Climate Support Facility WO24 - Rapport mission «Collaboration CILSS - CSF: la formation des formateurs sur
l'intégration du changement climatique dans les stratégies et politiques de développement au Benin»
Atelier de formation sur l’intégration du changement climatique dans les stratégies et les politiques de développement au Benin, Cotonou
du 2 au 6 Septembre 2013
Ordre de mission n° 24
Collaboration CILSS - CSF: la formation des formateurs sur l'intégration du
changement climatique dans les stratégies et politiques de développement au
Benin
Rapport de mission
Mission de terrain du 2 au 6 septembre 2013
Isabelle Mamaty (Key Expert 4)
Contrôle de qualité: Manuel Harchies
Climate Support Facility WO24 - Rapport mission «Collaboration CILSS - CSF: la formation des formateurs sur
l'intégration du changement climatique dans les stratégies et politiques de développement au Benin»
Atelier de formation sur l’intégration du changement climatique dans les stratégies et les politiques de développement au Benin,
Cotonou du 2 au 6 Septembre 2013
2
Contexte de la mission
1. Dans le cadre de la mise en œuvre des initiatives de l’Alliance Mondiale Contre le
Changement Climatique en Afrique de l’Ouest (AMCC/GCCA) et de l’Adaptation du
changement climatique dans les secteurs de l’agriculture et de l’eau (FFEM-CC), le
CILSS, en partenariat avec le Climat Supports Funds (CSF), organise une série de
formation sur l’intégration du changement climatique (CC) dans les politiques
nationales dans les pays de l’espace CILSS-CEDEAO.
2. Ce présent atelier organisé du 2 au 6 septembre à Cotonou au Benin en partenariat
avec le Ministère de l’Environnement, Chargé de la gestion des changements
climatiques, du reboisement, de la protection des ressources naturelles et forestières
est le troisième et dernier atelier de formation test après celui du Niger, du 23 au 26
juillet et celui du Burkina-Faso du 29 juillet au 2 Août 2013.
3. Cet atelier de formation a regroupé une vingtaine de participants venant des différents
Ministères (Agriculture, Elevage, environnement, économie et finances), et des
organisations non gouvernementales (cf. liste des participants en annexe 1).
4. Cette formation vise à doter le Bénin d’une masse critique d’experts nationaux
capables de répliquer les enseignements et les stratégies afin de permettre une
appropriation des principes de développement durable et la prise en compte de la
dimension changements climatiques dans les outils de planification tant au niveau
national que décentralisé.
5. La première journée du lundi 2 Septembre a été consacrée à deux réunions de travail :
(1) la première réunion a permis aux formateurs CILSS et l’expert KEY 4 du CSF de
revoir les modules et leur personnalisation dans le contexte du Bénin, personnalisation
qui n’avait pas été finalisée (cf feuille de route proposée lors du WO 20, rapports de
mission WO25 Niger & WO26 Burkina), (2) la deuxième réunion entre l’équipe de
formateurs CILSS et le coordinateur pays et son équipe a permis de faire le point sur
l’aspect organisationnel et surtout d’adapter l’agenda en fonction des disponibilités
des personnes ressources et des participants.
6. L’atelier a débuté le mardi 3 septembre jusqu’au vendredi 6 septembre, soit 4 jours.
Chaque module était composé d’une présentation et d’un ou deux exercices pratiques.
7. Le Key expert 4 a encadré les formateurs du CILSS et apporté son appui aux
formateurs pour les aider :
a. Dans la manière de présenter et d’identifier les messages clé à délivrer en
tirant les leçons des ateliers précédents (Burkina-Faso; Niger)
b. en contribuant à leur présentation si besoin avec des points complémentaires
c. en procédant à un débriefing avec toute l’équipe pour souligner les points forts
et les points faibles et comment améliorer la formation dans les autres pays
Les principales conclusions de l’atelier
8. La cérémonie d’ouverture a débuté par les discours du représentant du CONA-CILSS,
du Directeur de l’environnement et du Ministre de l’environnement. Ce dernier a
rappelé les impacts négatifs du CC dans les secteurs prioritaires. Il a par ailleurs
insisté sur l’importance de l’implication du niveau régional et de tous les acteurs ainsi
que l’élaboration de mesures appropriées concrètes car la formation seule n’est pas
suffisante.
