Hanoukka, fête des Lumières
Hanoukka (en hébreu: הכו נ ח) est une fête juive, aussi connue sous le nom de Fête
des Lumières. Cette fête est célébrée pendant 8 jours à partir du 25 du mois
hébraïque de Kislev (novembre-décembre).
Il s’agit de la seule fête juive n’ayant aucune source biblique. En effet, les Livres
des Macchabées qui en retracent le contexte historique, ne furent pas inclus dans
le « canon » juif. Le rituel de Hanoucca porte moins sur la commémoration de ces
épisodes de l’histoire juive que sur le Miracle de la Fiole d’Huile, lequel est
consigné dans le Talmud (TB Chabbat 21b), mais pas dans les Livres des
Macchabées (bien que 2 M 1:18 et seq. rapporte une histoire de contenu similaire,
mais situé à l’époque de Néhémie)
Histoire(s) de Hanouka
La révolte des Hasmonéens
L’épisode historique se déroule vers -165 en Judée, qui est sous la domination des
Séleucides depuis la victoire d’Antiochos III sur Ptolémée IV en -200. Au moment
des événements commémorés par Hanoucca, le pays est gouverné par Antiochos IV
qui, d’après les Livres des Macchabées impose aux Judéens les pratiques païennes
en vigueur chez les Grecs, et frappe d’interdiction l’étude de la Torah et, plus
généralement, la pratique des préceptes du judaïsme sous peine de mort.
Il est possible que certains Juifs se soient alors réfugiés dans les montagnes et aient
lutté épisodiquement contre les Grecs, mais l’événement déclencheur de la révolte
se déroule, d’après le Premier Livre des Macchabées, dans la petite ville de Modiin.
Les Grecs auraient ordonné au dirigeant de la ville, Mattityahou (Mattathias)
HaCohen (le Prêtre), petit-fils de Hasmonaï (d’où le nom de la famille : les
Hasmonéens), de sacrifier un porc à leurs divinités. Outré, Mattathias, refuse, mais
un Juif hellénisé se porte volontaire pour « collaborer » sans contrainte. Il est sur
le point d’abattre la bête quand Mattathias le poignarde, ainsi que le dignitaire
grec présent sur place. Puis, il appelle à la révolte ceux qui restent fidèles à la Loi
de YHWH et à Son Alliance.
Sachant qu’ils seraient désormais traqués sans merci, Mattathias, ses fils et leurs
fidèles s’enfuient dans les montagnes. Les Juifs observants, regroupés sous le nom
de Hassidim (les Intègres, qui ne partagent avec le mouvement ultra-orthodoxe né
en Europe de l’Est que le nom) avant d’adopter le surnom de leur chef légendaire,
Yehouda haMaccabi, mènent alors une guerilla violente et sanglante, aboutissant
en -165 à l’expulsion des Séleucides (pourtant en nombre et en technologie
supérieurs, disposant entre autres d’éléphants de guerre) hors des frontières de
Judée et à la reprise de Jérusalem. Antiochus lui-même mourut sur le chemin qui
mène à Jérusalem.
Cependant, la victoire sera payée au prix fort. La plupart des combattants et de
leurs chefs, à commencer par Juda Macchabée, trépassent de mort violente. Les
victimes dont font état les Livres furent si nombreuses que le terme Macchabée,
qui signifiait à l’origine « Marteau » [qui écrase les ennemis], à moins qu’il ne soit
un acronyme de Mi Kamokha Baelim YHWH (Qui est comme Toi parmi les
puissances, YHWH), devint synonyme de « cadavre ».
Une fois parvenus au Temple de Jérusalem, les Macchabées procèdent à la
purification du lieu saint profané par les Grecs.
Une fête de huit jours
Les Juifs célèbrent moins cette victoire que le Miracle de la Fiole d’Huile ayant
duré huit jours, selon le Talmud. Par le terme « lamèhadrine » (litt., « du plus
magnifique »), les Sages indiquent que les Hasmonéens, prêtres et marchands
d’huile de leur état, savaient en réalité comment faire durer une flamme, en
utilisant les longues mèches des jours d’été au lieu des mèches d’hiver. Cependant,
la flamme ainsi obtenue aurait dû être frêle et pour ainsi dire pathétique. Le
miracle aurait donc été qu’elle brilla intensément, glorieusement, réchauffant le
cœur, raffermissant la foi de ceux qui l’avaient perdue, comme de ceux qui
l’avaient gardée.
