Saint Paul et les valeurs chrétiennes
dans un monde romain et juif
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Table des matières
Problématique……………………………………………………………………………3
1. Saint Paul et les valeurs chrétiennes…………………………………………………..7
1.1 La vie de Saint Paul…………………………………………………………..7
1.2 Universalité…………………………………………………………………...8
1.3 Pardon………………………………………………………………………..10
1.4 Justice sociale………………………………………………………………...11
1.5 Charité………………………………………………………………………..13
2. Les valeurs romaines et juives en opposition aux valeurs chrétiennes………………..15
2.1 Valeurs romaines……………………………………………………………..15
2.1.1 Plaisir et divertissement……………………………………………15
2.1.2 Violence……………………………………………………………16
2.1.3 Amour de la richesse……………………………………………….18
2.1.4 Piété………………………………………………………………...19
2.2 Valeurs juives………………………………………………………………...20
2.2.1 Exclusivité………………………………………………………….20
2.2.2 Respect de la loi……………………………………………………21
2.2.3 Tradition……………………………………………………………22
Conclusion……………………………………………………………………………….24
Médiagraphie…………………………………………………………………………….26
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L’apôtre du nom de Paul de Tarse a modelé le dogme chrétien que nous
connaissons aujourd’hui. Il propage notamment la foi chrétienne dans l’Empire romain,
un monde multiculturel et païen, dirigé par l’empereur Néron. Au cours de ses nombreux
voyages, il convertit plusieurs païens, apportant ainsi un aspect important d’universalité
dans cette religion naissante. D’autres valeurs nouvelles sont présentées dans ses écrits,
tels que dans les Épîtres aux Corinthiens, dans l’Épître à Philémon et dans l’Épître aux
Galates. Ces lettres, bien qu’elles traitent de sujets spécifiques, laissent place à une
interprétation plus large, notamment en ce qui a trait à l’idéologie que Saint Paul souhaite
véhiculer. En effet, le christianisme en est encore, à cette époque, à ses débuts. Les
différents croyants du Christ ne sont pas encore unifiés, car plusieurs mouvements se
côtoient tout en restant plutôt marginaux. Le judaïsme présent à l’époque de l’Empire
romain compte de nombreuses sectes portant le message de différents prophètes. Ces
«messies», en concordance avec la tradition juive, rassemblent des sectes d’adeptes
autour d’eux. Parmi eux, la cellule de celui que l’on appelle maintenant Jésus Christ ne se
différencie pas vraiment de celles de ses contemporains. En effet, comme les autres
sectes juives, «leur christologie n’entame point encore le strict monothéisme israélite :
car s’ils professent pour leur Maître une vénération qui le hausse au-dessus de la
condition humaine, ils sont loin encore de l’identifier à Dieu. Et par ailleurs, du point de
vue de la Loi, ils se comportent en juifs, en juifs exemplaires.» (Lenoir, 2007, p.79)
Pourtant, après la mort de Jésus, on aperçoit toujours la création de petites «sectes»
convaincues de l’idée de celui-ci comme Messie et de sa résurrection. Certains de ses
apôtres comme Pierre et Jean, avec Jacques, celui qu’on désigne comme le frère du
Seigneur (Simon, 1960, p.36), se rendent à la tête d’un groupe nommé l’Église de
Jérusalem dont a fait partie, quelques temps, Paul de Tarse. Ce groupe s’efforce encore
de rester dans la tradition juive. La seule différence, alors, entre le christianisme et les
autres sectes israélites, est « de persister à reconnaître [Jésus] comme [messie] après son
supplice infamant voulu et provoqué par les autorités religieuse de la nation, de
proclamer que la mort du crucifié n’était pas définitive, qu’il était ressuscité puis monté
au ciel. » (Simon, 1960, p.6) D’ailleurs, les hauts placés de ce groupe ne cessent de
chercher à relier cette mort prématurée du Christ aux anciens enseignements judaïques.
Mais comment un Messie censé être bon et fort peut-il sembler si faible? Ils tentent de
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trouver des réponses juives à plusieurs conceptions chrétiennes déjà légèrement
divergentes. Paul se détache rapidement de ce groupe qui tente désespérément de lier leur
nouvelle branche religieuse au judaïsme auquel ils croient fermement. Ce sera la vision
de Saint Paul qui triomphera et qui servira de base à la doctrine du christianisme jusqu’à
nos jours, évinçant d’autres mouvements chrétiens comme Étienne et les hellénistiques,
l’Église de Jérusalem de Pierre et Jacques ou encore Apollos. Comment le christianisme
de Saint Paul a pu autant se développer au détriment des autres mouvements?
