Déséquilibres macroéconomiques et politiques d’ajustement
Par Pr Kassé et Bouna NIANG
La grave crise financière qui a frappé l’économie sénégalaise à la fin des années
70 a conduit à soumettre celle-ci à des programmes de stabilisation et
d’ajustement avec l’appui de la Banque mondiale et du FMI, et aux mécanismes
de gestion qui les accompagnent. A une politique volontariste orientée vers la
modernisation des bases du développement a ainsi succédé un ensemble de
programmes de gestion des déséquilibres macroéconomiques.
Nature des déséquilibres
Après la perte de ses marchés de l’ex-AOF à l’indépendance, le Sénégal fut
confronté, dès la fin des années 1970, à une grave crise financière. Celle-ci a
mis en évidence l'inaptitude fondamentale de l'économie à s'adapter aux
changements de l'environnement international. Après avoir vécu, pendant toutes
les années 1960 et 1970, sur des bases matérielles et des structures
productives héritées du colonialisme, le Sénégal n’a pas en effet su mettre en
place une dynamique susceptible de se substituer au schéma de dépendance dans
lequel il s’était installé deux décennies durant. Le programme de renouvellement
et de diversification de l'appareil industriel, amorcé au début des années 1970,
se heurta très rapidement à la petite taille du marché intérieur. Par ailleurs, les
recettes d'exportation ayant plus servi à alimenter la consommation que
l'épargne intérieure, l'essentiel des investissements effectués par l’État sera
financé par des ressources extérieures, ce qui eut pour conséquence d’accélérer
l’endettement extérieur du pays.
Ces différentes évolutions aboutirent très rapidement à un ralentissement de la
croissance du PIB qui passa d'un taux moyen annuel de 2,5 % dans la période
1960-70 à celui de 1,8 % en 1975-80. Le croît démographique s’éleva d'un taux
moyen de 2,3 % par an de 1960 à 1970 à celui de 2,9 % de 1975 à 1980. La
croissance du PIB par tête devint négative dans la période de 1970-85.
L’excès de demande sur les ressources produites fut accentué par un
accroissement continu de la part des dépenses de consommation dans le PIB :
celle-ci s’éleva à plus de 100% en 1979. La part de l'épargne intérieure dans le
PIB chuta à -6,7 % en 1981.
Pendant que les importations continuaient à croître, les exportations fluctuaient
au gré de la pluviométrie et des cours de l’arachide et du phosphate sur les
marchés extérieurs. Conjugués aux effets de l’inflation mondiale, l’effondrement
de ces cours et la succession d'années de sécheresse plongèrent l'économie dans