps journalier le
comportement du système sol-plante sous l’effet du climat et de l’itinéraire technique :
développement et croissance, fonctionnement hydrique et azoté, estimation de la biomasse
plante entière et du rendement grain. Il permet de simuler l’effet de l’augmentation du taux
de CO2 atmosphérique sur la production et la consommation d’eau avec l’option « modèle
résistif » qui gère les échanges gazeux (CO2 et eau) de la plante avec l’atmosphère. Les
paramètres régissant l’effet de la température sur le développement et la croissance ont été
revus pour prendre en compte l’occurrence des fortes températures prévisibles pour le futur.
L’effet de l’augmentation de la teneur en CO2 schématisé dans STICS comprend deux
aspects : un effet direct sur la production primaire (accélération des échanges plante
Thème des journées techniques
1
atmosphère) et un effet de réduction de la transpiration par fermeture stomatique. Il faut
noter que l’importance de ces effets est largement discutée dans la communauté
scientifique.
Des données climatiques journalières sur 31 postes pour
les scénarios socio-économiques A2 et B1
Nous avons retenu deux des scénarios socio-économiques envisagés par le GIEC en 2007 :
le scénario A2 (faible maîtrise des émissions de GES) avec un taux de CO2 de près de
850 ppm à la fin du siècle et le scénario B1 (forte maîtrise des émissions de GES) avec un
taux de 550 ppm en fin de siècle, alors que le taux de CO2 actuel est de 360 ppm.
Nous avons utilisé pour les simulations de la culture du maïs 4 séries de données météo
journalières sur 27 ans sur 31 postes intéressants aujourd’hui la culture du maïs fournies par
Météo France : 1980 – 2006 données observées (OBS), 2020 – 2046 scénario A2 (A2P),
2070 – 2096 scénario A2 (A2L) et 2070 – 2096 scénario B1 (B1L).
Pour les séries du futur, pour chaque scénario et pour chaque poste météo, ces données ont
été obtenues par l’application sur les données observées (période 1980 – 2006) des
anomalies résultant de la comparaison entre les données simulées avec le modèle ARPEGE
du CNRM pour le futur (périodes 2020 – 2046 ou 2070 – 2096) et les données simulées
avec le même modèle pour la période de référence (1980 – 2006) : pour chaque jour, écart
(ou rapport pour certaines variables) de la valeur moyenne interannuelle de la série du futur
à la valeur moyenne interannuelle de la série de référence et calcul d’une moyenne glissante
sur la période de 30 jours encadrant le jour considéré.
Ce mode de calcul a deux conséquences : on ne considère pas l’évolution du climat au
cours de la série (les années sont des répétitions) et la variabilité actuelle du climat est
conservée dans le futur, ce qui est évidemment un postulat discutable (même répartition des
jours de pluie par exemple). De même, nous avons choisi d’utiliser une teneur moyenne en
CO2 fixe par période et de ne pas considérer l’évolution de cette teneur au cours de chaque
période (tableau 1) :
Tableau 1 – Concentration en CO2 de chaque série climatique utilisée pour la simulation de la
croissance des cultures
série climatique
période
concentration en CO2 (ppm)
OBS
A2P
1980-2006 2020-2046
360
462
A2L
2070-2096
717
B1L
2070-2096
532
Enfin il a été jugé utile d’estimer l’effet CO2 dans les simulations du futur en comparant les
résultats obtenus avec les teneurs prévues avec les résultats obtenus en gardant la teneur
en CO2 à la valeur actuelle (360 ppm)
Une chaîne de calcul a été mise en place par Météo France pour réaliser les simulations.
Des itinéraires
adaptation
techniques
actuels
et
de
première
Pour chacun des 31 postes météo on a défini deux types d’itinéraires techniques du maïs :
des itinéraires techniques d’aujourd’hui et des itinéraires techniques de première adaptation
au changement climatique en tenant compte en particulier de l’augmentation des
températures (figure 1)
Thème des journées techniques
2
Les simulations ont été réalisées sur 3 sols ayant des niveaux de réserve hydrique très
différents (réserve utile =105, 208 et 271 mm).
