FR FR SLOVAQUIE Introduction – Principales caractéristiques et

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COMMISSION
EUROPÉENNE
Bruxelles, le 3.2.2014
COM(2014) 38 final
ANNEX 25
ANNEXE
SLOVAQUIE
au
Rapport anticorruption de l'UE
---
FR
FR
SLOVAQUIE
1. INTRODUCTION – PRINCIPALES CARACTERISTIQUES ET CONTEXTE
Cadre anticorruption
Approche stratégique. En 2011, le gouvernement a approuvé un plan stratégique de lutte
contre la corruption1 qui incluait les mesures suivantes: publication des contrats passés par
l’État, réforme du système judiciaire destinée à renforcer la transparence des décisions de
justice, sélection sur concours des juges et présidents des tribunaux, règles de gouvernance
judiciaire plus strictes et dispositions claires régissant les marchés publics. Cependant, la mise
en œuvre de certains aspects du plan stratégique s’est ralentie au cours de l’année dernière.
Plusieurs amendements votés dans le cadre des efforts anticorruption sont actuellement en
attente d’examen par la Cour constitutionnelle. Un groupe de travail interservices composé
d’experts représentant les ministères, le bureau du procureur général et les municipalités
évalue les actions menées sur la base de la stratégie, avec la participation d’ONG en qualité
d’observateurs. Ce groupe de travail ne s’est cependant pas réuni depuis la fin 20112.
Certaines administrations locales ont élaboré leurs propres stratégies anticorruption en
coopération avec des ONG. Leur contribution a permis aux ONG d’animer activement un
débat public qui, conjointement avec les nouvelles mesures en faveur de la transparence,
favorise la poursuite des améliorations en Slovaquie.
Cadre législatif. La Slovaquie a fourni des efforts considérables pour améliorer le cadre
juridique du droit pénal et des marchés publics, mais n’a pas appliqué les recommandations
internationales en matière de financement des partis3. La responsabilité pénale des personnes
morales a été introduite en 20104 et le Code pénal a été considérablement modifié en 2011,
conformément aux recommandations du Groupe d’États contre la corruption du Conseil de
l’Europe (GRECO)5. En 2012, le GRECO a conclu que toutes ses recommandations
concernant les incriminations avaient été mises en œuvre de manière satisfaisante. Toutefois,
pour ce qui est de la législation couvrant le financement des partis politiques, aucune des dix
recommandations n’a été mise en œuvre de manière satisfaisante6. Un projet de législation sur
les campagnes électorales et sur les partis politiques, destiné à prendre en compte ces
recommandations, est en cours de discussion au Parlement slovaque.
Cadre institutionnel. Dans ses efforts pour combattre plus efficacement la grande
criminalité, la Slovaquie a créé une Cour pénale spéciale disposant d’une compétence
exclusive pour entendre des affaires de corruption, y compris la corruption nationale et
transnationale. La Cour, qui a entamé ses travaux en juillet 2005, s’occupe des affaires
impliquant le crime organisé, les infractions économiques graves et les infractions commises
par certaines catégories de fonctionnaires. Il semble que la Cour pénale spéciale dispose des
ressources nécessaires, que ses juges et son personnel auxiliaire soient correctement formés et
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Návrh strategického plánu boja proti korupcii v Slovenskej republike - upravené nové znenie
http://www.rokovania.sk/Rokovanie.aspx/BodRokovaniaDetail?idMaterial=20071.
http://bojprotikorupcii.vlada.gov.sk/19327/medzirezortna-pracovna-skupina-expetrov-pre-boj-tproti-korupcii.php.
«Troisième cycle d’évaluation: rapport de conformité sur la République slovaque», GRECO RC-III (2010) 3F,
Strasbourg, 26 mars 2010.
Par la loi n° 224/2010 qui modifiait le Code pénal (nouvelles sections 83a et 83b du Code pénal).
La loi n° 262/2011 et d’autres dispositions ont été adoptées le 13 juillet 2011. Pour l’évaluation de ces dispositions, voir
le «Second rapport de conformité intérimaire sur la République slovaque», GRECO RC-III (2010) 3F Second rapport
intérimaire, Strasbourg, 9 décembre 2011.
«Troisième cycle d’évaluation: deuxième rapport de conformité sur la République slovaque», GRECO RC-III (2012)
23F, Strasbourg, 7 décembre 2012. Voir aussi Greco RC-III (2013) 21F.
2
que la durée des procédures soit suffisamment brève7. D’autres institutions, notamment
l’Office de contrôle suprême, jouent aussi un rôle important au sein du cadre institutionnel
slovaque8. Cependant, malgré les efforts consentis pour rendre les marchés publics et le
système judiciaire plus transparent dans le contexte de la mise en œuvre des fonds structurels
de l’Union, la Commission européenne a récemment recommandé de prendre des mesures
afin de remédier à plusieurs problèmes liés au fonctionnement des institutions publiques, à
l’application de la loi, à l’efficacité de la justice et à l’environnement des entreprises9.
Sondages d’opinion
Enquêtes de perception. Selon l’Eurobaromètre spécial 201310, 90 % des Slovaques
interrogés pensent que la corruption est répandue dans leur pays (moyenne de l’UE: 76 %).