9. Ensuite, les participants se sont présentés et ont exprimé leurs principales attentes qui
se résument à l’amélioration de leurs connaissances sur:
le CC pour les appliquer au niveau local et national
Climate Support Facility WO24 - Rapport mission «Collaboration CILSS - CSF: la formation des formateurs sur
l'intégration du changement climatique dans les stratégies et politiques de développement au Benin»
Atelier de formation sur l’intégration du changement climatique dans les stratégies et les politiques de développement au Benin,
Cotonou du 2 au 6 Septembre 2013
3
les méthodes d’estimation des coûts (coûts des impacts du CC sur les secteurs et
coûts de l’adaptation, changement d’échelle)
les méthodes de priorisation les actions et des options d’adaptation et
d’atténuation
les expériences localisées pour évaluation des coûts dans les investissements
les méthodes quantitatives d’évaluation de la vulnérabilité d’un système
les outils de suivi-évaluation dans le domaine du CC et les indicateurs de suivi
évaluation du CC
les indicateurs de suivi évaluation du CC pour mieux justifier les allocations
budgétaires
les liens spécifiques entre CC et élevage, entre CC et désertification
10. Le module introductif (module 0) a été présenté par Dr. Benoit Sarr, qui a rappelé les
principaux objectifs et résultats attendus de l’atelier.
11. La session sur le Module 1 - Comprendre le CC et ses liens avec le développement a
été conduite par les Dr. Maguette Kaire et Dr. Benoit Sarr a débuté par un quiz d’une
dizaine de questions sur le CC, ses causes et ses effets avant de débuter leurs
interventions sur les mêmes thèmes. Ainsi, les présentateurs ont montré que comme ce
qui se passe dans les autres régions du monde, les années 2000 ont été les plus
chaudes au Bénin. Par ailleurs, les résultats des simulations climatiques effectuées lors
de l’élaboration de la Communication Nationale Initiale (CNI) prévoient :
une élévation de température de 1° à 2,5° C à l’horizon 2100;
une augmentation entre 6 et 19,5% des pertes d’eau par évaporation;
une augmentation de la durée de la période sèche d’un à deux mois selon les
stations;
une élévation du niveau de la mer de 20 cm en l’an 2030 ; 40 cm en 2070; et 60 à
70 cm pour la fin du XXIème siècle.
12. Des débats sur la présentation, il ressort que :
Des questions ont été posées sur les hypothèses d’évolution des précipitations :
pourquoi la production du Sud baisse plus que celle du nord ? est ce que la fertilité
des sols a été prise en compte dans les modèles ?... Ceci confirme les incertitudes
sur les projections de précipitations au cours du 21ème et sur les rendements des
cultures.
Les participants ont également voulu savoir si la mise en œuvre du Plan d’Action
National d’Adaptation (PANA) était remise en cause par l’élaboration du Plan
d’Adaptation National (PAN): en réalité le PAN est une continuité du PANA car il
prend en compte des projets d’adaptation à moyen et long terme tandis que le
PANA se concentre sur les projets d’urgence à court terme.
Une des conclusions de ces débats a été que l’importance est d’initier les projets de
bas en haut et d’impliquer les acteurs à la base.
13. Le module 2 « pourquoi et comment intégrer le CC dans les politiques et stratégies
sectorielles ». Ce module a été introduit par une « présentation sur le contexte
institutionnel des changements climatiques au Bénin » de Mr. Ibila Djibril point focal
CC du Bénin.
14. Mr. Ibila Djibril a expliqué que l’internationalisation des accords internationaux signés
par le Bénin a nécessité l’élaboration d’un cadre formel avec la création du Comité
national sur les CC (CNCC) et la réglementation nationale, en particulier la loi cadre
sur l’environnement.