Des itinéraires techniques « actuels »
Pour chacun des 31 postes météo on a choisi un itinéraire technique standard représentatif
en moyenne de la région considérée :
 Date de semis : le 15 avril ou le 1er mai
 Précocité de la variété selon 7 groupes : très précoce (TP), précoce (P), demi-précoce
précoce (DPP), demi-précoce tardif (DPT), demi-tardif (DT), tardif (T) et très tardif (TT),
caractérisés par leur besoins en degrés-jours pour les différentes phases du cycle.
 Fertilisation azotée identique partout (dose totale de 200 unités d’azote dont 40 au
semis)
 Conduite irriguée ou non selon la région
Des itinéraires techniques « adaptés »
Compte tenu des ordres de grandeur attendus pour le réchauffement climatique, pour
chaque poste on a défini un deuxième itinéraire technique correspondant à une première
adaptation standard au réchauffement consistant à modifier deux points seulement de
l’itinéraire technique « actuel » :
 anticipation de la date de semis : les semis du 15/4 passent au 15/3 et les semis du 1/5
passent au 15/4
 tardification de deux groupes de la précocité (exemple : les DT sont remplacés par des
TT). Cela conduit à identifier 2 groupes encore plus tardifs (UT et UUT).
Tableau des itinéraires techniques "actuels" et "adaptés" ayant fait l'objet de simulations STICS Maïs
En rouge : estimation des dates de semis et précocité actuelles : IT 'Actuels"
sec et irrigué
date de semis
TP
P
DPP
15-mars
31 stations
simulation
systématique :
actuel
et
(+ 2 groupes de
précocité
-1 niveau date
de semis)
15-avr
01-mai
irrigué seulement
Abbeville
Aurillac
Brest
Caen
St Quentin
Reims
Rennes
Trappes
Besançon
Lorient
Nancy
précocité
DT
DPT
Reims
Rennes
Trappes
Abbeville
Aurillac
Auxerre
Brest
Caen
Clermont-Fd
Dijon
Macon
Orléans
St Quentin
Tours
Vichy
En noir : variantes répondant à adaptation à CC : IT "Adaptés"
Auxerre
Clermont-Fd
Dijon
Macon
Orléans
Tours
Vichy
Besançon
Limoges
Lorient
Nancy
T
TT
Bordeaux
Limoges
Strasbourg
Biscarosse
Pau
Gourdon
La Roche sur Yon
Lyon
UT
Biscarosse
Pau
UUT
Agen
Bordeaux
Carcassonne
Toulouse
Agen
Bordeaux
Carcassonne
Toulouse
Gourdon
La Roche sur Yon
Lyon
Rennes
Strasbourg
Trappes
Embrun
Millau
Embrun
Millau
Figure 1 – Itinéraires techniques « actuels » et « adaptés » :
dates de semis et précocité par poste météo
Thème des journées techniques
3
Résultats
Des calendriers
précoces
de
développement
nettement
plus
date
La première conséquence du réchauffement est l’accélération du développement. Sur le
climat historique, Lorgeou et al (2009) indiquent que le cumul des températures entre le 26/4
et le 31/10 a augmenté de 150°C.jour en moyenne sur les 50 dernières années, ce qui
équivaut à un écart de 2 groupes de précocité soit 8 points de teneur en eau du grain à la
récolte. Sur la série 1981 – 2006, avec les itinéraires techniques « actuels », on observe en
26 ans une avance du stade floraison de 10 à 15 jours, du stade récolte ensilage de 17 à 25
jours et du stade maturité du grain (32% d’humidité) de 20 à 30 jours. L’exemple d’Orléans
est donné figure 2.
