HUNTINGTON : LE CHOC DES CIVILISATIONS
Huntington avait une intuition :
- Le 20e siècle caractérisé par la question « de quel camp es tu ? »
- céderait la place au 21e porteur de « qui est tu ».
Nous ne parlerons pas ici de la limite de sa thèse.
Au moment de la sorite de son premier article : le choc des civilisations ?
Il y eu de grosses polémiques. Huntington décida donc d’écrire un livre. Les années avaient
passées… le point d’interrogation avait disparut.
1996.
a) Les émules
LA CRITIQUE
Huntington
Sa critique
Ouvrage politique :
- influencé par le climat de « construction
de l’ennemi » des Etats-Unis de la fin de la
guerre froide
- justifie le pouvoir en place
- peut-être influencé aussi par la
perspective du « filon » : thèse polémique et
autorealisatrice
-
-
« choc des civilisations »
- la civilisation de l’ouest et la civilisation
de l’est n’existent pas : les sociétés, les
individus sont différents
- il se peut qu’il y ai un choc de culture,
mais pour que le choc se transforme en
guerre entre état, il faut un projet politique,
qui n’est pas un projet « de civilisation »,
mais fruit de l’intériorisation d’une
idée(ologie) de conception du monde.
-
a. LA CIVILISATION DE LOUEST ET LA CIVILISATION DE LEST NEXISTENT PAS
Qu’est ce qui pourrait caractériser une « civilisation occidentale » ?
- la démocratie : il y a des démocratie en dehors, et tous les états « de l’ouest » ne sont
pas démocratiques
- le capitalisme : idem
- le christianisme : les sociétés « occidentales » sont très cularisées, il existe de
nombreuses manières d’entendre l’héritage chrétien, de nombreux héritages chrétien
différents (orthodoxes/catholiques, chrétiens d’orient, sectes protestantes...). Mais en
admettant que la chrétienté soit historiquement à la base des sociétés « occidentales », on doit
en conclure que c’est bien leur seul point commun : les sociétés « occidentales » seraient donc
les sociétés influencées par le « christianisme ».
La « civilisation occidentale » se caractérise donc par l’élément religieux : qu’est ce qui
distingue alors la thèse de Huntington du fondamentalisme musulman (qui trace une frontière
entre « vrai croyant » et « faux croyant ») ?
La « civilisation islamique »
L’Islam et l’orient sont parfois assimilés
Tout comme st confondu le monde arabe et le monde musulmans : seulement 20% des
musulmans sont arabes, il existe des arabes juifs (appelés séfarades), des arabes chrétiens etc.
Il existe des pays musulmans non en Orient : la Bosnie et l’Albanie par exemple.
Le sous-continent indien, l'air de rien, abrite près de la moitié des musulmans de la planète :
environ 450 millions dont 160 au Pakistan, 140 au Bangladesh et 140 en Inde !
Il faut alors, pour qu’une telle simplification/confusion/instrumentalisation fonctionne, faire
une assimilation encore plus grande entre Occident/richesse/chrétienté/Nord etc. et
Orient/pauvreté/islam/Sud etc.
Il n’y a pas de « civilisation islamique »
Les sociétés islamiques ne reflètent pas l’islam du Coran (pas plus que la Bible de reflète
les sociétés dites « chrétiennes » ou « occidentales »)
N’en déplaise :
- aux fondamentalistes musulmans qui prêchent le « retour » à l’application plus ou moins
littérale du Coran (voir sociologie de l’islam : le fondamentalisme n’est pas un « retour »,
mais au contraire un rejet de la tradition)
- aux anti-fondamentalistes qui disent : « revenez au Coran qui est tolérant ».
Il n’y a pas de homo islamicus
Par exemple, il n’y a pas de « fécondité musulmane » : entre la Bosnie, qui n’a pas un taux de
fécondité supérieur à l’Italie, et le Mali, qui a un taux de fécondité d’environ 8 e/f, aucune
comparaison.
Cela met en évidence un élément latent de toutes le théories qui soulignent des différences
culturelles en les rendants nécessaires ou contraignantes : il n’y a qu’un pas à transformer les
différences culturelles, sociales et autres différences acquises en différences innées :
biologiques, en d’autres termes, raciales. La racisation des personnes est très grave.
Le « modèle » « occidental »
Ensuite, la thèse sous-entend que la « civilisation occidentale » (si on considère qu’il en existe
une) est l’avenir de l’humanité, le progrès, la « modernisation », le modèle meilleur.
