Formation continue – Faculté des Lettres – Université de Genève

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Semestre de printemps 2010
Prof. Corinne Rossari (Corinne.Rossari @unifr.ch)
Rédaction et critique de différents genres de texte
M21, 21, M Rh2.1 Semat
Séance 1 - Introduction aux outils de l’analyse argumentative des
textes
Etude de la position du locuteur dans son texte
Comment le locuteur se situe-t-il par rapport à ce qu’il
communique ? Comment fait-il percevoir son avis sur ce qu’il
communique ?
Quelles sont les formes linguistiques que le locuteur a à sa
disposition pour distiller son opinion ?
Comment un texte est-il perçu selon ces indications ?
Voici quelques unes des questions que nous allons aborder pour
déterminer les stratégies argumentatives déployées dans des textes
scientifiques.
Nous allons parcourir différents genres de textes et repérer les marques
qui contribuent à distiller la position que le locuteur adopte par rapport
aux informations qu’il communique.
Corpus
Nous allons étudier différents genres de textes intégrant une dimension
argumentative :
I Le débat d’opinion
II Le texte de vulgarisation scientifique
III La présentation des résultats d’une recherche.
Grille des indications linguistiques participant à la dimension argumentative
1. Modalité de la prudence (peut-être, éventuellement, probablement…)
2. Modalité de certitude (indéniablement, sûrement…)
3. Modalité de la nécessité (il faut, il est inévitable, nécessairement…)
4. Modalité de l’incertitude (douter, ne pas savoir, se demander…)
5. Connecteurs de relations argumentatives (justifier, s’opposer)
6. Connecteurs de relations logiques (organisation du texte et raisonnement)
7. Indications énonciatives (usage des verbes dicendi : dire, prétendre,
affirmer…)
8. Indications de perception, de connaissance (verbes épistémiques : voir,
savoir, connaître)
9. Intensifieurs (très, trop, vraiment, éminemment)
10. Lexique orienté (intéressant, extraordinaire, bien, mal…)
11. Polyphonie (négation, concession, argument d’autorité, citation)
12. Figures (métaphores, comparaisons)
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13. Questions rhétoriques
14. Marques dialogiques d’accord et de désaccord (oui, non, d’accord…)
I Le débat d’opinion
La discrimination positive voudrait favoriser ceux qui partent dans la vie avec moins de
chance que les autres. Or en créant un avantage pour une catégorie de personne, on inverse
forcément l’ordre des privilèges au lieu de supprimer ceux-ci. Ainsi cela risque de créer un
sentiment d’injustice chez les exclus de la procédure et de légitimer les revendications
communautaristes.
Les principes de la République sont régis par des textes explicites auxquels il suffit de se
référer pour comprendre en quoi la discrimination positive est en totale contradiction avec ces
valeurs :
« La loi doit être la même pour tous, soit qu'elle protège soit qu'elle punisse. Tous les
citoyens, étant égaux à ses yeux, sont également admissibles à toutes dignités, places et
emplois publics, selon leur capacité et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de
leurs talents » (article 6 de la Déclaration de 1789).
La France « assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race
ou de religion » (préambule de la Constitution de 1958).
Nous nous devons de lutter contre toutes formes de discrimination en cherchant plutôt à
corriger en amont au cas par cas chaque situation de discrimination négative. La création de la
Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité va dans ce sens.
Commentaire 1
Une discrimination ne peut pas être positive et quand bien même elle le saurait, elle
créerait d'autres discriminations !
Donc il faut lutter en sanctionnant toutes les discriminations mais pas en en créant de
nouvelles !
Commentaire 2
Comme l'a dit si justement Sylvain : dans sa définition même une discrimination ne
peut être positive. Elle peut éventuellement être justifiable pour certains mais
certainement jamais juste.
Le coeur du problème réside dans les discriminations vécues réellement au quotidien
par nombre de français. Mais soigne-t-on un mal par le même mal? Ce n'est pas en
mettant deux grippeux dans la même pièce qu'on les guérira!
