
Grâce au système des NU, les défaillances, les simulations judiciaires, les
pratiques inavouables sont débusquées, révélées et rendues accessibles à tous en étant
insérées dans les réseaux sociaux. Les institutions des NU qui examinent les Rapports
périodiques et les plaintes des victimes décident d’elles-mêmes de rendre publiques
leurs conclusions et leurs décisions : les peuples sont partie prenante dans l’action des
NU. L’ONU, tout en étant intergouvernementale, se pose comme la conscience des
peuples. C’est ainsi qu’elle a constitué le révélateur et le censeur des Etats défaillants.
Le cas de la Tunisie en cette matière n’est qu’un exemple dans la région.
Dans le domaine du développement économique et social, les Nations Unies ont
contribué, à partir de 1990, à renouveler l’évaluation des politiques de développement à
travers les Rapports annuels sur le développement humain. L’Indice de Développement
Humain établit le lien entre les facteurs qui donnent la véritable mesure du
développement (du moins la mesure la plus approchante). Au terme de l’analyse, la
gouvernance est posée au centre de la problématique.
La rareté ou la faiblesse des instituts d’études et de recherches dans la région
arabe font des NU un acteur central dans l’évaluation de nos politiques de
développement. Les NU ont consacré un effort d’analyse particulier à la région : à partir
de 2002, sept Rapports sur le Développement Humain dans les pays arabes sont
élaborés, sous l’autorité du PNUD, par des experts et des chercheurs arabes, le dernier
portant sur la sécurité humaine. Par-delà les volumes d’investissement, quatre grandes
lacunes expliquent le retard de notre région comparée aux autres régions du monde :
les vastes inégalités de genre (entre hommes et femmes) ;
les inégalités entre les générations : la moitié de la population étant âgée de moins
de 25 ans, le taux de chômage dépasse largement la moyenne mondiale ;
les disparités entre les régions d’un même pays ;
enfin, les disparités sont aggravées par le retard des techniques d’acquisition du
savoir et par les facteurs environnementaux communs, la région arabe étant la
zone habitée la plus aride de la planète (pénurie d’eau, dégradation des terres,
pauvreté extrême, pollution urbaine).
Voici l’une des constatations du premier Rapport sur les pays arabes rendu public
en juillet 2002 : « Alors que les habitants de certaines régions en développement
doublent leurs revenus en une décennie, il faudrait au rythme actuel 140 ans aux pays
arabes pour réaliser la même performance… Le produit par tête était supérieur à celui
de l'Asie dans les années 1960. Aujourd'hui, les 22 pays réunis ne représentent que la
moitié du PIB par habitant de la Corée du Sud. Le PIB global du monde arabe en 1998 –
$531,2 milliards – est inférieur à celui de l'Espagne. » Dans le 3e Rapport, publié en
avril 2005, nous lisons "Le statu quo dans le monde arabe pourrait conduire à des
soulèvements destructeurs…Une réforme sociale globale dans les pays arabes ne peut
plus être retardée ou ralentie." Si des mécanismes démocratiques ne sont pas mis en