11/11
4/11
28/10
21/10
14/10
7/10
30/9
23/9
16/9
9/9
2/9
26/8
19/8
12/8
5/8
29/7
22/7
15/7
8/7
1/7
1980
date de floraison
date stade ensilage
date stade H32
y = -1,08x + 2418,61
2
R = 0,33
y = -0.80x + 1837.19
R2 = 0.40
y = -0,39x + 980,24
R2 = 0,31
1985
1990
1995
2000
2005
Figure 2 – Evolution de 1981 à 2006 des dates de floraison, de stade ensilage et de maturité
(32% d’humidité du grain) à Orléans – variété « demi-précoce précoce (DPP) semée le 15/4
Pour le climat futur, avec les mêmes dates de semis et les mêmes précocités (itinéraires
techniques actuels), les floraisons seraient plus précoces d’environ une semaine dans le
futur proche (2020-2046), de 9 à 15 jours pour le futur lointain (2070-2096) avec le scénario
B1 et de 15 à 25 jours pour la même période avec le scénario A2, ce qui correspond à des
floraisons centrées sur le 1/7. Les stades récolte ensilage seraient anticipés de 12 jours, 21
jours et 32 jours pour les mêmes périodes et les stades maturité (32% d’humidité du grain)
de 19, 33 et 45 jours en moyenne sur l’ensemble de la France.
En A2 lointain, le stade récolte ensilage serait donc centré sur le début août et la maturité
(32%) sur la mi-août.
Les cartes de la figure 3 indiquent les dates estimées du stade maturité (32%) pour les
séries OBS (1981-2006), A2P (2020-2046), B1L et A2L (2070-2096).
Thème des journées techniques
4
Figure 3 – Dates médianes de maturité (32% d’humidité) avec les itinéraires « actuels » pour les
séries OBS (1981-2006), A2P (2020-2046), B1L et A2L (2070-2096)
Cette anticipation des stades et le raccourcissement des cycles de culture ont un effet a
priori négatif sur les potentiels de rendement par diminution du rayonnement intercepté
cumulé. La première adaptation déjà pratiquée par les producteurs depuis une trentaine
d’années consiste à semer plus tôt des variétés plus tardives (Lorgeou et al 2009).
Pour le futur, nous avons simulé les itinéraires « adaptés » explicités plus haut. Il en ressort
des dates de stades du même ordre qu’avec les itinéraires actuels : les effets de l’avance de
la date de semis et de la tardification se compensent :
 floraison : 12/7 (A2P), 6/7 (B1L), 27/6 (A2L)
 stade ensilage : 25/8 (A2P), 14/8 (B1L), 2/8 (A2L)
 maturité (32%) : 13/9 (A2P), 28/8 (B1L), 14/8 (A2L)
La précocité du stade maturité autorisera un séchage sur pied, avec des récoltes en grain à
humidité nettement plus faible qu’aujourd’hui. Une autre possibilité serait de cultiver des
variétés encore plus tardives. Enfin il est possible d’imaginer des semis dès la mi-février
compte tenu des températures attendues. Cependant le risque de gel aux stades jeunes est
à examiner.
Thème des journées techniques
5
Une forte évolution des rendements potentiels
Effet du climat historique
Les simulations STICS permettent d’estimer l’effet du climat sur la série 1981-2006, à
itinéraire technique constant (IT « actuels ») et en neutralisant l’effet du progrès génétique.
Sur cette période, les rendements en grain ont tendance à baisser dans le Sud de la France,
essentiellement par effet de diminution du rayonnement intercepté au cours de cycles qui se
raccourcissent. Au contraire, au Nord de la Loire, les rendements ont tendance à augmenter
grâce à un effet positif de l’augmentation des températures qui vient plus que compenser
l’effet négatif de raccourcissement du cycle (Lorgeou et al., 2009).
Pour le futur et en considérant
l’augmentation de la teneur en CO2
l’effet
de
Pour le maïs fourrage en situation irriguée :
En conservant les itinéraires techniques d’aujourd’hui, on observe quasiment partout une
hausse des rendements en A2P et B1L de l’ordre de 1 à 2 t de MS/ha. Avec le scénario A2
lointain, les rendements diminuent dans la moitié des sites pour devenir inférieurs aux
rendements actuels.
Avec les itinéraires adaptés présentés plus haut, les rendements augmentent de 3 à 4 t dans
le futur proche et se maintiennent à des niveaux élevés dans le futur lointain (figure 4).
