Phobie sociale - patrickjjdaganaud.com

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Phobie sociale
http://psychodoc.free.fr/phobiesociale.htm
I. APERCU
a) Peur de soi
La respiration
Définition
b) Peur du regard d'autrui
Respiration et enracinement
Critères diagnostiques DSM IV
c) Peur de l'image de soi
Apports des techniques
psychocorporelles
De manière plus détaillée
Anxiété sociale et comportements III. DIMENSION COGNITIVE
Hierarchie peur / évitement des
situations
a) Evitement
Intolérance à l'incertitude
Phobie sociale et autres troubles
b) Inhibition
Dimension cognitive de l'anxiété
Les grandes lignes de la phobie
sociale
Phobie sociale et anticipation
anxieuse
Croyances
Mise en place - quelques modèles
II. DIMENSION PSYCHOCORPORELLE
Croyances et apprentissages
PS Angoisse séparation Refus
scolaire
Réaction d'alarme - Fausse
alarme
Scénario catastrophe
Anxiété sociale : mécanismes
Tension musculaire et
déséquilibres
Anxiété sociale et objectif
1) Peur du regard
Dysfonctionnements
Bibliographie
2) Peur du jugement
Le dialogue tonique
I. Aperçu
Définition
Les phobies sociales concernent les individus qui, dans une ou des situations sociales
éprouvent une forte anxiété. Ces manifestations anxieuses intenses et la plupart du temps
paralysantes ou inhibitrices conduisent le sujet à éviter les dites situations, d’où un fort
handicap.
Critères diagnostiques DSM IV (manuel diagnostique le plus courant)
A. Une peur persistante et intense d'une ou plusieurs situations sociales ou bien de
situations de performance durant lesquelles le sujet est en contact avec des gens non
familiers ou bien peut être exposé à l'éventuelle observation attentive d'autrui. Le
sujet craint d'agir (ou de montrer des symptômes anxieux) de façon embarrassante
ou humiliante.
B. L'exposition à la situation sociale redoutée provoque de façon quasi systématique
une anxiété qui peut prendre la forme d'une Attaque de panique liée à la situation ou
bien facilitée par la situation.
C. Le sujet reconnaît le caractère excessif ou irraisonné de la peur.
D. Les situations sociales ou de performance sont évitées ou vécues avec une anxiété
et une détresse intenses.
E. L'évitement, l'anticipation anxieuse ou la souffrance dans la (les) situations(s)
sociale(s) redoutée(s) ou de performance perturbent , de façon importante, les
habitudes de l'individu, ses activités professionnelles (ou scolaires), ou bien ses
activités sociales ou ses relations avec autrui, ou bien le fait d'avoir cette phobie
s'accompagne d'un sentiment de souffrance important.
F. Pour les individus de moinsde 18 ans, on ne porte le diagnostic que si la durée est
d'au moins 6 mois.
G. La peur ou le comportement d'évitement n'est pas lié aux effets physiologiques
directs d'une substance ni à une affection médicale et ne sont pas mieux expliqués par
un autre trouble mental (p. ex. le trouble panique avec ou sans agoraphobie).
H. Si une affection médicale générale ou un autre trouble mental est présent, la peur
décrite en A est indépendante de ces troubles; par exemple, le sujet ne redoute pas
de bégayer, etc..
Les caractéristiques habituelles associées à la phobie sociale comprennent une
hypersensibilité à la critique, à une évaluation négative ou au rejet, une faible estime
de soi ou des sentiments d'infériorité. Les sujets ayant une phobie sociale craignent
souvent une évaluation indirecte par les autres telle que de passer un examen.
De manière plus détaillée
L’anxiété sociale est perçue sous deux angles essentiels :
Anxiété de performance : face à un observateur, au centre de l’attention, perte des moyens
et ressources : anxiété de performance
Anxiété d’interaction : se sentir évalué dans une relation et à son désavantage. Perte du
statut d’interlocuteur valable : anxiété relationnelle.
PERFORMANCE
INTERACTION SOCIALE
Téléphoner en public
Parler à des gens qui détiennent une autorité
Participer au sein d’un petit groupe
Aller à une soirée
Manger dans un lieu public
Contacter par téléphone quelqu’un qui ne vous
connaît pas très bien
Boire en compagnie dans un lieu
public
Parler à des gens que vous ne connaissez pas très
bien
Jouer, donner une représentation
ou une conférence
Rencontrer des inconnus
Travailler en étant observé
Etre le centre d’attention
Ecrire en étant observé
Exprimer son désaccord ou sa désapprobation à
des gens que vous ne connaissez pas très bien
Uriner dans des toilettes publiques
Regarder dans les yeux des gens que vous ne
connaissez pas très bien.
Entrer dans une pièce alors que
tout le monde est déjà assis
Essayer de draguer quelqu’un
Prendre la parole à une réunion
Rapporter des marchandises dans un magasin
Passer un examen
Donner une soirée
Faire un compte rendu à un groupe
Résister aux pressions d’un vendeur insistant
Hierarchie peur / évitement des situations
- Chez l'enfant :
Situation
Parler en public
Peur et évitement chez des enfants
phobiques sociaux
88%
Manger en face des autres
39,3%
Etre en classe avec les autres enfants
27,6%
Ecrire en étant observé
27,6%
Utiliser les toilettes publiques
24,1%
Parler à des personnes représentant
l'autorité
20,7%
- Chez l'adulte :
Situation
Prise de parole et interaction formelles (cours,
réunions...)
Peur et évitement chez des
sujets phobiques sociaux
70%
Prise de parole et interactions informelles (repas avec
des inconnus, soirée...)
Affirmation de soi : exprimer son désaccord, refuser,
demander, donner son avis...
31%
Observation par les autres : effectuer une tâche
(manger, boire, travailler...) sous le regard des
autres.
22%
Phobie sociale et autres troubles
Phobie sociale et autres troubles
Pourcentage
Trouble panique
4,7%
Trouble obsessionel compulsif
11,1
Dysthymie
12,5
Agoraphobie
Phobie spécifique
44,9%
59%
Les chiffres indiquent une propension au développement d'autres troubles. Cette
observation conduit à s’intéresser avec plus d’attention au facteur commun : l’anxiété ellemême.
Les grandes lignes de la phobie sociale
1. Symptômes
- Symptômes physiologiques : tensions et manifestations neuro-végétatives
disproportionnées : tensions musculaires, douleurs musculaires, fatigue, tremblement,
sensation d’étouffement, tachycardie, sécheresse de la bouche, …
- Symptômes cognitifs : hypervigilance, focalisation, hyperconscience de soi et par voie de
conséquence, difficulté de concentration, de mémoire (trou noir) distorsions cognitives
(lecture de la réalité éloignée de la réalité elle-même)…
Anticipation anxieuse, besoin de réassurance.
- Symptômes comportementaux : conduites d’évitement direct ou subtil, vérifications,
inhibition, hyperactivité.
2. Pathologie
Nous l’avons vu, il convient tout d’abord de différencier timidité , non pathologique,
fréquente pendant l’enfance ou l’adolescence et phobie sociale qui crée souffrance, détresse
intense.
Pourquoi la phobie sociale est pathologique ?
- Elle est envahissante, handicapante
- Elle influe sur le développement et le devenir social et affectif du sujet.
3. Sentiment d’incompétence
-
Peur de l’observation d’autrui
Peur de l’évaluation
Peur de ne pas être intéressant – Peur du silence
Peur du ridicule
Dévalorisation
Sentiment d’incompétence sociale
La démarche doit donc être autant pédagogique que thérapeutique : acquérir les
compétences suffisantes. Tout sentiment d’incompétence peut se corriger par un
apprentissage.
