L’huile et son origine dans l’histoire Le Néolithique C’est au cours du Néolithique que l’homme va découvrir et utiliser les premières graines oléagineuses. Le néolithique est un phénomène d’évolution mondial né au Proche Orient dans le croissant fertile (Israël, Cisjordanie, Liban) vers - 10 000 ans, il arrive en Europe vers – 6000 ans. Ce mouvement marque la fin de la préhistoire et l’entrée de l’homme dans l’histoire. Cette période voit l’apparition de l’agriculture. C’est la fin de l’ère glacière, le réchauffement climatique repousse vers le nord le gibier que l’homme avait l’habitude de chasser (rennes…). La végétation évolue et devient plus riche (céréales, légumineuses, amandiers…). A partir de -7500 ans les cultures apparaissent, sans doute de façon accidentelle : des grains de céréales tombées au sol lors de la préparation du repas germent et repoussent toute seules. L’homme comprend alors qu’il peut les semer et commence à cultiver les plantes. Il cesse alors d’être uniquement chasseur et cueilleur, il devient éleveur et cultivateur et se sédentarise : c’est l’apparition des premiers villages. L’homme commence à avoir un impact sur l’environnement qui l’entoure. Il sélectionne les plantes les plus productives : il cultive les céréales comme le blé et l’orge, le lin pour le tissage. Il sélectionne aussi les animaux pour l’élevage : chèvres, moutons et chiens. Il taille la pierre, la polit, sculpte des objets et les décore, fabrique les premières céramiques. L’homme découvre les oléagineux et les céréales L’homme cultive dès cette époque les céréales ainsi que le pavot, le lin et le chanvre pour ses graines oléagineuses très nourrissantes. La culture du chanvre a été mise en évidence dès -8000 en Chine. On ramasse également d’autres fruits oléagineux comme les olives. En Sardaigne des traces archéologiques permettent de montrer que dès le néolithique les hommes ont utilisé la graine de lentisque (sorte de pistachier) et en ont tiré de l’huile. Les graines oléagineuses ont sans doute été d’abord consommées telles qu’elles, sans être écrasées. Puis par hasard l’homme a du écraser quelques graines et se rendre compte qu’elles contenaient un liquide. Il utilise alors des pierres pour broyer les graines et en retirer l’huile. Les céréales sont indigestes pour l’homme si elles ne sont pas broyées puis cuites, il se met à les écraser entre deux cailloux pour les consommer. L’histoire de l’huile comme celle des céréales est étroitement liée à la naissance des civilisations. L’invention des premières meules Au Néolithique apparaissent les premières meules qui sont manuelles. L’homme a d’abord inventé la meule à grain puis la meule à huile. Les meules à grain sont constituées d’une pierre fixe légèrement creuse et d’une molette qui permet de concasser le grain. Les meules à huiles sont plus complexes : la pierre de base est conique et elle est recouverte d’une autre pierre conique que l’on fait tourner à la main pour écraser les graines installées entre les deux. La pierre de base est striée et munie d’une goulotte permettant à l’huile de s’écouler. Certaines de ces meules sont parfois chauffées par un petit fourneau qui permet de réchauffer les graines et de faciliter l’extraction de l’huile. L’Antiquité, naissance de la production industrielle de l’huile Le début de l’antiquité correspond à l’invention de l’écriture et est donc différent selon les régions du monde. La première apparition de l’écriture se situe autour de – 3400 ans en Mésopotamie où se développa l’écriture cunéiforme. En Europe l’antiquité commence avec la civilisation minoenne en Crète aux alentours de -2700 ans. Cette civilisation développe une écriture qui sera l’ancêtre du grec ancien. Sur l’île de Chypre des recherches archéologiques ont mis au jour les restes d’une vaste installation industrielle de production d’huile d’olives remontant à -2000 ans. On y a découvert un pressoir à huile et des magasins. De nombreuses autres productions dépendaient de l’huile d’olives : tissage, production de parfums, métallurgie où l’huile était utilisée comme combustible pour atteindre de hautes températures dans les procédés de fusion. Les Grecs puis les Romains vont poursuivre cette exploitation de l’olive et de son huile. Les Romains perfectionnent la meule La meule va être perfectionnée par les Romains qui inventent le principe de la meule en pierre verticale tournant dans une cuve de pierre. Très proche des meules utilisées dans nos moulins jusqu’au 20eme siècle. Ces meules servent à broyer la matière première qui est ensuite pressée. Pour cela on utilise les premiers modèles de presse à levier ou a vis (en bois, en pierre ou en métal). Les Romains vont aussi diversifier les énergies utilisées pour entraîner les moulins. A l’origine seule la force humaine est employée, les hommes font tourner les meules à la main. Les Romains vont inventer le premier moulin à animaux , dit « moulin à sang » (les animaux attelés aux meules vont les entraîner), puis le premier moulin à eau muni d’une roue qui entraîne les meules. L’olive et son huile Dès -2000 la production d’huile d’olive s’étend à tout le bassin méditerranéen. C’est une production très organisée : les olives sont écrasées sous des meules de pierre, la pâte obtenue est pressée, l’huile est conservée dans des jarres avant la mise en vente. On peut alors parler de véritables installations industrielles. Dès lors les huiles servent à de nombreux usages : alimentation, lampes à huiles, lubrification, produit de beauté, protection des fresques, étanchéité des fonds de bateaux… L’olivier au cœur des mythes L’olivier a toujours été un arbre hautement symbolique dans les mythologies, on le retrouve dans toutes les histoires fondatrices des civilisations. La ville d’Athènes tient son nom de la déesse Athéna. Mais la mythologie nous conte que Poséidon et Athéna luttèrent pour devenir les protecteurs de la ville, ils réunirent la population et offrirent chacun un cadeau. Poséidon fit don d’un cheval symbole du courage et de la guerre ; Athéna fit don d’un olivier symbole de la prudence, de la sérénité et de la paix. Les Athéniens choisirent l’olivier qui annonçait la prospérité de leur ville. La ville prit ainsi le nom d’Athènes. Dans la tradition juive lors du premier acte de purification rituel, la circoncision, on appliquait sur la plaie un mélange de vin, de cumin et d’huile. L’Islam fait de l’olivier « l’arbre central, l’axe du monde, symbole de l’homme et du prophète », dans le Coran il est l’arbre béni source de lumière. La Bible elle même nous conte qu’après 40 jours de déluge Noé envoya une colombe hors de l’arche pour savoir si la terre était sortie des flots ; l’oiseau revient sans avoir pu se poser. Sept jours après Noé renvoya la colombe qui revient cette fois portant un rameau d’olivier dans son bec, symbole de vie et d’apaisement de la colère divine. Dans la religion chrétienne l’huile d’olive est également utilisée pour la fabrication du Saint Chrême, mélange d’huile d’olive et de résine parfumée. Il est symbole de la douceur et de la pureté du Christ, d’où l’expression être en « odeur de sainteté ». Le Saint Chrême était utilisé pour les onctions lors du sacre des rois de France ; de nos jours on l’utilise lors du baptême et de la confirmation, lors de l’extrême-onction et aussi pour l’ordination des prêtres. On l’emploie également pour la consécration des autels, pour bénir les fonts baptismaux ou les cloches des églises.