Lutter contre les discriminations n'est pas une option dans le champ politique mais
plutôt une nécessité liée à la définition même du politique en France. Pour que notre
vie politique et démocratique fonctionne, il faut que l'Etat se donne tout les moyens
pour garantir une réelle égalité de tous. Certes la HALDE est un excellent outil tout
comme le testing réalisé par des associations avec valeur juridique car cela fait
changer les mentalités. Mais il est nécessaire aussi de revenir au coeur des choses
en luttant contre les discriminations liées aux adresses (qui souvent se supperposent
aux autres discriminations ethniques) en refondant nos villes, la totalité de nos villes
et de leurs quartiers; en rénovant un système de découverte dès l'école du sens de
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l'égalité de tous devant la loi par une véritable éducation civique et citoyenne, par un
service civil obligatoire qui permettra de vivre cette égalité.
Lutter contre les discriminations ne passe pas par l'apologie des discriminations que
représente la discrimination positive; mais il s'agit de refonder notre société politique
pour lui faire redécouvrir ses valeurs et son identité : Liberté, Egalité, Fraternité.
Exercice.
Réécrire le commentaire en supprimant tout indice de prise en charge
Commentaire 3
Il me semble que la majorité est d'accord pour dire que la discrimination positive
n'enrayera en rien le racisme!
Maintenant est ce que ce genre de mesure permettrait de résoudre les problèmes
économique de "minorités"?! Et enfin est ce que les effets positifs supposés de cette
mesure, suffisent elles à accepter les effets négatifs que peut avoir cette même
mesure?!
Bref le jeu en vaut il la chandelle, si chandelle il y a!
D'après moi, non, de un la discrimination peut très bien s'accommoder des "quotas" il
y a différents moyens de discriminer et tant qu'il y a aura du racisme il y aura donc
des discriminations!
II La vulgarisation scientifique
Communiqués de presse de l’ISGF du 10 mai 2007
Relever les indications de prise en charge selon la grille ci-dessus.
La consommation d’alcool provoque 3500 décès par an en Suisse
La consommation d’alcool est l’un des principaux facteurs entraînant une mortalité et une
morbidité prématurées en Suisse. Une étude, menée sur mandat de l’Office fédéral de la santé
publique (OFSP) par l’Institut de recherche sur la santé publique et les addictions, montre qu’en
2002 la consommation d’alcool est à l’origine en Suisse de 2432 décès chez les hommes et 1033
décès chez les femmes.
Même si l’on tient compte de certains effets bénéfiques, il est possible d’affirmer que la
consommation d’alcool est à l’origine de 5,2 % des décès chez les hommes et 1,4 % décès chez
les femmes en 2002. L’impact de la consommation d’alcool sur la situation sanitaire en Suisse
est visible non seulement à la lecture du nombre de décès mais plus particulièrement à celle du
moment des décès, souvent prématurés. La consommation d’alcool est responsable de 10,5 %
d’années de vie perdues chez les hommes et de 4,9 % d’années de vie perdues chez les
femmes. En considérant le total annuel de morbidité, la consommation d’alcool représente avec
12,9 % chez les hommes et 4,2 % chez les femmes, un des cinq principaux risques pour la santé
en Suisse. Selon la définition de l’OMS, la morbidité comprend les années perdues et la
diminution de l’espérance de vie en raison de handicaps liés à la maladie. Ce modèle est typique
des répercussions de l’alcool sur la santé : un grand nombre des maladies liées à l’alcool
n’entraînent pas une mort immédiate mais constituent des contraintes certaines.
L’alcool, une substance cancérigène
Sur la base de preuves scientifiques de plus en plus accablantes, le Centre international de
recherche sur le Cancer de Lyon a d’ores et déjà classé l’alcool comme « substance cancérigène
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». La consommation d’alcool augmente le risque des cancers du sein, de la cavité buccale, du
pharynx, de l’oesophage, du foie, de l’intestin et du rectum. Comme le montrent les études sur le
cancer du sein, la consommation quotidienne d’un seul verre accentue déjà le risque, par rapport
au risque des non buveuses, peu importe qu’il s’agisse d’un verre de bière, de vin ou de schnaps.
La consommation d’alcool peut être mortelle lorsqu’elle cause des maladies du foie, comme la
cirrhose, par exemple. Il est notoire que la consommation d’alcool augmente les risques
d’accident de façon drastique. Mais on continue à sous-estimer le risque mortel que constitue la
consommation sporadique de grandes quantités d’alcool (cas d’ivresse ponctuelle) pour les
maladies cardio-vasculaires en général et l’infarctus en particulier. Plus de 60 maladies liées à la
consommation d’alcool ont pu être répertoriées.
