En phase de dépression immunitaire, les individus VIH+, ou sidéens vont plus
souvent présenter des formes atypiques extra-pulmonaires (lymphadénites,
méningites, miliaires, etc.) que les individus dont le système immunitaire reste
indemne, et ces cas, qui souvent se compliquent d'autres maladies opportunistes,
vont se retrouver concentrés au niveau des structures hospitalières. Par contre, au
niveau des structures périphériques, la majorité des nouveaux cas va présenter la
forme bacillifère habituelle. Cette réalité n'est pas toujours bien perçue et certains ont
proposé, à tort, de changer de méthodes diagnostiques.
Étape n° 1 : motivation
Cette étape est très variable d'un programme à l'autre et dépend avant tout de
l'accessibilité géographique et financière des services de santé et de leur qualité.
Autrement dit, un patient qui n a pas confiance dans la capacité des services de
santé à guérir son problème aura tendance à ne consulter qu'en dernier recours.
Avant d'invoquer des problèmes d'information, de manque d'éducation des patients,
il faut d'abord se poser la question de déterminer si le retard au traitement n'est pas
une conséquence directe du mauvais fonctionnement des services de santé. Ce
problème risque dans les années qui viennent de prendre une importance de plus en
plus grande : augmentation des nouveaux cas de tuberculose consécutifs au sida et
concomitants, diminution continue de la qualité des services de santé en raison des
contraintes économiques et politiques que doit affronter la majorité des pays en voie
de développement. Les conséquences à prévoir sont les suivantes : les nouveaux
malades vont de plus en plus souvent s'adresser à d'autres services ou encore
recourir à l'automédication. Dans ces différentes situations, la qualité du traitement
reçu et sa régularité ne sont pas assurées. À notre connaissance, l'ampleur de ce
problème n'a pas été évaluée jusqu'à présent, mais on peut se demander si les
conséquences en termes d'augmentation de la transmission et de la multirésistance
ne sont pas plus importantes que celles dues au manque de régularité des malades
sous traitement. Ce problème est le plus souvent ignoré par les spécialistes.
Étape n° 2 : sélection
Bien que non quantifiée, notre expérience du terrain et les discussions avec les
médecins en formation à Anvers semblent montrer que l'interrogatoire et
l'identification des symptômes discriminatifs sont souvent mal réalisés. Le symptôme
« toux depuis plus de trois semaines » qui donne les meilleurs résultats en terme de
valeur prédictive n'est pas correctement recherché. La qualité de la sélection des
patients suspects de tuberculose pour les soumettre ensuite à l'examen des
expectorations, dépend essentiellement de la qualité et de la motivation des
professionnels responsables de la consultation curative. Or les raisons de
démotivation du personnel de santé sont de plus en plus nombreuses : restrictions
budgétaires à la suite des ajustements structurels, perte de salaire, absence de
moyens techniques, etc. Il est donc à craindre que, comme la motivation, la sélection
des suspects se fasse de moins en moins bien et que nombre de tuberculeux qui
consultent ne soient pas sélectionnés à temps pour faire un examen d'expectoration.
De nouveau, l'effet de cette sélection tardive - ou de cette absence de sélection -
peut avoir une conséquence plus importante sur la transmission de la tuberculose
qu'un patient irrégulier mais sous traitement.