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L’humanité de l’homme en question(s)
Jean François Lambert
28 et 29 Mai
9 h -18 h
18 rue de Varenne 75007 Paris
Inscription Obligatoire
« Le seul fait que la nature ait produit une espèce qui puisse envisager sa propre
destruction montre qu’il n’est pas si facile de voir dans cette espèce le pur produit de
la nature » (R. Brague).
On assiste depuis quelques années à une prolifération de sous disciplines
prétendant rendre compte de nos comportements et de notre activité mentale sur
une base exclusivement neuroscientifique. Une véritable « neurophilie » semble
avoir gagné notre culture et conduire à une nouvelle (neuro) anthropologie. En effet,
parler du cerveau religieux, du cerveau criminel ou du cerveau déprimé et non plus
du cerveau du religieux, du criminel ou du déprimé, traduit un changement qui n’est
pas seulement d’ordre grammatical mais ontologique. Le cerveau n’est plus envisagé
comme un organe que le sujet possède mais comme une entité à laquelle il
s’identifie, avec laquelle il se confond.
Si notre cerveau conditionne bien ce que nous sommes, ce que nous sommes
ne se réduit pas à ce que fait notre cerveau pour que nous le soyons. Nous ne
sommes pas seulement dans notre cerveau, ni même dans notre corps, ni même
dans le monde que nous explorons. Quelle place convient-il alors de faire à ce nous
qui n’a pas de lieu ?
Samedi 28 Mai Matin
Séquence 1 - La psychologie : une science de l’esprit ?
L’histoire de la psychologie est indissociable de l’évolution des connaissances
en neurologie. Aujourd’hui, le développement spectaculaire des techniques
d’imagerie cérébrale fonctionnelle contribue à rapprocher, plus encore, la
psychologie (désormais « cognitive ») des neurosciences. Le paradigme des
sciences cognitives, constitue la tentative la plus récente, et certainement la plus
aboutie, de naturalisation de l’esprit. Cela se traduit par le fait qu’il aborde la pensée,
la connaissance, la conscience, les valeurs morales, l’éthique et même la spiritualité
comme des phénomènes dont l’étude relève exclusivement des sciences de la
nature. Nous retracerons l’évolution des paradigmes en psychologie, en lien avec
celle des neurosciences et celle des techniques d’investigation du cerveau (imagerie
cérébrale). Nous présenterons et discuterons la notion de localisation cérébrale
(notion de « siège » ou de « centre » des fonctions mentales) et envisagerons
différentes alternatives.
Samedi 28 Mai Apres midi
Séquence 2 - Cerveau et conscience : mon cerveau est-il « moi » ?
Une grande confusion semble régner chez beaucoup de scientifiques entre les
notions de psychisme, d’esprit, de pensée et de conscience. Il existe évidemment de
nombreuses formes de psychisme inconscient. Il existe également de la pensée
inconsciente (la conscience donne accès au résultat et non pas à l’activité, au
processus même de la pensée). Quant à l’esprit (réduit ou non à la cognition, ellemême réduite ou non à de la computation), il est antérieur et certainement
indépendant de la conscience. La conscience phénoménale en tant que telle ne
représente vraisemblablement qu’une part réduite de la vie de l’esprit.
Il s’agira d’abord de faire un bilan critique des positions classiques (monistes,
dualismes) relatives aux rapports cerveau/esprit et d’explorer quelques hypothèses
alternatives. Nous envisagerons ensuite les différentes tentatives de définition de la
conscience et la difficulté (l’impossibilité ?) d’en donner des critères (la subjectivité
est-elle objectivable ?). À partir de là nous aborderons la délicate question du coma
(et des états qui en dérivent) et celle des frontières de la mort.
Dimanche 29 Mai Matin
Séquence 3 - Inconscient cognitif et décision volontaire : « je » est-il « ça » ?
Mieux vaut réfléchir avant d’agir, dit-on ! Pourtant le geste qui s’impose est
souvent initié avant que nous ayons conscience d’en avoir vraiment décidé.
L’impression que nous avons de contrôler nos actions ne serait-elle qu’une illusion ?
Faut-il admettre, avec Jean-Paul Sartre, que « Quand je délibère, les jeux sont
faits » ?
Nous montrerons d’abord comment la notion d’inconscient dérive de la
physiologie du réflexe avant d’être « récupérée » par Freud. Nous évoquerons
quelques-uns des très nombreux résultats expérimentaux confortant la notion
d’inconscient cérébral. Nous insisterons particulièrement sur les travaux de B. Libet
et de M. Gazzaniga qui posent de manière critique la question de la souveraineté du
sujet ou du moins de son « lieutenant » (de ce qui en tient lieu).
Dimanche 29 Mai Apres midi
Séquence 4 - Neurosciences et valeurs morales
Il existe un lien étroit – et certainement pas suffisamment souligné - entre la
notion d’inconscient et la conception darwinienne de l’évolution qui ont ensemble
contribué à disqualifier l’idée d’une nature humaine irréductible à ses
conditionnements biologiques. C’est dans cette logique que s’inscrit aujourd’hui la
psychologie évolutionniste qui à grand renfort de neuroscience et d’imagerie
cérébrale, prétend explique comment le cerveau « produit » des jugements moraux
(conception naturaliste et évolutionniste de la morale).
Nous envisagerons quelques exemples caractéristiques de cette démarche,
notamment dans le champ des rapports hommes/femmes et dans celui des opinions
politiques. Nous insisterons particulièrement sur l’idée selon laquelle la morale serait
un produit de la nature comme un autre. Le développement du sens moral chez
l’enfant a été particulièrement étudié. Nous présenterons les désormais célèbres
« dilemmes moraux » qui ont conduit à distinguer une morale « chaude », d’une
morale « froide ». Nous évoquerons le rôle (réel mais surestimé) des neurones
miroirs dans la production des valeurs morales. Nous discuterons de l’application de
ces principes dans divers secteurs de la vie sociale (notamment le droit et la justice,
l’économie, le marketing) et même spirituelle (neurothéologie).
Nous terminerons par quelques exemples « d’augmentation » de l’homme en
essayant de distinguer les avancées technologiques (dont il faut bien comprendre la
portée), leurs légitimes applications et celles qui le sont moins (légitimes).
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