Mise en place - quelques modèles
1. Modèle comportemental
La phobie sociale résulte d'un apprentissage.
Deux cas de figure :
- Apprentissage d'une conduite dysfonctionnelle : en clair, le sujet prend comme exemples
des individus ou relations déjà problématiques (ex : parents peu sociabilisés, peu tolérants
ou peu affectifs)
- Apprentissage non référencé : le sujet n'a pas de références, d'exemples d'un
comportement social adapté.
2. Modèle cognitif
La phobie sociale nait d'un mauvais traitement de l'information :
- Le danger vécu, expérimenté est intégré (stress chronique durant l'enfance, exemple
familial et/ou social d'anxiété, traumatismes divers)
La réalité (ici les relations sociales) est ensuite interprétée en fonction de dangers
potentiels.
- Un sujet phobique social a une conscience déformée de lui-même : image négative et
sous-évaluation.
Exemple de schéma cognitif
I. Le sujet pense se conduire de manière ridicule ou inacceptable
II. Il craint des conséquences négatives telles le rejet, la dévalorisation de son image ou
de son statut
III. Ces pensées font naître le phénomène anxieux :
- Les symptômes anxieux (tremblement, rougissement…) deviennent eux-mêmes des
signes de danger et viennent nourrir l’anxiété.
- L’hypervigilance aux manifestations somatiques et aux pensées entraînent une baisse
des compétences sociales : le sujet est tourné vers l’intérieur (pensées, corps), non vers
l’extérieur (la relation)
- Les comportements d’évitements, de fuite entraînent chez l’autre des comportements
sinon similaires du moins altérés.
IV. La performance sociale est insatisfaisante
V. L'anxiété est nourrie, développée. Les compétences ne se développent pas
Retour en I.
Enfants, ados, phobie sociale / Angoisse de séparation / Refus scolaire
Les rapports phobie sociale/ Angoisse de séparation / refus scolaire anxieux sont évidents
mais encore peu précis.
L'angoisse de séparation est traitée par ailleurs.
Le refus scolaire anxieux, appelé parfois « phobie scolaire », est également à mettre en
avant (peur panique d’aller à l’école). Néanmoins tout refus scolaire ne constitue pas
nécessairement une phobie. Cette hétérogénéité constitue d’ailleurs déjà un problème.
Relations phobie scolaire et phobie sociale : quelque essais de schémas
1. Refus scolaire du au Trouble angoisse de séparation
Le problème originel n’est pas l’école ou les relations sociales mais la séparation
provoquée par l’école.
Le désir relationnel est là, mais l’anxiété de séparation prédomine :
Altération
- des relations sociales (crainte d’aller chez des amis…),
- du vécu de l’école (superficiel inhibé car non-essentiel pour l’enfant eu regard de la
séparation).
Les situations sont évitées, les compétences ne se développent pas
2. Refus scolaire du à une phobie sociale
Le système scolaire est le système social par excellence pour un enfant. Il est donc
logique de trouver un refus scolaire à l’intérieur d’une phobie sociale déjà mise en place.
Crainte de l’évaluation, de la critique (professeurs ou camarades…)
3. Refus scolaire du à une Anxiété de performance
L'anxiété de performance peut exister à travers une phobie sociale ou
indépendamment de celle-ci
L’anxiété de performance se met en place au gré de traumatismes :
- Panique, perte de moyen en situation d’évaluation
- Peur d’être mal évalué (notation, jugement moral)
- Peur d’être agressé par des camarades
ou
Anxiété sociale / Mécanismes
L’anxiété sociale est multiforme : trac, timidité, phobies sociales sont des phénomènes
différents qui contiennent eux-mêmes une belle diversité.
On peut néanmoins dégager une ligne commune :
1) La peur du regard
Le tableau des situations anxiogènes, plus haut dans l’article, révèle un centre, un facteur
commun, originel : la peur du regard de l’autre. La crainte d’être exposé au regard d’autrui
est systématique. A l’origine du mécanisme, elle va en stimuler le développement. Il est à
noter que cet élément, comme les autres qui vont être décrits, sont présents chez chaque
individus, ce sont les proportions et la nature handicapante qui mènent au trouble. Personne
n’aime être regardé, un sujet souffrant d’anxiété sociale simplement plus que les autres. Il
s’agit là d’une peur instinctive, animale pourrait-on dire.
2) Peur du jugement
Sur cette peur instinctive va se construire une deuxième strate, celle-ci psychologique : le
regard devient jugement, est interprété comme tel.
La peur du regard de l’autre se « concrétise » psychologiquement :
Ex :
- Toute relation est une évaluation
- Le sujet est tourné vers lui-même, non vers ce qui se passe autour de lui, vers la
relation.
- Le sujet juge sa prestation plus négativement qu’un observateur le ferait
- Le sujet sélectionne : il se souvient essentiellement des prestations décevantes
- Les relations sont anticipées, appréhendées négativement
- Les commentaires positifs ne sont pas entendus et intégrés.
- Le sujet est inhibé (les compétences sont altérées ou bloquées, non-développées)
-…
Cette peur du jugement est en relation avec des phénomènes et mécanismes divers
a) Peur de soi : le sujet peut avoir mis en place une anxiété quant à ses propres réactions.
Hypervigilance, attention portée sur soi, focalisation qui perturbent la performance ellemême où l’attention pour être efficace, doit être portée vers l’extérieur.
b) Peur du regard d’autrui : jugement et évaluation : le sujet est inhibé (altération des
facultés) car il redoute le jugement, l’évaluation, en l’occurrence, négatifs. On peut
rapprocher cela du trac, anxiété d’évaluation, de performance. Ici, c’est de la performance
sociale dont il est question. Celle-ci est interprétée à travers le filtre de l’anxiété :
- L’attention de l’autre est surévaluée (« il me surveille, pas le droit à l’erreur »)
- Le jugement négatif est surévalué (« il m’a trouvé nul(le) »)
c) Peur de l’image de soi : le sujet qui souffre d’anxiété sociale a des difficultés à
s’adresser des compliments sur ses performances. En découle un grand besoin de
reconnaissance. Le désir de donner une bonne impression est donc fréquent. Le problème
naît de la présence conjointe de cette ambition et de la peur de ne pas y parvenir. Désir et
peur mêmés sont ici à la naissance du trouble. On peut ajouter à cela des exigences
excessives que même des «non-phobiques sociaux» n’auraient pas. Les performances sont
donc nécessairement insatisfaisantes.
Anxiété sociale et comportements
L’anxiété est un trouble cognitif. On vit une situation, on en pense quelque chose. Les
pensées (les différentes peurs que nous venons d’aborder) donnent lieu à des émotions et
comportements dysfonctionnels, non-adaptés au bien-être.
Les comportements anxieux sont schématiquement au nombre de 4 : évitement, inhibition,
vérification, hyperactivité, avec une prédominance des deux premiers, évitement et
inhibition, dans le domaine des difficultés sociales.
a) Evitement : les différentes peurs dont nous avons parlé conduisent l’individu à
l’évitement plus ou moins développé des situations anxiogènes.
Nous sommes ici dans le principe du cercle vicieux. A chaque évitement, la valeur anxiogène
de la situation augmente. Le trouble s’ »auto-nourrit » :
b) Inhibition : l’inhibition représente l’altération ou le blocage d’une ou de plusieurs
facultés ou compétences.
L’évitement est ponctuel, extrême, non systématique, mais l’inhibition est un phénomène
plus constant, pour devenir presque un « style relationnel ». En situation anxiogène, le sujet
n’a plus accès à ses ressources et compétences relationnelles (silences, hésitations,
altération de la compréhension même…) alors qu’en situation non-anxiogène, toutes les
qualités requises sont là.