Plus de la moitié des sondés estiment que l’abus de pouvoir aux fins d’un profit personnel et
la corruption active ou passive ont largement cours dans les tribunaux, les partis politiques et
le secteur de la santé publique.
Vécu de la corruption. La petite corruption semble courante, puisque 40 % des personnes
interrogées assurent en avoir été victimes dans leur vie quotidienne (moyenne de l’UE: 26 %).
Parmi les sondés qui ont été en contact au cours des 12 derniers mois avec les institutions
slovaques mentionnées dans l’enquête, 14 % ont été explicitement ou implicitement invités à
verser un pot-de-vin (moyenne de l’UE: 4 %)11. Durant les 12 derniers mois, 21 % de la
population déclare avoir fait l’objet ou avoir été témoin d’un cas de corruption (moyenne de
l’UE: 8 %). Le baromètre mondial de la corruption de Transparency International pour 2013 a
indiqué qu’une personne sur cinq ayant eu un contact avec les institutions citées dans
l’enquête avait payé un pot-de-vin12. Ces constatations sont analogues aux résultats de
l’Eurobaromètre spécial 2013.
Sondages réalisés auprès des entreprises. La corruption est perçue comme le principal
obstacle à l’activité économique en Slovaquie: elle est mentionnée par 66 % des sondés dans
l’enquête Eurobaromètre réalisée en 2013 auprès des entreprises13 et 13 % des personnes qui
ont été en contact avec des institutions ont été explicitement ou implicitement invitées à
verser un pot-de-vin (moyenne de l’UE: 5 %). Il ressort du rapport du Forum économique
mondial intitulé «The Global Competitiveness Report 2013-2014» (rapport 2013-2014 sur la
compétitivité mondiale) qu’en Slovaquie, la corruption vient en deuxième position parmi les
facteurs les plus problématiques pour l’activité économique14 et le rapport ne classe la
Slovaquie qu’au 78e rang des économies les plus compétitives au monde.
Questions de fond
Secteur privé. La Slovaquie a transposé la décision-cadre 2003/568/JAI relative à la lutte
contre la corruption dans le secteur privé, sauf en ce qui concerne le fait d’offrir un avantage
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Voir le résumé du rapport de Transparency International sur le système national d’intégrité:
http://www.transparency.org/whatwedo/nisarticle/slovakia_2012.
Idem.
Document de travail des services de la Commission: Évaluation du programme national de réforme et du programme
de stabilité 2013 de la Slovaquie, Bruxelles, 29.5.2013 SWD(2013) 375 final, p. 8 et 9 (en anglais uniquement):
http://ec.europa.eu/europe2020/pdf/nd/swd2013_slovakia_en.pdf.
Eurobaromètre spécial 2013 n° 397.
Eurobaromètre spécial 2013 n° 397.
http://www.transparency.org/gcb2013/report.
Eurobaromètre Flash 374 de 2013.
http://www3.weforum.org/docs/WEF_GlobalCompetitivenessReport_2013-14.pdf.
3
indu15. Pour ce qui est du secteur privé, les liens entre le monde des affaires et les sphères
politiques suscitent des préoccupations concrètes. De surcroît, l’agence nationale de sécurité
slovaque (SIS) a indiqué dans son rapport annuel que les intérêts nationaux ont eu à souffrir
des relations entre des personnalités politiques et les entreprises, en particulier dans le cas de
sociétés détenues par l’État ou par des municipalités16.
Conflits d’intérêts et déclaration de situation patrimoniale. La loi impose aux
parlementaires de déclarer leurs conflits d’intérêts et leur situation patrimoniale, mais
uniquement dans une mesure limitée. Un projet de loi sur les conflits d’intérêts17, qui
dissiperait les principaux problèmes liés à l’application du droit en vigueur, est en cours
d’examen au Parlement. Des ONG ont mis en place une plateforme volontaire pour la
publication de ces déclarations d’intérêts18.
Dispositif d’alerte. Il n’existe pas en Slovaquie de législation spécifique sur la protection des
lanceurs d’alerte. Le droit du travail garantit une protection générale contre les licenciements
arbitraires et la discrimination à l’encontre des salariés. À cet égard, les procédures envisagées
par la loi de lutte contre la discrimination pourraient servir d’exemples de bonnes pratiques.
Transparence des activités de lobbying. Malgré de précédentes tentatives de
réglementation, les activités de lobbying ne sont pas réglementées en Slovaquie. Il n’existe ni
obligation d’inscription des représentants d’intérêts, ni obligation de rendre compte des
contacts entre représentants d’intérêts et agents publics.
2. PROBLEMES MIS EN LUMIERE
Indépendance du pouvoir judiciaire
L’indépendance du pouvoir judiciaire est un aspect capital des politiques anticorruption, en ce
qu’elle conditionne la capacité du système judiciaire de traiter efficacement les affaires de
corruption, y compris celles impliquant les hautes sphères. Les normes d'intégrité appliquées
dans le système judiciaire en dépendent également. Au sein de ce pouvoir judiciaire, des
normes garantes d’une véritable indépendance et des règles déontologiques rigoureuses sont
indispensables pour créer le cadre qui permettra aux magistrats de rendre justice en toute
impartialité et objectivité dans les affaires de corruption, sans subir d’influence indue.
