(Dt 34)

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Prédication, Deutéronome 34/1-12
Mercredi 8 juin 2005, Bois-Gentil (10h45) Examens
Le chemin de Moïse s’arrêtera là. Sur la Montagne de
Nemo, au sommet du Pisga. De là, il peut voir, de manière
extraordinaire, l’ensemble de la terre que Dieu donne à son
peuple, l’ensemble de la Terre Promise.
Il est là au seuil de cette Terre tant attendue, après de
nombreuses années d’errance dans le désert. Sans doute at-il l’impression qu’il peut la toucher, tant elle est proche
de lui ? Et pourtant, il n’y mettra pas le pied.
La Promesse ne se réalisera pas pour lui. Il doit rester pour
jamais hors de cette terre. Il mourra là, à la frontière, et
sera enterré dans un coin de terre dont finalement personne
ne se souviendra.
Moïse ne peut pas entrer dans la Terre Promise, telle est la
volonté de Dieu. Si l’on remontait au chapitre 32, on
découvrirait que Moïse est condamné par Dieu, car il a
participé aux erreurs du peuple hébreu dans le désert.
Moïse reste aux portes de la Terre Promise. Il y a comme
un goût d’inachevé. Comme une fin qui n’est pas une fin.
Nous savons pourquoi Moïse ne rentre pas en Canaan.
Mais qu’en est-il du pour … quoi ? Qu’est-ce que cela
implique ? Quelles sont les conséquences du fait que
Moïse reste à la frontière du pays ?
3e édition
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Prédication, Deutéronome 34/1-12
Mercredi 8 juin 2005, Bois-Gentil (10h45) Examens
Le Deutéronome est le cinquième livre de l’Ancien
Testament. Avec la Genèse, l’Exode, le Lévitique et les
Nombres, il forme le Pentateuque, les cinq livres qui sont
la Torah, la Loi.
Lorsque ces livres ont été écrits, ainsi que les livres
suivants de l’Ancien Testament, les rédacteurs se sont posé
cette question : la Torah contient-elle 5 livres ou 6 livres ?
Le livre de Josué, qui suit immédiatement le Deutéronome,
est-il le 6e et dernier livre de la Loi, ou bien devons-nous
nous arrêter au Deutéronome, 5e livre ? On pourrait
considérer cette question comme peu importante.
En effet, le livre de Josué n’est-il pas dans l’Ancien
Testament, dans la Bible juive ? Qu’il soit avec les 5
premiers ou non ne change rien ! Et pourtant… Derrière
une simple question de rédaction se niche toute une
théologie, et au-delà, toute une relation à Dieu.
Le livre de Josué raconte la conquête de Canaan. C’est le
livre qui raconte l’installation du peuple hébreu en Terre
Promise. En quelque sorte, il raconte l’accomplissement de
la Promesse. De ce fait, le livre de Josué est le pendant des
livres qui le précèdent.
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Prédication, Deutéronome 34/1-12
Mercredi 8 juin 2005, Bois-Gentil (10h45) Examens
Si le livre de Josué fait partie de la Loi, de la Torah, cela
implique que la réalisation de la Promesse fait partie de la
Loi. Ainsi, chaque fois que le peuple hébreu ou chaque
fois que nous nous retrouvons dans la situation de Moïse, à
la frontière de la Terre Promise, à la frontière de la
réalisation de la Promesse, nous ne vivons que la moitié de
la Loi. S’il n’y a pas de réalisation, la Loi n’est pas entière.
Il lui faut l’accomplissement, l’installation en Terre
Promise.
Si le livre de Josué avait fait partie de la Loi, nos gestes
pas terminés, nos pensées restées sans actes, nos projets
commencés mais pas achevés n’auraient pas eu leur place.
Nous serions restés au seuil de la Terre Promise, comme
condamnés à ne pas terminer notre route, à l’image de
Moïse.
Par contre, en laissant le livre de Josué hors du
Pentateuque, le don de Dieu est la Loi, est la Promesse.
L’accomplissement et la réalisation de la Promesse
prennent une place différente.
Moïse s’était mis en marche avec le peuple à travers le
désert. Josué a continué l’œuvre de Moïse en conduisant le
peuple en Terre Promise. L’accomplissement et la
réalisation de la Promesse est l’œuvre des hommes, avec
l’aide de Dieu.
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Prédication, Deutéronome 34/1-12
Mercredi 8 juin 2005, Bois-Gentil (10h45) Examens
On découvre ainsi que la réalisation de la Promesse n’est
peut-être pas dans le fait d’arriver en Terre Promise, mais
avant tout dans le fait de s’être mis en marche… Comme
nous pouvons nous mettre en marche encore aujourd’hui.
En effet, en laissant le livre de Josué hors du Pentateuque,
nos projets commencés mais pas achevés, nos gestes pas
terminés, nos pensées restées sans actes ne sont pas rejetés.
Nous avons fait et nous faisons de notre mieux pour les
réaliser, mais parfois, ce n’est pas possible.
Comme Moïse, nous faisons notre bout de route, nous
faisons notre part de la tâche. S’arrêter alors que la tâche
n’est pas entièrement accomplie n’est pas une capitulation.
Par ailleurs, nous savons qu’il y a des tâches que nous ne
parviendrons de toute façon pas à accomplir. D’autres
reprendront le flambeau, comme Josué a repris le flambeau
après Moïse.
Ce qui compte, c’est d’avoir entendu la Promesse de Dieu,
de s’être laissé guidé par elle, de s’être mis en route et,
peut-être, d’avoir entraîné d’autres avec soi.
Il est un dernier élément que je souhaiterais mettre en
évidence. Moïse meurt et est enterré hors de Canaan. On
pourrait y voir une malédiction. De même le fait que
personne ne sache où est sa tombe… Et pourtant, cette
situation apparemment négative vient renforcer la place
prépondérante de la Promesse.
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Prédication, Deutéronome 34/1-12
Mercredi 8 juin 2005, Bois-Gentil (10h45) Examens
Ce grand prophète – qu’aucun autre n’a égalé dit le texte –
ce grand prophète est enterré hors de Canaan. C’est ainsi le
signe que la Terre Promise n’est pas tout. En effet, la plus
grande crainte des juifs à l’époque de la déportation, c’était
d’être enterrés hors de leur terre, comme s’ils étaient
enterrés loin des yeux de Dieu.
Moïse – le grand prophète – reposant hors de Canaan reste
sous le regard de Dieu. Comme chacune des femmes et
chacun des hommes de notre planète. Ce qui compte
finalement, ce n’est pas la Terre Promise. Ce qui compte,
c’est bien la Promesse de Dieu elle-même ; c’est d’être à
l’écoute de cette Promesse et d’en faire pour nous un
chemin, avec les autres et avec Lui.
AMEN
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