LCR Formation 72 La mondialisation : l’exploitation et le pillage des peuples par l’oligarchie financière Aujourd’hui, on va discuter de ce que l’on appelle la mondialisation, c’est-à-dire cette phase économique où le capitalisme sauvage, de libre concurrence règne à l’échelle de la planète et qui ne connaît aucune frontière ni limite à l’exploitation des travailleurs et des peuples. Le monde est de nos jours dominé par 200 ou 300 grands groupes financiers et industriels qui pillent pour leur profit les richesses créées par des décennies de travail humain. Ce libéralisme qui a envahi tous les recoins de la planète a pu se développer avec la chute des régimes staliniens des pays de l’Est qui représentaient auparavant une barrière, un frein à l’expansion du capitalisme. Aujourd’hui, ces pays ont intégré l’économie de marché et nous sommes entrés depuis une dizaine d’année dans l’ère de la mondialisation capitaliste. La dernière preuve de cette mondialisation, c’est la réunion il y a une semaine de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui a regroupé les conseillers financiers des grands trusts de la planète et leurs porte-parole, les ministres des finances de 135 pays. Comme l’OTAN est le bras armé des capitalistes des pays les plus riches, Etats-Unis et Europe, l’OMC est en matière économique l’état-major du libéralisme, un instrument de la mondialisation, un instrument aux mains des gros actionnaires pour organiser le pillage de la planète, ouvrir de nouveaux marchés aux multinationales pour tirer le plus de profits possibles de tout ce qui peut rapporter. Tâche qu’assume ici le gouvernement Jospin, en bon serviteur de la finance. Dans cette course au profit, chaque gouvernement aide ses propres trusts à être les mieux placés pour conquérir de nouveaux marchés convoités par tous les rapaces de la Bourse. Cela se traduit par des fusions gigantesques pour former des méga-trusts toujours plus compétitifs. Et être plus compétitif pour eux, c’est réduire les coûts salariaux, c’est-à-dire licencier en masse et utiliser la main d’œuvre précaire et bon marché. Les gros actionnaires se réjouissent à chaque plan de licenciement comme à Michelin. C’est l’euphorie des records battus à la Bourse qui ne sont dus qu’à la misère se propageant sur la planète, dans les pays riches comme dans les pays pauvres, obligeant 3 milliards d’êtres humains à vivre avec moins de 10 francs par jour. Alors si depuis quelques années on parle de mondialisation capitaliste, ce n’est pas d’aujourd’hui que les trusts, avec l’aide des Etats, essayent de conquérir de nouveaux marchés en augmentant ainsi de fait leur profit, en éliminant les faibles et en concentrant les richesses. La concentration des richesses dans les mains d’une poignée de plus en plus infime de financiers et d’industriels est dans la logique de la production capitaliste, où la concurrence règne à tous les niveaux et où, dans l’esprit de chaque capitaliste, faire du profit ne peut se faire qu’en appropriant de nouveaux marchés et éliminer économiquement les rivaux. Le capitalisme depuis sa naissance n’a pu se développer à l’échelle internationale, qu’en pillant les peuples et en utilisant la violence. Après une période de libre concurrence dans un monde dominé par l’Angleterre, entre 1850 et 1880, a suivi une période où la lutte entre capitalistes pour le partage du monde s’est exacerbée, où les Etats, en bon serviteur de leurs bourgeoisies respectives ont colonisé des pays entiers pour ouvrir de nouveaux marchés permettant aux capitalistes d’écouler leur production sans cesse grandissante, d’exploiter la main d’œuvre à moindre coût, de se procurer des matières premières… Cette période a débuté vers 1880, c’est la période de la colonisation, de l’impérialisme, de la lutte entre bourgeoisies pour le partage du monde, lutte tellement exacerbée qu’elle va aboutir à deux guerres mondiales. Aujourd’hui, à travers la mondialisation, c’est le même pillage et la même exploitation dans un monde maintenant dominé par les Etats-Unis et à un moindre degré