Pour certains, le miracle est imputable à certaines propriétés de l’huile, un « grand
crû ». Pour d’autres, la vision de la flamme, fût-elle frêle, eut le même effet sur
les Judéens que si elle avait été glorieuse.
Il n’est fait nulle mention de ce miracle dans les sources non-talmudiques. Les
livres deutérocanoniques hébreux des Macchabées donnent d’autres raisons pour
les huit jours de Hanoucca : 1 Macchabées (4:56- 59) dit que « pendant huit jours,
ils fêtèrent la redédication de l’autel. Puis Juda et ses frères, ainsi que toute la
congrégation d’Israël décrétèrent que les jours de la rédedication...seraient
observés...chaque année...pendant huit jours », et 2 Macchabées précise que « les
Juifs célébrèrent joyeusement pendant huit jours comme lors de la Fête des
Cabanes. »
2 Macchabées livre une autre explication, également consignée dans le Talmud :
les huit jours commémoreraient la mort d’une mère (nommée Hannah dans le
Talmud) et de ses sept fils; Ceux-ci furent torturés, puis exécutés pour avoir refusé
de transgresser en mangeant du porc et en se prosternant devant une statue;
Hannah elle-même se suicida après leur mort; Cette histoire forme la base du
principe de yehareg vèlo ya’avor (être tué plutôt que de transgresser, dans 3
circonstances: 1- Devoir tuer soi- même une tierce personne innocente 2-
Commettre un adultère 3- Servir une idole)
Selon un enseignement talmudique similaire, les huit jours de Hanoucca seraient
une allusion aux huit jours du nouveau-né au moment de sa circoncision, pratique
interdite par le pouvoir séleucide.
De la commémoration historique à la célébration religieuse.
Historiquement, Hanoucca commémore une double victoire :
le triomphe spirituel des valeurs du judaïsme, concrétisées dans la Torah, et
symbolisées par la Menorah (la Torah est comparée à la lumière) sur la
civilisation hellénistique, considérée comme porteuse de ténèbres. Ceci ne vise
pas tant les aspects déplaisants aux Juifs comme l’idolâtrie ou les sports (les
athlètes devaient concourir nus, ce qui passait pour obscène aux yeux des
Judéens), que l’adoption de règles qui, pour contenir du bon, n’étaient pas les
leurs et les confinaient in fine à la faute, puis à la perte de leur identité.
la victoire physique des Juifs, menés par les Hasmonéens sur les légions
séleucides syriennes d’Antiochus IV en -165, victoire qui rendit l’indépendance
(autonomie) à la Judée ainsi qu’une partie de la terre d’Israël.
Cependant, Hanoucca célèbre moins ces faits que le Miracle de la Fiole qui
s’ensuivit.
Ceci s’explique d’abord par la réticence du judaïsme à fêter une victoire, où la
tentation de méconnaître la « main » de Dieu au profit du génie militaire et
stratégique humain est trop importante. Ensuite, parce que les Hasmonéens
devinrent quelques générations plus tard le symbole d’oppression et de décadence,
surtout après que, hérésie suprême, un descendant des Cohanim se nommât roi, ce
qui représentait une usurpation du pouvoir, celui-ci ne pouvant revenir qu’à un
enfant d’ascendance davidique. La guerre civile qui s’ensuivit fut jugée d’autant
plus déplorable qu’elle ne s’acheva que par l’arrivée des légions de Pompée,
invitées à arbitrer le différend. Ceci marqua le début de la conquête romaine de la
Judée, qui devait s’achever par sa destruction et le second exil des Juifs, à
l’époque où les docteurs de la Mishna discutaient des lois de Hanoucca, parmi
d’autres.
La redédication du Temple et le Miracle de la Fiole sans lequel il n’aurait pu avoir
lieu (selon le Talmud) ne véhiculaient en revanche que des aspects positifs et
immuables. Le cruchon d’huile d’olive devint une métaphore de la miraculeuse
survie du peuple juif au long de milliénaires d’épreuves et de tribulations.