La Constitution slovaque garantit l’indépendance des magistrats. Toutefois, la justice n’est
pas vraiment perçue comme indépendante et le score de la Slovaquie à cet égard est le plus
faible du tableau de bord de la justice dans l’Union européenne, ainsi que du rapport 20132014 sur la compétitivité mondiale19. De plus, l’utilisation par le ministre de la justice de son
pouvoir de révocation des présidents et vice-présidents des tribunaux, sans possibilité de
recours légal20, a suscité de graves inquiétudes. Par exemple, sur une période relativement
brève, deux ministres de la justice successifs ont révoqué un nombre considérable21 de
15 Rapport de la Commission au Parlement européen et au Conseil fondé sur l’article 9 de la décision-cadre 2003/568/JAI
du Conseil du 22 juillet 2003 relative à la lutte contre la corruption dans le secteur privé.
16 Rapport des services de renseignement slovaques de 2011. (Správa o činnosti SIS v roku 2011, Bratislava, október
2012.) http://www.sis.gov.sk/vyr_sprava.html.
17 Conseil national de la République slovaque. Návrh ústavného zákona, ktorým sa mení a dopĺňa ústavný zákon č.
357/2004 Z. z. o ochrane verejného záujmu pri výkone funkcií verejných funkcionárov v znení ústavného zákona č.
545/2005 Z. z.. http://www.nrsr.sk/web/Dynamic/Download.aspx?DocID=389419.
18 Voir Politikaopen.sk.
19 D’après les données de 2010 du tableau de bord de la justice dans l’Union européenne. http://eur-lex.europa.eu/legalcontent/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:52013DC0160&from=fr. Voir aussi
http://www3.weforum.org/docs/WEF_GlobalCompetitivenessReport_2013-14.pdf
20 Sections 38 et 41 de la loi n° 757/2004 sur les tribunaux (Zákon o súdoch a o zmene a doplnení niektorých zákonov).
21 Par exemple, 14 présidents de tribunaux ont été révoqués en mai 2011.
4
présidents de tribunaux, contribuant ainsi à un sentiment général de politisation et
d’indépendance limitée du pouvoir judiciaire slovaque.
En outre, certains juges qui avaient publiquement critiqué l’état du système judiciaire ont fait
l’objet de procédures disciplinaires qu’ils ont jugé arbitraires22. Des experts ont dénoncé
l’usage que le chef de l’autorité judiciaire a fait de ses pouvoirs pour peser sur les organes
disciplinaires, notamment dans les procédures concernant des juges qui semblaient résister à
son influence. Les chambres disciplinaires de première instance comptent un membre nommé
par les conseils judiciaires régionaux, un par le Parlement Slovaque et un par le ministre de la
justice. En deuxième instance, ce rapport est de 1:2:2, ce qui conduit dans les deux cas à une
surreprésentation des membres désignés par le pouvoir politique.23
Au cours des cinq dernières années, ces problèmes ont donné lieu à un débat public dans
lequel sont intervenus des magistrats, des ONG, des experts internationaux et des
responsables politiques slovaques. En septembre 2009, 15 juges ont adressé une lettre au
président de la république, au premier ministre et à d’autres dirigeants afin d’attirer leur
attention sur l’utilisation indue de procédures disciplinaires à l’encontre de juges
indépendants24. Une déclaration signée par 105 juges a ensuite été publiée en octobre 200925.
En 2010, une organisation comptant onze juges de la Cour suprême parmi ses membres
fondateurs a mis en avant plusieurs problèmes, dont les interférences politiques, les
procédures de sélection fondées sur d’autres considérations que le mérite, les retards
injustifiés dans les procédures judiciaires, l’absence de règles d’éthique, le mauvais usage des
mesures disciplinaires et le manque de transparence26. Les problèmes soulevés augmentent la
vulnérabilité du système judiciaire à la corruption.
Le gouvernement a répondu à la demande de réforme en adoptant un amendement législatif
en 2011. Les présidents et vice-présidents des tribunaux doivent passer un concours, dont le
but est de vérifier les compétences et la capacité des candidats à assurer la bonne
administration de la justice et des tribunaux. Les arrêts doivent désormais être publiés en vue
d'offrir plus de transparence. En outre, la procédure de révocation d’un président ou d’un
vice-président de tribunal doit être ouverte par une des trois instances judiciaires désignées
dans la loi ou encore, dans le cas des vice-présidents, par le président du tribunal. La décision
de révocation est cependant prise par le ministre. Bien que ce système paraisse aller dans le
bon sens, il semble que certains problèmes persistent dans la pratique: ainsi, en 2012, le
ministre a démis de leurs fonctions les présidents de deux tribunaux d’arrondissement sur la
seule base d’une notification orale27. D’autres améliorations des critères existants pour la
révocation des présidents et vice-présidents de tribunaux seront nécessaires.
Poursuites en matière de corruption
Dans un louable effort pour traiter comme ils le méritent les dossiers importants qui
nécessitent une expertise particulière, la Slovaquie a créé le bureau du procureur spécial,
22 Voir Bojarski, L., et Stemker Koster, W. (2012), «The Slovak judiciary: Its current state and challenges». Bratislava,
Nadácia otvorenej spoločnosti – Open Society Foundation.
