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Pour ce qui concerne le domaine strictement religieux, nous attirons l’attention de la
commission sur le fait que, contrairement à la plupart des pays comparables, tout se passe en
France comme si tout était fait pour rendre l’émergence de nouvelles religions quasi
impossible, avec une dérogation « par droit d’antériorité » implicite pour les sept ou huit
religions « reconnues ». La fameuse liste de nouveaux mouvements religieux mis à l’index,
constituée par le Renseignements Généraux, incluait pratiquement la totalité des religions
minoritaires ou émergentes, et à aucun moment, les différents rapports examinant la question
n’ont suggéré qu’il pouvait exister ne serait-ce que quelques mouvements légitimes. En cela,
la plupart des mesures qui ont été prises par les différents pouvoirs d’Etat, au nombre
desquelles la fameuse loi About-Picart, témoignaient d’une rupture avec l’esprit même de la
laïcité. L’auteur de ladite loi, Catherine Picart, a par ailleurs déclaré que le prosélytisme est
interdit en France, ce qui témoigne d’une méconnaissance de ce qu’est la laïcité.
Nous aimerions également signaler que, en faisant un tour de France des blocages et d’un
certain ostracisme vis-à-vis d’options de vie tout à fait légitimes en ce XXIè siècle, les
membres de notre coordination ont pu constater un problème tout à fait similaire en ce qui
concerne les médecines dites « non-conventionnelles », de même que pour le domaine du
développement personnel. Nous tenons à signaler que, là encore, les rumeurs et campagnes de
dénigrement ne partent absolument pas d’un mouvement populaire, car une part croissante de
notre population a recours à ces services, mais de groupes de pression qui sont souvent
parvenus à influencer les institutions pour établir une défiance systématique envers ces
courants de pensée. Sur ce point, la commission pourrait réfléchir aux devoirs de réserve qui
s’imposent à un Etat laïque, ou du moins à la nécessité d’un arbitrage équitable entre
différentes options, ne laissant pas prise en son sein à de simples courants d’opinions –
minoritaires qui plus est - sur des sujets qui touchent d’aussi près aux conviction intimes de
nos concitoyens.
Il nous paraît enfin à propos de rappeler que, dans l’école laïque d’autrefois, l’instituteur
incluait le plus souvent dans son cours de morale une leçon sur les préjugés et les rumeurs, et
nous apprenait à nous informer et connaître les gens ou les groupes avant de les juger. Cette
règle de conduite nous semble s’imposer aujourd’hui, à l’échelon national.
Nous sommes conscients que les lois et la culture d’un pays résultent d’une part d’idéal, de
traditions et de compromis, et qu’un système parfait n’existe pas. Cependant, nous pensons
que le travail de cette commission est une chance pour la France d’entrer dans le XXIè siècle
sans frilosité, mais avec sagesse, et espérons que le bon sens, la juste appréciation des
problèmes en comparant les diverses réalités nationales et internationales, sauront suggérer
des solutions raisonnables, acceptables par tous, au bénéfice d’une laïcité garante d’un
pluralisme authentique, ouverte et généreuse.
Nous vous prions d’accepter, Monsieur le Président, l’expression de nos sentiments
respectueux.
Le Président de CAP pour la Liberté de Conscience
Michel BOURDIN