Même cercle vicieux que pour l’évitement :
Phobie sociale et anticipation anxieuse – Particularités
L’anticipation anxieuse se produit avant les situations-problèmes. Elle prend
schématiquement trois dimensions : psycho-corporelle, cognitive, comportementale. On
peut considérer que ces symptômes « font » partie du vécu anxieux de la situation ellemême.
L’anticipation sera donc marquée par
- d’un point de vue psycho-corporel (tension musculaire, difficulté végétatives diverses,
respiratoires)
- d’un point de vue comportemental (évitement, hyperactivité, vérification, inhibition)
- d’un point de vue cognitif (hypervigilance, focalisation, troubles de la mémoire…)
Ces caractéristiques de l’anticipation sont valables dans le cadre de tous les troubles
anxieux, mais prennent une valeur particulière dans l’optique de la phobie sociale.
Pour prendre quelques exemples :
- Même si toute phobie est respectable, Il est irrationnel de craindre une souris (une souris
n’est pas « rationnellement dangereuse »)
- Il est irrationnel de penser mourir ou devenir fou(folle) pendant une prochaine attaque de
panique.
- Il est rationnel de penser que l’on va louper une performance sociale avant la
performance. La phobie sociale inhibe. Le sujet ne se comporte donc pas naturellement, en
pleine possession de ces moyens.
L’anticipation anxieuse dans la phobie sociale s’inscrit donc dans un « fond » de réalité. Il
est logique d’avoir peur : quand on est inhibé, on est « moins bon » socialement.
Cet aspect est à prendre en compte thérapeutiquement. Pour neutraliser l’anticipation, il ne
suffit pas de rassurer, de mettre à jour le discours catastrophiste, les comportements
dysfonctionnels ou d’expliquer les manifestations corporelles, Il faut également développer
ses compétences sociales, dans tout ce que cela implique. Dans le cas contraire, la peur
sera quelque part « justifiée ».
Conclusion et ouverture
Cette présentation de la phobie sociale la décrit comme un processus à plusieurs
composants :
-
psycho-corporels
cognitifs
comportementaux
émotionnels.
C'est arbitrairement en fonction de ces différents et possibles domaines d'intervention que
les prochaines parties de cette page sont organisées, même si les interactions entre ces
différents éléments sont bien entendu nombreuses et complexes.
II. Dimension psycho-corporelle : ce que je ressens
"L'angoisse. Réaction inévitable de l'être face à l'inconnu qui l'enserre"
Fernand Ouelette
Réaction d'alarme - fausse alarme
La dimension corporelle de l'anxiété est omniprésente : la gorge qui se serre, l'estomac qui
se noue, la respiration qui devient difficile, les tremblements, la sudation... Ces marqueurs
sont universels, cela, tout à fait normalement puisqu'il s'agit de réactions naturelles. Le
corps panique.
Une crise de panique est une réaction d'alarme. Le corps réagit comme s'il y
avait agression réelle, il se mobilise pour faire face au danger. Mais les
manifestations physiologiques de la panique, utiles dans le cas d'une agression
réelle, deviennent inadaptées donc gênante pour une personne qui n'a pas
besoin réellement de "sauver sa peau".
Ces manifestations (plus ou moins présentes, plus ou moins développées selon
l'individu) :
- Palpitations, tachycardie
- Transpiration
- Tremblements ou secousses musculaires
- Sensations de souffle coupé ou impression d’étouffement
- Douleur ou inconfort thoracique
- Sensation d’étranglement
- Douleur ou gène gastrique
- Nausée ou gène abdominale
- Sensation de vertige, d’instabilité, de tête vide ou d’impression d’évanouissement
- Déréalisation (sentiment d’irréalité) ou dépersonnalisation (être détaché de soi)
- Parasthésie (sensation d’engourdissement ou de picotements)
- Frissons, bouffées de chaleur
C'est en celà qu'on appelle une crise de panique une fausse alarme : le corps réagit
comme s'il y avait danger réel, alors qu'il n'y a pas de danger réel. Ces phénomènes sont
évoqués plus longuement sur la page consacrée au trouble panique.
Dans le domaine de la phobie sociale, ces manifestations de panique ou de type panique
sont fréquentes, cumulant 4 ou 5 symptômes (voire plus) parmi ceux qui viennent d'être
énumérés. Comprendre ces symptômes et apprendre à les remettre en cause apportent des
outils non négligeables.
"Ça se vit, l'anxiété. Ça vous rentre de partout, ça vous pénètre,
et plus on se démène, plus ça fait mal."
Jean-François Somcynsky
Tension musculaire et déséquilibres
En forme de résumé, voici un schéma des tensions musculaires typiques liées à l'anxiété
sociale. Tensions à l'origine des deséquilibres et symptômes que chacun aura pu remarquer.
Les thérapeutiques et ressources de développement viseront donc à rétablir un équilibre
psycho-corporel plus adapté.
Dysfonctionnements respiratoires et tension musculaire
La crise paroxystique que constitue la panique ou le schéma ci-dessus des principaux
ancrages corporels de l'anxiété mettent en valeur des éléments importants dans le cadre de
la phobie sociale. En résumé, la personne souffrant de phobie sociale est tendue
musculairement et respire mal, de manière forcée et artificielle, a fortiori dans les situations
d'interaction sociales. Remettre en cause le trouble peut donc passer par un apprentissage
du relâchement et d'une respiration naturelle.
Le dialogue tonique
a. Tonus musculaire
La physiologie de l’individu présente deux types de muscles :
- Muscles lisses (ou muscles blancs) : leur contraction est autonome, involontaire ou
soumise au système
nerveux végétatif.
- Muscles striés (ou muscles rouges ou muscles squelettiques) : unissant les os, ils
permettent la mobilité du
sujet. La contraction de ces muscles est volontaire, soumise au contrôle cérébral.
Ce sont les muscles striés, muscles volontaires, qui nous intéressent ici. Ces muscles sont
maintenus dans un
état de contraction partiel mais permanent : le tonus musculaire, qui permet par exemple
de maintenir le corps
dans une situation donnée. Ce seuil minimal de contraction est bien entendu variable selon
l’individu. Dans le cadre de la phobie sociale, la tension est extrémisée dans le haut du
corps.
b. Régulation
Les chocs, émotions agissent sur la fonction tonique du muscle, d’où l’importance de
l’apprentissage de sa
régulation en relaxation. Selon ses capacités, le sujet répondra de deux manières à une
agression :
- Dérèglement du tonus musculaire : agressé, le sujet se contracte exagérément. Cette
dépense d’énergie ne lui permet pas d’agir correctement pour résoudre le problème.
D’autres sollicitations surgissent. N’ayant pas retrouvé tout son tonus musculaire, cette
nouvelle agression est encore plus mal vécue que la précédente… La tension devient
chronique, augmentant l'anxiété, nuisant au bien-être mais aussi à la performance sociale.
- Régulation du tonus musculaire : le tonus musculaire est plus bas. L’agression ne crée
pas ou peu de tensions. Le sujet peut réagir, avoir accès à ses ressources puis retrouver
rapidement et aisément son état de départ. cet état de régulation permet au sujet d'accéder
à ses ressources et de garder un seuil de stimulation bas. l'anxiété ne se développe pas.
c. Fonction et dialogue tonique
La fonction tonique est au centre de la vie de chaque individu. Dans ses relation avec lui
même, mais aussi
avec son environnement.
