le bord de la table sur sa largeur.
Plusieurs remarques à propos de l'angle de départ : tout d'abord, c'est un paramètre plutôt
difficile à déterminer. A l'oeil nu, il est impossible de discerner clairement le moment où la
tartine cesse de glisser et commence à tomber, et même après une acquisition vidéo,
l'exploitation n'est pas beaucoup plus évidente. En effet, en supposant une fréquence
d'acquisition de 30 images/seconde ( fréquence effectivement utilisée lors des
expériences ), on obtient une incertitude d'à peu près 0,06 secondes sur la détermination
du moment où la seconde phase du mouvement commence ( cela représente donc une
incertitude proche de π/15 rad ).
De plus, c'est au début du mouvement que l'incertitude expérimentale est la plus grande.
Dans le cas qui nous intéresse ici, il faut distinguer deux possibilités : le fait de lâcher une
tartine, ou de la lancer en l'air. Un exemple frappant de la variabilité des résultats obtenus
est visible dans deux études très sérieuses : Robert Matthews, en 2001, a fait lancer à des
écoliers du Royaume-Uni près de 21 000 tartines, et n'obtint un taux de tartines tombant
sur le côté beurré que de 62 %. Cela conforte l'idée qu'il y a une cause profonde et
statistiquement importante qui fait que la tartine retombe du côté beurré, mais on est loin
d'une valeur aux alentours de 100 % à laquelle on pourrait s'attendre. Dans une deuxième
série d'expériences, le taux a même chuté à 53 % !
En fait, cette fluctuation du résultat est dû au fait que les lancers ne sont pas tous
équivalents : les élèves donnaient plus ou moins de hauteur, de vitesse de rotation et
même d'inclinaison lors du lancer, ce qui veut dire que les résultats obtenus sont
réellement sujets à caution.
Reste la question d'une éventuelle discontinuité de la densité causée par la présence du
beurre, et sur ce point la littérature disponible n'est pas unanime. Le site h2g2 ainsi qu'un
article de Sciences et Vie lui concèdent une importance réelle mais très faible, alors que
Robert Matthews, qui a reçu en 1996 un prix Ig Nobel pour son étude de la question, n'en
prend pas compte. La densité du beurre est ( moyenne de trois sources ) d'environ 0,85.
On compare cette valeur à la densité du pain : on a trouvé une moyenne de 0,35 à peu
près, ce qui représente effectivement une différence importante. Toutefois, si on considère
que la couche de beurre représente une épaisseur très mince ( de l'ordre de 0,5 mm, voire
moins ) comparée à la hauteur de la tartine ( au moins 1 cm ), on en arrive à négliger cet
effet. Avec les valeurs proposées, on obtient un volume de beurre 20 fois plus petit que
celui de pain. L'influence d'une couche de beurre "normale" est donc très limitée.
On garde en définitive quatre paramètres principaux ( en éliminant le problème de la non-
homogénéité de la masse volumique ), qui doivent permettre de décrire le mouvement de
la tartine : la hauteur de la table, l'angle où la tartine quitte la table, les dimensions de la
tartine et le coefficient de surplomb.
L'idée est alors de modéliser dans un premier temps l'effet de ces paramètres par rapport
à une tartine "standard" ( les expériences se sont appuyées sur une tartine carrée de dix
centimètres de côté, et on prend donc cette valeur ), et de voir à quelles occasions la
tartine pourrait retomber du côté non beurré.