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Notes de présentation - Sommes-nous malades d’être femmes ?
Octobre 2006
J’ai bien peur que oui. En fait, tout porte à croire que les femmes sont malades
puisqu’elles sont les principales consommatrices de médicaments.
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Elles sont aussi
les principales utilisatrices du système de santé.
Cette différence serait surtout due à la prestation de services en lien avec la
procréation et la sexualité.
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En fait, de la puberté à la ménopause, la santé des
femmes est médicalisée et en matière de santé sexuelle et reproductive, les exemples
abondent.
Commençons avec la puberté, avec l’arrivée des premières règles et le besoin de
recourir, pour celles qui sont actives sexuellement, à la contraception. Quelles sont
donc nos options ?
Il y a différentes sortes de méthodes contraceptives. La plus connue étant
évidemment la pilule contraceptive. Certes, la pilule a permis aux femmes de contrôler
davantage leur fertilité et de se libérer de la peur d’avoir une grossesse non désirée…
mais elle est a aussi été notre porte d’entrée dans l’univers des hormones…
En fait, les principales méthodes utilisées par les femmes sont les contraceptifs oraux.
Environ 100 millions de femmes à travers le monde utilisent la pilule contraceptive; elle
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Les médicaments prennent-ils notre santé à cœur. DES Action Canada, 2003.
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La réforme des soins primaires et les femmes. Comité coordonnateur des femmes et la réforme en santé. Réseau
canadien pour la santé; 2005
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est l'un des médicaments les plus fréquemment prescrits.
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Utilisée depuis les années
1960, on oublie parfois que ces composés d’œstrogène et de progestatif synthétiques
ne sont pas sans dans dangers pour la santé :
thrombo-embolies (3 à 4 fois plus élevé que chez les non-utilisatrices) ;
maladies cardiovasculaires (infarctus) ;
accidents vasculaires cérébraux ;
maladies de la vésicule et du foie ;
risque de cancer du sein (toujours controversé, mais étude en 1996 aurait
indiqué une hausse légère, mais significative chez les utilisatrices) ;
etc.
Les femmes nous disent souvent que les médecins banalisent aussi les effets
secondaires de la pilule, tels que les maux de tête et la baisse de la libido. Même que
maintenant, le milieu médical parle des avantages pour la santé que comportent les
contraceptifs : par exemple, le Consensus canadien pour la contraception qui regroupe
un panel d’experts parle par exemple des autres avantages importants de la pilule
contraceptive tels que « la baisse des risques de cancers de l’ovaire et de
l’endomètre, la diminution de la dysménorrhée (règles douloureuses) et de la
ménorragie (règles abondantes), ainsi que la baisse du risque de kystes ovariens
fonctionnels. Les risques associés aux cancers héréditaires connaissent également une
baisse. Plus la durée d’utilisation se prolonge, plus les risques sont à la baisse. Il est
également possible que l’utilisation de CO entraîne une baisse du risque de cancer
colorectal. Chouette, risque accru de crise cardiaque, mais pas de cancer de
l’endomètre, alors que les maladies de l'appareil circulatoire demeurent la principale
cause de décès chez les femmes comme chez les hommes.
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3
Masexualité.ca. SOGC
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Le portrait de santé. Institut national de santé publique du Québec, 2001
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On y dit aussi que le recours aux contraceptifs oraux de faible dose n’est plus contre-
indiqué pour les non-fumeuses de 35 ans et plus et que les avantages n’étant pas liés
à la contraception peuvent « s’avérer particulièrement utiles pour les femmes de ce
groupe d’âge :: contraception efficace, contre l’irrégularité du cycle menstruel,
entraîne une diminution des saignements et soulage les symptômes
ménopausiques Je reviendrai plus tard sur la question de la ménopause.
En fait, on observe de plus en plus que le marketing lié aux contraceptifs oraux vise
autre chose que son principal objectif : la contraception. Les dépliants promotionnels,
remplis d’images de jeunes femmes à la mode, visent clairement à attirer les jeunes
filles. Ainsi, on parle de la pilule qui réduit l’acné (attention de ne pas confondre avec
Diane 35), ou encore de la pilule qui fait maigrir. L’arrivée de la nouvelle pilule
Yasmin a fait les manchettes du bulletin de nouvelles télévisées où on voyait des
médecins parler d’un nouveau contraceptif « révolutionnaire » qui réduit les effets
secondaires tels que les ballonnements et la prise de poids. En fait, cette nouvelle
pilule contient un nouveau progestatif, le drospirénone, qui aurait un effet diurétique, ce
qui réduit la rétention d’eau, d’où l’apparence de perte de poids. Mais nous ne
connaissons pas les effets à long terme de cette nouvelle progestérone ni de son effet
diurétique quotidien à long terme.