Dans ce cadre, la relation à soi et au monde dépend essentiellement du dialogue tonique
que l’individu peut
mettre en place. Répondre aux demandes de manière sereine, dans un corps libre et
épanoui, établir une
relation non-tensionnelle.
Ce dialogue est autant physiologique que psychologique. C’est d’ailleurs là une de ses
spécificités.
Réconciliant intellect et corporalité, il apporte à l’individu une juste et libre appréciation de
la vie en relation.
La maîtrise de ce dialogue est le but de la relaxation, adaptée dans son utilisation aux
particularités de chacun.
La respiration
Respiration - Emotion
La respiration est la seule fonction vitale dépendante du système neuro-végétatif que
l’homme puisse maîtriser. Participant à la régulation du système nerveux, de la circulation
sanguine, la fonction respiratoire est bien entendu capitale d’un point de vue
physiologique.
D’un point de vue psychologique, la relation entre respiration et état émotionnel n’est plus à
prouver. Mais, dans le cadre de la gestion émotionnelle, l’important est de constater que
cette relation est bilatérale :
La vie psychique influe sur la respiration.
La respiration influe sur la vie psychique.
Fonction respiratoire
Pour respirer, il faut des muscles. Le diaphragme est le muscle le plus important de la
fonction respiratoire.
Dans une respiration libérée, le diaphragme s’abaisse à l’inspiration et monte à
l’expiration.
Il assure une respiration ample et abdominale.
Dans les respirations superficielles, irrégulières, arythmiques, le diaphragme est souvent
bloqué. Des tensions musculaires contrarient la liberté du souffle, ce qui impose à l’individu
un surcroît d’effort.
En lui redonnant sa mobilité, on accroît la ventilation pulmonaire, on masse le plexus
solaire, on tonifie la région abdominale.
La vie respiratoire
La respiration abdominale est celle du bébé et du jeune enfant avant apprentissage, celle
des dormeurs profonds et des animaux.
L'éducation ("Tiens-toi droit!", "rentre ton ventre"), la vie sociale modifient la respiration
naturelle et profonde : elle devient thoracique et superficielle.
Une respiration libre, calme et diaphragmatique assure un meilleur équilibre émotionnel.
Complète, elle procure une relaxation profonde et tonifie l’organisme.
En respirant amplement, on détend les muscles intercostaux et on libère la cage thoracique,
crispations souvent liées à la peur, la timidité, la rigidité morale, …
Une respiration complète, équilibrée et stable (enracinement), permet la prise de conscience
de l’individu dans sa globalité.
Respiration et enracinement
Se relaxer debout est une chose étrange, mais essentielle car
adaptée au réel. Quand il y a difficulté, tension, mal-être, c’est en
relation avec soi, les autres ou le monde. La position première est
alors la station debout. Difficile position, lieu d’un dilemme entre
exigences extérieures et ressentis intérieurs : être présent à soi et
au monde. Position juste que l’enfant possède, installé dans son
centre de gravité mais pervertie par les enjeux de nos exigences,
celles des autres ou du monde qui nous entoure.
Ainsi déséquilibré, la confiance ne vient plus pour l’homme de ce
qu’il est, corporellement et réellement, mais de ce qu’il pense, de
ce qu’il sait ou de ce qu’il est pour les autres. Déséquilibre
provoquant tensions, insécurité, rapports conflictuels, …
Se recentrer, c’est se retrouver pleinement : homme debout, responsable, libéré, en pleine
confiance, installé autant en lui-même que dans le monde qui l’entoure, ressentant un juste
équilibre entre être et paraître, entre présence à soi et au monde.
Le hara : il s’agit du centre de gravité originel, expérimenté par l’enfant qui se tient debout,
le bas-ventre. Naturel, ce centre a été expérimenté et vécu par tous. Là encore, il ne s’agit
pas d’une construction de l’esprit ou d’une démarche artificielle mais d’un retour au
source.
Retrouver ce hara, l’intégrer, le faire sien, c’est se donner une base de lancement, un lieu
essentiel d’épanouissement de l’être tout entier, une assise franche et solide au devenir de
l’être.
Illustration : Centre de gravité bas, respiration ventrale, jambes légèrement pliées ne
gardant que les tensions nécessaires, pieds bien en appui sur le sol, assise du bassin.
Les apports des techniques psychocorporelles
Relaxation
- Prendre conscience des tensions, apprendre à les réguler. Ceci entraîne une meilleure
connaissance de soi, des différents états que l’on peut traverser ou vivre, nourrit détente,
conscience de soi et confiance.
- Réhabiliter certaines parties du corps oubliées ou muettes et ainsi favoriser le dosage des
dépenses d’énergie et des tensions qui en naissent, équilibrant l'individu dans ses
sensations.
- Se sentir bien dans sa peau, équilibré, ce qui favorisera une juste attitude face aux
éléments perturbateurs. Par voie de conséquence, renforcement de la personnalité, de la
confiance en soi…
- Développement des capacités d’éveil. « S’éveiller à » , c’est porter son attention sur un
phénomène nouveau. En relaxation, l’attention est portée sur le corps. Habituellement, on
ne porte attention à son corps qu’en cas de plaisir intense ou, plus fréquemment lorsqu’il
souffre, se manifeste de manière négative. On « pose » son attention, on découvre pour la
simple découverte, pleinement. Il ne s’agit pas d’une attention instinctive ou spontanée,
mais d’une expérience vécue en pleine conscience, être complètement présent à ce qui se
produit, mais sans tension ou volontarisme. Etre là tout simplement.
Travail respiratoire
- La respiration a une fonction régulatrice de la part émotionnelle de l’anxiété,
prépondérante.
- Respirer consciemment, c’est libérer les tensions internes, oxygéner le cerveau, le corps.
- En respirant « ventralement » on réhabilite la part instinctive du corps, oubliée.
- Quitter le rythme extérieur pour être attentif à son rythme intérieur : la respiration est un
formidable outil de lâcher-prise.
- Maîtriser les enjeux émotionnels de la vie en relation (prise de parole, enracinement,
confiance en soi).
Sophrologie
- D’un point de vue physiologique, l’individu apprend à détecter, reconnaître et anticiper les
réactions organiques qui accompagnent l'anxiété et ainsi à les dissoudre avant qu'elles
n'atteignent leur paroxysme.
La relaxation dynamique apporte les sensations nécessaires à cette maîtrise. Le schéma
corporel vécu dans sa globalité, sa connaissance et celle de la relaxation permettent de
soulager les parties du corps qui supportaient à elles seules toutes les tensions.
- L’état alpha, état de détente est obtenu de plus en plus aisément et de plus en plus
rapidement jusqu’à un effet quasi-instantané. Il permet à l’individu au cours de la journée,
d’expulser les tensions, de recharger ses forces et ses défenses.
- La sophrologie en développant les potentiels de l’être humain, ces capacités de calme, de
sérénité, de confiance en lui, de maîtrise de son corps, développe l’individu mais aussi, en
inter-relation, modifie la manière dont il est perçu par les autres.
Au delà d'une réducation musculaire ou respiratoire, les rapports de l’individu avec le monde
sont recadrés, mais aussi ceux du monde avec l’individu.
III. Dimension cognitive
"L'homme descend du songe." A. Blondin
Intolérance à l'incertitude
Le terme d'intolérance à l'incertitude parait judicieux dans le cadre de l'anxiété.
Face à une situation, l'incertitude survient. Elle nourrit l'inquiétude et par la
même le phénomène anxieux.
L'inquiétude se conceptualise sous la forme d'un discours intérieur, de pensées
verbales ou bien d'images mentales catastrophistes.