les pays européens qui imposent tous deux de façon violente et arbitraire l’ouverture de tous les marchés au détriment des peuples. Mais avant de discuter de la mondialisation actuelle et de l’actualité proche, à savoir l’OMC, on va voir un peu la naissance de l’impérialisme au début du siècle et ses conséquences pour les populations et les travailleurs. On parle souvent d’impérialisme en économie sans vraiment y mettre un contenu. C’est en fait un stade dans l’économie capitaliste qui a débuté à la fin du XIX siècle et qui a succédé à la 1ère période économique qui était donc un capitalisme de libre concurrence. Entre 1860 et 1880, c’est l’apogée de ce capitalisme de libre concurrence. Mais la crise économique de 1873 et surtout celle entre 1900 et 1903 va accélérer la faillite des petites et moyennes entreprises et leur rachat par les plus grosses et cela va donc entraîner l’impérialisme où d’immenses cartels vont se bâtir, chassant ainsi la concurrence. Ces grands trusts vont devenir la base de la vie économique, acquérir chacun d’eux un monopole dans son domaine d’activité et sur une partie du monde et s’entendent entre eux sur les conditions de travail, la répartition des débouchés, la détermination de la quantité de produits à fabriquer ou la fixation des prix. De plus, ils étouffent toutes les entreprises qui ne se soumettent pas à leur joug. Un exemple de ces trusts, c’est la Standard Oil Company de Rockfeller qui produit plus de 90 % du pétrole aux Etats-Unis. L’impérialisme, que Lénine définissait comme le stade suprême du capitalisme, se caractérise donc par une concentration accrue des richesses, la production mondiale d’un secteur économique est aux mains de quelquesuns uns voire d’un seul trust. Lénine, au début du XX siècle, va être l’un des premiers à analyser cette nouvelle période économique, et il écrit notamment que cette concentration est telle que l’on peut faire un inventaire détaillé de toutes les ressources en matières premières d’un pays voire du monde entier. Alors quelles conséquences cela va avoir sur les crises ? L’impérialisme ne va pas supprimer les crises. Au contraire, cela va aggraver le chaos inhérent à la production capitaliste. Et les crises elle-mêmes vont provoquer à leur tour la tendance à la concentration et au monopole en éliminant les entreprises les plus faibles. Dans ce cadre, le rôle des banques qui auparavant n’était que de servir d’intermédiaire entre les paiements et de réunir les divers revenus en espèces pour le mettre à disposition des capitalistes, leur rôle va évoluer. Dans le secteur bancaire là aussi vont se créer des monopoles si bien que quelques banques vont détenir la presque totalité du capital argent. Ainsi la concentration des capitaux, l’accroissement des opérations bancaires modifient le rôle joué par les banques. Une part toujours plus croissante du capital industriel n’appartient plus aux industriels mais est reçu par l’intermédiaire des banques. De fait, il y a le commencement de ce que l’on connaît aujourd’hui, d’une interpénétration entre capital bancaire et capital industriel pour constituer ce qui va s’appeler le capital financier. L’impérialisme se caractérise donc par la domination de ce capital financier, la société capitaliste est aux mains d’une oligarchie financière, banques, trusts, qui dictent leurs lois, exploitent et pillent es peuples et des régions entières pour leur seul profit. Tout ce parasitisme financier que l’on connaît aujourd’hui, qui est le frein à l’émancipation et au bien-être de l’humanité a ses origines à cette époque où on voit apparaître le rôle accru des banques, de la bourse, des sociétés par actions et où on voit aussi apparaître ce que l’on connaît à l’heure actuelle, à savoir les flux de capitaux. Les financiers, dès cette époque, commencent à faire fructifier leur argent partout où cela est rentable, où les placements sont les plus avantageux. Par exemple, les capitalistes anglais vont investir dans les colonies, en Amérique, les capitalistes français, eux, vont faire de même en Europe