2) Mieux gérer l’intensité de la charge d’entraînement avec la fréquence cardiaque
Pascal PREVOST
Est-il possible d’optimiser la charge d’entraînement grâce à l’utilisation du
cardiofréquencemètre (CFM) à partir des données de physiologie de l’entraînement ? Deux
articles de la lettre électronique SSPP ont été consacrés à l’utilisation du CFM (19 et 20).
Les travaux de recherche continuent cependant à être produits sur la relation entre
entraînement et fréquence cardiaque.
L’objectif de cet article est d’apporter quelques compléments de réponses concernant
l’optimisation et l’interprétation des données issues de cet outil sur le terrain.
Fréquence cardiaque et intensité d’entraînement
Tout programme d’entraînement comprend au moins 3 variables : fréquence, durée, intensité.
Elles forment la charge de travail. Les deux premières ne présentent aucune difficulté quant à
leur quantification. La dernière, par contre, pose problème lorsque l’on pratique par exemple
la course ou le cyclisme sur piste ou en pleine nature.
En effet, l’intensité de travail fait partie des composantes les plus importantes, si ce n’est la
plus importante, pour optimiser les séances et contrôler la fatigue du sujet.
C’est là que la fréquence cardiaque (FC) montre un intérêt.
On connaît depuis longtemps la relation entre intensité de l’exercice et la FC. On peut
l’exprimer par rapport au VO2max, la vitesse maximale aérobie ou la puissance maximale
aérobie. Cependant, cette relation reste valide uniquement pour des intensités sous-
maximales.
Au-delà de cette première limite, il est important de connaître les facteurs de variation de la
FC durant l’exercice pour mieux anticiper l’impact d’une séance et surtout de mieux préparer
celle-ci comme par exemple avec la programmation de la zone de travail dans le CFM.
Reproductibilité de la FC
Programmer des séances similaires et vérifier l’impact sur l’organisme peut s’avérer utile au
début d’une planification avant de faire varier la charge de travail.
Il se trouve que pour une même séance répétée à plusieurs jours d’intervalle, la FC varie entre
2 et 4 battements par minute (bpm) qu’elle soit sous-maximale ou maximale (Taylor et coll.,
1944 ; Astrand et Saltin, 1961 ; Brooke et coll., 1970 ;Becque et coll., 1993 ;Brisswalter et
Legros, 1994).
C’est pour cette raison qu’il est préférable d’utiliser une zone d’entraînement et non une FC
cible pour définir la charge de travail.
Dérive cardiaque
Outre la variabilité même faible de la FC d’un jour à l’autre pour une même intensité, il a été
démontré qu’une autre forme de variabilité pouvait apparaître durant la séance elle-même.
Quelques minutes après le début d’un exercice à intensité modérée ou intense, on note une
diminution progressive du volume d’éjection systolique (VES) et une augmentation de la
fréquence cardiaque pour maintenir le débit cardiaque (Ekelund, 1967 ; Mognoni et coll.,
1990 ; Rowel, 1974 Hamilton et coll., 1991 ; Gonzalès-Alonso et coll., 1997, 1999, 2000).
Il est donc logique qu’elle soit plus marquée lorsque l’exercice est long. L’augmentation de
FC se situe entre 10 et 15% après une heure d’exercice et débute dès la 10e minute. Par
exemple, une FC de 135 bpm en début de séance montera à 155 bpm alors que l’intensité
reste constante .
La dérive cardiaque semble liée au statut hydrique et à la température centrale interne du
sujet. Il est possible d’atténuer ce phénomène en proposant au sportif de se réhydrater
régulièrement.
La déshydratation seule (c’est-à-dire sans augmentation concomitante de la température
centrale interne) peut induire une dérive cardiaque de 5% après 30 min de vélo et 7% après 45