" Il ne me trouve pas intéressant"
"Je n'y arriverai jamais"
"Je suis nul"
"Ils vont se moquer de moi"
"Il va m'agresser"
Il parait donc justifié de poser tout d'abord l'anxiété comme un trouble cognitif. Les
cognitions étant ici, les pensées, représentations, images mentales... Les manifestations
anxieuses qui suivent témoignent d'ailleurs de cette dimension cognitive :
Sensation de danger imminent et mal identifié
Sensation d’impuissance face au danger
Sensation qu’un événement négatif menace
Pensées inquiétantes et répétitives échappant à la volonté du sujet
Tension dans l’attente d’une nouvelle importante mais encore incertaine
Tension dans l’attente d’un rendez-vous ou d’une épreuve importante
Tension accompagnée d’appréhension et de rumination mentale
Tension accompagnée de crises de panique
Peur de se retrouver seul et impuissant dans des situations dangereuses
Peur d’adopter des comportements humiliants ou embarrassants
Préoccupation obsessionnelle à propos d’une action déterminée.
Pensée obsessionnelle de violence infligée ou subie
Souvenirs récurrents et envahissants d’un événements stressant
Peur de prendre des décisions erronées
Dans le cadre de la phobie sociale, l'intolérance à l'incertitude va se manifester entre autres
chez l'individu au regard de sa performance et de ce que les autres peuvent en juger (car
un jugement est supposé). Les informations n'étant pas nécessairement claires et
accessibles, ce qui rend l'incertitude intolérable, le sujet va mettre en place tout un système
d'évaluation de la situation, pour établir une illusion de contrôle sur ce qui est en train de se
passer, tout un ensemble de schémas, postulats, distorsions de la réalité et de pensées
automatiques, sensées diminuer l'anxiété mais augmentant en fait le phénomène.
Dimension cognitive de l’anxiété
L’approche cognitive propose une vision globale du processus qui mène à un trouble tel
l’anxiété.
L’anxiété est un trouble éminemment cognitif. Mais la description s’applique également à
des difficultés telles la dépression ou certains troubles de la personnalité et du
comportement.
L’étape cognitive est donc essentielle. Ca n’est pas ici la réalité qui pose problème mais ce
qui en est pensé.
On ressent ce que l'on pense.
Les 3 points essentiels du traitement cognitif de l’information vont être développés. Ils
constituent également la colonne vertébrale d’une prise en charge thérapeutique. Dimension
cognitive du sujet ou « Comment traitons-nous les informations » :
1) Schémas, postulats, croyances et inconscient
2) Processus, distorsions
3) Pensées automatiques
1) Schémas, postulats, croyances et inconscient
Les termes « schéma », « postulat », « croyance » sont employés indifféremment selon les
auteurs. Ces schémas sont des composants stables, mis en place essentiellement lors
d’expérience pendant la petite enfance.
Ces schémas sont inconscients. Avec le terme inconscient, nous sommes loin de l’emploi
psychanalytique. Il faudrait plutôt le rapprocher du sens de mémoire à long terme, inexact
mais moins ambigu.
Au gré de notre histoire, de notre sensibilité, de stress répétés pendant l’enfance, de
traumatismes, d’exemples familiaux ou sociaux, nous emmagasinons tous des informations
diverses dans la mémoire à long terme. Ses informations, dysfonctionnelles dans le cas de
l’anxiété, sont stockées sous la forme de postulats, schémas…
Dans le cadre de l’anxiété, ces schémas reflèteront souvent :
- Une vision menaçante du monde extérieur
- Une vision défaillante du monde intérieur
- Une vision péjorative du futur
Un postulat-type sera par exemple : « Si je ne contrôle pas la situation,
quelque chose de mauvais va arriver ». D’autres schémas du même type se
regrouperont sous la forme de perception d’un danger et d’incapacité de faire
face.
A travers le filtre de l’anxiété, « danger et contrôle », la vision de soi, des
autres, du monde va s’orienter et faire naître de nouveaux postulats, schémas différents
selon l’individu. Quelques exemples en reprenant les trois groupes essentiels :
- Une vision menaçante du monde extérieur : « La vie, c’est marche ou crève »
/ « les autres sont des requins » / « L’enfer, c’est les autres » / on n’existe que
quand on gagne » / « Les hommes ne s’intéressent qu’au sexe » / « La vie est une
souffrance »…
- Une vision défaillante du monde intérieur : « je suis nul » / « je ne vais pas y
a arriver » / « je n’ai pas de chance » / « je n’ai rien d’intéressant à dire » / Je
n’existe pas sans mes performances »…
- Une vision péjorative du futur : « Personne ne sait ce que l’avenir nous réserve
», « Il vaut mieux être toujours sur ses gardes »…
Nous mettons donc tous en place des schémas, schémas que jean cottraux définit par «
structure organisée qui contient les savoirs et les attentes de l’individu vis-à-vis du monde
».
Il y a trouble comme l'anxiété lorsque ces schémas sont inadaptés aux bien-être.
Les difficultés sont multiples :
- un schéma parait indiscutable et rigide
- Le schéma va orienter tout traitement de l'information. ce qui vient le confirmer est
amplifié, ce qui lui est contraire est minimisé
- Un schéma est inconscient : il surgit à travers l'émotion, sans nécessairement passer par
la conscience et son traitement logique.
- Le schéma n'est pas traité de manière logique mais est donné comme vrai.
- Pour atténuer les effets du schéma, l'individu va mettre en place des comportemetnts
dysfonctionnels.
- ...
Ces schémas cognitifs constituent le "domaine de définition" du trouble. Ils sont fondés sur
un traitement dysfonctionnel de l'information, s'auto-renforcent et sont en partie inconcient.
Il s'agira donc de les remettre en cause, de manière rationnelle et consciente dans un
entretien de thérapie cognitive ou de manière inconsciente avec l'hypnose ericksonienne.
2) Processus, distorsions
Chez le sujet anxieux, une distorsion s’opère au stade cognitif. La lecture de la réalité
s’éloigne dangereusement de la réalité elle-même. C’est ce que l'on appelle une lecture
dysfonctionnelle.
A titre d’exemple, quelques pensées dysfonctionnelles :
- Lectures de pensées : l’individu pense savoir ce que pensent les autres sur lui-même.
Ex : « Ils me prennent pour un imbécile . »
- Affirmation sans preuve : ce sont la plupart du temps des prédictions aléatoires, à la
forme négative.
Ex : « De toute façon, on ne vas pas y arriver. »
- Maximalisation et minimalisation : dans le cadre du stress, tendance à sur-estimer les
échecs, à sous-estimer les réussites.
Ex : «Là, c’était trop facile. Tout le monde pouvait le faire.»
- Généralisation : généralisations abusives.
Ex : « Je ne suis pas fait pour les examens …»
- Tout ou rien : dans le cadre du stress, par exemple, ne penser qu’en terme de réussite.
Ex : « On n’existe que quand on gagne.»
- Déduction abusive ou sélective : tendance à ne retenir que ce qui sert l’idée
anxiogène ou stressante, en le sortant de son contexte.
Ex : « Il ne m’a pas passé le sel. Tu vois qu’il ne m’aime pas.»
- Personnalisation excessive des événements : ramener les événements à soi.
Ex : «Tout ce qui arrive est de ma faute.»
On le voit, dans la phobie sociale, la réalité est distordue. Il est nécessaire de mettre en
valeur et de faire prendre conscience au sujet de ces erreurs de traitement de l'information,
pour ensuite les recadrer en mettant en place une lecture plus rationnelle de la réalité.
3) Pensées automatiques
Le cognitivisme est avant tout une science de la pensée.