Les mesures structurelles sont peu coûteuses et efficaces
Le nombre des problèmes liés à l’alcool est d’autant plus étonnant qu’il existe déjà des mesures
efficaces visant à diminuer les maladies et les accidents imputables à la consommation d’alcool.
Une augmentation des impôts sur l’alcool peut ici permettre de remédier au problème. Il serait
également envisageable de renforcer la protection de la jeunesse dans tous les cantons et
d’interdire ou de limiter la vente de boissons alcoolisées dans le cadre de certaines
manifestations. De telles mesures de prévention structurelle permettraient de réduire une grande
partie des maladies citées plus haut de manière rapide et durable. En outre, des thérapies
efficaces devraient être proposées aux personnes souffrant d’alcoolisme. « Il est nécessaire pour
la Suisse de faire plus dans le domaine de la prévention structurelle », explique le professeur
Rehm. « Nous devrions suivre l’exemple de l’Italie et de la France qui ont pu nettement réduire la
consommation d’alcool et les maladies qui en découlent au cours de ces dernières années. Il
s’agit en outre de réduire les dommages provoqués à des tiers non concernés. »
La psychologie de l'enfant, quarante
ans après Piaget
Olivier Houdé
1966-2006 : depuis la parution de La Psychologie de l'enfant de Jean Piaget, qui proposait une théorie
du développement de l'intelligence, les chercheurs ont mis en évidence les capacités précoces du
bébé, la variété des stratégies cognitives chez l'enfant, le rôle de l'inhibition et « l'enfant
psychologue ». Depuis peu, l'imagerie cérébrale vient renforcer ces nouvelles approches.
La conception du développement de l'intelligence de l'enfant selon Jean Piaget était linéaire et
cumulative car systématiquement liée, stade après stade, à l'idée d'acquisition et de progrès. C'est ce
que l'on peut appeler « le modèle de l'escalier », chaque marche correspondant à un grand progrès, à
un stade bien défini dans la genèse de l'intelligence dite « logico-mathématique » : de l'intelligence
sensori-motrice du bébé (0-2 ans), basée sur ses sens et ses actions, à l'intelligence conceptuelle et
abstraite de l'enfant (2-12 ans), de l'adolescent et de l'adulte.
La remise en cause du modèle de l'escalier
La nouvelle psychologie de l'enfant remet en cause ce modèle de l'escalier ou, pour le moins, indique
qu'il n'est pas le seul possible. D'une part, il existe déjà chez les bébés des capacités cognitives assez
complexes, c'est-à-dire des connaissances physiques, mathématiques, logiques et psychologiques
ignorées par J. Piaget et non réductibles à un fonctionnement strictement sensori-moteur (la première
marche de l'escalier). D'autre part, la suite du développement de l'intelligence jusqu'à l'adolescence et
l'âge adulte compris (la dernière marche) est jalonnée d'erreurs, de biais perceptifs, de décalages
inattendus, non prédits par la théorie piagétienne. Ainsi, plutôt que de suivre une ligne ou un plan qui
mène du sensori-moteur à l'abstrait (les stades de J. Piaget), l'intelligence avance de façon plutôt
biscornue, non linéaire.
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Prenons un exemple cher à J. Piaget et qui fait, aujourd'hui encore, l'objet de beaucoup de
recherches : le nombre. Selon J. Piaget et son modèle de l'escalier, il faut attendre 6-7 ans, c'est-à-
dire l'entrée à l'école élémentaire, l'âge de raison, pour que l'enfant atteigne le stade (la marche) qui
correspond au concept de nombre. Pour le prouver, J. Piaget plaçait l'enfant face à deux rangées de
jetons en nombre égal mais de longueur différente selon l'écartement des jetons. Dans cette situation,
le jeune enfant considère, jusqu'à 6-7 ans, qu'il y a plus de jetons là où c'est plus long. Cette réponse
verbale est une erreur d'intuition perceptive (longueur égale nombre) qui révèle, selon J. Piaget, que
l'enfant d'école maternelle n'a pas encore acquis le concept de nombre.
