Illusion comique : commentaire de la scène d`exposition Introduction

Illusion comique : commentaire de la scène d'exposition
Introduction
C'est un texte tiré de l'Illusion Comique de Corneille, à l'Acte 1 Alcandre a
promis à Pridamant de lui montrer son fils en faisant apparaître des spectres dans la
grotte. On sait que Clindor, après avoir exercé de multiples métiers plus ou moins
honnêtes, est devenu l'agent d'un soldat. Alcandre nous dit qu'il se joue de son maître.
C'est donc ici qu'apparaît pour la première fois de la pièce, le procédé du théâtre dans
le théâtre: c'est le début de l'Illusion. L'extrait est un dialogue comique entre Clindor,
"l’agent" et Matamore, le "soldat fanfaron", son maître. Nous verrons en quoi Corneille
renouvelle ici des personnages traditionnels de la comédie. Nous allons montrer
d'abord que cette scène s'inscrit dans une tradition et que le personnage de Matamore
acquiert une dimension poétique baroque.
Plan
1° Cette scène s'inscrit dans une tradition
- Le personnage du capitaine et de son valet
- Conformément à cette tradition, Matamore nous apparait comme un personnage
égocentrique et mégalomane.
- Conformément à la tradition, Clindor est un valet qui se joue de son maître.
2° Le renouvellement du personnage de Matamore par Corneille
-Un personnage qui vit dans un rêve et dans une illusion.
-Il fait aussi de Matamore un personnage constitué de 2 facettes contradictoires.
-Matamore joue une double comédie en se livrant par sa bouche à la parodie du style
précieux et héroïque.
1° Cette scène s'inscrit dans une tradition
- Le personnage du capitaine et de son valet
Matamore est un descendant du mile gloriosus de Plaute dramaturge latin 2 e siècle
avant J-C. C'est un soldat qui se vante de ses exploits, accompagné d'un valet qui le
flatte pour l'exploiter. Le personnage est ensuite repris dans la Commedia Del Arte, qui
connaît un succès du 16e au 18 e siècle. Ce personnage se retrouve également dans
le Rolan furieux d'Aristote, œuvre italienne qui date de 1585. Le soldat fanfaron
s'appelle Rodamont, d'où le mot rodomontade qui signifie vantardise et se trouve plus
loin dans la pièce pour désigner Matamore. Enfin Matamore se retrouve aussi dans la
tradition espagnole et qui signifie tueur de morts. Le valet lui aussi appartient à la
tradition, ce personnage entre dans le jeu de son maître dans toutes ses œuvres afin
de vivre en parasite près de lui.
- Conformément à cette tradition, Matamore nous apparait comme un
personnage égocentrique et mégalomane.
Egocentrique d'abord on voit que Matamore insiste sur la 1er personne "je" qui peut
prendre d'autres formes "ce bras", "mon nom". Cette insistance montre que ses succès
sont dus à lui et non à ses sujets. Ce "jee est toujours sujet de verbe d'actions
violentes fréquemment. A ceci s'ajoute des métaphores qui accentuent sa puissance. Il
est également mégalomane, caractérisé par l'excès, l'exagération et s'exprime par
l'hyperbole. Il parle au début de s'en prendre au "Grand Sofi de Perse" et "Grand
Bogord". Ces mots sont unis en valeur par l'hémistiche et l'accent. "Grand" signifie la
puissance, ce mot est ainsi répété pour souligné ce caractère qui contraste avec la 1er
partie "souverains de pays exotiques". Il y a aussi une exagération du nom des
ennemis: "mes ennemis" ce qui contraste avec le singulier de la première personne. Il
y a aussi une hyperbole lorsque les combats sont évoqués par des victoires: «mettre
en poudre", "réduit en fumée", " Je couche d'un revers" (vers 243). Une destruction
radicale. Pour évoquer ses destructions il emploie le présent de vérité générale ou de
répétition. Exploits présentés comme permanant. L'importance de ces victoires est
amplifiée par le rythme ternaire. L'exagération s'exprime également par l'énumération
"massacre, détruit, brise, brûle" avec des allitérations en "r" et le sens de ces vers est
employés de façon absolue sans complément ce qui accentue leur sens. Enfin la
mégalomanie de Matamore l'assimile aussi à une divinité. Le lexique lui attribue une
puissance surréelle. Il l'assimile à Zeus, Jupiter ainsi qu'à un "nouveau Mars" un dieu
de la guerre. L'hyperbole, l'exagération de l'exploit montre que Corneille suit la tradition
et joue sur le comique de caractère.
- Conformément à la tradition, Clindor est un valet qui se joue de son maître.
En apparence, c'est le maître qui domine par la parole (longues tirades).De plus
Matamore tutoie son valet alors que celui ci le vouvoie et l'appelle Monsieur. Enfin
Matamore n'hésite pas à insulter son valet "poltron", le menace de l'assassiner, le
rabroue quand Clindor ose lui parler. "Et tu m'ose parler". Il domine son valet
cependant ce n'est qu'en apparence. Clindor débute le dialogue et c'est lui qui a le
dernier mot mais surtout il flatte son maître et entre dans son jeu, ses phrases sont
interrogatives ou exclamatives et Matamore ne fait que répéter ce que Clindor dit pour
développer son rôle "votre armée", "Mon armée". C'est donc bien Clindor qui mène le
soldat. Clindor parle de "son arme autaine", "tout de beaux faits". Il fait semblant de
sétinner de ses nouveaux projets. Clindor flatte son maître fait semblant de le modérer:
"Et de grâce" pour amener son maître à renchérir; Le rôle de Clindor est de nourrir la
folie de son maître. Enfin, on voit aussi qu'il s'y exprime toujours. Et les exagérations
de Clindor montrent clairement au lecteur qu'il se moque de son maître et n'est pas
dupe.