On analyse donc ce qui, dans les pensées, modes de pensées, dans les croyances,
disfonctionne et génère le mal-être.
Penser, chez l’être humain se concrétise, schématiquement de deux manières :
Pensées automatiques : ce mode de pensée n’est pas contrôlé ou conscient.
L’individu est passif. Ses pensées s’imposent à lui-même comme des schémas prédéfinis
issus de l’observation (subjective et déformée) par le sujet de lui-même de son
environnement et de toutes leurs interactions.
Ex : « ça n’arrive qu’à moi », «de toute façon je vais me planter », «il ne me supporte pas
…»
Ce mode de pensée est donc automatique, immuable et constant : la pensée contrôle le
sujet
Pensées rationnelles : mode de pensée contrôlé et conscient (autant que cela est possible
et envisageable). Il s’agit d’une pensée intentionnelle, plus ponctuelle. Face à un
événement, on ne réagit pas automatiquement, on ne se laisse pas influencer par un vécu,
des interprétations abusives et mécaniques. On prend du recul, on recherche une démarche
logique et rationnelle : Le sujet contrôle la pensée.
Du choix entre ces deux modes de réponses de la pensée dépend l'équilibre du sujet.
La démarche cognitive propose de s’interroger sur ces pensées automatiques et leur mise
en place, pour, dans un second temps les remplacer par des observations plus rationnelles
et conformes à la réalité. Le sujet reprend le contrôle de ses pensées et de leur pertinence.
Remettre en cause ses a-priori, c’est se permettre de repartir sur de nouvelles bases, de
rendre possible le changement, de générer d’autres comportements chez soi et, en
interrelation chez les autres. La pensée anxieuse entre autres dans la phobie sociale :
- est irrationnelle ou outrancière.
- détient le monopole (il n'y pas d'autres manières de penser la réalité qui soit disponible).
Il s'agit donc de remettre en cause la pensée automatique en proposant des pensées
alternatives, permettant ainsi de briser le monopole de ce qui est anxiogène.
Croyances
Les croyances sont des règles généralisantes établies par l’individu sur lui-même, les autres
et le monde. Les croyances vont donc conditionner et orienter l’appréhension de la réalité.
Les croyances constituent en quelque sorte la trame de la carte de la réalité du sujet. En
cela, elles n’émergent que peu ou pas à la conscience. Une des démarches utiles en
thérapie va être de mettre à jour ces représentions du monde.
Nous avons tous des croyances
Ces croyances peuvent être des croyances ressources (favorisant la performance), des
croyances neutres et des croyances limitantes (nuisant à la performance).
Cette vision du monde est un filtre qui s’installe entre le sujet et la réalité et conditionne
donc pensées, émotions (états internes) et comportements, dans un système qui s’autorenforce et s’auto-valide :
Auto-renforcement et auto-validation
L’être humain a besoin de cohérence et de logique. Aussi le sujet va s’organiser en fonction
de ses croyances et inconsciemment filtrer les informations qui viennent valider et renforcer
le système de représentation du monde. Ce tri va se muer à certains moments en une
démarche de distorsion de la réalité pour qu’elle vienne convenir aux croyances
personnelles (« Tu vois, je te l’avais dit ! »). Ce besoin de confirmer les représentations et
stéréotypes internes va conduire le sujet à créer sa réalité, dans une boucle cognitive,
émotionnelle et comportementale automatique.
Si la boucle se construit sur des croyances ressources, positives, le sujet s’inscrit dans une
logique interne de bien-être, réussite, de performance…
Si la boucle se construit sur des croyances limitantes, négatives, le sujet évolue dans une
logique interne de mal-être, d’échec ou d’inefficacité.
Exemple de boucle :
La prise de conscience de ces boucles constitue également une étape importante dans la
remise en cause de la phobie sociale.
Croyances et apprentissages
Dans les paragraphes précédents, nous venons de voir que c’est en fonction de ce que nous
pensons du monde que nous orientons nos choix. Cette connaissance se construit selon
divers processus qui prendront selon le cas, une forme limitante ou enrichissante. Chacun
se construit sa carte du monde, nous n’agissons pas sur la réalité mais sur la représentation
qu’on en a. Cette nature non-logique et constitutive de l’ego entraine nécessairement des
dysfonctionnements. Parmi ceux-ci, nous en retiendrons trois familles, prépondérantes,
proposées par la programmation neuro-linguistique et qui viennent complèter la démarche
cognitive :
1) Généralisation (mise en place des croyances, des jugements de valeurs) : c’est le
processus qui vise à tirer une leçon générale d’événements particuliers, premier filtre entre
nous et la réalité. Ainsi, on établit des croyances, jugements de valeur.
Construite sur des événements du passé, la généralisation permet d’installer une illusion de
contrôle, illusion de comprendre le présent et de prévoir l’avenir. On entrevoit aisément à la
fois son effet rassurant à court terme mais aussi son effet pernicieux à moyen et long
terme.
2) Sélection omissions et distorsions : Ayant mis en place des croyances, on
sélectionne ce qui vient confirmer le système, renforcer les croyances. On en vient à
distordre l’information pour qu’elle puisse entrer dans ce cadre de référence.
3) Filtres
Nous filtrons donc la réalité, cela plutôt trois fois qu’une :
- Filtre neurologique : notre perception de l’extérieur dépend de notre cerveau, de notre
système nerveux, de la perception par les sens…
- Filtre culturel, social : nous apprécions la réalité selon les critères du groupe auquel nous
appartenons.
- Filtre personnel : chaque individu est unique, aura donc une conceptualisation du réel
personnelle en fonction de ses différentes expériences (éducation, influence familiale,
sociale, événements de vie…)
Un des buts en thérapie de la phobie sociale sera donc d’observer la carte du monde établie
par le sujet et de la recadrer de manière adaptée au bien-être en ouvrant l'éventail de ses
choix, des lectures possibles. Ceci implique une synchronisation du thérapeute sur le client,
car pour en faire évoluer les frontières, il faut s'installer dans le territoire. Le thérapeute
docte, conseilleur ou mentor n'a que peu de chance d'y parvenir.
Scénario catastrophe
Ce n’est donc pas le monde qui importe, dans le domaine de l’anxiété, mais la carte que l’on
en fait. Schémas, postulas, pensées automatiques s’installent comme de multiples filtres
entre l’individu et la réalité.
Dans le cadre de la phobie sociale, le « scénario catastrophe ». Une technique appelée
flèche descendante (cf illustration ci-contre) met bien en valeur ce processus.
A chaque « intersection », l’hypothèse la plus négative est choisie, pour prendre le
monopole. Cette tendance se développe, devient automatique et inconsciente. La lecture de
la réalité devient une lecture-catastrophe.
Exemple de processus anxieux :
La flêche descendante est à explorer dans son intégralité, le sujet prenant conscience de la
faible probabilité de ce qui est appréhendé, des multiples embranchements et de la nature
extrême et souvent irrationnelle voire absurde des options choisies.
Elle permet également de prendre en compte le véritable enjeu de la situation souvent
sous-jacent. Par exemple :
"Je vais avoir le trac" -> "Je vais bafouiller" -> "Ils vont me trouver ridicule" -> "Ils vont se
moquer de moi" -> "je vais être rejeté". Ici la peur du trac révèle une peur plus profonde,
celle du rejet.
Anxiété sociale et objectif
Pour une bonne partie de la population ayant à souffrir d’anxiété sociale, la notion d’objectif
est importante. Dans de nombreux cas, si bien sur elle ne se résume pas à cela, un des
composants essentiels de l’anxiété sociale est très fréquemment l’anxiété de performance.