23 La chambre disciplinaire se compose de trois ou cinq membres sélectionnés dans les trois bases de données instaurées
par la loi, qui rassemblent 15 noms, désignés respectivement par les juges, par le ministre et par le Conseil national. Voir
le titre deux de la loi sur les juges et les juges non professionnels (Zákon č. 385/2000 Z.z. o sudcoch a prísediacich a o
zmene a doplnení niektorých zákonov v znení neskorších predpisov).
24 «Open Letter». http://sudcovia.sk/en/documents/archive/204-open-letter.
25 «Five Sentences». http://sudcovia.sk/en/documents/archive/202-five-sentences.
26 http://sudcovia.sk/en/documents/archive/211-orientation-initiative-for-open-judiciary.
27 Évaluation du programme national de réforme et du programme de stabilité 2013 de la Slovaquie, Bruxelles,
29.5.2013 SWD(2013) 375 final. p. 31. Comme indiqué dans le document, les recommandations précédentes concernant
le pouvoir judiciaire restaient valables en 2013 et 2012, dès lors qu’aucun progrès majeur n’a été constaté.
5
chargé de requérir dans toutes les affaires entendues par la Cour pénale spéciale. Le procureur
spécial est nommé par le Parlement sur proposition du procureur général, à l’issue d’un
concours.
Le parquet slovaque est un organe indépendant, hiérarchisé et uniforme, dirigé par un
procureur général, qui est désigné par le président de la République sur proposition du
Parlement. Le poste est resté vacant entre février 2011 et juillet 2013. De multiples recours
avaient été introduits devant la Cour constitutionnelle à cet égard, et le chef de l’État n’a pas
nommé le candidat élu. L’absence prolongée du chef du parquet a eu un impact négatif sur la
confiance du ministère public, et notamment des procureurs spécialisés dans les affaires de
corruption, quant à l’efficacité de la protection dont ils sont censés bénéficier contre toute
influence indue. Le Parlement a ensuite élu quelqu’un d’autre pour occuper le poste de
procureur général et le président l’a investi de ses fonctions à la mi-2013.
Selon les statistiques, en 2010, 18 personnes ont été poursuivies pour corruption passive, 74
pour corruption active, quatre pour trafic d’influence, et cinq pour favoritisme. Ces chiffres
représentent une augmentation importante par rapport à 200928, mais ils restent faibles au
regard de la taille du pays et de l’ampleur du problème, tel qu’il apparaît dans les enquêtes
menées sur le vécu de la corruption29. Il est trop tôt pour évaluer la nouvelle législation pénale
entrée en vigueur en septembre 2011. Cependant, le petit nombre de poursuites en matière de
corruption ne peut être attribué que partiellement aux insuffisances de la législation. Selon
une évaluation récente de la Commission européenne, il existe des faiblesses structurelles
dans le fonctionnement de l’application de la loi30. Dans son analyse du système national
d’intégrité, Transparency International a estimé que les forces de police comptent parmi les
institutions les plus faibles en Slovaquie (juste après le pouvoir judiciaire)31. L’analyse
épinglait des changements importants à la tête des forces de police après chaque élection
parlementaire, qui incluaient non seulement le chef de la police, mais aussi les directeurs de
services importants, dont l’unité chargée de la lutte contre la corruption.
Financement des partis politiques
La loi de 2005 sur les partis politiques a imposé des règles plus strictes en matière de
comptabilité des partis, auxquels il était fait obligation de publier des rapports annuels
présentant des informations sur leurs recettes et leurs dépenses32. Cependant, en 2011, le
GRECO a relevé de sérieuses lacunes dans le cadre juridique régissant le financement des
partis et a formulé dix recommandations détaillées, notamment l’instauration d’un organe
unique, doté de ressources suffisantes, chargé de superviser et de contrôler le financement des
partis et des campagnes électorales, de façon à renforcer la transparence des fonds dont
disposent les candidats aux élections présidentielles et à mettre en place des sanctions
efficaces en cas de violation des règles applicables au financement des partis politiques33. En
28 http://www.genpro.gov.sk/statistiky-12c1.html. Ces statistiques se fondent sur l’ancienne législation, c’est-à-dire avant
la modification du code pénal.
29 Voir les résultats des enquêtes Eurobaromètre successives de 2007, 2009, 2011 et 2013; voir aussi l’enquête
Eurobaromètre Flash de 2013 auprès des entreprises, où le pourcentage des sondés déclarant avoir été implicitement
invités à verser un pot-de-vin se situait toujours parmi les plus élevés dans l’Union.
30 «Évaluation du programme national de réforme et du programme de stabilité 2013 de la Slovaquie», Bruxelles,
29.5.2013 SWD(2013) 375 final, p. 8 et 9; le document de prise de position de la Commission concernant la Slovaquie
pour la période de programmation 2014-2020 est disponible à l’adresse
http://ec.europa.eu/regional_policy/what/future/pdf/partnership/sk_position_paper.pdf.
31 TI, résumé de l’analyse du système national d’intégrité.
32 85/2005 Z.z. ZÁKON zo 4. februára 2005o politických stranách a politických hnutiach.
33 GRECO, «Troisième cycle d’évaluation – Second rapport de conformité intérimaire sur la République Slovaque»,
décembre 2011,
http://www.coe.int/t/dghl/monitoring/greco/evaluations/round3/GrecoRC3(2010)3_2nd_Interim_Slovakia_FR.pdf.
