Critique externe :
Les critiques à adresser aux deux premières parties de l’ouvrage sont difficiles à
déceler. L’auteur nous transmet en effet des apports théoriques, nous explique des
mécanismes, nous fait part d’exemples en montrant à chaque fois leurs avantages et leurs
limites, le tout dans une prose objective soucieuse de nous laisser une liberté d’opinion.
Dans la troisième partie de l’ouvrage, une partie est consacrée au développement
durable mais surtout à l’effet de serre et au protocole de Kyoto comme à sa mise en
application. Le protocole de Kyoto et la mise en place du marché de droits d’émissions sont-
ils vraiment honorables et humainement responsables ?
Ce sujet touche l’actualité en plein cœur. En effet du 7 au 18 décembre 2009 s’est
tenu à Copenhague un sommet sur le changement climatique. Les résultats de Copenhague
prendront la suite du protocole de Kyoto qui expire en 2012. Comme Kyoto, Copenhague
revendique l’échange des quotas d’émissions, système que les Anglais nomment « cap and
trade ». Ce moyen se distingue par sa capacité à « conjuguer le marché et l’écologie »
(l’Economie de Marché). Il les conjugue, certes, mais est-ce une bonne solution ? La seule
solution ?
Ce système, présenté comme une aide bénéfique dans l’ouvrage, a de nombreuses
failles. Tout d’abord, il ne conduit pas vraiment les agents économiques à réduire leur
émission de CO2 et à adopter une attitude écologique. En effet, certains groupes industriels
dotés de quotas trop généreux (possédant trop de droits d’émission) ont encaissé des plus-
values financières non négligeables censées être investies dans la réduction de leur émission.
De plus, le prix du quota, du droit à polluer et donc de la tonne de carbone fluctue. Il est
passé de 30 à 8 euros, et se trouve aujourd’hui (décembre 2009) autour de 15 euros.( Pour
information, quand un industriel brûle une tonne de gasoil à 900 euros la tonne, il génère deux
fois plus de CO2, il a donc un coût de 30 euros, cad à peine 3% de sa facture énergétique). Ce
prix faible ne pousse pas à raisonner en terme de « décarbonisation » mais plutôt à faire le
contraire. Pourquoi le prix est-il si faible ? Avec la crise économique, les usines ont tourné et
tournent encore à faible capacité, la consommation diminue, et la demande également. Les
entreprises soucieuses de retrouver leur santé financière, cherche à vendre leurs droits
d’émission. Rien n’est donc fait pour améliorer les projets d’énergie verte, d’énergie propre,
d’énergie renouvelable.
Les accords de Copenhague, en faisant l’impasse sur ces failles, continuent
d’autoriser le marché de droits d’émissions. Un quota global d’émission de CO2 à respecter,
c’est sans aucun doute un projet réalisable, mais les décideurs politiques et les économistes
travaillant à ce sujet, ne pourrait-ils pas essayer de voir plus loin ? Une réduction minime des
émissions de gaz a effet de serre, est-ce une solution correcte ? Certes, transformer les bases
du système industriel et du système de la consommation peut coûter cher, et devant un tel
coût, les individus peuvent se montrer récalcitrant. C’est bien là le problème des accords de
Copenhague. Tout est trop souvent ramener à une question trop économique, à une histoire de
règlement : on parle de « dettes climatiques » à verser aux pays pauvres, pour réduire notre
responsabilité de pays développé, on parle de quotas et de marchés, de transactions, plus que
de l’augmentation de la température mondiale et de mesure d’ adaptation aux changements
climatiques.