La « peur de ne pas être à la hauteur ». Elle est souvent manifeste. Mais on ne se demande
que très rarement : « à la hauteur » de quoi, de qui ? En matière de performance, l’objectif
est important. Adapté, il porte et encourage la performance, inadapté, il torpille la
performance. Et en matière d’anxiété sociale, l’objectif est souvent inadapté, car irréaliste,
flou…
Absolu et insatisfaction
En discutant avec des personnes anxieuses, on remarque assez vite une certaine
insatisfaction chronique : « J’aurai pu faire mieux », « Oui, j’y suis arrivé, mais c’était facile
»… « J’étais pas au top »… Bref, phénomène étrange, qui fait qu’on ne se satisfait pas de
ses réussites, en en voulant toujours plus. Une espèce de quête ultime, absolue mais hélas
pour le bien-être, désespérément virtuelle.
Comment se phénomène se construit ?
Quelques idées :
Ces schémas sont sociaux et culturels : « toujours plus jamais assez » pourrait être la
devise de quelques millions de personnes. L’entraîneur de foot braillant, vociférant sur la
touche ou le prof de latin et son « peut mieux faire » à quelqu’un qui a des notes
honorables, participent au phénomène. Et comme quelques-uns, s’ils ne sont pas dégoûtés
par le foot ou le latin, réussissent (malgré tout) a être performant, cela conforte tout ce
petit monde dans ces schémas. « Tu vois, il y arrive, j’ai eu raison d’être exigeant. » Il y a
là une erreur d’analyse, car ceux qui réussissent ne le font pas grâce à ces schémas, mais
malgré ceux-ci et au regard de leurs qualités et ressources personnelles.
L’entourage familial apporte sa pierre à l’édifice. Cela peut se passer comme ça : un
enfant fait un dessin et va le montrer à un de ses parents.
1) Si le parent fait un compliment, cela encourage l’enfant à dessiner et à développer ses
compétences. Tout cela nourrit la confiance en soi.
2) Si le parent n’apporte pas d’appréciation un tant soit peu positive, ne dit rien ou critique,
l’enfant va avoir l’impression de ne pas en avoir fait assez. Il va améliorer son dessin - ne
va pas avoir de compliment – va avoir l’impression de ne pas en avoir fait assez - améliorer
son dessin - ne pas avoir de compliment – va avoir l’impression de ne pas en avoir fait
assez… Le compliment devient virtuel, absolu. Et la quête d'absolu peut durer longtemps.
Dans le domaine de l’anxiété sociale, on se trouve donc assez souvent au contact de
personnes en recherche de cet absolu, par définition inaccessible. Ils n’obtiendront pas le
compliment mais aussi, effet secondaire et pernicieux, ne jugeront pas recevables les
compliments et attentions de la vie courante qui sont eux, parfaitement réels mais bien
fades au regard de la quête du St graal : « non, c’est rien », « c’était facile, tout le monde
peut le faire ». En résumé, il y a donc recherche par nature insatisfaisante et génératrice
d’anxiété d’un compliment virtuel, au détriment d’autres compliments, informations réelles
et fondatrices de l’estime de soi et la confiance que le sujet s’accorde.
Lacune "objectivale"
Dans ce climat d’insatisfaction chronique, l’objectif établi avant une performance sociale,
risque fort d’être également absolu et inaccessible. C'est-à-dire tout le contraire de ce que
doit être un objectif générateur de performance. Il est alors tout à fait normal et naturel
d’appréhender, de mettre en place des stratégies d’anticipation anxieuse ou d’évitement, de
se découvrir des inhibitions et blocages divers au moment de gravir un « Everest personnel
».
Cette lacune « objectivale » de la performance dans l’anxiété sociale est intéressante car
recadre le débat dans le réel, à mi-chemin parfois entre la thérapie et le coaching. Le relevé
des distorsions opérées par le sujet, établit d’autre part une esquisse de la genèse de son
anxiété, facteurs sociaux et familiaux qui font quitter la sphère du trouble psychologique,
pour celui, plus rassurant de l’apprentissage.
Critères d’un objectif non anxiogène
1. L’objectif doit être important pour la personne et celle-ci doit considérer la réalisation de
l’objectif comme salutaire. Pour ce qui nous préoccupe ici, la mutation cognitive est
importante, un objectif modeste, diminuera l’anxiété de performance et paradoxalement,
augmentera la qualité de la dite performance : « il est important pour moi d’avoir un
objectif moins exigeant. C’est ainsi que ma prestation sera de qualité satisfaisante ». Si
cette « mutation » est en place, l’investissement sera important.
2. Le paragraphe précédent entraîne que l’objectif doit être modeste, c’est-à-dire,
susceptible d’être atteint, réaliste et réalisable. Chaque objectif atteint motive et impulse de
l’espoir dans la capacité à évoluer, changer.
3. Un objectif doit être concret, précis et comportemental : ces critères sont importants, car
ils permettent de vérifier que l’objectif a été atteint. « être bien » ou « donner un sens à ma
vie » sont des objectifs flous, imprécis et par nature insatisfaisants car toujours perfectibles.
Alors, aucun progrès n’est vérifiable.
4. Centration sur le début plutôt que sur la finalité. Un objectif doit décrire les premières
petites étapes accessibles plutôt qu’une finalité absolue. "Pour être calme à cette réunion, je
dois d’abord… »
5. Ne pas mésestimer la dureté de l’objectif. Reconnaître sa difficulté :
- La déception sera moins forte en cas de non-réussite de l’objectif
- La satisfaction sera importante en cas de réussite.
Mettre en place un objectif de ce type n’est aucunement un pis-aller mais un challenge dans
le cadre de l’anxiété sociale.
6. Ecologie : on devra toujours vérifier si la satisfaction de l’objectif ne provoquera pas des
effets secondaires indésirables, conscients ou inconscients qui viendraient bloquer la
démarche.
7. Examen et développement des ressources. il est nécessaire d'identifier et de mettre en
place les ressources nécessaires à la résolution de l’objectif : apprentissages,
développement de compétences, exposition en imagination, …
Bibliographie
Les phobies sociales / D . Servant / Masson
La peur des autres / C. André / Editions Odile Jacob
La timidité / L. Crawford / j’ai lu
La timidité / C. André / Que sais-je, puf
La timidité chez l’enfant et l’adolescent / G. George / Dunod
Réussir à surmonter le trac / JY Bellego / Ellébore
S’affirmer et comuniquer / JM Boisvert / Editions de l’homme
L’intelligence relationelle / ML Pierson / Editions d’organisation
Affirmez-vous / F. Fanget / Eeditions Odile Jacob
L’estime de soi / C. André / Editions Odile Jacob
Les phobies, perspectives nouvelles / J. Cottraux, E. Mollard / PUF
Phobie et relaxation / collectif / L’esprit du temps
Psychothérapie des phobies / L. Vera / Dunod
Les phobies / C. André / Dominos - Flamarion
Annexe temporaire
CONSCIENCE DE SOI / ESTIME DE SOI
Cette partie est importante. Importante et à mon avis peu considérée. Il est une discipline
qu'on nomme développement personnel. Curieux d'avoir besoin de créer une approche, un
terme nouveau. Toute approche psychologique devrait être une démarche de
développement personnel. Psychiatrie, psychologie, délaissent ce domaine, pensant qu'il
s'agit là de considérations secondaires. Opinion étonnante puisqu'il s'agit de développer la
personne. Mais peut-être veulent-elles simplement soigner? Il est beaucoup question ici
d'anxiété. Le développement de la personne est à mon avis le chainon manquant. L'axe
supplémentaire qui nourrit, génère les changements, le progrès : le gage d'une approche
globale, complête et réussie.