6
particulier, le GRECO observait que la loi ne précise pas le niveau de détail requis pour les
antennes locales et régionales des partis. La législation ne couvre pas non plus les dépenses
électorales des candidats individuels. L’application de la loi est insuffisante, dans la mesure
où la surveillance exercée par le ministère des finances et la commission parlementaire est
considérée comme étant de pure forme. Le GRECO a instamment recommandé que la
Slovaquie prenne des mesures pour renforcer la transparence des recettes et des dépenses des
partis et des candidats au niveau local et régional (surtout en ce qui concerne les élections
municipales) et que les autorités proposent des conseils et des formations à l’intention des
partis politiques et des candidats sur les règles applicables en matière de financement
politique34.
Dans le contexte des sanctions, la Slovaquie prévoit la responsabilité administrative des partis
politiques pour les infractions aux règles de financement. Il appartient au ministère des
finances d’infliger des amendes administratives d’environ 3 000 EUR pour les infractions
relatives à la soumission tardive ou incomplète des comptes de campagnes électorales et des
rapports annuels. Si un parti accepte un don ou un service en violation de la loi de 2005, le
ministère des finances peut aussi lui infliger une amende allant jusqu’à deux fois la valeur du
don ou du service. Enfin, le financement public peut être suspendu si le parti ne remédie pas
aux manquements constatés dans le rapport annuel. Le GRECO a fait part de ses
préoccupations quant au caractère dissuasif de ces sanctions, et a observé qu’il n’avait pas
connaissance de sanctions infligées pour des infractions aux règles de financement des partis,
en dehors des cas de non-soumission des rapports financiers35. La recommandation visant à
améliorer les sanctions n’avait pas été mise en œuvre au début 201336.
Le GRECO a considéré dans sa dernière évaluation qu’aucune de ses recommandations
concernant le financement des partis politiques n’avait été mise en œuvre37. Un projet de loi
sur les campagnes électorales38 et un autre sur les élections39, censés répondre aux
préoccupations du GRECO, sont actuellement examinés par le Parlement slovaque. La
législation proposée vise à limiter la possibilité de dons en espèces, à augmenter la
transparence des comptes de campagnes électorales et à renforcer les sanctions en cas de
violation des règles de financement des campagnes.
Bonne pratique: base de données pour le suivi de la dépense publique0
La Slovaquie a réformé ses lois en matière d’accès à l’information en 2000 et a mis en place
un système qui s’est révélé exemplaire au cours des 12 dernières années. Le libre accès à
l’information a permis aux ONG et aux groupes de réflexion de formuler des solutions
innovantes pour signaler les risques et constituer un réseau d’information permettant de
repérer les conflits d’intérêt et les influences exercées indument sur la prise de décision.
34 GRECO, «Troisième cycle d’évaluation – Second rapport de conformité intérimaire», p. 8 et 11.
35 GRECO, «Troisième cycle d’évaluation – Rapport d’évaluation sur la République slovaque – Transparence du
financement des partis politiques (Thème II)», Strasbourg, 15 février 2008.
36 «Deuxième rapport de conformité sur la République slovaque», GRECO RC-III (2012) 23E
http://www.coe.int/t/dghl/monitoring/greco/evaluations/round3/GrecoRC3%282012%2923_Second_SlovakRepublic_F
R.pdf.
37 GRECO, «Troisième cycle d’évaluation – Second rapport de conformité intérimaire», p. 8. Au moment d’adopter le 3e
rapport de conformité intérimaire du troisième cycle, en octobre 2013, le GRECO décrivait le niveau de conformité
comme «globalement insatisfaisant», voir
http://www.coe.int/t/dghl/monitoring/greco/documents/2013/Greco%282013%2914_Summary%20Report%2061_FR.pd
f.
38 Ministère de la justice: Zákon o volebnej kampani, ktorým sa mení a dopĺňa zákon č. 85/2005 Z.z (2013), Ministerstvo
spravodlivosti SR. https://lt.justice.gov.sk/Attachment/navrh%20zakona.rtf?instEID=1&attEID=56854&docEID=318935&matEID=6443&langEID=1&tStamp=20130803000119053.
39 Ministère de la justice: Zákon o podmienkach výkonu volebného práva a o zmene Občianskeho súdneho poriadku
(2013), Ministerstvo spravodlivosti SR. https://lt.justice.gov.sk/Attachment/navrh%20zakona.rtf?instEID=1&attEID=56862&docEID=318944&matEID=6444&langEID=1&tStamp=20130803000148247.
7
L’ONG Fair Play Alliance a créé une base de données à laquelle tout le monde peut avoir
accès via son site internet40. La base de données concerne l’argent public versé à des entités
privées (subsides d’État, privatisation, abattements fiscaux et remises de droits de douane,
subventions, fonds européens, dettes envers le secteur public) et les représentants des
pouvoirs publics (direction des institutions de l’État, membres du gouvernement, postes
électifs, pouvoir judiciaire, organes autonomes, Parlement, conseillers des responsables
politiques). Elle met des outils de contrôle à la disposition des médias et des ONG et rappelle
à l’administration publique que ses décisions peuvent être aisément surveillées. Cette base de
données est aussi très utile pour le journalisme d’investigation; par exemple, les médias ont
été en mesure d’attirer l’attention sur des accusations concrètes de pratiques illicites
concernant le financement de partis politiques, et notamment des donateurs factices et le
manque de transparence de certains prêts accordés à des partis. Le réseau a fait des émules
parmi les ONG à l’étranger et le logiciel est utilisé en République tchèque, en Hongrie et en
Géorgie. Cette expertise a aussi servi au Monténégro.
