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Dr. L. BRUN-BARASSI
Cours IUFM
Les psychoses infantiles.
On différencie les psychoses précoces et les dysharmonies psychotiques.
I. Les psychoses infantiles précoces ou troubles envahissant du
développement (T.E.D.):
1. Définition
C’est un trouble portant sur l’organisation de la personnalité de l’enfant,
entraînant des défaillances majeures dans l’organisation de son moi et de son appareil
psychique. C’est un trouble dans l’organisation de sa relation au monde et à autrui.
Elles se caractérisent par :
- un comportement inadapté face à la réalité marqué par des attitudes de retrait
plus ou moins important.
- des troubles majeurs dans le domaine de la communication.
- des troubles du développement cognitif.
- un faut majeur dans l’organisation de l’appareil psychique et de la constitution
du moi, dans le développement du sentiment de continuité et dans la
différenciation entre le soi et le non-soi.
Les premiers signes apparaissent à la fin de la 1ère année avec un tableau complet
avant 3 ans pour l’autisme. et vers 3-4 ans pour les dysharmonies psychotiques.
Dans la classification française, on différencie :
- L’autisme infantile précoce type Kanner,
- Les autres formes de l’autisme précoce,
- Les psychoses précoces déficitaires,
- Les dysharmonies psychotiques.
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2. L’autisme infantile précoce de type Kanner.
A. Généralités.
a. Définition.
L. Kanner décrit pour la première fois en 1943, aux Etats-Unis, une forme de
psychose propre à l’enfant : l’autisme précoce. Il se définit par un trouble global du
fonctionnement mental avec un développement perturbé et un trouble de la
communication de degré variable. Il touche tous les registres du fonctionnement de
l’individu (intellectuel, cognitif, relationnel et affectif). L’autisme associe des troubles
de la communication verbale et non verbale, des troubles de la socialisation et des
troubles du comportement avec notamment des stéréotypies. Le diagnostic se pose
généralement avant l’âge de 3 ans.
b. Epidémiologie.
L’autisme touche environ 4 à 5 enfants pour 10000 et prédomine chez les garçons
(3 à 4 garçons pour une fille). Cette pathologie est de début précoce (première année de
vie) et sa prévalence est plus grande dans la fratrie d’autistes que dans la population
générale. La complication associée la plus fréquente est l’épilepsie. ¼ des enfants ont un
QI supérieur ou égale à 70, les 2/3 ont un QI inférieur à 50.
c. Etiologies.
L’origine est inconnue, probablement plurifactorielle avec des facteurs
génétiques (vraisemblablement dans certaines formes), neurologiques, biologiques et
psychologiques qui sont à prendre en considération.
B. Diagnostic.
Il est avant tout clinique, repérable dès le 2ème ou 3ème trimestre de vie et est
évident dans la 2ème, 3ème année. Le début est précoce (avant 30 mois) et se manifeste
dès la première année par des comportements bizarres. Le tableau clinique associe :
Autisme
Immuabilité
Absence ou trouble du langage.
Stéréotypies.
Flairage.
Crises d’angoisse intenses.
Absence de jeu.
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a. Autisme (isolement ou retrait autistique).
Il se caractérise, chez le bébé, par un enfant trop sage, qui ne pleure pas, et qui
reste de longs moments, seul, dans son lit les yeux ouverts. Chez le nourrisson, on
constate, l’absence de sourire au 3ème mois de vie, l’absence d’angoisse de l’étranger au
8ème mois et l’absence de mouvements anticipatoires. Il n’y a pas d’expression faciale ni
de mimique.
Ce retrait, cet isolement est caractérisé par une absence de contact avec autrui,
un désintérêt pour autrui, y compris les parents qui ne se sentent pas reconnus.
L’enfant paraît ne pas voir : il n’échange pas de regard ou va même jusqu’à
l’évitement du regard (très évocateur du diagnostic). Son regard est vide, absent, il
regarde à travers l’autre avec le sentiment d’être transparent. Cependant il peut avoir
une véritable fascination pour des sources lumineuses ou certains objets.
