Soffrir
•Étymologie
Le verbe soffrir est issu du latin populaire sufferire, qui est lui-même issu du latin classique
sufferre supporter, endurer » ou « maintenir, se soutenir »). Il a été reformé à partir de susfrir ou
suffrir aux alentours du XIème siècle. Il a pu être orthographié comme suit : sofrir, soufrir ou souffrir.
Déjà apte à signifier le poids matériel comme la charge symbolique.
Sens en Ancien Français
Il peut signifier « supporter, endurer ». Se souffrir de signifiait « se passer de », et se
souffrir, « patienter ». L'expression souffrir quelqu'un peut avoir le sens de « tolérer sa présence »,
qui possède une connotation péjorative, désagréableet en général supporter avec fermeté ce qui est
pénible moralement. Cette même expression pouvait être utilisée dans un contexte militaire, «
résister à quelqu'un dans un combat ». Ici, soffrir/souffrir prend le sens de « soutenir une bataille ».
Autres expressions aujourd'hui désuètes :
- souffrir le droit, « se laisser juger »
- souffrir + proposition infinitive, « permettre que »
- souffrir quelque chose à quelqu’un : « accorder quelque chose à quelqu’un ».
Sens premier concret : porter, soulever, soutenir un poids.
Sens en Français Moderne
Il est orthographié souffrir et n'est plus sujet à aucune variation. Utilisé désormais au sens de
« ressentir une douleur physique ou morale », il a remplacé le verbe douloir, qui a pratiquement
disparu. Il peut être employé dans des locutions plus littéraires telles que souffrir mille morts ou
souffrir le martyre, ou dans l'euphémisme « avoir cessé de souffrir ». Il peut signifier encore
également, de manière plus rare, « tolérer », « supporter », « permettre » ou « être susceptible de ».
Souffrir que + subjonctif dans le langage soutenu signifie toujours permettre.
Il devient avec le temps intransitif pour signifier la seule idée de douleur.
Paradigme morphologique
De la racine sufferre (infinitif de suffero) ont dérivé uniquement des verbes :
-
Sofrance : patience, douleur, permission, délai
Sofrant : indulgent, bienveillant, qui supporte avec courage
Paradigme sémantique
- de la souffrance : affliction, chagrin, douleur, mal, malheur, peine, tourment, tristesse...
- Synonymes : s'abîmer, avoir mal, se détériorer, éprouver, s'étioler, pâtir, subir, supporter, tolérer...
- Antonymes : détester, inspirer, jouir, profiter, refuser, repousser...
En ancien français : doloir ; cité plus haut dans le devoir…, dueil, mal, …
Sens en contexte
- S'abstenir, se passer :
« Et fist sa devise en tele maniere que il commanda que Estenes ses freres aust son avoir et
menast ses hommes en l'ost. De cest eschange se soffrissent mult bien li perelin, se Diex volsist. »
(VILLEHARD., Conq. de Constant., § 46, Wailly.)
- Différer, attendre :
« Quant il voloit tel chose faire contre le roi et le roiaume, que bien se deust sofrir de ce
jusques a tant que il fust plainement certains savoir ou non se ce estoit li cors saint Denis
l'Areopagite. » (Chron. de S. Den., Rec. des Hist. de Fr., XVII, 361.)
- Résister:
« Et fu li uz et la noise granz, si que par vive force et par destrece les fisent hurter sor la
bataile Andriu d'Urboise et Johan de Choisi; et ensique alerent sofrant grant piece. » (VILLEHARD.,
Conq. de Constant., § 407, Wailly.)
- Souffrir à cause de:
« Grant fu la joie qu'il s'entrefirent la nuit, car longement s'en estoient soufert li uns de
l'autre. » (Artur, ms. Grenoble 378, f° 100a.)
Sources : etudes-litteraires.com ; bases de données de la Bibliothèque Universitaire de Rennes II ; dictionnaire Larousse
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