à l’encontre de toi, laisse là ton oblation, et t’en va premièrement
te réconcilier avec ton frère.
Et pour obéir à ces paroles du Sauveur, comme aussi en l’honneur de ce qu’il
est le premier à nous rechercher, lui qui ne nous fait que toutes sortes de
faveurs, et qui ne reçoit de nous que toutes sortes d’offenses : allez
rechercher celui que vous avez offensé, ou qui vous a offensé, pour
vous réconcilier avec lui, vous disposant à lui parler avec toute sorte de
douceur, de paix et d’humilité. »
Dans les
Statuts et constitutions de la Congrégation de Jésus et Marie
, il est question
de la ‘charité envers les externes’. Jean Eudes envisage le cas de ceux de l’extérieur
« qui ne se montreront pas affectionnés à la Congrégation »
(il savait de quoi il
parlait !).
« On se gardera bien de témoigner, par parole ou par effet, aucun ressentiment
contre ceux qui ne se montreront pas affectionnés à la Congrégation, ou qui la
mépriseront ou traverseront.
Mais on aura soin, à l'imitation de Notre-Seigneur, de prier Dieu
particulièrement pour eux; on cherchera l'occasion de leur rendre le bien pour
le mal, et de gagner leurs cœurs par les voies de l'humilité et de la charité
chrétienne; et on tâchera d'avoir et de témoigner de bouche, par oeuvres et en
toutes façons, une très particulière charité vers eux, les regardant et traitant
comme nos bienfaiteurs signalés, lesquels nous aident à vaincre nos vrais
ennemis, qui sont notre orgueil, notre amour-propre et tous nos vices, et nous
donnent occasion de nous enrichir par la pratique des plus excellentes vertus.
Et aussitôt il envisage l’inverse :
« S'il arrive qu'un ou plusieurs de la Congrégation viennent à offenser ou
donner sujet de mécontentement à qui que ce soit, ils l'iront trouver au plus tôt
pour réparer leur faute et pour lui donner satisfaction, afin d'accomplir ce
commandement du Fils de Dieu : citation de Mt 5 »
.
Suit alors un commandement important :
« Surtout on craindra et évitera plus que la peste, les émulations, froideurs et
divisions au regard des autres communautés, tant ecclésiastiques que
religieuses ; et on s’étudiera de conserver par toutes sortes de moyens la paix,
l’union et la charité fraternelle et cordiale au regard de toutes… »
« S’il arrive des discordes entre des seigneurs ou magistrats ou autres, on
n’embrassera point les intérêts des uns au préjudice des autres ; mais on aura
une charité universelle pour tous, et on priera Dieu qu’il leur donne l’esprit de
paix. »
(OC IX, 233)
Bien noter le mot de paix… cf Eph 2,15-16 :
« il a voulu ainsi à partir du Juif et du
païen, créer en lui un seul homme nouveau, en établissant la paix, et les réconcilier
avec Dieu tous les deux en un seul corps, au moyen de la croix : là, il a tué la
haine »