notamment en Russie. Mais pour cela, il fallait dès cette époque, pour que les colonies puissent représenter pour les trusts un terrain propice à développer leur activité, à exploiter les populations et à en tirer des profits que les Etats aient des politiques d’expansion territoriales pour offrir à leurs bourgeoisies respectives ces fameux débouchés. Les Etats, anglais, français, dans une bien moindre mesure allemand et américain vont donc se lancer dans la conquête de nouveaux territoires, dans la politique du colonialisme. Les politiciens bourgeois de l’époque vont enrober cela, parler de mission civilisatrice, dire que l’Occident part éduquer des peuples sous-développés mais en réalité il s’agissait d’offrir des matières premières, de la main d’œuvre à faible coût aux entreprises pour augmenter leur bénéfice. Chaque Etat va représenter le bras armé de sa bourgeoisie a la recherche de territoires vierges pour exploiter librement. Ainsi, c’est l’époque des zones d’influence, où les Etats des pays riches se partagent le monde, en s’entendant ou en provoquant des guerres locales, de la même manière qu’on le voit aujourd’hui, si bien qu’en 1910, le monde est entièrement partagé. Dés lors, pour les pays arrivés le plus tard dans ces guerres de conquête, il n’y a plus beaucoup de solution pour s’accaparer des régions car à cette époque il ne peut plus y avoir de prise de possession de territoires sans qu’un autre y ait déjà des prérogatives, il ne peut plus y avoir que le passage d’un possesseur à un autre. Et c’est cela l’origine notamment de la 1 ère guerre mondiale, l’Allemagne s’est lancée dans une guerre contre la France et l’Angleterre pour remettre en cause les prérogatives de ces pays en matière de colonies et pour ainsi redéfinir un nouveau partage du monde. La guerre de 14-18 a été une guerre entre bourgeoisies rivales, se déchirant pour remporter chacune le plus de territoires possibles, et cette guerre, où les peuples n’avaient aucun intérêt à défendre, a entraîné pour l’humanité 10 millions de morts. De nos jours, l’impérialisme, né à la fin du siècle dernier, et en particulier l’impérialisme américain, domine toute la planète. Ce processus n’a fait que se développer, entraînant notamment la 2ème guerre mondiale, et aussi l’exploitation accrue des pays pauvres. Alors aujourd’hui, on parle de mondialisation, c’est un mot nouveau pour désigner l’accroissement incessant de ce qui depuis plus d’un siècle ruine l’humanité, cet impérialisme dévastateur qui pille des peuples et des pays entiers. La chose fondamentale qui ait changé depuis l’époque du début du siècle, quand Lénine définissait économiquement et socialement l’impérialisme, c’est que la révolte dans las pays coloniaux, après la 2nde guerre mondiale, a mis à la domination politique directe de l’un ou l’autre des pays impérialistes sur les pays pauvres et donc à leur monopole dans l’exploitation de leurs richesses et de leurs peuples. Si bien que cette mondialisation, c’est un retour à un capitalisme de libre concurrence, où le but de chaque entreprise est d’augmenter ses profits, de fusionner pour devenir plus rentable, de libéraliser de nouveaux marchés pour engranger de nouveaux bénéfices, et cela bien entendu sur le dos des travailleurs du monde entier. Et puis, cette mondialisation, on en parle encore plus depuis que le monde n’est plus séparé entre le capitalisme et le stalinisme. En 1989, avec la chute du mur de Berlin, l’effondrement de l’URSS et des pays de l’Est a marqué une nouvelle étape. Bien que ces pays soient de véritables dictatures, ils représentaient économiquement un frein à l’expansion du capitalisme et leur chute a entraîné le développement à une échelle jamais atteinte de la finance. L’ère de la mondialisation s’est accéléré, le libéralisme financier a conquis des pays entiers, a ruiné des économies, notamment dans les pays de l’Est, les crises se sont intensifiées, au Mexique, en Asie du Sud-Est notamment en Indonésie où depuis la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, au Brésil, en Russie