l’endogamie… Des bouleversements qui sont à la fois le signe et le levier d’une mutation en
profondeur des structures familiales, des rapports d’autorité, des références idéologiques ».
Un islam, des islams
Les auteurs soulignent en premier lieu l'extraordinaire diversité des sociétés musulmanes, en
dépit du poids de la religion.
- Tout sépare par exemple le Yémen, encore très peu alphabétisé, avec une fécondité
supérieure à 6 enfants par femme, de l'Iran ou de la Tunisie, où l'alphabétisation est
massive, y compris chez les femmes, et l'indice de fécondité à peine égal à 2 enfants par
femme comme en France.
- La diversité s'exprime aussi dans le statut social des femmes, qui semblerait bien
davantage lié aux modèles familiaux préislamiques qu'à la religion elle-même.
- Dans le monde arabe (du Maghreb à l'Irak), l'endogamie prédomine (on se marie de
préférence entre cousins) ainsi que la lignée paternelle. Avec pour conséquence, selon les
auteurs, une structure familiale stable (pas de conflit entre belles-mères et brus, pas
d'infanticide des filles). La polygamie concerne dans le monde arabe quelques pourcents
des femmes. En Afrique noire, rien de tel. Un quart à la moitié des femmes vivent en
ménage polygame mais d'une façon souvent très autonome, chaque coépouse disposant de
sa propre case. Cette polygamie traditionnelle concerne aussi bien les populations
musulmanes qu'animistes ou chrétiennes ! La fécondité reste élevée (5 à 8 enfants par
femme) même si les démographes croient discerner les premiers signes de reflux. En
Malaisie et en Indonésie, c'est encore un autre monde. La prépondérance revient à la
lignée maternelle. Les filles sont autant désirées que les garçons (on ne note pas
d'infanticides ou d'avortements sélectifs comme en Chine ou en Inde). Les femmes
tiennent leur rang dans la société et sont par exemple plus nombreuses que les hommes
dans l'enseignement supérieur !
L’expansion du « modèle occidental » : instruction, sécularisation, convergence
La démographie est la psychologie des sociétés
Pour Todd et Courbage, les changements démographiques reflètent :
- le niveau d’instruction
- le niveau de sécularisation
(voir à la fin pour critique de cette approche sur le modèle parisien)
L'école, contraceptif efficace
« La variable explicative la mieux identifiée par les démographes n'est pas le PIB par tête,
mais le taux d'alphabétisation des femmes. Le coefficient de corrélation associant l'indice de
fécondité au taux d'alphabétisation féminin est toujours très élevé... »
Les auteurs montrent que la contraception et la baisse de la fécondité interviennent le plus
souvent après que la moitié des hommes aient accédé à la lecture et au moment où la moitié
des femmes y accèdent à leur tour. Ensuite, la décrue peut être brutale (Iran, Algérie....). Mais
elle peut aussi se ralentir, s'interrompre et parfois même amorcer une légère remontée (Syrie,
Malaisie....).
- les jeunes deviennent plus savants que les vieux : les jeunes remettent en questions les
schémas de raisonnement qui sont les repères de leurs aînés, comme l’autorité du père
- les femmes deviennent aussi savantes que les hommes : les femmes s’émancipent et
remettent en question la domination des pères, frères et maris.
Cela produit des bouleversements dans les structures sociales, de l’individu mâle
sexuellement perturbé, à la famille qui se nucléarise etc.
Ex : les hommes ont peur de se faire cocufier par leurs femmes qui ont accès aux moyens de
contraception (la confiance n’est pas la base de leur modèle familial (?).