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– Le premier élément de cette thématique concerne la « construction de territoires » patrimoniaux
et les acteurs impliqués dans cette fabrication. Dans un contexte de crise et de reconfiguration du
rapport individu-nature et des formes d’exploitation et d'appropriation des ressources naturelles -
qui se cristallisent dans la préoccupation environnementaliste - le patrimoine est à la fois
construction sociale et construction territoriale dans le cadre de la production de territoires
patrimoniaux (écomusées, « pays », PNR, aires naturels protégés, parc nationaux), et de
l’émergence de nouvelles formes de patrimoine (rural, végétal, ethnologique).
– La patrimonialisation expriment-elle un processus par lequel des populations urbaines ont
transformé les espaces ruraux en cadre de vie et en paysage ? S’agit-il d’un mode urbain de relation
à la campagne-nature, terrains d’exercice de nouvelles pratiques, lieu d’investissement affectifs ou
esthétiques, un mode d’appropriation symbolique d’un paysage élu devant être préservé de toutes
formes de dégradation engendrés par l’activité anthropique ? Les demandes de patrimonialisation
par des groupes locaux ont-elles pour seuls objectifs d’attirer des populations urbaines et une mise
en tourisme de l’espace ?
– Quel est le rôle des qualifications juridiques sanctionnant la valeur patrimoniale d’un espace ?
Quels que soient leurs effets juridiques, elles sont perçues comme mettant en œuvre une vigilance
accrue. En identifiant des éléments du patrimoine commun, elles procèdent - paradoxalement - à
une mise en visibilité des atteintes aux éléments quelles sont censées préserver. Indépendamment
de leur effectivité, elles peuvent contribuer à la « naturalisation » de certains espaces, et constituer
des ressources pour certains groupes.
– A l’opposé, la patrimonialisation peut-elle constituer une stratégie de réappropriation par un
groupe local de ressources à gérer en commun. Des formes contemporaines d’action collective et la
mobilisation de processus de planification communautaire peuvent introduire une nouvelle forme
de relation à un espace commun et fondée sur une stratégie de patrimonialisation et de la mise en
place de nouveaux modes de régulations locaux de l’usage des ressources naturelles.
– La patrimonialisation ne sanctionne pas seulement la relation entre un groupe local et son
terroir, elle implique la présence d’un tiers, qui actualise ou dans certains cas produit une nouvelle
forme de lien entre un groupe et un espace. Quel rôle jouent, dans ces processus, les experts et
chercheurs qui identifient, qualifient et certifient des espaces à préserver, mais aussi des pratiques
et des modes de production ? Dans la fabrication de ces territoires patrimoniaux, le rôle des experts
et des mouvements associatifs est très important. Des territoires se construisent sous la double
bannière de la « tradition » et du « local », mais cette « tradition » et ce « local » sont fortement
réinterprétés et réinventés, la quête de racines étant d’ailleurs souvent le fait de néo-résidents
installés depuis peu dans la localité ; ce sont ceux-là que, dans bien des cas, on trouve à la tête des
mouvements associatifs. Ce processus s’accompagne, dans une interaction réciproque, de la