Mais après J. Piaget, Jacques Mehler, du CNRS, et Tom Bever, de l'université Rockefeller, ont montré
que les enfants réussissent dès 2 ans cette tâche si, par exemple, on remplace les jetons par des
nombres inégaux de bonbons. Ils optent en effet pour la rangée qui contient le plus de bonbons, au
détriment de l'autre, plus longue. L'émotion et la gourmandise, puisqu'il s'agit alors de manger le plus
grand nombre de bonbons, rendent ainsi le jeune enfant « mathématicien » et lui font en quelque
sorte sauter la marche ou le stade d'intuition perceptive de J. Piaget. La recherche sur les capacités
numériques précoces est allée plus loin encore en couvrant la naissance du nombre chez le bébé
avant le langage, c'est-à-dire avant l'âge de 2 ans.
J. Piaget s'est surtout intéressé aux actions des bébés (le stade dit « sensori-moteur »), réservant
l'étude des concepts, des principes cognitifs aux enfants plus grands. Or, les actions des bébés étant
encore assez souvent maladroites, on admet aujourd'hui qu'il n'a pu mesurer leur réelle intelligence.
Des bébés astronomes et mathématiciens
Pour évaluer l'intelligence des bébés, les chercheurs ont commencé, dans les années 1980, à
s'intéresser à leur regard, c'est-à-dire à leurs réactions visuelles face à des stimulations que leur
présente le psychologue. Roger Lécuyer, de l'université Paris-V, a parlé, à ce propos, de « bébés
astronomes », c'est-à-dire découvrant l'univers et développant leurs connaissances à l'aide de leurs
yeux plutôt que par l'action. Grâce à des moyens techniques comme la vidéo et l'ordinateur dont ne
disposait pas J. Piaget, on peut mesurer très précisément ces réactions visuelles. C'est ainsi que
Renée Baillargeon, de l'université de l'Illinois, a démontré l'existence de la permanence de l'objet bien
plus tôt (dès 4-5 mois) que le pensait J. Piaget (8-12 mois) capacité du bébé à concevoir qu'un objet
continue d'exister lorsqu'il disparaît de sa vue. R. Baillargeon a aussi établi la capacité qu'ont les
bébés dès 15 mois à inférer des états mentaux chez autrui (leurs croyances vraies ou fausses). Il
s'agit d'exemples de connaissances physiques (sur les objets) et psychologiques (sur les états
mentaux) très précoces, bien avant l'émergence du langage articulé.
Revenons à l'exemple du nombre. Une étude de Karen Wynn, de l'université Yale, a ainsi révélé que
dès l'âge de 4-5 mois, les bébés réalisent sans difficulté l'addition 1 + 1 = 2, ainsi que la soustraction 2
- 1 = 1 (4). Cette capacité numérique a aussi été démontrée par Marc Hauser, de l'université de
Harvard, chez les grands singes qui ont, comme les bébés humains, un cerveau sans langage. Dans
l'étude de K. Wynn, on présente aux bés un petit théâtre de marionnettes (des figurines de Mickey)
sont réalisés sous leurs yeux des événements possibles (par exemple 1 Mickey +1 Mickey = 2
Mickey) ou magiques (1 + 1 = 1 ou 1 + 1 = 3) obtenus par trucage expérimental. La mesure du temps
de fixation visuelle des bébés montre qu'ils perçoivent les erreurs de calcul : ils regardent plus
longtemps, car ils sont surpris, les événements magiques que les événements possibles. Ils
conservent donc le nombre exact d'objets attendus dans ce que l'on appelle leur mémoire de travail.
Par leur regard, les bébés manifestent ainsi une forme élémentaire de raisonnement, d'abstraction le
« premier âge de raison » bien plus tôt que l'imaginait J. Piaget.
Il est toutefois évident que si les bébés ont des capacités numériques dès les premiers mois de leur
vie, elles sont encore rudimentaires et vont ensuite s'enrichir, notamment lorsque le langage et l'école
s'empareront de cette matière première.
Le modèle théorique actuel qui rend le mieux compte de la complexité du développement numérique
chez l'enfant d'âge dit « préscolaire » (école maternelle) et scolaire (école élémentaire) est celui de
Robert Siegler, de l'université Carnegie-Mellon.
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