Hanoucca dans les grands Textes
Dans le Tanakh
Si la fête de Hanoucca n’est pas mentionnée dans le Tanakh (la Bible), le terme -
qui provient de la racine כנ ח , qui signifie « édifier, inaugurer », s’y trouve lors de
l’inauguration de l’autel en Nombres 7, et lors de l’inauguration du Temple de
Salomon, dans le Livre des Rois. On le retrouve dans le nom biblique de
ךו נ חHénoch, car il est l’édificateur d’une ville, et dans le ךו נ י ח (‘Hinoukh,
éducation, c’est-à-dire édification des enfants).
Il est de coutume avant d’inaugurer une maison dans laquelle on compte vivre, de
se réunir et de prier ; cette cérémonie est appelée « תכו נ ח תי ב » (Hanūkat Bayit).
Dans la Septante
L’histoire de Hanoucca est préservée dans les deux premiers Livres des
Macchabées. On y trouve également (M%201%3A18 2 M 1:18 et seq.) une histoire
similaire au Miracle de la Fiole, mais nettement plus ancienne, selon laquelle lors
du rallumage du feu de l’autel par Néhémie était due à un miracle qui se produisit
le 25 Kislev, et aurait joué un grand rôle dans le sélection de cette date par Juda
Macchabée pour réinaugurer l’autel du Temple.
Dans le Talmud
Le miracle de Hanoucca est décrit dans la Gemara du traité Chabbat 21b[1]. Ayant
chassé les profanateurs du Temple, les vainqueurs s’aperçoivent qu’il ne reste
pratiquement plus d’huile consacrée, à l’exception d’une fiole scellée par Yohanan
le Cohen Gadol. Cependant, elle ne pourrait éclairer la Menorah que pendant un
jour alors que le processus de fabrication d’huile en requiert huit. Ils l’utilisent
néanmoins, et miracle, la Menorah brille de tous ses feux durant les huit jours.
Le Talmud présente trois coutumes:
1. Allumer une lumière chaque nuit par foyer
2. Allumer une lumière chaque nuit par membre du foyer
3. La méthode la plus pieuse fait varier le nombre de lumières chaque nuit.
L’école de Shammaï, se basant sur les sacrifices de Souccot où le nombre de
bœufs diminue chaque jour, propose de commencer avec huit lumières et de
terminer avec une, tandis que l’école de Hillel est d’avis qu’il faut les allumer
par ordre croissant. C’est cette opinion qui l’emporte.
Excepté les situations dangereuses, la hanoukkia devrait être placée à la fenêtre
donnant sur la rue.
Joseph ne pouvait croire que ces lumières pouvaient symboliser la liberté obtenue
par les Juifs le jour commémoré par Hanoucca. Et Rachi, commentant Chabbat
21b, dit que leur but est de rendre le miracle (de la Fiole) public. Hanoucca est
aussi mentionnée dans la Mishna plus ancienne du traité Meguila (TB Meguila 30b).
Par ailleurs, une retombée majeure mais méconnue de Hanoucca sur la pratique du
judaïsme (yehareg vèlo ya’avor Mishna Yoma 8:6; T.B Yoma 85a et b; Ketouvoth 5a)
est rapportée en 1 M 2:29- 48 : des Hassidim se font surprendre à Chabbat par
l’ennemi et préfèrent se laisser tuer qu’enfreindre le Chabbat ; cette tragédie
conduit alors à établir le Pikouah nefesh: il est désormais obligatoire de
transgresser les lois du judaïsme, fût-ce celles du Chabbat, afin de préserver ou de
sauvegarder une vie, à l’exception des trois cas de péché dans lesquels la mort est
préférable, à savoir le meurtre, le viol et l’idolâtrie.
Certains Sages tirent d’autres enseignements de ce
nom
Hanoucca peut être décomposé en deux mots, « Hanou- » (« ils se sont
reposés ») & « -cca » (« le 25 », valeur numérique de כ »ה) : le 25 du mois de
Kislev, les Macchabées purent enfin se reposer, la guerre était gagnée.