Ce modèle se composerait de la « démocratie », du capitalisme libéral, etc.
Le « modèle occidental », n’est pas unique, ni historique : ce n’est pas un modèle, c’est une
modélisation.
Voir la sociologie du développement :
- il n’y a pas qu’un modèle de développement : la « modernité » entendue comme
adoption des critères occidentaux de développement, est un modèle historiquement et
géographiquement situé, et le fait qu’il soit actuellement « dominant » ne fait pas de
lui le modèle unique, universel et supérieur. C’est faire un grave ethnocentrisme que
de croire ça
- les sociétés « occidentales » évoluent aussi : elles contiennent des éléments
« traditionnel » et de zones « arriérées », on peut imaginer qu’elles évoluent vers des
formes qui aujourd’hui sont considérées comme « sous-développées » (devant les
impératifs environnementaux notamment). Au final, penser que l’Occident est l’avenir
de l’Orient, c’est croire que le « développement » est l’application d’un modèle a
priori, pour satisfaire des critères absolus, c’est donc souffrir d’ethnocentrisme.
Le « désenchantement du monde », la sécularisation ave le passage de l’ »au-delà » à la
« rationalité » serait une « avance », un critère selon lequel classer les sociétés dans une
échelle du veloppement, selon laquelle lire l’histoire (encore une fois : l’occident serait
l’avenir de l’orient).
Il n’y a pas de « modèle occidental » : la démocratie, le capitalisme, autant de termes qui
renvoient à des situations différentes. i.e pour le « christianisme ».
b. CHOC DE CULTURE PEUT ETRE, MAIS IDEOLOGIE POLITIQUE
Comment une différence culturelle peut aboutir à la guerre des états ? Seulement si celle si
devient le discriminem d’un projet politique.
Autrement dit :
- une idéologie, au même titre que le nazisme, qui identifiait son « ennemi » dans une
différence religieuse et culturelle (juifs ou peuples socialement et culturellement
« différents »), fruit d’un bourrage de crâne, d’une simplification de la réalité, d’une
propagande violente
- une instrumentalisation, dans le but de justifier l’ordre actuel, et les actions menées
(au nom d’intérêts économiques).
Les guerres sont toujours déterminées par des intérêts économiques. Elles profitent toujours
au pouvoir qui les entreprend.
Ce sont ces seules vraies caractéristiques : il n’y a pas de guerre « idéologiques », de guerre
« propres » ou de profit international dans les guerres. Les guerres créent plus de problèmes
qu’elles n’en résolvent, elles coûtent plus qu’elles n’apportent en profit économique. La
guerre actuellement ne se justifie plus que par la nécessité des gouvernements de justifier au
niveau interne leur politique.
Aucune guerre n’est inéluctable : il n’y a pas de « déterminant » culturel qui rendrait
obligatoire, presque « génétique », l’hostili vis-à-vis de l’autre, l’incapacité à vivre
ensemble. Ainsi, un individu dans une culture donnée serait nécessairement incapable de
vivre avec les individus d’une autre culture, et pire, seraient portés à vouloir les détruire ?
Depuis quand les différences ne peuvent-elles pas cohabiter ? c’est encore l’idéologie
capitaliste, qui en effet a une tendance à devoir phagocyter le monde pour pouvoir vivre, qui
ne tolère aucun autre modèle à son côté (comme l’était le communisme), qui nous ferrait
croire cela.
Cette manie de mettre en exergue les différences, plutôt que les points communs : diviser,
toujours diviser, et non unir. Diviser à plus haut niveau, pour unir à plus bas niveau…
l’humanité serait-elle si peu inventive à nécessité un alter constamment renouvelé (et
prétendument hostile) pour se définir une identité ? Oui, l’alter est peut-être nécessaire pour se
définir soi, mais pourquoi celui-ci serait pour moi une menace conduisant à un conflit
(duel qui plus est) mortel ?
Diviser : l’ « occident » contre l’ « islam », les pays « riches » contre les « PED », les pays
« de l’UE » et les « extracommunautaires », les français des italiens, les français riches des
français pauvres, ceux qui votent à droite, ceux qui votent à gauche… les motifs de division
sont infini.
Ne pas croire que les motifs d’unité ne soient pas aussi infini : l’humanité est complexe. Nous
n’avons pas encore tout compris de nous même, depuis que les philosophes écrivent sur les
hommes. Et nous sommes tous des hommes.
