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présidents de tribunaux, contribuant ainsi à un sentiment général de politisation et
d’indépendance limitée du pouvoir judiciaire slovaque.
En outre, certains juges qui avaient publiquement critiqué l’état du système judiciaire ont fait
l’objet de procédures disciplinaires qu’ils ont jugé arbitraires
. Des experts ont dénoncé
l’usage que le chef de l’autorité judiciaire a fait de ses pouvoirs pour peser sur les organes
disciplinaires, notamment dans les procédures concernant des juges qui semblaient résister à
son influence. Les chambres disciplinaires de première instance comptent un membre nommé
par les conseils judiciaires régionaux, un par le Parlement Slovaque et un par le ministre de la
justice. En deuxième instance, ce rapport est de 1:2:2, ce qui conduit dans les deux cas à une
surreprésentation des membres désignés par le pouvoir politique.
Au cours des cinq dernières années, ces problèmes ont donné lieu à un débat public dans
lequel sont intervenus des magistrats, des ONG, des experts internationaux et des
responsables politiques slovaques. En septembre 2009, 15 juges ont adressé une lettre au
président de la république, au premier ministre et à d’autres dirigeants afin d’attirer leur
attention sur l’utilisation indue de procédures disciplinaires à l’encontre de juges
indépendants
. Une déclaration signée par 105 juges a ensuite été publiée en octobre 2009
.
En 2010, une organisation comptant onze juges de la Cour suprême parmi ses membres
fondateurs a mis en avant plusieurs problèmes, dont les interférences politiques, les
procédures de sélection fondées sur d’autres considérations que le mérite, les retards
injustifiés dans les procédures judiciaires, l’absence de règles d’éthique, le mauvais usage des
mesures disciplinaires et le manque de transparence
. Les problèmes soulevés augmentent la
vulnérabilité du système judiciaire à la corruption.
Le gouvernement a répondu à la demande de réforme en adoptant un amendement législatif
en 2011. Les présidents et vice-présidents des tribunaux doivent passer un concours, dont le
but est de vérifier les compétences et la capacité des candidats à assurer la bonne
administration de la justice et des tribunaux. Les arrêts doivent désormais être publiés en vue
d'offrir plus de transparence. En outre, la procédure de révocation d’un président ou d’un
vice-président de tribunal doit être ouverte par une des trois instances judiciaires désignées
dans la loi ou encore, dans le cas des vice-présidents, par le président du tribunal. La décision
de révocation est cependant prise par le ministre. Bien que ce système paraisse aller dans le
bon sens, il semble que certains problèmes persistent dans la pratique: ainsi, en 2012, le
ministre a démis de leurs fonctions les présidents de deux tribunaux d’arrondissement sur la
seule base d’une notification orale
. D’autres améliorations des critères existants pour la
révocation des présidents et vice-présidents de tribunaux seront nécessaires.
Poursuites en matière de corruption
Dans un louable effort pour traiter comme ils le méritent les dossiers importants qui
nécessitent une expertise particulière, la Slovaquie a créé le bureau du procureur spécial,
Voir Bojarski, L., et Stemker Koster, W. (2012), «The Slovak judiciary: Its current state and challenges». Bratislava,
Nadácia otvorenej spoločnosti – Open Society Foundation.
La chambre disciplinaire se compose de trois ou cinq membres sélectionnés dans les trois bases de données instaurées
par la loi, qui rassemblent 15 noms, désignés respectivement par les juges, par le ministre et par le Conseil national. Voir
le titre deux de la loi sur les juges et les juges non professionnels (Zákon č. 385/2000 Z.z. o sudcoch a prísediacich a o
zmene a doplnení niektorých zákonov v znení neskorších predpisov).
«Open Letter». http://sudcovia.sk/en/documents/archive/204-open-letter.
«Five Sentences». http://sudcovia.sk/en/documents/archive/202-five-sentences.
http://sudcovia.sk/en/documents/archive/211-orientation-initiative-for-open-judiciary.
Évaluation du programme national de réforme et du programme de stabilité 2013 de la Slovaquie, Bruxelles,
29.5.2013 SWD(2013) 375 final. p. 31. Comme indiqué dans le document, les recommandations précédentes concernant
le pouvoir judiciaire restaient valables en 2013 et 2012, dès lors qu’aucun progrès majeur n’a été constaté.