Selon plusieurs auteurs, l’aspect majeur qui permet à la pensée de Saint Paul de
s’imposer est le concept d’universalité. Pour Marie-Françoise Baslez, ce sont les
réflexions théologiques de Saint Paul qui font passer le christianisme d’une secte juive à
un salut pour tous. Jean-Noël Aletti avance que bien que la pensée de Saint Paul se
distance du judaïsme, elle ne renie pas pour autant les origines juives de son Église. Paul
voit son Église comme ayant un rôle de réconciliation entre ethnico (c’est-à-dire ceux
anciennement païens) et judéo-chrétiens. Elle est inclusive et cette union entre juifs et
non-juifs est un élément clé de son identité. Ainsi, Saint Paul défend une unité sans
distinction entre les ethnies, le sexe et les classes sociales. (Sarthou-Lajus) Frédérique
Lenoir appuie également cette idée voulant que l’universalité est l’élément le plus
important qui a fait en sorte que Paul l’a emporté sur les autres apôtres de son époque.
Quelques auteurs affirment également que ce qui permet au message de Paul de
dominer, c’est d’abord le fait qu’il se distingue de celui du judaïsme. Selon Frédéric
Lenoir, Paul est «un personnage [qui] tient un rôle central dans l’interprétation radicale
de la filiation divine du Christ qui conduira, à terme, à l’émancipation de l’église vis-à-
vis la synagogue». Plusieurs apôtres du Christ affirment que les croyants non-juifs ne
peuvent pas faire partie du peuple élu tant qu’ils ne sont pas circoncis, puisque c’est ce
qui est écrit dans la Torah. Paul choisit d’adopter une position qui va à l’encontre des
saintes écritures ainsi que de celle de la majorides apôtres. (Aletti) Il joue un rôle
important dans les premières communautés mixtes d’Antioche qui encourage les gens de
toute origine à partager la foi. Ces agissements choquent les juifs puristes qui voient
leurs traditions bafoués et c’est ce qui crée une rupture entre les deux croyances. (Lenoir)
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Pour lui, “les croyants convertis du paganisme [...] ayant reçu l’Esprit Saint promis, étant
ainsi fils et filles de Dieu, n’avaient pas besoin de se faire juifs et de devenir membres du
peuple d’Israël pour appartenir pleinement au groupe des élus.” (Aletti) Aletti explique
que “si le groupe chrétien était resté dans le giron du judaïsme, il n’existerait
probablement plus aujourd’hui, car le leadership rabbinique, qui prévalut dès la fin du Ier
siècle, exclut et élimina au cours des âges tous les mouvements juifs ne partageant pas ses
idées.” C’est la confession de foi qui pare vraiment alors les juifs des chrétiens, la
reconnaissance de Jésus comme le Messie: «L’identification du Messie crée la séparation
entre juifs et chrétiens, en dépit de conceptions théologiques communes, et celle-ci
s’accélère après insurrection messianique de Bar Kochba, en 135, qui oblige les chrétiens
d’origine juive à un choix.» (Baslez, 2007, p. 39)
Lenoir et Bonnard identifient un autre aspect qui différencie Saint Paul. C’est sa
vision de la foi qui n’est pas gouvernée par la loi, judaïque ou romaine, qui accroche de
nombreux nouveaux fidèles que les autres sectes du Christ ne réussissent pas à
s’approprier. En effet, Saint Paul amène l’idée que seul le fait d’avoir la foi peut mener
au salut et à l’amour de Dieu, contrairement au judaïsme qui impose un système de lois.
Selon Lenoir, c’est cette caractéristique qu’a apporté Saint Paul au christianisme qui lui
permet cette expansion fulgurante qu’on lui connaît. En proclamant «la fin de la loi avec
le christ» (Romain, 10, 4), Paul libère la religion et la rend plus prompte à la conversion.
Pour Baslez et Aletti, le fait que Saint Paul soit capable d’user de rhétorique est
un autre facteur qui a permis à sa vision de subsister à travers le temps. En effet, son
«écriture fulgurante qui restitue aujourd’hui encore une présence exceptionnelle [...]»
(Baslez, 2007, p. 32) font de lui l’apôtre dominant de sa génération. Ceci s’explique par
l’éducation complète qu’il a reçue. En plus d’avoir étudié les écritures saintes, il connaît
bien la culture grecque et maîtrise la rhétorique. Aletti ajoute que : “Si son style n’a pas
les fioritures des écrivains d’alors, ce n’est pas par ignorance, mais par respect pour
l’Évangile (...) quant à ses argumentations, leur développement est dans l’ensemble
rigoureux : le moins que l’on puisse dire est qu’il sait raisonner.” Ainsi, les textes de
Saint Paul réussissent à rejoindre de nombreux fidèles, car l’apôtre sait comment
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