Utilisation des fonds de l’Union
L’agence nationale de sécurité (SIS) a présenté en 2011 un rapport sur des pratiques
frauduleuses dans la distribution des subventions allouées par l’Union et par le budget de
l’État41. La SIS a relevé un manque de transparence dans l’affectation des fonds de l’Union et
de l’État, qui n’étaient pas utilisés conformément à la finalité déclarée.
La Commission européenne a considéré que le risque de corruption dans l’allocation des
fonds de l’UE est susceptible de nuire à la réputation des fonds et de compromettre l’efficacité
de leur utilisation. En conséquence, la Commission a interrompu les versements au titre du
programme «Transports» du Fonds de cohésion durant la période de programmation 20072013, en invoquant, parmi d’autres motifs, les allégations de corruption et de conflits
d’intérêts dans les projets ferroviaires. Ces soupçons font actuellement l’objet d’une enquête
de l’Office européen de lutte antifraude (OLAF). Des allégations de corruption ont aussi été
émises dans le domaine des marchés publics des projets de transports urbains (annulés à la
demande de la Commission), dont les appels d’offres étaient taillés sur mesure pour un des
soumissionnaires. De surcroît, dans d’autres marchés publics, d’importantes sociétés de
construction se sont plaintes auprès de la Commission du rejet des offres proposant les prix
les plus bas pour des motifs inéquitables.
Dans le cadre des programmes opérationnels des Fonds sociaux européens (PO «Emploi»,
«Inclusion sociale» et «Éducation»), des audits de la Commission ont mis en évidence de
façon répétée des manquements substantiels dans les marchés publics et dans la vérification
des coûts éligibles. En raison du mauvais fonctionnement des systèmes de gestion et contrôle,
la procédure de suspension des paiements au titre de ces programmes a été enclenchée jusqu’à
ce que ces lacunes soient corrigées.
La lutte contre la corruption est présentée comme une action centrale dans le document de
prise de position de la Commission concernant la Slovaquie pour la période de
programmation 2014-202042, qui recommande de réduire les risques de corruption, de conflits
d’intérêts et de favoritisme dans l’affectation des dépenses cofinancées par l’Union. Les
feuilles de route annuelles adoptées conjointement au niveau politique pour la mise en œuvre
40 http://datanest.fair-play.sk/en/pages/index.
41 Rapport des services de renseignement slovaques de 2011. (Správa o činnosti SIS v roku 2011, Bratislava, október
2012.) http://www.sis.gov.sk/vyr_sprava.html.
42 «Position of the Commission Services on the development of the Partnership Agreement and programmes in Slovakia
for the period 2014-2020», p. 44. http://ec.europa.eu/regional_policy/what/future/pdf/partnership/sk_position_paper.pdf.
8
des Fonds structurels en Slovaquie ont fait ressortir la nécessité de continuer à renforcer les
systèmes de gestion et de contrôle afin de garantir l’efficacité de leur utilisation, en particulier
dans les domaines des marchés publics et de la sélection des projets.
Les contrôles effectués par les auditeurs nationaux et ceux de la Commission européenne ont
confirmé l’existence de graves faiblesses dans l’application pratique des procédures de
gestion financière et de contrôle en Slovaquie et de lacunes dans la structure des principaux
organes de contrôle nationaux. Les adjudications de marchés publics, la vérification de la
gestion et la sélection des projets demeurent les domaines les plus vulnérables. Ces faiblesses
transparaissent dans les coûts élevés des projets d’infrastructure et dans les taux d’erreurs
constatés. Par exemple, un examen des marchés publics passés au titre du programme
opérationnel «Environnement» en 2012 a mis en évidence un taux d’erreur de 7,3 %, qui a
conduit la Commission à imposer une correction correspondante de 7,3 % au niveau des
dépenses.
Marchés publics
En Slovaquie, le total des dépenses pour les marchés publics de travaux, de biens et de
services était estimé à 15,61 milliards d’EUR en 2010. Selon l’enquête Eurobaromètre
réalisée en 2013 auprès des entreprises, 57 % (le deuxième pourcentage le plus élevé dans
l’Union) des sociétés qui ont participé à une procédure d’adjudication au cours des trois
dernières années attribuent le fait de n’avoir pas obtenu le marché à la corruption. Les
personnes interrogées en Slovaquie dénoncent des cahiers des charges taillés sur mesure pour
des sociétés précises dans 84 % des cas, et 77 % des sondés rapportent que les offres
concertées constituent une pratique répandue43. En outre, 63 % des personnes interrogées ont
constaté des conflits d’intérêts dans l’évaluation des offres et 62 % évoquent des critères de
sélection ou d’évaluation peu clairs44. Dans la mesure où les représentants des entreprises
perçoivent ces pratiques comme répandues, l’introduction de contrôles ex ante pourrait
améliorer la situation.