Evolution du rendement du maïs ensilage en irrigué (sol de 208 mm de RU)
t de MS/ha
OBS IT actuels
A2P IT adaptés
B1L IT adaptés
A2L IT adaptés
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17
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13
12
11
10
9
8
7
6
5
4
3
2
1
0
Figure 4 - Evolution des rendements moyens interannuels (26 ans) du maïs fourrage en irrigué
sur 17 postes classés par ordre croissant des rendements moyens de la série 1981-2006 (OBS)
Pour le maïs fourrage en sec :
Avec les itinéraires techniques actuels inchangés et pour un sol de RU 208 mm, les
rendements ensilage ont tendance à diminuer ou à rester stables dans le futur proche, à
Thème des journées techniques
6
augmenter systématiquement en B1 lointain. En A2 lointain, les rendements sont toujours
plus faibles qu’en B1 lointain. Avec les itinéraires adaptés, les rendements augmentent
toujours dans le futur proche de l’ordre de 2 à 4 tonnes de MS/ha, puis diminuent souvent
dans le futur lointain en restant, pour ce type de sol, à des niveaux au moins comparables
aux rendements d’aujourd’hui (figure 5).
Evolution du rendement du maïs ensilage en sec (sol de 208 mm de RU)
t de MS/ha
OBS IT actuels
A2P IT adaptés
B1L IT adaptés
A2L IT adaptés
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1
0
Figure 5 - Evolution des rendements moyens interannuels (26 ans) du maïs fourrage en sec sur
26 postes classés par ordre croissant des rendements moyens de la série 1981-2006 (OBS)
Pour le maïs grain en irrigué :
En conservant les itinéraires techniques d’aujourd’hui, les rendements augmentent partout
dans le futur proche d’au moins 10 q/ha, diminuent en B1 lointain pour rester à des niveaux
équivalents aux rendements d’aujourd’hui et diminuent encore en A2 lointain pour atteindre
des valeurs inférieures ou égales à celles d’aujourd’hui.
Avec les itinéraires adaptés, les rendements progressent plus dans le futur proche (A2P),
avec des hausses pouvant dépasser les 20 q/ha dans certains postes. Les rendements
diminuent dans le futur lointain mais restent supérieurs ou égaux aux valeurs d’aujourd’hui
(figure 6).
Pour le maïs grain en sec :
Avec les itinéraires actuels, les rendements progressent fortement dans le futur proche (de
l’ordre de 20 q/ha, puis deviennent inférieurs ou égaux aux rendements actuels dans le futur
lointain.
Avec les itinéraires adaptés, les rendements se maintiennent mieux dans le futur lointain
(figure 7).
Il est à noter que ces résultats sont obtenus sous certaines hypothèses (discutées) d'effet
sur la transpiration et la production primaire, ainsi qu'en l'absence de limitation de rendement
Thème des journées techniques
7
en grain de nature morphogénétique (toujours assez de sites de grains disponibles pour
valoriser l'augmentation possible de production primaire).
Evolution du rendement du maïs grain en irrigué (sol de 208 mm de RU)
q/ha à 15%
OBS IT actuels
A2P IT adaptés
B1L IT adaptés
A2L IT adaptés
170
160
150
140
130
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110
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90
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70
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50
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30
20
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Figure 6 - Evolution des rendements moyens interannuels (26 ans) du maïs grain irrigué sur 17
postes classés par ordre croissant des rendements moyens de la série 1981-2006 (OBS)
Evolution du rendement du maïs grain en sec (sol de 208 mm de RU)
q/ha à 15%
OBS IT actuels
A2P IT adaptés
B1L IT adaptés
A2L IT adaptés
170
160
150
140
130
120
110
100
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Figure 7 - Evolution des rendements moyens interannuels (26 ans) du maïs grain en sec sur 26
postes classés par ordre croissant des rendements moyens de la série 1981-2006 (OBS)
Thème des journées techniques
8
L’effet de l’augmentation de la teneur en CO2
On peut l’estimer à partir des simulations qui ont été réalisées, soit en gardant pour le futur la
teneur en CO2 d’aujourd’hui (360 ppm), soit en prenant en compte les valeurs prévues en
moyenne pour chaque période du futur.
