INTRODUCTION
L’analyse présentée dans ce mémoire est le fruit d’un travail de réflexion déjà bien engagé. En effet , le choix de
ce sujet n’est pas fortuit. Il est le résultat d’un cheminement d’interrogations suscitées par mes expériences pro-
fessionnelles et mes propres observations.
Ainsi, dès 1999, je me suis intéressée à la reconversion des friches industrielles. Dans un séminaire de maîtrise
intitulé “ Mémoire et Représentations ”, j’ai porté mon attention, lors de la rédaction d’un dossier d’étude, sur la
transformation de la fosse Delloye en Centre Historique Minier, dans le bassin Minier du Nord -Pas-de-Calais.
Abordant la question sous un angle historique, je me suis néanmoins appuyée sur les principes de l’archéologie
industrielle et les actions menées par les défenseurs du patrimoine industriel.
J’ai ensuite travaillé un an dans un centre culturel au Luxembourg, la Kulturfabrik, installé dans les bâtiments
d’un ancien abattoir municipal. La reconversion du site a permis d’y inscrire un projet nouveau tout en gardant
visible des éléments architecturaux rappelant le passé.
La mise en parallèle de ces deux expériences m’a alors interpellée sur le sens de la reconversion d’un site in-
dustriel et sur l’attitude que nous pouvons avoir à l’égard de ces bâtiments.
Alors que de nombreuses friches sont détruites, certaines font l’objet d’une reconversion qui les replac ent dans
l’activité contemporaine du territoire. Mon année de formation, associée à mon stage, au sein de la Scène Natio-
nale Culture Commune, m’a permis de pouvoir construire une réflexion dont ce mémoire est l’expression.
Mes propres expériences mettent en avant des attitudes divergentes à l’égard du lieu industriel. Le premier pro-
jet culturel, espace muséographique, réhabilite le lieu industriel, c’est-à-dire qu’il fait recouvrer au lieu une atten-
tion et une valeur qu’il avait perdues, tandis que le second projet, espace de création et de diffusion culturelle,
réutilise le lieu industriel pour y faire autre chose.
Cette différenciation de reconversion culturelle requiert notre attention . Nous considérons le lieu industriel
comme un ancien espace de production qui a perdu toute valeur d’usage économique, suite aux mutations des
moyens de production. Pourtant, le lieu industriel devenu obsolète n’est pas sans intérêt. Ainsi il représente le
dynamisme économique passé du territoire sur lequel il est inscrit. Le lieu industriel est alors porteur d’une his-
toire et d’une mémoire auxquelles il convient de porter attention. Les études faites à l’égard de la reconversion
culturelle des lieux industriels tendent à omettre cette dimension. Nous la mettons ici au centre de notre ré-
flexion.
Compte-tenu de cet état des lieux et de notre propre regard sur le lieu industriel, notre analyse s’attache donc à
comprendre comment le lieu industriel peut devenir lieu de culture : ceci se traduit par l’étude des différents
types de projets qui l’investissent mais également du lien entretenu entre le territoire et le lieu industriel. La
question de la représentation du lieu industriel est au cœur de notre démarche.
Ainsi, notre réflexion s’appuie sur les interrogations suivantes :
Les natures différentes des projets imposent-elles forcément une attitude différente vis-à-vis du lieu industriel
investi ? Le lieu de culture qu’est devenu le lieu industriel ne peut-il pas être un passeur de mémoire et un acteur
contemporain du territoire ? N’est-ce pas là, une reconversion indispensable pour le territoire, le lieu industriel
devenant médiateur entre passé et futur, tout en agissant au présent ?
Nous sommes alors amenés à faire les hypothèses suivantes :