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Agriculture durable et croissance
verte:
la perspective africaine
Le changement d'axe
du développement agricole
Dyborn CHIBONGA
Président et directeur général
Document élaboré en guise de contribution
sur la "croissance durable et inclusive",
à présenter lors du séminaire régional UE-ACP
qui se tiendra en République dominicaine du 4 au 6 juillet 2012
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Agriculture durable et croissance verte: la perspective africaine
Le nouvel axe du développement agricole
1.0 Introduction
L'agriculture reste le pilier de la plupart des économies africaines, son importance ne saurait
donc être exagérée. Plus de 70 % des terres arables sont de petites exploitations agricoles.
Ce secteur emploie plus de 70 % de la main-d'œuvre et constitue la première source de
revenus pour les populations rurales. Il contribue largement aux recettes en devises et
représente plus de 35 % du produit national brut (FAO).
Avec une population totale estimée à 835 479 000 personnes, représentant 13 % de la
population mondiale, estimée à 6 395 557 000 personnes, et un total de 53 pays, le
continent africain doit faire face à de nombreux défis surtout dans les domaines économique,
social et politique. Malgré ces difficultés, l'Afrique a enregistré un taux de croissance de
3,6 % en 2003, soit une augmentation par rapport à celle enregistrée en 2002, de 2,7 %.
Pourtant, depuis des décennies, l'agriculture stagne, confrontée au manque
d'investissements, à des politiques médiocres et à des stratégies incohérentes (Action Aid).
Mais il est plus inquiétant de constater l'apparition de nouveaux défis tels que le
changement climatique, qui sont venus compliquer la situation de l'agriculture en Afrique.
Ces défis ont contribué à frapper d'insécurité alimentaire plus de 250 millions d'Africains.
Ainsi, le nombre de personnes chroniquement sous-alimentées est-il passé de 173 millions
d'individus en 1990-92 à quelque 200 millions en 1997-99, dont 194 millions (soit 34 %) en
Afrique subsaharienne. Depuis les dernières années du 20e siècle, l'on a assisté à une
augmentation progressive des importations de denrées alimentaires, chiffrées à
18,7 milliards de dollars US en 2000 (NEPAD nouveau partenariat pour le développement
de l'Afrique). Les gouvernements d'Afrique consacrent moins de 7 % de leur budget national
à l'agriculture, malgré que 75 % des populations pauvres vivent dans des zones rurales.
Ceci va à l'encontre du programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine
(PPDAA) du NEPAD, dans le cadre duquel les chefs d'État africains ont convenu
(déclaration de Maputo de 2003) de consacrer au minimum 10 % du budget national à
l'agriculture pour atteindre une croissance de 6 %.
Ce document vise à présenter spécifiquement l'impact que continuent à avoir le
développement durable et les alternatives de la croissance verte sur le programme de
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développement agricole africain, principalement pour les petits exploitants, et comment
diverses parties prenantes se sont repositionnées pour répondre aux exigences de
l'économie verte.
2.0 Développement durable et croissance verte: définition, causes et effets
2.1 Développement durable
Le paradigme de recherche actuel basé sur l'approche des moyens de subsistance durables,
est influencé par une méthodologie micro-économique individualiste et souligne la
complexité de la structure de la classe rurale et la contingence d'agence individuelle (Sam
Moyo, 2007). Cette approche est centrée sur un individu actif dans l'élaboration des
stratégies, doté d'un éventail variable d'actifs matériels et non matériels, qu'il utilise pour
maximiser ses préférences. L'action collective, telle qu'elle apparaît dans l'organisation
agricole, définie comme l'un des principaux actifs qui forment le "capital social", implique
l'obtention de consensus et le renoncement à tout type de contradiction.
En 1987, la commission mondiale de l'environnement et du développement définissait la
durabilité comme un développement répondant aux besoins du présent sans compromettre
la possibilité pour les générations à venir de satisfaire les leurs. Cette définition implique la
nécessité d'un processus décisionnel intégré capable d'établir un juste équilibre entre les
besoins économiques et sociaux des personnes et la capacité de régénération de
l'environnement. Depuis 1972, le concept de durabilia évolué, guidé par le désir de la
communauté internationale d'explorer la relation entre qualité de vie, développement
économique et qualité de l'environnement. Le développement durable est devenu une
formule récurrente dans les cercles internationaux et de plus en plus utilisée dans les
programmes et les projets de développement nationaux. Bien qu'il s'agisse d'un concept
pour le moins ambigu, il a permis de concevoir des programmes et des projets sur une base
triangulaire (écologique, économique et socio-culturelle).