La figure 8 illustre le cas d’Orléans : en irrigué, l’effet global de l’augmentation du CO 2 est en
moyenne de 10 à 15 q/ha en A2P, de 15 à 20 q/ha en B1L et de 25 à 30 q/ha en A2L. En
sec, les augmentations de rendements par effet CO2 sont du même ordre de grandeur en
valeur absolue. En A2L, on observe que les plus fortes augmentations relatives de
rendement du fait de l’effet CO2 correspondent aux meilleures situations en sec. Cela
correspond probablement aux situations où l’effet CO2 sur la réduction de la transpiration est
le plus bénéfique.
L’effet CO2 tel que simulé par STICS est donc considérable, il faut donc rester prudent
compte tenu des discussions sur la validité de sa représentation.
Orléans - effet CO2 sur le rendement du maïs grain
Simulation en irrigué et en sec sur 2 sols de RU 105 mm et 208 mm
q/ha
170
160
y = 1,09x + 6,43
R2 = 0,98
150
140
RDT grain avec effet CO2
130
y = 1,12x + 14,76
R2 = 0,96
120
y = 1,06x + 5,12
R2 = 0,98
110
100
90
80
70
OBS IT actuel
60
A2P IT adapté
50
B1L IT adapté
40
A2L IT adapté
30
dont irrigué
20
dont sec
10
0
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
110
120
130
140
RDT grain sans effet CO2
150
160
170
q/ha
Figure 8 - Estimation de l’effet simulé de l’évolution de la teneur en CO2 sur le rendement du
maïs grain. Exemple d’Orléans
Augmentation des besoins en eau d’irrigation
Avec STICS, pour simuler l’irrigation, on a choisi une dose unitaire de 25 mm et la valeur de
0.8 pour l’indice de stress hydrique de la culture en-dessous duquel on déclenche une
irrigation en mode automatique. Avec ce dispositif, l’irrigation est uniquement gouvernée par
les besoins de la culture sans encadrement par les contraintes pratiques de l’irrigation réelle
(débit, durée du tour d’eau, volume, …).
Thème des journées techniques
9
Cette irrigation n’a donc pas un caractère réaliste et on restera prudent dans l’interprétation
des résultats de volumes d’eau. Cependant la tendance d’évolution est intéressante à
étudier
La figure 9 montre une diminution systématique du nombre d’irrigations en A2P, mais une
forte augmentation en B1L et A2L. La possibilité d’accéder au supplément de ressource en
eau correspondante est loin d’être assurée. Il faut donc relativiser les niveaux de rendement
en irrigué présentés plus haut. Ils ne sont accessibles que si on est capable d’assurer le
niveau d’irrigation considéré dans les simulations.
Evolution du nombre moyens sur 26 ans d'irrigations "automatiques"
pour un sol de RU 208 mm
nb d'irrigations
16
OBS IT actuel
14
A2P IT adapté
B1L IT adapté
12
A2L IT adapté
10
8
6
4
2
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lle
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Figure 9 – Evolution du nombre moyen sur 26 ans d’irrigations « automatiques » dans STICS
sur 15 postes météo
Pistes d’adaptation et questions posées
Le futur proche (2020 – 2049) semble apparaître favorable
au maïs
L’anticipation des stades devrait permettre de positionner les cycles de manière plus
favorable par rapport au rayonnement et au risque de sécheresse, de récolter les maïs grain
à des taux d’humidité plus faibles permettant des économies de frais de séchage.
On prévoit une hausse significative des rendements en maïs fourrage et en maïs grain, sous
l’effet favorable de l’augmentation de la teneur en CO2, il est vrai controversé.
Les besoins en eau d’irrigation sont diminués systématiquement.
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Pour le futur lointain la perspective est moins favorable
L’anticipation encore plus grande des stades ne pose pas de problème, mais le maintien de
niveaux élevés de rendements en irrigué est non seulement sous la dépendance de la
confirmation de l’effet CO2 mais aussi de la satisfaction de besoins en eau nettement plus
élevés. En sec, les niveaux de rendements ne se maintiennent que dans les situations
favorables (sols profonds et zones où le stress hydrique ne s’accentue pas trop).
Pistes d’adaptations
La première adaptation concerne les cycles de culture ; elle est d’ailleurs déjà pratiquée par
les producteurs : semis plus précoces et variétés plus tardives. Cette première adaptation
que nous avons testée sera à préciser selon les situations géographiques et les ressources.