La guerre existe(ra) mais pour des raisons d’intérêts et non pour des « conflits de
civilisations » qui ne sont que :
- des simplifications (d’une réalité beaucoup plus complexe et beaucoup moins
commode)
- des confortations des pouvoirs en places (les thèses auto réalisatrices permettent de
légitimer l’action et de faire entrer le monde dans le tunnel mental qu’on a au
préalable déterminer… c’est la base de toute idéologie, de tout ethnocentrisme).
a) Le « rendez-vous des civilisations »
M. Emmanuel TODD
M. Youssef COURBAGE
Le « rendez-vous des civilisations » explique que le “choc des civilisations” n’aura pas lieu.
C’est au contraire « un puissant mouvement de convergence qui se profile à présent à
l’échelle planétaire. Le monde musulman n’échappe pas à la règle. Du Maroc à l’Indonésie,
de la Bosnie à l’Arabie Saoudite, sa démographie en témoigne : hausse du niveau
d’alphabétisation des hommes et des femmes, baisse de la fécondité, érosion de
l’endogamie… Des bouleversements qui sont à la fois le signe et le levier d’une mutation en
profondeur des structures familiales, des rapports d’autorité, des références idéologiques ».
Un islam, des islams
Les auteurs soulignent en premier lieu l'extraordinaire diversité des sociétés musulmanes, en
dépit du poids de la religion.
- Tout sépare par exemple le Yémen, encore très peu alphabétisé, avec une fécondité
supérieure à 6 enfants par femme, de l'Iran ou de la Tunisie, l'alphabétisation est
massive, y compris chez les femmes, et l'indice de fécondité à peine égal à 2 enfants par
femme comme en France.
- La diversité s'exprime aussi dans le statut social des femmes, qui semblerait bien
davantage lié aux modèles familiaux préislamiques qu'à la religion elle-même.
- Dans le monde arabe (du Maghreb à l'Irak), l'endogamie prédomine (on se marie de
préférence entre cousins) ainsi que la lignée paternelle. Avec pour conséquence, selon les
auteurs, une structure familiale stable (pas de conflit entre belles-mères et brus, pas
d'infanticide des filles). La polygamie concerne dans le monde arabe quelques pourcents
des femmes. En Afrique noire, rien de tel. Un quart à la moitié des femmes vivent en
ménage polygame mais d'une façon souvent très autonome, chaque coépouse disposant de
sa propre case. Cette polygamie traditionnelle concerne aussi bien les populations
musulmanes qu'animistes ou chrétiennes ! La fécondité reste élevée (5 à 8 enfants par
femme) même si les démographes croient discerner les premiers signes de reflux. En
Malaisie et en Indonésie, c'est encore un autre monde. La prépondérance revient à la
lignée maternelle. Les filles sont autant désirées que les garçons (on ne note pas
d'infanticides ou d'avortements sélectifs comme en Chine ou en Inde). Les femmes
tiennent leur rang dans la société et sont par exemple plus nombreuses que les hommes
dans l'enseignement supérieur !
L’expansion du « modèle occidental » : instruction, sécularisation, convergence
La démographie est la psychologie des sociétés
Pour Todd et Courbage, les changements démographiques reflètent :
- le niveau d’instruction
- le niveau de sécularisation
(voir à la fin pour critique de cette approche sur le modèle parisien)
L'école, contraceptif efficace
« La variable explicative la mieux identifiée par les démographes n'est pas le PIB par tête,
mais le taux d'alphabétisation des femmes. Le coefficient de corrélation associant l'indice de
fécondité au taux d'alphabétisation féminin est toujours très élevé... »
Les auteurs montrent que la contraception et la baisse de la fécondité interviennent le plus
souvent après que la moitié des hommes aient accédé à la lecture et au moment la moitié
des femmes y accèdent à leur tour. Ensuite, la décrue peut être brutale (Iran, Algérie....). Mais
elle peut aussi se ralentir, s'interrompre et parfois même amorcer une légère remontée (Syrie,
Malaisie....).
- les jeunes deviennent plus savants que les vieux : les jeunes remettent en questions les
schémas de raisonnement qui sont les repères de leurs aînés, comme l’autorité du père
- les femmes deviennent aussi savantes que les hommes : les femmes s’émancipent et
remettent en question la domination des pères, frères et maris.
Cela produit des bouleversements dans les structures sociales, de l’individu mâle
sexuellement perturbé, à la famille qui se nucléarise etc.
Ex : les hommes ont peur de se faire cocufier par leurs femmes qui ont accès aux moyens de
contraception (la confiance n’est pas la base de leur modèle familial (?).
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