et la crise menace, à plus ou moins longue échéance les pays plus riches. Au point qu’aujourd’hui, plus de 40 % de la planète est plongée dans une crise économique profonde. Cette mondialisation capitaliste a conduit ces dernières années à une paupérisation catastrophique de la population, en particulier celle du Tiers-Monde. On sait maintenant que la richesse des 10 hommes les plus riches au monde correspond à prés de 2 fois le revenu national des 48 pays les plus pauvres. A la faveur de la crise, la richesse se concentre dans les mains d’une minorité toujours plus infime de la population. Le monde est aujourd’hui dirigé par moins de 300 trusts, derrière les sigles anonymes desquels se cachent les titulaires des grosses fortunes, une oligarchie richissime et parasitaire, qui ne joue plus aucun rôle dans la production ou la distribution, ni même dans l’organisation de celles-ci. Cette mondialisation, c’est en réalité la domination du capital financier sur toute la planète, ce sont les fusions qui se multiplient depuis quelques années, entre trusts, pour être plus compétitifs, gagner des marchés, faire des économies sur les coûts de production en licenciant en masse, c’est aussi cette omniprésence de la Bourse où les actions montent quand les patrons licencient et font des profits, et c’est en fait l’accentuation de ce parasitisme financier, de ces flux de capitaux qui vont là où l’argent est le plus facile à faire, se retirent quand il n’y a plus de d’argent à soutirer entraînant ainsi des crises. Tout ce processus ne peut se faire que grâce à l’exploitation, que ce soit dans les pays riches ou dans les pays pauvres, de centaines de millions de travailleurs, car pour que gonfle cette bulle financière, que des actionnaires empochent les dividendes à la bourse, il faut qu’à la base, les premiers profits soient tirés du travail humain. C’est pourquoi la mondialisation, c’est en premier lieu des attaques contre les travailleurs, par le biais des Etats, tout entier acquis à la satisfaction des intérêts des financiers. En France, c’est le gouvernement Jospin qui met en œuvre cette politique, avec la loi des 35 heures, qui ne crée aucun emploi, provoque le gel des salaires et la flexibilité et aussi avec la remise en cause quasisystématique des services publics. Et puis, on voit depuis quelques années le développement sans précédent des petits boulots, de l’intérim qui permettent aux patrons de faire des travailleurs une main d’œuvre de plus en plus bon marché, sans le moindre droit. Cette politique, pour les financiers, il faut qu’elle s’applique partout dans le monde, dans les moindres secteurs pouvant générer des profits. C’est la raison pour laquelle la réunion, il y a une semaine, de l’OMC a eu lieu. Elle a réunit les ministres des finances de 135 pays et les représentants des plus grandes compagnies mondiales. Le but de cette réunion était de libéraliser le commerce mondial, c’est-à-dire en clair d’augmenter les profits des entreprises. Cela a témoigné de l’arrogance de la bourgeoisie qui entend, au vu et au su de toute la planète, s’organiser pour continuer à s’enrichir toujours plus. L’OMC est une organisation qui existe depuis 1995 et qui a remplacé le GATT, organisme qui régissait les relations commerciales depuis la fin de la 2nde guerre mondiale. Lors de cette réunion de Seattle, il s’agissait pour le capitalisme mondialisé d’organiser le pillage de la planète, de faire rentrer l’économie de marché, la concurrence dans les moindres rouages de l’économie mondiale. Cela veut dire la remise en cause, en France notamment des services publics. Aujourd’hui, le gouvernement Jospin cherche à faire des économies sur tous les services publics, à grappiller des sous sur ce qui est utile à la collectivité pour verser des milliards de cadeaux aux banques et aux gros industriels et les aider à fusionner et à être plus compétitifs dans la concurrence économique mondiale. Cette politique libérale n’est pas propre à ce gouvernement. On la retrouve dans tous les pays riches, qui décident pour l’ensemble