Pédagogie du désir – Sœur Véronique Thiébaut – St Gervais / Combloux – 7 mai 2013
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éducatif en cherchant à l’exprimer avec des mots adaptés à notre époque. A
partir d’une spiritualité de l’Incarnation et d’une invitation à partager avec Dieu
une triple passion pour la création, pour l’humanité et pour que l’homme ait la
plénitude de la vie, 6 traits d’une unique pédagogie Assomption ont été soulignés.
Parmi eux, la pédagogie du désir
: dans le texte, elle est en lien direct avec un
dynamisme créatif qui part de l’éducateur pour aller vers le jeune : « elle suscite la
confiance et la capacité des humains à créer leur avenir.» Une telle pédagogie, est-
il écrit, vise à « faire naître le désir » du beau, du bon, pour s’engager. La «
pédagogie du désir » est donc intimement liée à la « pédagogie du projet », la
première partant davantage de la personne et la deuxième plaçant la personne
dans un contexte social, créant ainsi une dialectique entre la personne en son
désir personnel et la manière dont ce désir va informer son agir social.
b- Des enjeux pour l’éducation aujourd’hui
Le conflit du désir au sein de la famille
Lorsque ces textes sont sortis, en 2006, j’étais enseignante et je ne pouvais
m’empêcher de penser à mes élèves. A cette époque-là, Rachel était dans ma
classe. Rachel a 15 ans quand elle arrive en en seconde générale. Ses résultats
sont dans la moyenne de la classe. A l’automne, son père décède brusquement.
Affectée par l’événement, elle fait face avec courage. Après quelques mois, les
choix pour la série de première sont à poser, ses résultats commencent à chuter.
On attribue cela au décès récent du papa. Lors d’un entretien, elle finit par
m’avouer qu’elle rêve d’avoir son propre salon de coiffure… Elle en a déjà parlé
avec sa mère, dès la troisième ; cette dernière ne pouvait accepter cette idée. Elle
se retrouve donc en lycée d’enseignement général, contre son propre gré, pour
faire plaisir à sa mère. Malgré sa bonne volonté, elle perd la motivation et se
désinvestit du travail scolaire. Professeur principal de Rachel, je me suis
demandé quelle devait être ma posture : chercher à éveiller chez elle un « autre »
désir, plus proche de celui de sa mère, en espérant qu’elle y trouve un jour un
chemin de réalisation de soi, en invoquant le fait qu’elle serait plus heureuse en
ayant une meilleure situation dans la vie ? Ou bien l’encourager à défendre son
projet personnel devant sa mère, avec la certitude que son bonheur ne viendrait
qu’en laissant parler son propre désir ? Fallait-il « changer son désir » ou «
défendre son désir » ?
RELIGIEUSES DE L’ASSOMPTION, textes pré-capitulaires 2006