Section 1: Panorama
1 Introduction
Près de 40 millions de personnes vivent aujourd’hui avec le VIH (ONUSIDA/OMS 2006). Les femmes
et les filles sont particulièrement vulnérables à l'infection par le VIH en raison de nombreux facteurs
biologiques, sociaux, culturels et économiques, dont l’inégalité persistante des femmes sur le plan
social et économique, dans le cadre des relations sexuelles et du mariage. À l'échelle mondiale, 17,7
millions de femmes vivaient avec le VIH en 2006 – soit un million de plus qu'en 2004. Dans l'Afrique
subsaharienne, en 2006, près de 60 % des personnes vivant avec le VIH/SIDA étaient des femmes
(ibid).
Le VIH/SIDA ne prospère pas seulement sur le terreau des inégalités de genre ; il les renforce
également (Tallis 2002), rendant les femmes plus vulnérables que les hommes à son impact. Les
femmes de nombreuses régions n'ont pas le droit de posséder ou d’hériter d’un bien ou d’une terre, et
ont moins de possibilités d’avoir un revenu et d’accéder aux ressources. Même les femmes qui
connaissent leurs droits n'ont pas forcément accès à un soutien juridique indépendant (ICW 2004d).
L’inégale position sociale, économique et juridique des femmes est aggravée en cas de séropositivité,
et réciproquement (ibid). Les violations des droits sociaux, économiques et juridiques des femmes
limitent à leur tour leur capacité à accéder à une prise en charge, aux traitements et au soutien, et à
protéger leurs droits en matière de santé sexuelle et de procréation.
Les femmes et les filles, y compris lorsqu'elles sont elles-mêmes séropositives, doivent également
assumer le fardeau physique et psychologique des soins aux malades atteints par le VIH et le SIDA.
Les femmes encourent donc un « triple péril » face au SIDA : en tant que personnes infectées par le
VIH, en tant que mères d'enfants infectés, et dans la responsabilité qui leur incombe de s'occuper de
leurs partenaires, des membres de leur famille ou d'orphelins atteints du SIDA (Paxton et Welbourn
2004). Lorsque les femmes s'occupent des autres, leur travail est perdu, ce qui a un impact
considérable sur leur propre bien-être et celui du foyer.
Dans de nombreux contexte, les valeurs sociales et culturelles associées à la chasteté féminine
entraînent une discrimination plus forte envers les femmes et les filles vivant avec le VIH et le SIDA
qu'envers les hommes. Les femmes « respectables » sont censées restées vierges jusqu'au mariage.
Pour les hommes, au contraire, la multiplication des partenaires sexuels et la sexualité en dehors et
avant le mariage est généralement acceptée, voire souvent encouragée. De par cette double norme
sexuelle, les femmes passent pour responsables de la propagation du VIH – et ce, aussi bien de la
part des femmes que des hommes –, désignées comme étant « volages » ou des « vecteurs de la
maladie ». Le risque pour les femmes d'infecter leurs bébés pendant la grossesse ou par l'allaitement
accroît le stigma qui leur est attaché en tant que femmes (VSO-RAISA 2004). Les groupes
socialement marginalisés – tels que les travailleur-ses du sexe, les toxicomanes, les prisonnier-ères et
les migrant-es – sont plus stigmatisés encore. Dans d'autres cas, cependant, les hommes sont perçus
comme les propagateurs du VIH et les femmes comme des victimes (ibid).