Dollarisation et monnaies régionales
Pour comprendre. Pour débattre. Pour transformer. Page 5 sur 12
marche du currency board appliqué à Hong
Kong. Mais le rôle financier international de
Hong Kong est particulier, et inapplicable à
la situation de l’Argentine.
En avril 2001 l’initiateur du currency board
argentin, D.Cavallo, revenu au pouvoir
comme ministre de l’économie, a convaincu
le gouvernement, puis la majorité
parlementaire, de modifier la référence
monétaire au seul dollar. L’ancrage du peso
se ferait pour moitié au dollar et à l’euro, au
taux fixé de un peso = un dollar = un euro.
Cela suppose que l’euro, qui varie autour de
0,90 dollar, s’apprécie, après son
avènement comme monnaie unique en
2002. La référence à un panier de monnaies
est courante, dans les encaisses des
Banques centrales, mais pas sous la forme
rigide du currency board. Ce qui est
intéressant, dans le cas du peso argentin,
c’est – pour le moment de façon
symbolique -, l’ancrage dans une autre
monnaie que le dollar. Dans la pratique, si
le dollar faiblit vis-à-vis de l’euro, le
remboursement de la dette en dollars serait
moins douloureux. Par contre au plan du
commerce extérieur, les inconvénients
seraient les mêmes, sauf pour les échanges
en euros. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un
effort pour bloquer le glissement du currency
board vers la substitution du dollar au peso.
Mais cela n’annule pas les effets négatifs du
currency board évoqués plus haut.
Toutes ces questions renvoient au problème
des monnaies régionales. L’hégémonie de
dollar peut-elle être mise en cause par
l’essor de telles monnaies ? Peut-on en
attendre un effet stabilisateur des taux de
change ? et une relative autonomie de la
politique économique des régions
concernées ?
2. Sur les monnaies régionales
Il a déjà été indiqué plus haut que les trois
grandes devises internationales, dollar, euro
(en remplacement du mark allemand,) et
yen, ne correspondent de la même façon
aux trois grandes régions de l’accumulation
capitaliste, Amérique, Europe, Asie. Comme
monnaie de référence, le dollar, et non le
yen, est la devise principale en Asie. L’euro,
monnaie unique pour les 12 pays de
l’euroland à partir de 2001, est une
référence régionale, mais n’est pas adopté
par la Grande-Bretagne. Pour la Russie
c’est le dollar qui reste la référence
principale. Tout en figurant dans les
réserves de Banques centrales hors de
l’euroland et hors d’Europe, l’euro n’a pas
mis fin à l’hégémonie du dollar décrite plus
haut. Et si, dans un avenir imprévisible, il y
parvient, la concurrence entre grandes
devises ne serait nullement stabilisatrice.
Le yen flottant n’a pas percé comme
monnaie régionale pour l’Asie du Sud-Est.
Pendant la crise de 1997/1998, les
dirigeants japonais ont proposé la
constitution d’un fonds officiel d’aide en yens
destiné aux monnaies atteintes par une
dépréciation massive de leur taux de
change, mais cela a été rejeté par les Etats-
Unis et le FMI. La position créancière
internationale du Japon n’y a rien changé.
Le rôle monétaire du yen ne correspond
donc pas, en Asie, à sa puissance
économique régionale, ni à son rôle de
premier créancier mondial. Après la crise
de 1997-98, dans l’Asie du Sud-Est il y a eu
des négociations pour pallier une de
nouvelles attaques spéculatives contre les
monnaies dépréciées les plus fragiles,
notamment celles de Thaïlande et de
l’Indonésie. La constitution d’un Fonds
monétaire asiatique, proposé par le Japon, a
de nouveau, en 2001, été bloquée par le
FMI. Il y a cependant eu, sous l’égide de la
Banque de développement asiatique, et
sous la surveillance du FMI, des accords de
swaps, c’est-à-dire d’échanges de monnaies
contre des monnaies fortes, comme le yen,
le Japon ayant d’importantes réserves de
devises. Cette coopération monétaire ne
préfigure pas la formation d’une monnaie
régionale autour du yen, pour de multiples
raisons qu’il n’est pas possible d’exposer ici.
C’est pourquoi elle a l’accord du FMI. Mais
elle peut être porteuse d’une marge
d’autonomie vis-à-vis de la spéculation
internationale sur dollars.
Les déboires de l’Argentine ont suscité
plusieurs sortes de commentaires, selon les