La SIS a signalé des cas de corruption et de favoritisme au sein des organes des autorités
nationales, locales et régionales, ainsi que des entités à participation publique qui
interviennent dans les marchés publics et l’allocation de fonds de l’État45. La SIS a aussi
constaté que certains appels d’offres pour des contrats de construction et de modernisation
d’infrastructures de transport étaient conçus pour favoriser des prestataires déterminés à
l’avance. Plus spécifiquement, la SIS a dénoncé des faits de corruption et de procédures
concurrentielles truquées pour la reconstruction d’un bâtiment des institutions de l’État. Un
manque de transparence dans la gestion a aussi été constaté dans les secteurs de l’énergie et
du chauffage, les compagnies de distribution d’eau et les sociétés qui utilisent les
infrastructures de transport.
Dans un article salué par un prix, un hebdomadaire slovaque a publié une analyse des marchés
publics de construction d’autoroutes durant les années 2006 à 2010, qui faisait ressortir une
surfacturation considérable et une utilisation inefficace des finances publiques. À titre
d'exemple, le marché portant sur le système de péage électronique a été attribué au
soumissionnaire qui demandait le prix le plus élevé après l’exclusion des offres concurrentes
par le pouvoir adjudicateur.
43 Ces pourcentages sont les plus élevés dans l’Union.
44 Ces indicateurs, sans être nécessairement liés directement à la corruption, illustrent des facteurs de risque qui
augmentent la vulnérabilité des procédures de passation de marchés publics à la corruption.
45 Rapport des services de renseignement slovaques de 2011. (Správa o činnosti SIS v roku 2011, Bratislava, október
2012.) http://www.sis.gov.sk/vyr_sprava.html.
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L’un des problèmes structurels sous-jacents tient au statut de l’Office des marchés publics,
dont l’indépendance opérationnelle et financière n’est pas garantie par la loi. La législation en
matière de marchés publics46 n’empêche pas les nominations politiques au sein de l’Office et
n’offre pas non plus de garanties suffisantes contre les interférences indues dans les décisions
prises par le personnel de l’Office. Des modifications récentes ont néanmoins imposé que le
président de l’Office soit désigné par le Parlement sur proposition du gouvernement47, mais
les dispositions légales régissant les modalités de révocation sont formulées en termes vagues
et peuvent être utilisées à mauvais escient, ce qui limite les garanties d’indépendance48. Les
marchés publics dans le secteur de la santé paraissent particulièrement vulnérables à la
corruption en Slovaquie. Transparency International a publié une étude sur les prix payés par
les hôpitaux pour l’achat d’équipement médical (scanographes) entre 2007 et 2012. D’après
cette étude, le prix d’achat variait considérablement selon les hôpitaux. Pour un scanographe
présentant les mêmes caractéristiques techniques, le prix payé par un hôpital est le double de
celui facturé à un autre. L’étude fait valoir que l’un des principaux problèmes à cet égard est
le manque de concurrence – très souvent, un seul soumissionnaire répond à l’appel d’offres,
ou les critères sont taillés sur mesure pour un soumissionnaire en particulier. De plus, selon
l’étude, il est rarement précisé ce que le prix du scanographe couvre exactement: le type de
logiciel et de service – ce qui rend difficile toute comparaison des prix.
En 2012, le gouvernement a proposé une modification majeure de la loi sur les marchés
publics, qui visait notamment à rationaliser les longues procédures d’appel d’offres et à
accroître la concurrence et la transparence49. Elle a été adoptée partiellement en février 2013.
Le gouvernement a dès lors aussi décidé de renforcer les ressources humaines de l’Office. De
plus, des efforts appréciables ont été déployés pour que l’environnement des entreprises soit
moins exposé aux risques de corruption. En 2010 et 2011, le gouvernement slovaque a rendu
obligatoire la publication en ligne de tous les marchés passés par le secteur public50. Le
registre central des marchés51 contient la liste des contrats conclus par les ministères, les
organes administratifs, les services publics et les organisations qui en dépendent depuis le 1er
janvier 2011. Tous ces contrats doivent être publiés dans le registre et n’entrent en vigueur
que le lendemain de leur publication. Malgré une transparence accrue, il subsiste des
irrégularités dans les marchés publics52. L’application effective des nouvelles règles pourrait
cependant être facilitée par un renforcement des compétences des fonctionnaires chargés de
rédiger les termes de référence, d’évaluer et de sélectionner les offres53.
En outre, un mécanisme interne de recours a été créé au sein de l’Office. Les décisions de
premier niveau concernant les plaintes reçues par l’Office pourront être contestées devant un
«Conseil de l’Office des marchés publics». Le conseil se composera de membres du personnel
46 Loi sur les marchés publics (Zákon o verejnom obstarávaní - Zákon č. 25/2006 Z. z).
47 Les dispositions régissant le statut du président sont énoncées à l’article 110 de la loi sur les marché publics.
48 Conformément à l’article 110: 1) l’Office est dirigé par le président, nommé et révoqué par le Conseil national de la
République slovaque sur proposition du gouvernement. 2) Le président, le vice-président de l’Office. Le vice-président
est nommé et révoqué par le gouvernement sur proposition du président de l’Office. Concernant les motifs de
révocation, voir l’article 111 qui se limite à une incompatibilité avec les fonctions à exercer.
49 Z 19. marca 2013, ktorým sa mení a dopĺňa zákon č. 25/2006 Z. z. o verejnom obstarávaní a o zmene a doplnení
niektorých zákonov v znení neskorších predpisov a o zmene zákona č. 455/1991 Zb. o živnostenskom podnikaní
(živnostenský zákon) v znení neskorších predpisov.
