I. Affirmer le prurit
Il est généralement aisé d'affirmer l'existence d'un prurit à l'interrogatoire. Le prurit
est décrit comme une «démangeaison » qui s'intensifie classiquement le soir. Il
diffère du simple grattage « machinal,> par le fait qu'il altère la qualité de vie et en
particulier par son caractère insomniant. D'autre part, et contrairement aux douleurs
d'autres origines, le prurit est augmenté par la chaleur et calmé par le froid.
L'intensité du grattage déclenché par un prurit aboutit généralement à des lésions de
la peau et des phanères.
La reconnaissance du prurit peut être plus délicate chez les sujets difficilement
interrogeables tels les enfants ou les sujets âgés. Chez le petit enfant ne pouvant se
gratter, un prurit ne peut se traduire que par une agitation ou par le fait qu'il se frotte
contre son lit. Dans les autres cas, c'est la découverte de lésions de grattage qui
témoignera indirectement de l'existence d'un prurit. Ces lésions sont occasionnées
par des traumatismes infligés à la peau par les ongles. Il s'agit typiquement de
plaies, d'excoriations et de croûtes parfois surinfectées situées sur les zones facile à
atteindre comme les bras, les jambes, la région lombaire ou les fesses, et épargnant,
à l'inverse, les régions plus inaccessibles comme le dos. Les prurits persistants
peuvent être à l'origine d'anomalies de la pigmentation, d'une perte de la pilosité, ou
d'une modification des ongles devenant lisses et d'aspect polis. Au cours des prurits
intenses et chroniques peut également apparaître une lichénification de la peau qui
correspond à une forme particulière d'épaississement cutané. Lorsque les lésions de
lichénification prennent un aspect nodulaire, on parle de prurigo. Ces lésions de
lichénification sont, par ailleurs, elles-mêmes prurigineuses et contribuent de ce fait à
l'entretien du prurit.
Il. Définir la topographie du prurit
Face à un prurit, il est capital de faire préciser sa topographie afin de distinguer un
prurit de caractère « localisé » d'un prurit de caractère « diffus ». L'intérêt de cette
distinction repose sur la grande valeur d'orientation qui peut découler de certaines
topographies de prurits localisés.
À ce titre, un prurit touchant le cuir chevelu est évocateur d'une pédiculose de la tête,
d'une teigne, ou d'une dermite séborrhéique. Le prurit se localisant typiquement « en
pèlerine » oriente vers une pédiculose du corps. Un prurit anal doit faire penser à
une oxyurose, une taeniase, une candidose voire à une dermite irritative. Le prurit
génital ou vulvaire peut révéler une candidose génitale, une pédiculose du pubis, et
chez la femme une trichomonase, une dyspiasie ou néoplasie de la vulve. La
localisation entre les orteils doit faire rechercher une mycose interdigitale, ou encore
intertrigo. Une dyshidrose donne lieu a un prurit des mains, des pieds ou des deux.
L'eczéma de contact est une réaction allergique se localisant à l'endroit d'un contact
avec une substance étrangère telle un bijoux, un sparadrap, un médicament à
application locale, ou de matériaux à usage professionnel. Un prurit affectant les
membres inférieurs est évocateur de piqûres d'insectes ou d'une infestation par des
ankylostomes (larva migrans).
Certaines pathologies s'accompagnent d'un prurit qui ne reste pas limité à une région
unique de la surface corporelle, mais qui concerne plusieurs localisations électives