Les principaux facteurs de production (terre, travail et capital), étroitement interdépendants,
ont une influence directe sur les performances de l'agriculture. L'agriculture est l'une des
activités humaines les plus touchées par le phénomène du changement climatique. Il est
prévu que la production agricole, source d'aliments dans bien des pays africains, soit
largement compromise par le changement climatique. Les plus touchés sont les petits
exploitants agricoles de pays en développement, que le changement climatique touche de
plusieurs façons: précipitations variables entre et pendant les saisons, inondations et
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sécheresses fréquentes, parasites et résurgence de maladies etc., phénomènes
responsables de rendements médiocres et de faibles revenus agricoles. La terre, facteur
essentiel de production, n'est pas un bien extensible. Il est dès lors impératif d'en garantir
une utilisation durable pour en tirer le meilleur parti compte tenu de la pression
démographique ainsi que d'éviter l'épuisement de la fertilité des sols. C'est pour ces raisons
que les agriculteurs africains ont largement adhéré au concept de développement durable et
adopté des mesures d'adaptation au changement climatique et d'atténuation de celui-ci.
2.2 Économie/croissance verte
Ce nouveau concept désigne une économie dont la croissance en termes de revenus et
d’emploi est guidée par des investissements publics et privés qui réduisent les émissions de
carbone et la pollution, renforcent l’utilisation rationnelle des ressources et l’efficacité
énergétique et empêchent la perte de biodiversité et de services des écosystèmes. Ces
investissements doivent être catalysés et soutenus par des dépenses publiques ciblées, une
réforme dans le domaine des politiques et des changements dans la réglementation. Cette
voie de développement devrait entretenir, améliorer et, si nécessaire, restaurer le capital
naturel en tant qu'atout économique fondamental et source de bénéfices publics, surtout
pour les populations pauvres dont les moyens d’existence et la sécurité dépendent dans une
large mesure de la nature. L'UNEP a indiqué que sous sa forme la plus simple, une
économie verte se caractérise par un faible taux d’émission de carbone, l’utilisation
rationnelle des ressources et l’inclusion sociale. Pour la plupart des populations rurales
africaines, les trois piliers de croissance verte revêtent une importance considérable pour le
développement et la croissance inclusive comme l'illustre le diagramme 1.
Diagramme 1: Piliers de l'économie verte
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3.0 Implications de la croissance verte
3.1 La perspective africaine: opportunités et défis pour l'Afrique
L'importance de l'économie verte est incontestable: elle améliore le niveau de bien-être
économique et social tout en garantissant que les processus de production et les modèles
de consommation ne nuisent pas davantage à l'environnement. En effet, il est désormais
évident pour tous ceux qui s'intéressent à la question, qu'il convient d'abandonner les
anciens modes de croissance, gourmands en ressources et ayant bâti le progrès au
détriment de l'environnement, au profit de modes qui augmentent la productivité par une
utilisation et une gestion plus efficace et effective des ressources naturelles. En outre,
l'activité économique doit tenir compte des conséquences à long terme pour l'environnement
et de la nécessité de préserver notre patrimoine commun pour les générations futures tout
en encourageant l'amélioration des conditions sociales. Construire une économie verte est
donc un élément important de la solution. Pour l'agriculture en particulier, ceci signifie de
recourir à la culture de conservation holistique, qui garantit une perturbation minimum des
sols et leur enrichissement par la matière organique.
Il est incontestable que la croissance verte est essentielle pour l'avenir de l'Afrique car la
fragilité de son milieu naturel ainsi que sa forte dépendance à l'agriculture exerceront une
pression importante sur la capacité de charge écologique du continent. La plupart des pays
d'Afrique ont un besoin urgent de croissance pour éradiquer la pauvreà une période de
croissance mographique galopante. Les politiques de développement doivent donc être
configurées de telle sorte à réduire l'impact sur l'environnement et à garantir un
positionnement leur permettant de bénéficier de la promotion de la croissance économique
verte.
La promotion de la croissance verte exige la mise en œuvre d'une vaste combinaison de
politiques pour encourager l'investissement dans des technologies vertes, stimuler
l'innovation, établir un juste prix pour les ressources rares et pallier les défaillances des
signaux des marchés. Concernant le développement de l'agriculture, le continent a
développé depuis 2008 un programme exhaustif pour le développement agricole, le PPDAA.
La plupart des pays ont développé au niveau national leurs propres accords PPDAA et
plans d'investissement. Les plans d'investissement agricole ont été développés en tenant
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