De brevitate vitae De brevitate vitae est un traité philosophique

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De brevitate vitae
De brevitate vitae est un traité philosophique. Sénèque prêche la retraite dans ce traité, ce
qui nous permet de dater ce traité, ou bien autour de 49 ou bien autour de 62. Ces exhortations
s’adressent autant à Paulinus qu’à lui-même, pour s’auto persuader. Un stoïcien n’est pas quelqu’un
qui s’investie dans la vie matérielle mais qui participe à la vie publique.
Comment cet exposé n’est-il pas contradictoire ? Est-il révélateur de la philosophie
stoïcienne ?
I – Traduction
Excerpe te vulgo,
Pauline carissime,
et tandem recede,
in tranquilliorem portum,
jactatus
non pro aetatis spatio.
Cogita quot fluctus subieris,
quod tempestates
partim sustinueris privatas
partim converteris in te publicas.
Per laborisa et inquieta documenta
satis jam exhibita virtus est:
experire1 quid faciat
in otio.
Major pars aetatis, certe melior, 2
data sit3 reipublicae:
sume aliquid temporis tui
etiam tibi.
Nec te voco ad quietem
segnem aut inertem:
non voco
ut mergas somno
et caris voluptatibus turbae
quidquid3 est in te
indolis5 vividae.
Non est istud acquiescere6.
Invenies7 majora
omnibus tractatis operibus
strenue adhuc
quae agites8
repositus et securus.
Tu quidem administras
rationes orbis9 terrarum10,
tam abstinenter quam alienas,
tam diligenter quam tuas,
tam religiose quam publicas:
amorem consequeris in officio,
in quo difficile11 est odium vitare:
Écarte-toi de la masse,
très cher Paulinus,
et retire-toi enfin,
dans un lieu plus tranquille,
toi qui as été ballotté
sans respect pour ton jeune âge.
Pense à combien de remous tu t'es exposé,
combien de tempêtes
tantôt tu as essuyé en privé
tantôt tu as levé contre toi en public.
Par des démonstrations pénibles et troublées
ta valeur a déjà été suffisamment montrée:
fais l'expérience de ce qu'elle pourrait faire
dans l'oisiveté.
La majeure partie de ta vie, assurément la
meilleure,
a été consacrée à l'État:
prend un peu de ton temps
aussi pour toi.
Je ne t'invite pas pour un repos
indolent ou non chaland:
je ne t'invite pas
à engloutir par le sommeil
et par les plaisirs cher à la foule
(tout ce) toute l'énergie qui est en toi
(en fait de tempérament énergique).
Ceci n'est pas se reposer.
Tu trouveras des activités plus grandes que
tous les travaux que tu as menés
énergiquement jusqu'à présent
qui pourront t'occuper
À l'écart et en sécurité.
Vraiment toi tu gère
les ressources de la terre,
avec autant de retenu que s'ils étaient à autrui,
avec autant d'empressement que s'ils étaient à
toi,
avec autant de respect que s'ils étaient public:
tu gagne l'affection dans une fonction,
où il est difficile d'éviter la haine:
sed tamen,
mihi crede, satius est
nosse12 rationes suae vitae
quam frumenti publici.
Istum animi vigorem,
capacissimum rerum maximarum,
revoca a ministerio honorifico quidem
sed parum apto ad beatam:
et cogita,
non te egisse id
ab aetate prima,
omni cultu13
studiorum liberalium,
ut14 multa milia frumenti
committerentur bene tibi:
promiseras de te
quiddam majus et altius.
Non deerunt homines
frugalitatis exactae
et laboriosae operae.
Tarda jumenta sunt
tanto aptiora
exportandis oneribus,
quam nobiles equi15:
quis umquam pressit
quorum16 generosam pernicitatem
gravi sarcina?
en revanche,
crois-moi, il est plus satisfaisant
de connaître les affaires de sa propre vie
que du blé public.
Cette force d'âme,
réellement capable de plus grande chose,
détourne là d'une fonction certes honorifique
mais peu approprié au bonheur:
et pense que,
tu n'as passé passer ton temps
depuis ton enfance,
à apprendre complètement
les belles lettres,
pour que plusieurs tonnes de blé
soient assemblé convenablement par tes soins:
tu avais promis à ton sujet
Quelque chose de plus grand et de plus noble.
Ils ne manqueront, les hommes
à la modération parfaite
Et à l'activité besogneuse.
Les lentes bêtes de somme sont
bien plus appropriées
à porter des fardeaux,
que des chevaux de race:
qui n’a jamais accablé
leur généreuse rapidité
D'un lourd fardeau?
II – Grammaire
1
 2ème personne du singulier / présent passif déponent
2
 Comparatif traduit par des superlatifs
3
 Subjonctif parfait passif
4
 Relatif composé neutre
5
 Génitif de qualité
6
 Attribut du sujet, péjoratif
7
 Indicatif futur
8
 Subjonctif présent, valeur circonstancielle
9
 Génitif singulier
10
 Génitif pluriel
11
 Attribut du sujet nom neutre singulier
12
 Employé pour novisse ? Parfait
13
 Par l’apprentissage complet
14
 Valeur final
15
 Que de nobles chevaux
16
 Relatif de liaison (et eorum)
III – Commentaire
1 – Un Sénèque prosélyte
2 – Les principes énoncés
1Un Sénèque très directif :
a. Multiplication des injonctions (l.1, 14, 17)
b. Jeu de proposition (l.16)
c. Flatterie (l.19)
Un Sénèque presque emporté
a. Métaphore évocatrice de la tempête (l.1 à 4)
b. Ton emporté: rythme binaire (l.3, 4, 6)/ rythme ternaire (l.12)
c. antithèse (l.20)
2a. Pas d'aliénation à la société, à la vie de la cité l.6-7, à la notoriété "in oficio amorem" l.13
b. Appel à:
- "l'otium"
- Ce n’est pas une activité indolente "istud" l.9
- Ce n'est pas une activité du peuple, c’est une activité destinée aux gens de
qualité, cultivés "omni cultu studiorum liberalium" l.18, destinée à une élite à travers l’image du
cheval de course "nobiles equi" l.21-22
c. Pour des gens de qualité:
-"maximarum capacissimum" ce n'est pas pour tout le monde
-"majus et altius" l.19
d. Pour des gens cultivé: l.18 "omni cultu studiorum liberalium"
e. Destiné à l'élite: "jumenta" différent "nobiles aqui" l.21
IV – Conclusion
Illustration intéressante du cheminement du philosophe. Il ne nous assomme pas de
certitudes, nous sommes amenés à reconstruire un puzzle.
Les différentes facettes ne nous suffisent pas à donner une définition parfaite de l’otium,
mais il nous incite à réfléchir, c’est le travail propre au philosophe.
Tableau étonnant puisqu’il invite à l’éloignement alors que d’habitude le stoïcien doit se
mettre au service de ses citoyens. C’est bien le tableau d’un sage. Il y a quand même des indices qui
se rattachent à la pensée stoïcienne: l’écart entre le peuple et les penseurs, l’idée d’une culture,
cette activité tournée vers soi-même (ça pourrait être ce que les stoïciens appelle le "meditatio",
entrainement nécessaire à la réflexion) et une capacité entre ce qui est primordial et ce qui est
secondaire.
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