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L’apôtre du nom de Paul de Tarse a modelé le dogme chrétien que nous
connaissons aujourd’hui. Il propage notamment la foi chrétienne dans l’Empire romain,
un monde multiculturel et païen, dirigé par l’empereur Néron. Au cours de ses nombreux
voyages, il convertit plusieurs païens, apportant ainsi un aspect important d’universalité
dans cette religion naissante. D’autres valeurs nouvelles sont présentées dans ses écrits,
tels que dans les Épîtres aux Corinthiens, dans l’Épître à Philémon et dans l’Épître aux
Galates. Ces lettres, bien qu’elles traitent de sujets spécifiques, laissent place à une
interprétation plus large, notamment en ce qui a trait à l’idéologie que Saint Paul souhaite
véhiculer. En effet, le christianisme en est encore, à cette époque, à ses débuts. Les
différents croyants du Christ ne sont pas encore unifiés, car plusieurs mouvements se
côtoient tout en restant plutôt marginaux. Le judaïsme présent à l’époque de l’Empire
romain compte de nombreuses sectes portant le message de différents prophètes. Ces
«messies», en concordance avec la tradition juive, rassemblent des sectes d’adeptes
autour d’eux. Parmi eux, la cellule de celui que l’on appelle maintenant Jésus Christ ne se
différencie pas vraiment de celles de ses contemporains. En effet, comme les autres
sectes juives, «leur christologie n’entame point encore le strict monothéisme israélite :
car s’ils professent pour leur Maître une vénération qui le hausse au-dessus de la
condition humaine, ils sont loin encore de l’identifier à Dieu. Et par ailleurs, du point de
vue de la Loi, ils se comportent en juifs, en juifs exemplaires.» (Lenoir, 2007, p.79)
Pourtant, après la mort de Jésus, on aperçoit toujours la création de petites «sectes»
convaincues de l’idée de celui-ci comme Messie et de sa résurrection. Certains de ses
apôtres comme Pierre et Jean, avec Jacques, celui qu’on désigne comme le frère du
Seigneur (Simon, 1960, p.36), se rendent à la tête d’un groupe nommé l’Église de
Jérusalem dont a fait partie, quelques temps, Paul de Tarse. Ce groupe s’efforce encore
de rester dans la tradition juive. La seule différence, alors, entre le christianisme et les
autres sectes israélites, est « de persister à reconnaître [Jésus] comme [messie] après son
supplice infamant voulu et provoqué par les autorités religieuse de la nation, de
proclamer que la mort du crucifié n’était pas définitive, qu’il était ressuscité puis monté
au ciel. » (Simon, 1960, p.6) D’ailleurs, les hauts placés de ce groupe ne cessent de
chercher à relier cette mort prématurée du Christ aux anciens enseignements judaïques.
Mais comment un Messie censé être bon et fort peut-il sembler si faible? Ils tentent de