15. Selon Mr. Ibila, les contraintes climatiques identifiées au nin sont les suivantes :
menaces de sécheresse au Nord et dans le sud-ouest ; Transition climatique dans le
centre alternant rythmes à 4 ou 2 saisons certaines années, perturbant les calendriers
Climate Support Facility WO24 - Rapport mission «Collaboration CILSS - CSF: la formation des formateurs sur
l'intégration du changement climatique dans les stratégies et politiques de développement au Benin»
Atelier de formation sur l’intégration du changement climatique dans les stratégies et les politiques de développement au Benin,
Cotonou du 2 au 6 Septembre 2013
4
agricoles au niveau du paysan; Fortes variabilités pluvieuses et sévères déficits
pluviométriques (300 mm à Bopa/1983 à 3300 mm Sèmè/1968) ; Prédisposition de la
région méridionale à des inondations, pendant les années très pluvieuses (en rapport
avec les grandes vallées du Mono et de l’Ouémé).
16. Cependant, malgré ce cadre institutionnel formel, la faible allocation des ressources
budgétaires en faveur des CC est une des contraintes principales. Les autres
difficultés se traduisent notamment par une insuffisance d’expertise nationale dans les
différents domaines des CC, l’inexistence d’une base de données nationale sur les CC
(et donc des données parcellaires et souvent incomplètes), la faible coordination des
actions liées aux CC et enfin la faible prise en compte des CC dans les politiques,
programmes et projets de développement.
17. L’amélioration de la prise en compte des CC nécessiterait de:
Mettre les CC au cœur des priorités pour le développement ;
Développer des outils et de méthodologie de prise en compte des CC dans les
politiques, plans et programmes de développement ;
Développer des compétences nécessaires pour l’élaboration et la mise en œuvre
des projets bancables relatifs aux CC ;
renforcer le cadre légal et institutionnel de mise en œuvre de la CCNUCC;
Mettre en place une base de données sur les CC;
Organiser des séminaires gouvernementaux et parlementaires à l’intention des
décideurs politiques sur la problématique des CC.
18. Cependant des éléments positifs existent tels que:
L’existence d’un cadre institutionnel clair relatif aux CC (législatif et
règlementaire, organes)
L’existence de compétences nationales clefs, notamment à l’Université
Le bon fonctionnement relatif du CNCC qui comprend notamment les points
focaux des 3 conventions de Rio et des ministères sectoriels, les Universités, etc.
Les opportunités autour de la création du ministère de l’environnement et du CC:
plus de moyens, création d’administrations déconcentrées sur le thème des CC.
19. Cependant, des efforts restent encore à faire pour qu’il y ait une opérationnalisation
des projets CC au niveau des différents ministères.
20. Alors que le CNCC regroupe les points focaux des conventions ainsi que des
représentants des différents Ministères, ces travaux gagnent à être diffusés davantage
dans les différents ministères, y compris celui de l’environnement. Par ailleurs, le
passage aux actions concrètes doit certainement se faire par une sensibilisation auprès
des décideurs qui connaissent encore très mal les CC et leurs liens avec le
développement.
21. Le module 2 a été animé par Dr. Botoni E et Philippe Zoungrana. Les objectifs de ce
module étaient de permettre aux participants de comprendre la pertinence de
l’intégration du CC dans la planification, de connaître les exigences institutionnelles et
d’identifier les acteurs pour une intégration efficace, de s’approprier les différentes
étapes de l’intégration du CC dans la planification et les outils utiles à chaque étape,
enfin de maîtriser les principaux points d’entrées stratégiques pour intégrer le CC. Les
intervenants ont débuté par un rappel sur la définition de certains concepts tels que la
planification, le plan, le programme, le projet
22. Les points suivants ont été discutés :
l’absence de masse critique d’experts au Bénin
l’absence de base de données consolidée sur les CC
Climate Support Facility WO24 - Rapport mission «Collaboration CILSS - CSF: la formation des formateurs sur
l'intégration du changement climatique dans les stratégies et politiques de développement au Benin»
Atelier de formation sur l’intégration du changement climatique dans les stratégies et les politiques de développement au Benin,
Cotonou du 2 au 6 Septembre 2013
5
la Difficulté pour l’instant à intégrer le CC dans les politiques et stratégies
sectorielles, notamment le Plan National d’Investissement Agricole (PNIA) et la
Stratégie de croissance pour la réduction de la pauvreté (SCRP).