Pour le futur lointain, des semis de février seront envisageables à condition que les
températures de début de cycle ne soient pas défavorables (risques de gel) et que les
conditions d’implantation des cultures soient acceptables (pluviométrie et portance des sols).
Dans les situations où la ressource en eau sera en difficulté, il faudra développer les
stratégies d’esquive : semer le plus tôt possible des variétés pas trop tardives pour éviter les
stress hydriques de plein été et rechercher systématiquement des économies d’eau dans la
conduite de l’irrigation.
Collectivement, l’augmentation des risques de sécheresse et donc des besoins en eau
d’irrigation militent en faveur de la création de ressources en eau, dès lors qu’il est
envisageable de stocker une ressource hivernale importante sous la dépendance des
régimes pluviométriques d’automne et d’hiver et de l’évolution des régimes hydrologiques
avec le changement climatique.
Cette adaptation passe par la valorisation en France des solutions mises au point dans les
pays à climat plus chaud. ARVALIS y participe par de la veille vis-à-vis des USA et des pays
de l’Est européen et a établi des partenariats avec l’Espagne et l’Italie.
Questions posées à la recherche
Pour la recherche, plusieurs pistes peuvent être évoquées :
Pistes permettant de mieux prévoir l’incidence du changement climatique :
 Amélioration des connaissances sur le fonctionnement physiologique de la culture à
l’échelle du cycle :
 Effets de l’enrichissement de l’atmosphère en CO2 sur les fonctionnements
photosynthétique et hydrique
 Incidence des fortes températures sur la culture du maïs aux différentes phases du
cycle.
 Incidence des températures froides en début de cycle sur le maïs
 Amélioration des connaissances sur l’incidence du réchauffement sur la minéralisation de
l’azote du sol et les conséquences sur l’ajustement de la fertilisation azotée.
 Amélioration des outils de simulations notamment pour l’irrigation en tenant compte des
contraintes de volume, de débit et d’organisation (modélisation biodécisionnelle)
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Pistes pour une meilleure adaptation du maïs au changement climatique :
Elles concernent essentiellement la recherche de progrès génétique dans la tolérance du
maïs aux fortes températures et à la sécheresse, mais aussi aux températures froides de
début de cycle et peut-être aussi dans l’adaptation à l’augmentation de la teneur en CO2.
La sélection du maïs étant organisée au niveau international, on est susceptible de
bénéficier du germplast sélectionné pour les zones plus chaudes (USA, Amérique du Sud,
Asie) et pour des conditions plus sèches (pays de l’Est).
Les questions de l’évolution des bioagresseurs et de la flore adventice
Les tendances résultant des simulations présentées ci-dessus ne prennent pas en compte
l’évolution des pathogènes et des ravageurs du maïs. On observe cependant déjà des
évolutions très significatives dans ce domaine (extension vers le Nord de l’aire de nuisibilité
de la sésamie, multiplication des cycles de développement de la pyrale, fréquence accrue de
migrations d’Héliothis …). Il faut aussi s’attendre à des déplacements de flore adventice avec
les semis plus précoces envisagés. La maîtrise de la protection de la culture est un enjeu
majeur pour le futur.
Bibliographie
Brisson N, Ruget F, Gate P, Lorgeou J, Nicoullaud B, Tayot X, Plénet D, Jeuffroy MH, Bouthier A, Ripoche
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Brisson N, Launay M, Mary B, Beaudoin N, (2009) : Conceptual basis, formalisations and parameterization of
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Moreau J-C, Lorgeou J (2007) : Premiers éléments de prospective sur les conséquences des changements
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Lorgeou J, Piraux F, Ruget F, Lacroix B, Renoux JP, Charcosset A (2009) : Maïs grain, une progression des
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Lannuzel F (2008). Impacts du changement climatique sur la production des cultures fourragères en France,
Mémoire fin d’Etude Master, Université de Pau et des Pays de l'Adour, Institut de l’Elevage, ARVALIS
Vingut C, (2009) : Optimisation de la conduite de l’irrigation du maïs en volume limité à l’aide de MOuSTICS,
Mémoire de fin d’études AgroParisTech UMT-Eau, ARVALIS, INRA 91 p + annexes
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