En fait, une véritable révolution en matière de contraception serait de voir l’arrivée
d’une méthode efficace, abordable, réversible et surtout, sans effet nocif pour la santé
des femmes.
Or, tous les nouveaux contraceptifs qui arrivent sur le marché depuis 10 ans sont tous
des méthodes hormonales, très efficaces, mais qui comportent aussi des risques pour
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la santé. Ainsi, en 1997, est arrivé le Depo-Provera, un contraceptif donné en injection
à chaque trois mois. Le Depo-Provera est tout de suite devenu très populaire auprès
du milieu médical inquiet des oublis fréquents de pilule chez les jeunes femmes. Or,
beaucoup de groupes de femmes, dont la FQPN, s’étaient opposés à l’approbation de
ce médicament (conçu à l’origine pour combattre certaines formes de cancer) pour
comme contraceptif en raison des effets secondaires importants qu’il peut
occasionner… et que la femme ne peut pas arrêter ces effets et doit attendre que
l’hormone disparaisse de son système, et en raison d’études qui parlaient de risques
possibles sur le développement de la masse de densité osseuse. En fait, le Depo-
Provera provoque une diminution de la masse de densité osseuse, ce qui peut
fragiliser les os, augmente le risque de fractures et de développement de l’ostéoporose.
Mais le milieu médical disait que cette diminution était entièrement réversible une fois
l’arrêt d’utilisation.
Pourtant, en 2004, la compagnie Pfizer, la FDA et Santé Canada ont émis un
avertissement à savoir que le Depo-Provera cause une perte importante de la masse
de densité osseuse, que cette perte accroît avec le temps d’utilisation et qu’elle pourrait
ne pas être réversible. La compagnie suggère maintenant que ce contraceptif doit être
utilisé quand toute autre forme de contraception n’est pas possible et pour une période
de temps très limité.
En 2004, c’est l’arrivée du timbre contraceptif. Selon un article du Toronto Star, les
ventes ont graduellement augmenté depuis sa mise en marché pour atteindre environ
25 000 prescriptions par mois au pays. Le timbre contient les mêmes hormones que les
contraceptifs oraux. C’est principalement sont mode de diffusion, via la peau, qui le
différencie… et aussi sa nouveauté… La plupart des effets à long terme sur la san
sont présumés être les mêmes que les effets des contraceptifs oraux.
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Mais en novembre 2005, la FDA émet un avertissement à l’effet que le timbre expose
les femmes à des taux plus élevés d’œstrogènes que la plupart des contraceptifs
oraux. En fait, le timbre expose les femmes à 60 % d’œstrogènes de plus que les
contraceptifs oraux contenant 35 microgrammes d’oestrogènes, ce qui augmente
considérablement les risques de formation de caillots sanguins et d’accidents
cardiovasculaires. L’avertissement de la FDA fait suite à des rapports selon lesquels
le taux de mortalité et de formation de caillots sanguins chez les femmes qui utilisent le
timbre serait trois fois plus élevé que pour les utilisatrices de contraceptifs oraux.
Selon CNN online, une douzaine de femmes aux États-Unis seulement seraient
décédées, depuis 2004, à cause de caillots sanguins associés à l’utilisation du timbre.
Une douzaine d’autres ont survécu à des accidents cérébrovasculaires sérieux et des
poursuites contre la compagnie seraient en cours.
À Santé Canada, on nous a dit que le timbre canadien ne contient pas les mêmes
niveaux d’hormones que le timbre américain. Ce sont pourtant les mêmes études,
effectuées par la compagnie pharmaceutique Ortho McNeil Pharmaceuticals, qui ont été
utilisées ici pour appuyer l’approbation de ce contraceptif.
Le cas du Depo-Provera et du timbre contraceptif démontre bien les lacunes du
système d’approbation des médicaments au Canada, un système qui devrait
protéger la santé de la population, incluant les femmes. Ces exemples démontrent bien
aussi comment les femmes sont sujettes à des expérimentations sans le savoir et
sans avoir donné leur consentement. De la première pilule qui contenait des doses
excessives et inutiles d’hormones, beaucoup de femmes paient les frais de cette
expérimentation médicale de leur santé. Et le plus choquant dans tout ça, c’est que les
femmes qui ont besoin de contraception ne sont pas malades, elles ne prennent pas
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