- Conclusion de la 1e partie:
Clindor apparait donc comme un valet habile, usé et manipulateur de son maître,
ce qui assure le comique de situation de la scène. Le spectateur comprend que toute
ses phrases sont des antiphrases ce qui joue avec la complicité du spectateur.
Corneille fait de Clindor un personnage baroque.
2° Le renouvellement du personnage de Matamore par Corneille
-Un personnage qui vit dans un rêve et dans une illusion crée par des mots.
"Vous rêvez" Le mot est polysémique. Ce verbe "rêver" est l'une des clés du
personnage. Corneille joue sur les sens de ce mot: méditer, rêver. Cela se vérifie
puisqu’à partir d'un mot de Clindor, Matamore se laisse emporter et il crée lui même
son personnage et son univers d'illusion par des mots. On le voit par les sonorités "r"
qu'il développe dans tout une tirade "mon armée ah poltron...» Matamore est saisi
d'une sorte de délire verbal, à partir d'un mot, il se laisse emporter dans on rêve. Il se
laisse emporter aussi par le rythme: rythme ternaire. Il y a des parallélismes de
construction. Par le rythme de l'alexandrin: tétramètre (3-3), très cadencé. C'est un
personnage qui se laisse emporté par les mots, les sons, le rythme et acquiert une
dimension poétique. Il crée un rêve, une illusion avec des mots.
-Il fait aussi de Matamore un personnage constitué de 2 facettes contradictoires.
Parvenu à une sorte de paroxysme, Matamore va se succédé au guerrier belliqueux,
l'amant précieux. Il parodie le langage précieux en le mettant dans la bouche de
Matamore. Le contraste est brutal et est marqué par les points de suspension et
souligné par "toutefois". On passe du soldat destructeur au personnage de l'amant. Il y
a un souvenir du 1er le en jouant notamment sur les sons qui relient ces actions
violentes par le son "r", "i", "u" et cela contraste avec des sonorités douces. «Adouci" X
verbe d'action violente "Je ne suis plus qu'un amour", champs lexical de la violence X
champs lexical des sentiments amoureux. Matamore est dompté par l'amour. Ce
changement qui représente la transformation souligne le caractère baroque. La
contradiction entre ces 2 aspects du personnage est soulignés par clindor "En un
moment" souligne l'instant bref du changement. "Aussi beau que vous étiez terrible
"beau est à l'hémistiche et terrible à la fin ce qui souligne l'opposition. "J'épouvante" X
"je charme" puis les procédés de "Quand je veux", "Les hommes de terreurs, les
femmes d'amour" soulignent eux l'aspect baroque qui est la source du comique lui
même renforcé par l'exclamation de Clindor qui souligne une feinte de son admiration
(M fuit le danger puisqu'il est peureux). Cette aptitude à se transformer est un autre
trait baroque du personnage.
-Matamore joue une double comédie en se livrant par sa bouche à la parodie
du style précieux et héroïque.
D'abord la parodie du style héroïque. Corneille place dans la bouche de Matamore des
vers qui annoncent le style comme s'il se parodiait lui même avec le Cid. On retrouve
le même rythme, le même champ lexical, les même sonorités "mon bras", les même
formules rhétoriques, le même grandissement épique. On retrouve aussi la métonymie
du bras, le rythme des vers... "Oui, tout autre que moins au seul bruit de ton nom
pouvait trembler d'effroi", "les palmes...", "J'attaque en téméraire un bras toujours
vainqueur, mais j'aurai trop de force ayant assez de cœur" (antithèse trop/ assez) suivi
de "A qui venge son père rien n'est impossible, ton bras est invaincu mais non pas
invariable". Dans la tirade de Matamore, il s'agit de parodie parce que le contexte n'est
pas celui de la tragédie. L'effet produit est comique car ce langage de Matamore se
trouve dans le style héroïque qui renforce le style précieux. En effet Matamore
s'exprime à travers des périphrases et des métaphores précieuses "ce p’tit archet qui
dompte tous les cœurs ", "Ce bel œil qui tient ma liberté" pour exprimer l'amant
emprisonné pour son sentiment. Ces métaphores sont des clichés ce qui confirme:
parodie précieuse, ce qui ridiculise les sentiments de Matamore et souligne le fait qu'il
joue un rôle appartenant a la comédie.
- Conclusion 2e partie:
Corneille fait de Matamore un personnage baroque à cause de ses excès, de
l'univers illusoires dans lequel il vit, à cause de ses transformations et de son aspect
théâtral. Il accroît par le comique puisqu’au comique traditionnel s'ajoute celui de la
parodie.
Conclusion générale
Corneille prend donc appui sur la tradition, il prolonge les soldats fanfarons du
passé flanqué de leurs valets, mais i renouvelle également le personnage de
Matamore qui acquiert ici une dimension poétique par ses facultés verbales et de vivre
dans le rêve. En s'éloignant de ses ancêtres Matamore rattache la pièce à l'esthétique
baroque.
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