L’estime de soi est également une notion nouvelle. Même si elle n’apparaît pas clairement
dans les parutions sur l’anxiété, elle est un élément capital. L’estime de soi participe à la
genèse de toute difficulté anxieuse et, pourrait-on dire, de toute difficulté psychologique.
Elle est également le fondement et le "carburant" d'une évolution personnelle et /ou
thérapeutique.
L’estime de soi est l’appréciation que l’individu porte sur lui-même.
Il s’agit donc d’une démarche évaluative, d’un jugement de valeur.
Pour établir un tel jugement, l’on se fonde sur la représentation qu’on a de soi, sur ce qu'on
ressent de soi en même temps qu'on le vit : la conscience de soi. Il est donc important
tout d’abord de se connaître pour s’estimer correctement. Or dans ce domaine, qui plus est
dans le domaine de l'anxiété, l’écart est grand entre ce que l’individu pense, ressent de lui-
même et ce qu’il est en réalité. La vision de soi est par définition subjective.
Pour bien évaluer, il faut bien connaître. Et pour connaître, il faut avoir pu rencontrer.
L’estime de soi se construit donc sur des rencontres, rencontres avec soi-même. Ce sont les
outils de cette rencontre qui vont être présentés ici :
1ère rencontre : Dimension psycho-corporelle - schéma corporel et monde des
sensations
Qui dit anxiété dit difficultés, déséquilibres psycho-corporels :
- Image du corps défaillante voire absente (monopole de la pensée), sensations tronquées
des zones instinctives (ventre, région pelvienne, organes sexuels, membres inférieurs…)
- Inhibition corporelles diverses (corporel associé à l’accessoire, à la bestialité, la faute, le
non-dit…)
- Tensions multiples (zones de tensions, respiratoires, épaules, membres supérieurs,…)
- Dysfonctionnements divers (respiration, représentation spatiale, temporelle, enracinement
aléatoire, …)
CORPORALITE : SE CONNAITRE
Les techniques psycho-corporelles sont largement abordées sur ce site. Il semble évident
que la connaissance de soi s’établit tout d’abord à travers la rencontre avec le premier
support : le corps. Schéma corporel, monde des sensations sont des outils de construction,
de restructuration. Connaître, ressentir, apprécier sa dimension corporelle, développer sa
dimension sensorielle sont des outil à prendre conscience. Prendre conscience de ce que l’on
est, ici et maintenant, corporalité et sensorialité au présent. Idées qui peuvent surprendre
mais correspondent à la manière de fonctionner de chaque individu avant la
conceptualisation par le langage et la prise de pouvoir de la rationalisation excessive.
Aller à la rencontre de son corps
Apprendre à le ressentir, pour le connaître et le maîtriser
Etre au contact de soi-même ici et maintenant
Equilibrer : identifier les tensions, les zones corporelles délaissées voire refoulées
Réhabiliter un corps global, vécu et ressenti dans son intégralité, pour lui-même.
Restructurer, développer sa conscience corporelle
Développement, travail des sens, organes de perception du monde extérieur
Se représenter : ouvrir les champs du possible, se découvrir sous de nouveaux angles…
2ème rencontre : Dimension émotionnelle
L’émotion est une notion bien complexe.
L’émotion naît d’un stimuli : en fonction d’un événement, d’une situation, on réagit de telle
ou telle manière.
En cela, l’émotion est un révélateur de notre perception de la situation, du réel. Chaque
émotion que nous ressentons nous donne de l’information sur soi, sur la manière dont nous
concevons la vie, nous-mêmes, les autres, le monde qui nous entoure.
Le but des ces articles étant de développer le concept de conscience de soi, l’identification
et la reconnaissance des émotions est donc un élément fondateur : « ce que je ressens dit
ce que suis ». De la même manière : « si je nie l’émotion , si je m’interdis l’émotion, c’est
de moi-même que je m’éloigne ».
Le concept d ‘ »intelligence émotionnelle », apparu depuis peu s’est construit sur ces idées
fondamentales. Identifier, connaître, exprimer, respecter ses émotions ainsi que celles des
autres, est un chemin royal vers le bien-être.
Les différentes émotions seront développées par ailleurs (vie en relation). Ici, nous nous
attachons à l’ »émotion-reine » en matière d’anxiété : la peur.
La peur
Originellement, la peur répond à un stimulus bien précis : le danger.
Cette émotion se révèle pendant l’exposition au danger, mais aussi avant (appréhension, …)
et après (stress post-traumatique). La peur permet à l’individu de s’organiser pour s’adapter
au danger (montée d’adrénaline, mobilisation du corps…)
Dans le cadre de l’anxiété, on parle de peur irrationnelle : il n’y a pas de danger réel, de
mise en danger concrète de l’individu.
Décalage et réassurance
Les émotions expriment les besoins essentiels de l’individu. Par définition, la peur exprime
le besoin d’être rassuré. Mais rassuré sur quoi ?
Le sujet anxieux vit un profond décalage entre la réalité souhaitée, absolue (ce que je
voudrais / devrais être) et la réalité ressentie, posée comme réel (ce que je pense être). Le
doute s’insinue à ce niveau : « je devrais être ainsi et je suis comme ça ». Le monologue
intérieur de l’anxiété sociale naît de cette dichotomie : « On parle pour dire des choses
intelligentes, et je n’ai rien d’intéressant à dire »… De même pour l’anxiété de performance
(trac) : « je devrai pouvoir faire cela, et je ne vais pas y arriver… ». Dans le domaine
agoraphobique, par exemple : « A mon âge, je devrais aller seul à l’école… et je n’y arrive
pas ».
Ce décalage est profondément vécu, ressenti. D’où la peur et le besoin d’être rassuré.
Au moment du doute, de l’émotion, il va y avoir schématiquement deux options :
- Le sujet / l’enfant (car ceci se met en place pendant l’enfance) exprime ces doutes, sa
peur, son besoin d’être rassuré. Il trouve des interlocuteurs suffisamment nombreux pour
l’écouter et le rassurer. Le doute s’atténue, pour disparaître avec la répétition des
réassurances.
- Le sujet / l’enfant n’exprime pas ses émotions, ne trouve pas d’interlocuteur attentif… ou
pas d’interlocuteur du tout. Le doute se développe, jusqu’à la peur et la phobie.
Comment en vient-on à ne pas exprimer ses émotions ?
L’élément le plus important est culturel, social :
- Exprimer ses émotions, c’est être sensible. Etre sensible dans notre société, c’est être
faible : « Tu es un homme. Un homme ne pleure pas ». L’enfant ne va pas être écouté, on
va plutôt l’ »endurcir pour son bien » : « Tiens-toi, on nous regarde », « Tu es grand
maintenant, arrête ton cinéma»… La peur d’un enfant est souvent mal perçue, mal vécue,
mal négociée, sans doute d’ailleurs parce que l’adulte lui-même n’a pas complètement
aplani ses propres difficultés et que lui-même a encore un peu peur du noir.
- Notre société est rationnelle, scientifique : nul place donc pour l’irrationnel : « Comment
peux-tu avoir peur d’une souris ! », « Tu n’as aucune raison de craindre ces personnes», «
Tu perds la raison ! »…
Face à ces réaction, nouveau dilemme (par nature insoluble) pour l’enfant :
exprimer ses émotions et perdre l’amour de ses parents ou garder ses peurs qui,
intériorisées, ne vont faire que croître et embellir. Dans la réalité, il y aura souvent
va-et-vient entre ces deux options, aussi insatisfaisantes et nocives l’une que
l’autre.
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