En Europe du nord, cette espèce de papillon présente une coloration crème clair, mouchetée
de marron. Lorsque pendant la journée, ce papillon de nuit se pose sur une branche, sa couleur
le camoufle à la vue de certains prédateurs (= cryptisme). Ceci est vrai, si cette branche est de
couleur claire, ce qui est généralement dû à sa couverture de lichens.
Au cours de la révolution industrielle, en Grande Bretagne, la pollution par la fumée a
localement tué les lichens, ce qui a noirci les troncs sur lesquels se posaient les phalènes. On a
constaté après coup que dans les collections datant de cette époque (vers 1830) une forme
mélanique de ce papillon, bien camouflée dans les branches sombres, est devenue de plus en
plus abondante. Au cours du 19ème siècle, l’importance de la forme mélanique a augmenté
dans les régions industrielles, au point que cette forme est devenue la plus fréquente.
Cet accroissement de fréquence a été presque certainement dû à la sélection naturelle. En
effet, les observations de Kettlewell, au 20ème siècle, ont montré que les oiseaux mangent les
papillons mal camouflés. D’ailleurs, si on relâche dans une région industrielle un mélange de
2 formes de papillons, ce sont les individus mélaniques qu’on a le plus de chances de
recapturer, vivants, plus tard. Au contraire, si c’est dans une région non industrielle qu’on
effectue la même expérience, la plupart des papillons recapturés sont clairs.
A noter ici que dans la plupart des cas de mélanisme industriel, le motif de coloration noire
est déterminé par un seul allèle dominant.
Comme le montre cet exemple, la sélection naturelle va faire fluctuer les fréquences
alléliques en fonction des avantages que procurent tels ou tels allèles. Le polymorphisme
génétique est donc très important dans un environnement changeant.
De même, il existe une relation positive entre le polymorphisme génétique et le degré
d’hétérozygotie. En effet, plus la proportion de gènes polymorphes est élevée dans une
population, plus nombreux sont les gènes que l’on peut retrouver sous la forme hétérozygote
chez un individu quelconque. Or, l’hétérozygotie revêt une grande importance pour les
populations naturelles car elle est souvent associée à la vigueur hybride appelée aussi
l’hétérosis.
3. Rôle de la vigueur hybride
L’hétérozygotie correspond au nombre de loci hétérozygotes qui existent dans une
population donnée. Ainsi, il permet, tout comme le polymorphisme, de quantifier la diversité
génétique d’une population.
Exemple de croisement entre deux individus de race pure :
Individu A de Individu B de
génotype AA génotype aa
Individu C hybride de génotype Aa
L’individu C dans un environnement donné a une viabilité plus grande.
Tout d’abord, il présente deux allèles différents donc il (ou plutôt ses descendants) pourra
faire face aux variations environnementales plus facilement que ces parents. Il sera ainsi
sélectionné (taux de survie et taux de reproduction plus important).
De plus, l’hétérozygotie permet de camoufler et d’empêcher l’expression d’allèles délétères
récessifs. Ainsi, si l’allèle a induit un disfonctionnement, l’individu B de race pure sera donc
malade alors que l’individu C (si on considère l’allèle A dominant) ne le sera pas. C’est ce
que l’on observe dans le cas de l’anémie falciforme. Cet exemple sera traité plus en détail
dans la dernière partie.
Par contre, l’individu C pourra transmettre la maladie à sa descendance comme le montre le
tableau de croisement ci-dessous.