Selon I Macc. 1:59, le 25 du mois, les Grecs sacrifiaient à leurs divinités sur
l’autel de YHWH. Bien que ce mois ne soit pas précisé dans ce verset, le nom de
Kislev apparaît un peu plus haut. Quant au verset suivant, il indique que les
femmes qui avaient fait circoncire leurs enfants furent massacrées. Le fait
d’avoir redédicacé le Temple trois ans plus tard et d’y faire resplendir la
ménorah serait donc la conséquence d’un choix délibéré des Macchabées.
La fête des Lumières est célébrée le 25 parce que le mot ‘Or, « Lumière »,
est le 25e mot de la Torah : [Yehi] ‘Or, [YHY] AWR, Que la Lumière soit !
Hanoucca est aussi un notarikon en Hébreu pour חתו רנ הכלהו תי בכ ללה huit
bougies et la halakha est comme Bet Hillel ». Il s’agit là d’un moyen
mnémotechnique évoquant une controverse entre l’école de Hillel et celle de
Shammaï concernant la façon adéquate d’allumer les bougies de la Hanoukkia.
Shammaï suggérait de commencer avec 8 bougies et d’en réduire le nombre à
chaque nuit, alors que Hillel proposait de commencer avec une bougie et d’en
ajouter 1 à chaque nuit. La halakha suivit l’avis de Hillel.
3593 / 3596 : Antiochus IV souille le Temple de Jérusalem
qu’il voue aux dieux de L’Olympe.
Les séleucides massacrent les Juifs
En 3593, la Judée est depuis plus de trente années vasal de l’empire séleucide, et
Jérusalem, le théatre d’intrigues politiques. A cette date, des Juifs et des
Cohanim, des Prêtres, qui ne sont pas apte au statut de Grand Prêtre, complotent
pour s’emparer de la charge pontificale aux mépris de la loi juive. Cette même
année, et profitant des discordes, Antiochus IV charge les légions séleucides de
s’emparer de la Judée et de Jérusalem. Ces derniers pénètrent par ruse dans le
pays, durant le jour du repos, le Chabat, puis, massacrent durant trois jours près
de 40 000 juifs opposants au culte gréc hellénisant. Leurs biens sont spoliés et leurs
familles vendues comme esclaves sur les marchés de l’empire. Le roi séleucide
décrète sous peine de mort l’interdiction des célébrations du jour de Roch-Hodech
ou la néoménie, du respect des lois du Chabat et de la circoncision. Il souille le
Temple de Jérusalem qu’il voue aux dieux de l’Olympe, instaure le culte de Zeus,
place de faux prêtres au service du Temple de Jérusalem, et organise des orgies et
sacrifices des truies. L’Acra, la citadelle militaire des séleucides chargée de faire
régner l’ordre, est construite face au Temple. Les sacrifices païens sont
obligatoires dans toutes les villes et villages du pays, et Jérusalem est placée sous
l’autorité du gouverneur Philippe : « Le 15 kislev 3593, le roi construisit
l’abomination de la désolation sur l’autel des holocaustes. Quand aux Livres de la
Loi, ceux qu’on trouvait étaient jetés au feu après avoir été lacérés ». livre des
Maccabées I. Le 25 kislev, un sacrifice est offert en l’honneur du roi séleucide au
Temple de Jérusalem, contre la volonté des membres du Sanhédrine et des Sages,
qui sont arrêtés et torturés. Antiochus IV charge le légat de Samarie Appolonius,
d’interdire l’étude de la Torah et de procéder à un autodafé de tous les ouvrages
hébraïques, puis, instaure dans tout le pays le droit de cuissage. De nombreux Juifs
quittent la Judée, et certains s’installent à Alexandrie.
Le don de soi
Lors de cette période de trouble et de terreur, l’historiographie juive rappelle
l’épisode héroïque de Hana et de ses sept fils. Ils seront tués publiquement l’un
après l’autre par les autorités séleucides pour avoir refuser d’abjurer leur foi ;
« Hal Kidouch Ha-Chem », pour la « sanctification du nom de Dieu ». A ce célèbre
récit, les sources témoignent aussi de l’épisode du vieux prêtre Eléhazar qui
mourut lui aussi en martyre. Aussi, les Samaritains de la région de Sichem
informeront les autorités séleucides que ces derniers n’ont aucun lien de parenté
avec le peuple juif, et affirmeront descendre des Perses et des Mèdes. Ils
consacreront leur Temple aux dieux grecs et feront serment d’allégeance au
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