de la planète, car ils obéissent tous à la même logique des marchés, à la logique de la mondialisation. Les services publics, la santé, l’éducation ont fait partie des points abordés lors de la réunion de l’OMC. Cette organisation, mise en place par les Etats et les trusts, est donc un instrument de la mondialisation libérale, dont le fonctionnement est totalement opaque puisqu’elle représente les intérêts d’une extrême minorité. Aujourd’hui, 40 % de l’économie mondiale sont contrôlés par 200 multinationales venant des 8 ou 10 pays les plus riches. L’OMC veut être une apparence d’honnêteté et de régulation, organiser la libéralisation du monde alors que les rapports commerciaux internationaux ne sont que brigandage et rapport de force. A cette réunion de Seattle, il s’agissait pour les financiers d'aménager la mondialisation capitaliste mais aussi, comme la concurrence entre capitalistes est de plus en plus exacerbée, il s’agissait pour chacun des capitalistes de tirer les meilleurs avantages dans cette bataille pour plus de profits. Et c’est là que l’on voit l’importance que requièrent les Etats, chacun défendant sa propre bourgeoisie. Voilà pourquoi les journalistes parlent d’un échec de la réunion de Seattle, où les membres de l’OMC n’ont pas été capables d’élaborer un texte final commun. Car au-delà de la volonté de s’entendre pour ordonner le pillage des richesses de la planète, les antagonismes entre trusts américains et européens sont énormes et la concurrence entre eux ne peut se gommer par des accords. Et puis et surtout, le fiasco de cette réunion provient de la mobilisation internationale qu ‘elle a provoqué. Des manifestations contre l’OMC, la marchandisation du monde et la mondialisation, pour un contrôle de la population et des travailleurs sur toute l’économie ont eu lieu partout dans le monde et à Seattle même où les manifestants ont réussi à perturber le déroulement de la réunion. Il y a eu dans la rue des dizaines de milliers d’américains, étudiants, lycéens, syndicalistes, militants associatifs, d’extrême-gauche, écologistes, chômeurs, ouvriers rejoints par des centaines de représentants ouvriers, paysans ou associatifs d’autres pays. Pour réponse les manifestants n’ont eu que la répression, ils ont été poursuivis par les flics à coups de grenades lacrymogènes, de matraques et de balles en plastique. Le couvre-feu 24 heures/24 a été décrété et il y a eu plus de 600 arrestations. Ces évènements se sont passées dans le monde entier, de travailleurs, des jeunes se sont levés pour marquer leur refus d’une société gouvernée par la finance. Cela montre à beaucoup, qu’au-delà des frontières, nous avons des intérêts communs à défendre. Alors aujourd’hui, les travailleurs ne sont pas organisés politiquement à l’échelle mondiale, n’ont pas leurs propres représentants pouvant faire entendre notre voix mais à travers la contestation qu’a généré la réunion de l’OMC, les consciences évoluent. On voit de plus en plus clairement que notre supériorité face aux gros actionnaires et aux industriels, c’est que nous ne sommes pas en concurrence avec les autres travailleurs du monde, et qu’au contraire, nous savons que nous avons des alliés sur tous les continents. Par exemple, il y a une vingtaine d’années, les politiciens et les patrons avaient essayé de faire peur aux travailleurs d’Europe en leur montrant les ouvriers japonais ou coréens comme des concurrents, les entreprises d’Asie du Sud-Est comme des machines de guerre contre les travailleurs européens. Mais on a suivi, au début 1997, les grèves ouvrières en Corée du Sud, on a vu le mécontentement populaire exploser là-bas, et on a appris à quoi s’en tenir sur la prétendue docilité des travailleurs de cette région du monde. On a vu aussi tout récemment une entreprise française, Renault, ne pas hésiter à racheter Nissan et licencier plusieurs milliers de ses salariés. Les travailleurs de Renault savent qu’ils ne gagneront rien à ces saignées dans les effectifs ouvriers de Nissan, et qu’au contraire, elles peuvent annoncer de nouvelles