Symposion | Revistă de Ştiinţe Socio-Umane | Tom VI, Nr.1(11)
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métaphysique, si on accepte sa définition traditionnelle, porte sur les choses
ultimes, en vue desquelles les hommes on commencé à faire d ela philosophie.
D'autre part, il est difficile non seulement d'établir son objet – qui est quelque
chose toujours cherché et qui donne toujours occasion à des apories- mais il est
également difficile de dire ce qu'est la métaphysique en tant que telle”
.
Heidegger discute le terme de „métaphysique”, entre autres, dans son livre Les
concepts fondamentaux de la métaphysique
. En poursuivant le long fil des
étymologies, Heidegger conclu que dans la langue grecque, le préfixe μετά signifie
«après», «au-delà de»; mais ce terme a encore une signification qui complète la
première: «quitter quelque chose pour se trourner vers quelque chose d'autre».
Heidegger utilise comme exemple pour cette acception le mot μεταβоλή. Par
conséquent, si on relationne le syntagme grec τά μετά τά φύσικα et le mot latin
metaphysica (qui signale le passage d'une signification purement topique à une
signification dynamique, de „virage”
), on aboutit à un sens de la métaphysique
signalant une connaissance de quelque chose au-delà du sensible. C'est cette
deuxième signification qui s'est imposé dans l'Occident.
Pour Heidegger, le concept traditionnel de métaphysique est superficiel,
confus et indifférent
. Mais en dépit de cette apparente «indifférence», Heidegger a
toujours su exploiter ce terme afin de lui donner des acceptions qui lui
conviennent. Par exemple, dans Être et temps, la question de l'être semble être
jugée selon un point de vue parménidien. Dans La doctrine de Platon sur la vérité, il
affirme que la détermination originelle de la métaphysique s'identifie avec la pensée
de l'idée, dans un sens platonicien. Dans Qu'est-ce que la métaphysique?, Heidegger
élargit ce dernier sens en faisant y entrer tous les penseurs d'Anaximandre à
Nietzsche
.
Si dans Être et temps (1927), § 6, il annonçait une destruction de la tradition
métaphysique qu'il ne réalisera d'ailleurs pas dans ce livre, peu après, en 1929,
parut un autre livre, Kant et le problème de la métaphysique où il était question de
la «métaphysique de la métaphysique». Le terme de «métaphysique» est mis aussi
en question dans la conférence Qu'est-ce que la métaphysique? de 1928.
Ce qui est remarquable et mérite d'être signalé est le fait que Heidegger
renonce, après 1927, au syntagme „analytique ou ontologie du Dasein” pour parler
d'une „métaphysique du Dasein”
. En 1927, dans Être et temps, le terme
„métaphysique” recoupe parfaitement deux autres termes: celui d'„ontologie” et
Cf. Franco Volpi, «Wittgenstein et Heidegger: le dépassement de la métaphysique entre
philosophie analytique et philosophie continentale», in La métaphysique. Son histoire, sa critique, ces
enjeux, par J.-M. Narbonne et L. Langlois, Paris, Vrin, p. 61.
Cf. Martin Heidegger, Les concepts fondamentaux de la métaphysique: monde, finitude, solitude.
Paris, Gallimard, 1992, p. 52 sq. (plus spécialement pp. 68-69).
Ce «virage» fait signe, analogiquement, à un autre, dont parle Platon en République, 518c, 521c
et 526e et aussi à un texte biblique: Jean, 20, 14-16 (Marthe et Marie devant le tombeau se retournant
vers Celui qu'elles croyaient être le jardinier).
Cf. Heidegger, Les concepts.... pp. 72
Dans ce sens, voir Ph. Cappelle, Philosophie et théologie dans la pensée de Martin Heidegger,
Paris, Edition du Cerf, 1998, p. 76.
Cf. la dernière section du livre Kant et le problème de la métaphysique, intitulé „La métaphysique
du Dasein comme ontologie fondamentale”, trad. fr. Walter Biemel, Paris, Gallimard, 1953. Dans Être
et temps, le concept de „métaphysique” apparaît toujours entre guillemets, signalant l'acception
traditionnelle, celle de „système”. Mais pour Heidegger, la métaphysique n'est pas générale, d'une
généralité indéterminée, tout au contraire: elle est déterminée par le fait que grâce à elle, le Dasein
peut revenir à soi. En d'autres mots, la métaphysique échappe à l'indétermination, et cela à cause du
fait qu'elle est une expérience du Dasein.