L’enfant autiste semble ne pas entendre, on le croit sourd mais il réagit, en fait, à
certains bruits électifs et certains autistes sont même très sensibles à la musique. Il
présente donc une sensibilité exagérée à certains bruits insolites qui contraste avec son
indifférence habituelle au monde sonore.
Il fuit le contact physique et ne présente d’intérêt :
- ni pour son corps qu’il ne cherche pas à le découvrir.
- ni pour le corps de l’autre qu’il utilise plutôt comme un objet.
- ni pour les objets qu’il utilise sans but, de façon répétitive et stéréotypée.
Les objets dont il se sert sont souvent durs, bizarres.
Ce sont des enfants qui refusent le contact corporel avec soit une hypertonie,
soit, au contraire, une hypotonie (« poupée de son » qui glisse dans les bras).
b. Immuabilité.
Il se caractérise par un besoin de permanence de l’environnement. Les choses
et objets devant conserver la même place sinon, l’enfant autiste rentre dans des crises
d’angoisses massives déclenchées par le déplacement d’objets. Il a besoin que son
environnement soit le plus stable possible.
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c. Absence de langage.
Les troubles du langage sont constants. Il existe parfois quelques acquisitions
mais elles sont inadaptées. Le langage perd sa valeur de communication. On retrouve
fréquemment une inversion pronominale (l’utilisation du « tu » pour le « je ») ainsi que
des écholalies (répétition automatique par un sujet des phrases prononcées devant lui).
La compréhension du langage est meilleure que l’expression.
d. Stéréotypies (très caractéristiques).
Ce sont des mouvements répétitifs touchant les mains, les bras (dits de
« battements d’ailes »), le tronc avec un balancement de celui-ci, une marche sur la
pointe des pieds ou encore un enfant qui tourne sur lui-même comme un « derviche
tourneur ». Elles sont fréquentes et ont valeur d’autostimulation ou d’activités auto-
érotiques.
Il s’associe souvent à ses stéréotypies des gestes d’hétéro ou d’auto-agressivité
avec des mutilations fréquentes.
e. Flairage
Elle consiste en une manière d’être particulière de l’autiste qui consiste à renifler
les objets et les individus.
f. Crises d’angoisse intenses.
Elles se manifestent par un enfant qui se met dans une rage énorme, qui hurle et
qui crie. Il devient alors très difficile à calmer. Ces crises sont déclenchées par une
tentative de forçage de contact mais parfois aussi sans cause apparente.
g. Absence de jeu.
Il découle des éléments précédents qui font que l’enfant ne s’intéresse pas ou
peu aux choses, aux êtres qui l’entourent mais aussi par sa façon qu’il a d’utiliser les
objets sans but ni fonction précise.
D’autres signes existent mais sont moins spécifiques :
- l’anorexie ou d’autres troubles du comportement alimentaire avec par
exemple un enfant qui présente un intérêt exclusif pour certains aliments
(lisses, mixés).
- les troubles du sommeil avec un enfant qui ne dort pas mais reste seul
dans son lit les yeux grands ouverts sans appeler.
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i. Troubles affectifs et troubles intellectuels.
Les troubles affectifs se caractérisent par un enfant présentant des rires ou
des colères immotivées. Une hétéro ou auto-agressivité avec des automutilations très
fréquentes. Le déficit intellectuel est contant pouvant prédominer dans certains
domaines (langage…).
C. Evolution.
Elle est chronique. Les deux grands risques sont : l’évolution déficitaire et le
maintien d’un tableau autistique sévère.
a. Les facteurs favorables.
L’apparition du langage ;
Une régression du tableau autistique.
Un environnement socio-familial présent et bienveillant.
b. Les facteurs défavorables.
Retard de langage massif.
Précocité des troubles
Retard intellectuel précoce.
Facteurs organiques associés notamment une épilepsie.
Sexe (forme plus grave chez la fille).
D. Diagnostics différentiels.
a. Les déficits sensoriels.
La surdité. C’est le diagnostic différentiel principal. Il doit toujours être évoqué.
La cécité. Elle est plus rare.
b. Les carences affectives.
Elles associent un retard psychomoteur, une passivité, un visage inexpressif, un
regard vide et peuvent évoluer vers un retard intellectuel.
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