Les antagonistes des récepteurs 5HT1B/D ont-ils un impact sur les troubles anxieux et dépressifs ? Par Françoise Radat (CHRU Pellegrin) Do 5HT1B/D receptor antagonists have an effect on mood and anxiety disorders? Morelli N, Gori S Choub A, Malluccio MR, Orlandi G, Guazzelli M, Murri L Cephalalgia 2007;27:71-472 Il s’agit d’une lettre à l’éditeur rapportant le cas d’un homme présentant une migraine sans aura, un trouble cyclothymique et une phobie sociale. Le patient était traité par almotriptan (agoniste 5HT1B/D comme chacun le sait) et y répondait fort bien dans la mesure ou la douleur était améliorée en 30’ et que les symptômes neurovégétatifs disparaissaient. De plus, ce patient rapportait que 40’ environ après la prise, ses symptômes dépressifs disparaissaient et que l’embarras social s’améliorait. Le patient allait jusqu'à qualifier son état d’euphorie légère, état qui durait environ 8 heures. L’implication des récepteurs 5HT1B/D dans la dépression et les troubles anxieux est loin d’être claire. L’administration d’agonistes 5HT1B chez le rat augmente les comportements anxieux de l’animal, mais on a aussi montré qu’elle pouvait produire des effets similaires à ceux des anxiolytiques sur les modèles d’anxiété. On a montré que chez l’homme déprimé et obsessionnel ces récepteurs étaient sensibilisés. Deux études ont montré que l’administration de sumatriptan en aigu empirait les symptômes obsessionnels et les améliorait en cas d’administration chronique. Les auteurs font donc l’hypothèse que l’effet psychotrope observé après administration de sumatriptan chez leur patient pourrait être directement lié à l’effet agoniste 5HT1B/D de la molécule. Ils admettent néanmoins que d’autres hypothèses pourraient être avancées comme par exemple une diminution des cytokines intracérébrales liées à l’inflammation neurogène de la crise migraineuse, cytokines dont le rôle dépressogène a été proposé. Cette intéressante observation demande à être reproduite sur une série de patients migraineux dépressif ou anxieux avec un enregistrement prospectif des variations d’humeur après la prise de triptans. Les hypothèses soulevées sont pertinentes et pourraient également participer à des phénomènes de renforcement positifs à l’œuvre dans les céphalées par abus de triptans.