la présence de plus de travaux qualitatifs que quantitatifs
la nécessité de sensibiliser les acteurs politiques
23. En ce qui concerne l’identification des points d’entrée, les participants ont reconnut
que l’intégration des CC dans les documents de politique/stratégie au Bénin se
caractérise par un « verdissement » des documents mais il n’y a pas d’action au niveau
opérationnel (exemple du Projet de restructuration des services agricoles (PRSA).
24. La discussion sur les CC se limite au Ministère de l’environnement et a du mal à
s’étendre aux autres ministères. A titre illustratif, le Document de stratégie de
réduction de la pauvreté (DSRP), principal document de référence n’a pas intégré le
CC de manière satisfaisante.
25. Il existe actuellement plusieurs structures travaillant sur les CC avec une faible
synergie entre elles, et une définition de rôle qui mériterait d’être clarifiée. Il s’agit de
l’Agence Nationale pour l’environnement (politique environnementale), la Direction
générale de l’environnement (législation), la Commission nationale de Développement
durable et la Direction générale des CC (en cours de création).
26. Le Comité interministériel qui est constitué des représentants des différents Ministères
a peu de moyens financiers (il est financé par les partenaires et non pas par des
ressources domestiques). Un des participants a proposé comme point d’entrée le
Ministère du développement de l’analyse économique et de la prospective et tout
particulièrement la direction générale des politiques de développement. En effet cette
direction est chargée de valider les politiques de développement avant leur
présentation au conseil des ministres. Par ailleurs ce Ministère a préparé des guides
d’élaboration des politiques sectorielles et des Plan de développement communal
(PDC) auxquels tous les secteurs doivent se référer. Une des actions, à l’instar de la
politique genre serait d’associer une expertise CC lors de l’élaboration de ces
politiques et Plans et de sensibiliser les décideurs clé auprès de ce ministère pour
qu’ils soient « vigilants » et permettent l’intégration du CC comme condition pour
toute acceptation de politique.
27. Au niveau local, l’élaboration des plans de développement communaux de 2ème
génération a été l’occasion d’insérer le CC dans ces plans. Cependant comme
certaines communes avaient déjà élaboré leur PDC 2ème génération en 2009 donc le
choix de document de référence a été porté sur le Programme Annuel
d’investissement (PAI), qui est apparu comme plus pertinent. Il est important que les
PDC soient élaborés en conformité avec les politiques au niveau national et non pas de
manière indépendante comme c’est le cas actuellement.
28. La loi cadre de décentralisation en 1999 est le cadre juridique d’élaboration des PDC.
Changer ce cadre juridique pour incorporer d’autres considérations (nouveaux acteurs,
intégration du CC etc.) prendrait trop de temps donc il faut trouver comment faire
pour aller plus vite.
29. Pour de nombreux participants, il faut revoir le rôle entre les Ministères et les
collectivités décentralisées et permettre à ces dernières d’avoir un interlocuteur
unique.
30. Le module 3 sur les outils de sensibilisation et d’analyse de la vulnérabilité, des
impacts et d’adaptation/atténuation a été présenté par Dr Kaire M. et Dr Sarr B. Les
intervenants ont mis l’accent sur l’utilisation des outils d’analyse vulnérabilité et
adaptation, d’analyse macro et méso économique, et les projets pilotes/de
démonstration.
1 / 13 100%