50 Loi n° 546/2010 modifiant la loi n° 40/1964, Code civil, tel que modifié.
51 Centrálny register zmlúv. http://crz.gov.sk/.
52 Document de travail des services de la Commission: «Évaluation du programme national de réforme et du programme
de stabilité 2013 de la Slovaquie», Bruxelles, 29.5.2013 SWD(2013) 375 final, p. 30:
http://ec.europa.eu/europe2020/pdf/nd/swd2013_slovakia_en.pdf .
53 Document de travail des services de la Commission: «Évaluation du programme national de réforme et du programme
de stabilité 2013 de la Slovaquie,», Bruxelles, 29.5.2013 SWD(2013) 375 final, p. 30:
http://ec.europa.eu/europe2020/pdf/nd/swd2013_slovakia_en.pdf.
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de l’Office et de certaines personnes extérieures afin de garantir une plus grande
indépendance du processus décisionnel.
Bonne pratique: transparence des marchés publics locaux
Dans le cadre des mesures permettant un contrôle extérieur des dépenses publiques,
l’initiative «gouvernement local ouvert» classe cent villes slovaques en fonction d’un
ensemble de critères, fondés sur la transparence des marchés publics, l’accès à l’information,
la disponibilité des données d’intérêt public, la participation du public, la déontologie et les
conflits d’intérêts. Saľa, Martin et Rožňava viennent actuellement en tête. Le projet est géré
par Transparency International (TI) Slovaquie. La ville de Martin, dans le nord du pays, a
reçu le prestigieux prix des Nations unies pour le service public en reconnaissance de ses
efforts de réforme pour lutter contre la corruption54. Ces réformes ont été menées en étroite
coopération avec TI Slovaquie: à la fin 2008, le nouveau maire de Martin a pris contact avec
l’organisation en vue d’élaborer un programme de transparence qu’il pourrait déployer dans
sa ville de 60 000 habitants. TI Slovaquie a proposé un projet en trois phases. Premièrement,
des experts ont dressé une liste de recommandations dans 17 domaines d’action politiques
comme les marchés publics, le recrutement, l’attribution de subventions, la participation du
public et la politique de la municipalité à l’égard des entreprises. Dans un deuxième temps,
ils ont comparé ces recommandations avec les arrêtés et les règlements internes de
l’administration municipale. Après avoir cerné les lacunes, l’équipe d’experts, en
concertation avec les élus locaux, a rédigé de nouvelles ordonnances et réglementations
adaptées à la situation de Martin, qui ont ensuite été mises en œuvre par la municipalité.
3.
PROCHAINES ETAPES
Les problèmes liés à la législation et à son application, le sentiment d’un manque
d’indépendance du pouvoir judiciaire et les liens étroits entre le monde politique et les
milieux d’affaires limitent l’efficacité du cadre anticorruption. Il convient donc de donner la
priorité aux réformes structurelles, aux mesures destinées à éviter les conflits d’intérêts, aux
efforts axés sur la prévention de la corruption et à la coordination efficace des enquêtes. Des
réformes législatives et des mesures concrètes de nature à dissuader la corruption sont
nécessaires en ce qui concerne le financement des partis, les marchés publics et les conflits
d’intérêts.
Les points suivants méritent une attention accrue:

Renforcer l’indépendance du pouvoir judiciaire, en fixant notamment des critères
bien définis pour la révocation des présidents et vice-présidents de tribunaux.
Renforcer les garanties procédurales dans les actions disciplinaires à l’encontre des
juges et garantir l’indépendance des conseils disciplinaires.

Renforcer une approche fondée sur le mérite pour les nominations aux postes de
direction au sein de la police. Élaborer une stratégie en vue de découvrir et poursuivre
plus efficacement les faits de corruption.

Accroître la transparence du financement des partis au niveau local et régional, en
menant notamment à bon terme le processus législatif en cours. Mettre en place un
organe indépendant chargé d’examiner et de superviser le financement des partis, et
54 http://unpan1.un.org/intradoc/groups/public/documents/un-dpadm/unpan048624.pdf.
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veiller à ce que les sanctions applicables en cas de violation des règles en matière de
financement politique soient proportionnées et dissuasives.

Intensifier les contrôles effectués par les autorités compétentes afin de réduire le
risque de mauvais usage des fonds de l’Union européenne et renforcer les
mécanismes de contrôle pour la prévention, la détection et la répression dissuasive des
conflits d’intérêt. Formuler une politique de lutte contre la corruption dans le secteur
de la santé, notamment en ce qui concerne les marchés publics. Renforcer les efforts
de la police, du parquet et de la justice pour sanctionner les cas de corruption affectant
les fonds de l’Union. Instaurer des contrôles ex ante indépendants et efficaces des
procédures de marchés publics au niveau central et local. Renforcer les mécanismes
de contrôle internes des pouvoirs adjudicateurs et leur capacité à prévenir efficacement
la corruption. Mesurer l’impact des récentes modifications de la loi sur les marchés
publics, notamment en ce qui concerne le fonctionnement indépendant de l’Office des
marchés publics. Promouvoir la stabilité, l’efficacité, l’indépendance et l’expertise au
sein de l’administration publique et notamment des pouvoirs adjudicateurs au niveau
central et local.
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