Pinel – le traitement moral. Le terme moral en lui-même est ambigu. Il faut entendre par là tout ce qui mobilise le psychisme. Les successeurs de Pinel comme Esquirol vont recommander la modération et de lutter contre les passions (comme la philosophie stoïcienne). Il importe par tous les moyens de faire appel à la raison pour la faire revenir : rassurer le malade, l’impressionner, frapper son imagination. Dans cette perspective thérapeutique le médecin chef occupe une place centrale dans ce dispositif de soin : il représente le savoir et l’autorité. L’institution (asile) devient aussi un instrument de la guérison (qui isole le malade de l’influence de sa famille) : ceci distingue l’enfermement de l’internement. Pour venir à bout des passions et des divagations il n’est pas de recours plus sûr que le travail. Sur la 2ème édition (1809) Pinel parle beaucoup de la réorganisation des hôpitaux. Le lien trouble mental – internement dont la représentation de la folie au 19ème porte la marque va trouver son expression achevée dans la loi du 30 juin 1838 fixant un statut médico juridico administratif pour l’aliéné. Cette loi prévoyait 1 établissement au moins par département. Elle précisait 2 formules de placement : le placement volontaire et le placement d’office (pour toute personne mettant en danger sa vie ou celle d’autrui). L’internement devient officiellement mesure de protection sociale et mesure thérapeutique tissant ainsi des liens complexes entre justice, administration et instance médicale. Cette loi va rester en vigueur pendant 150 ans (fin 1990) puis va subir des réformes pour être actualisée. A travers cette loi s’exprime la médicalisation de la folie, le bien fondé de l’isolement et la volonté de protéger la société en soignant l’insensé. L’asile devient officiellement et légalement le lieu d’intervention de « l’aliéniste ». La psychiatrie va s’émanciper de la religion en ne gardant que le principe moral, et s’émanciper de tout discours métaphysique et obscurantiste. Pinel aura cependant des détracteurs : notamment ceux qui ont pour théorie étiologique de la folie l’organogenèse directe (trouble mental du à une lésion de l’encéphale), dont Broussais et Scipion (propre fils de Pinel) qui parlent de cérébries. Le 19ème va se partager entre 2 courants de type étiologique : Le courant psycho dynamique (psychogenèse) Le courant organiciste ORGANOGENESE ET PSYCHOGENESE AU 19ème SIECLE Ces courant s’oppose dans leurs conceptions de la folie mais aussi dans leurs médecines. L’aliéniste ne se limite pas au présent ni au manifeste mais se réfère aussi au passé donnant son poids dans l’histoire du sujet. Ce résultat débouche sur des résultats thérapeutiques qui font le résultat d’une rencontre entre le malade et l’aliéniste. Esquirol : « l’aliéniste s’adresse à la partie raisonnable de l’aliéné ». La théorisation de la curabilité de la folie a ouvert la voie à la possibilité d’une écoute compréhensive et c’est une étape vers le concept de psychogenèse qui occupera une place centrale dans la psychiatrie du 19ème. Ce concept va s’opposer au développement des conceptions organicistes de la folie. A l’origine de ces constructions théoriques on trouve un système explicatif unique faisant d’une lésion organique la cause habituelle de l’aliénation mentale. La connaissance du crâne et du cerveau a fait début 19ème des progrès considérables et l’apport de Gall (anatomiste) est déterminant en procédant à des coupes longitudinales de l’axe nerveux et constatant comment les trajets et terminaisons se distribuent il étudie la morphologie de crâne. Broussais et Cabanis vont présenter une théorie : la phrénologie. La phrénologie faisait correspondre chaque faculté à une partie du cerveau. Le développement particulier de cette partie était soi disant repérable à la palpation du crâne (zones plus ou moins saillantes). Ce projet scientifique s’appuie sur le principe d’un lien entre apparence extérieure visible et intérieur caché et prétend donc déchiffrer les tendances et facultés humaines et en dresser une sorte de répertoire. Beaucoup vont s’emparer de ces théories et de ces dérives dangereuses. Elles vont finir par être interdites fin 1820. A Bayle : 1822 _ Thèse : recherches sur les maladies mentales _ eut un retentissement considérable et va marquer un tournant dans l’histoire de la neurologie et de la psychiatrie. Bayle était médecin à Charenton et a surtout étudié la paralysie générale en tant qu’entité neuropsychiatrique (associe troubles mentaux – manifestations biologiques – état démentiel profond). Il suivra 6 patients de manière longitudinale et fera une autopsie à leur mort. Il trouva une cause étiologique à leurs paralysies, et va donc faire basculer la cause de la folie en faveur de la théorie organiciste. Il annexa donc la folie à la neurologie. Il avait 23 ans à cette époque et a isolé une entité qui va correspondre au modèle médical idéal. Il représentera l’emblème de l’idéologie organiciste. Il crée le modèle anatomo clinique (établi une relation de causalité entre ensemble symptomatique et lésion anatomique). Son successeur le plus remarquable est Georget, qui était plus nuancé cependant (double étiologie des maladies mentales – il va délimiter les champs de la psychiatrie et de la neuropsychiatrie). Le courant organiciste va rester dominant pendant la 2ème moitié du 19ème. Les travaux de Broca et de Wernicke vont contribuer à fortifier ce courant notamment. A coté de ces courants on trouve Morel, qui était littéralement en décalage, puisqu’il infiltrait des catégories morales et religieuses dans la conception organiciste de la folie. Il insiste sur le point qu’il faut chercher les stigmates physiques et mentaux de la dégénérescence héréditaire. Il voyait l’hérédité comme facteur favorable de la survenue d’un mal mental. Cette idée de dégénérescence héréditaire va influencer les médecins et auteurs de ce siècle : la dégénérescence est à l’origine de l’aliénation, comme 1 tare aboutissant à l’extinction de la lignée.