La tuberculose - Prévenir la transmission nosocomiale

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Pratique Soins
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La tuberculose
Prévenir la transmission nosocomiale
La tuberculose n’a pas disparu en France, notamment à
cause du plus grand nombre de populations en situation
précaire. La déclaration est obligatoire et la maîtrise du
risque de transmission nosocomiale doit être assurée
par l’équipe d’hygiène.
S
ans vouloir être alarmiste, le
risque existe, mais les
mesures de sécurité doivent
être adaptées au niveau de ce
risque. La transmission de la tuberculose est interhumaine. Elle se fait
principalement par voie aérienne.
Ainsi, le regroupement dans des
mêmes services de patients immunodéprimés et de patients tuberculeux crée les conditions favorables à
la survenue d’infections nosocomiales. Le risque est d’autant plus
accru lorsque le bacille est multirésistant, car la période de contagiosité
est plus longue. Depuis 1995, aucun
cas de transmission de ce type n’a
été publié en France mais la transmission de bacilles sensibles est
possible bien que plus difficile à
démontrer. Le personnel soignant
est concerné. La maladie caractérisée par un délai parfois très important entre la contamination et la
déclaration de la maladie rend difficile la démonstration d’une transmission dans un cas particulier. Et en cas
d’infection secondaire, la comparaison des souches n’est pas possible.
La prévention de la tuberculose
dans les hôpitaux repose sur quatre
ordres de mesures : la prévention
chez les sujets infectés, le diagnostic et le traitement précoce, et enfin
la prévention dans les établissements de soins.
Les établissements de soins
Les sujets contagieux sont ceux qui
souffrent d’une tuberculose pulmonaire ou laryngée. La durée et la
période contagieuse après mise en
route d’un traitement efficace est
variable, soit de l’ordre de 2 à
3 semaines, et il est dépendant de
l’inoculum initial. Lorsque les frottis
sont négatifs à l’examen microsco-
pique, mais positifs en culture, le
risque de transmission est beaucoup plus faible, mais non nul surtout quand les patients sont immunodéprimés ou infectés par le VIH.
Les premières mesures à prendre
sont l’isolement respiratoire qui doit
faire l’objet d’une prescription médicale écrite. Le patient isolé reste
confiné dans sa chambre dont la
porte est fermée, et ne se déplace
pas dans les couloirs. Certains examens doivent être évités sauf sur
indication formelle et après avoir
averti l’examinateur. Toute personne
qui pénètre dans la chambre du
patient doit porter un masque de
protection respiratoire (à ne pas
confondre avec un masque de soin)
qui ne doit être enlevé qu’après la
sortie de la chambre et une fois la
porte refermée. La chambre doit
être correctement aérée.
Trois ordres de circonstances déterminent les indications de précautions respiratoires. En premier lieu,
dès l’entrée à l’hôpital d’un patient
chez lequel il y a suspicion diagnostique de la maladie. En deuxième,
en cas de tuberculose active contagieuse lorsque l’examen microscopique des crachats est positif. La
durée moyenne d’isolement est de
15 jours mais elle peut être prolongée. Enfin, et quel que soit le
patient, des précautions spéciales
doivent être prises lors de certaines
procédures à risque de déclencher
la toux et la production d’aérosols,
telles que l’intubation, l’expectoration induite, la fibroscopie bronchique, etc.
La transmission étant essentiellement aérienne, il va de soi que la
ventilation, le port des masques
entrent dans la stratégie de prévention de la maladie en milieu de soin.
La ventilation des locaux
Les particules infectieuses en suspension sont évacuées par la ventilation des chambres. En théorie, l’installation d’une ventilation permettant
6 renouvellements d’air par heure
dans la chambre et le port de
masque ne fait pas de doute, même
si l’efficacité sur le terrain est difficile
à apprécier, d’autant plus que les
études sont rares sur le sujet. La
mise en dépression de la chambre
empêche la diffusion des particules
infectées vers les parties communes.
La ventilation naturelle, aléatoire, est
assurée par le vent ou l’écart de
température entre l’extérieur et l’intérieur. La ventilation mécanique
permet un balayage des locaux par
introduction d’air propre et extraction
d’air contaminé. Le recyclage de l’air
doit être évité à moins de prévoir
des filtres à particules de très haute
efficacité (H10 à H14 selon la classification de la norme NF EN 1822-1)
dont l’efficacité devra être régulièrement contrôlée. En France, depuis
1994, les recommandations de la
DGS sont pour le renouvellement
d’air minimal de 6 mouvements par
heure comme sont celles officiellement recommandées aux États-Unis.
La mise en dépression doit être
contrôlée, notamment à l’aide d’un
manomètre et la mise en suppression doit être évitée. La désinfection
de l’air s’exerce également grâce à
l’utilisation du pouvoir germicide des
UV C. Mais la méthode s’avère d’un
intérêt limité. Les masques respiratoires (NF EN 149 ou FFP-filtering
facepiece particles) sont en mesure
de filtrer les bacilles tuberculeux
véhiculés par des aérosols de fines
gouttelettes en provenance d’un
patient bacillifère. Ils ne sont pas à
confondre avec les masques de soin
de chirurgie et doivent être conformes à la directive européenne
89/686/CEE.
ALP
D’après les sources de l’INRS,
médecine du travail
Infos
...
Protection
du personnel
En cas de découverte
d’un cas de
tuberculose
contagieuse sans que
n’aient été prises des
précautions
respiratoires, le CLIN
et l’équipe
opérationnelle
d’hygiène en
collaboration avec la
médecine du travail,
doivent réaliser une
enquête concernant
les personnels et les
malades.
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 62 • mars-avril 2005
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