attaques ici en Europe. Cette conscience, enrichie par l’expérience quotidienne de la mondialisation, la classe ouvrière mondiale va devoir continuer à le rendre plus forte de manière à ce qu’elle se donne les moyens de s’organiser et que ce soient ses réunions et ses congrès et non ceux de par exemple de l’OMC qui donnent le ton. La contestation mondiale contre l’OMC et la mondialisation, cette irruption sur la scène publique mondiale d’une jeunesse révoltée évoque les mouvements de contestation des années 60. Mais aujourd’hui, la révolte est d’une certaine manière plus politique, plus consciente, même si elle est encore moins profonde et radicale. Il s’agit de dénoncer les fondements même du capitalisme, et de faire le lien entre toutes les conséquences néfastes pour l’humanité d’une économie fondée sur la seule recherche du profit maximum. Des jeunes chômeurs, des travailleurs des pays riches ont manifesté côte à côte avec des paysans d’Amérique du Sud, conscients de se battre dabs le même sens. Il s’agit là d’une forme renaissant d’internationalisme. Car au-delà, la révolte contre l’OMC est le germe d’une révolte beaucoup plus large et profonde car par delà des frontières de plus en plus de jeunes de travailleurs se rendent compte de l’absurdité d’une société dirigée par une poignée de financiers, une société qui nie à la majorité de la population mondiale le droit de vivre dignement, une société dictée par les impératifs de la mondialisation capitaliste. Aujourd’hui, de plus en plus de monde est révolté par l’écart sans cesse grandissant entre d’un côté les possibilités matérielles qu’offre une société aussi riche que la nôtre, qui permettrait à tous de vivre largement et de l’autre la misère, les guerres que cette même société engendre. C’est de cette révolte entre les possibilités matérielles et la réalité quotidienne vécue par des milliards de gens que naîtra une future révolution. La jeunesse, les travailleurs seront amenés à bien d’autres combats. Le capitalisme ne peut pas être réduit à une réunion comme celle qui a eu lieu à Seattle. Les vrais décisions, les financiers les prennent dans les conseils d’administration de leurs banques, de leurs entreprises. Voilà pourquoi le stade suivant de la mobilisation conduit à contester le capitalisme au sein même des entreprises, afin que le but des mobilisations ne soit plus seulement de faire le siège d’un grand hôtel et d’empêcher une réunion au sommet, mais de toucher directement aux privilèges des industriels, à leurs profits. Naturellement, un mouvement de ce genre ne pourra qu’être international et cela, la grande majorité des manifestants contre l’OMC l’ont bien compris. En un mot, c’est qui est à l’ordre du jour, c’est un changement de société, qui ne pourra se faire qu’à l’échelle internationale, et dans ce sens, l’ébauche d’une solidarité internationale des travailleurs nous montre que cela n’est pas utopique. L’utopie serait de croire que le monde va continuer à être gouverné pour les intérêts de quelques-uns sans qu’il y ait de contre-offensive massive et mondiale de la part du monde du travail. Ceci est d’autant moins utopique qu’il y a , de par cette mondialisation, une maturation des conditions qui rendent possibles la construction d’une société libre, démocratique, où chacun pourra s’émanciper et satisfaire ses propres besoins. On est aujourd’hui capable de produire à très grande échelle, dans la plupart des secteurs au-delà même des besoins, des centaines de millions de travailleurs prennent part chaque jour au processus de production mais la seule entrave, c’est que la production n’est pas gérée selon un plan conscient, clairement établi, permettant de s’adapter à la demande. Les travailleurs ne produisent aujourd’hui que remplir les poches des capitalistes. Ainsi, après les mobilisations contre l’OMC, la prochaine étape, elle est de s’organiser en conséquence, politiquement, pour répondre collectivement aux attaques que nous font subir partout dans le monde les industriels, les gros actionnaires et les Etats à leur service.